En voilà un jeu qui, de par son concept avait tout pour diviser les fans de The Legend of Zelda. Entre les vieux de la vieille qui se retrouvent face à un quasi-copier-coller du légendaire A Link to The Past, et les plus jeunes découvrant un jeu à l’esthétique old-school, difficile pour A Link Between Worlds de se positionner au sein de la licence.

Moi, je vais être franc, j’ai découvert Zelda en 2004 à l’âge de cinq sur N64 avec Ocarina of Time, et après ça, j’ai littéralement enchaîné tous les épisodes qui ont suivis. The Wind Waker, Twilight Princess, Majora’s Mask, Skyward Sword. Vous l’aurez compris avec cette liste de jeux, j’ai commencé d’emblée par les Zelda en 3D, et je me suis risqué à de très rares occasions aux épisodes dis en vue de dessus (Four Sword Adventure que j’avais adoré mais que ma mère avait eu la mauvaise idée de revendre sans m’avertir, oui maman, cette plaie est toujours vive et j’en souffre quotidiennement).

Bref, si pour beaucoup, A Link to the Past a été l’épisode de la révélation, le monstre incontesté de la génération 16 bit, moi, je ne l’ai découvert que très tard pendant mes années lycées...sur émulateur téléphone. J’ai beaucoup joué à ce jeu, j’avais même beaucoup avancé, deux tiers de l’aventure était fait quand j’ai eu cette réflexion : je n’ai absolument aucune envie de jouer à Zelda sur mon téléphone. Ça m’avait pris comme ça, mais je m’étais dit que j’étais littéralement en train de gâcher mon expérience de jeu à jouer sur un écran aussi minuscule quand le jeu me hurlait au visage qu’il méritait un grand écran. Du coup, je me suis dit que je rejouerai à A Link to the Past quand l’occasion se présenterait, sur un vrai écran. Et l’occasion ne s’est jamais présentée, si bien que finir cet épisode aussi culte que vénéré figure dans ma to do list depuis belle lurette.

Donc non, quand un épisode se revendiquant comme la suite spirituelle de A Link to the Past a pointé le bout de son nez, je ne me suis pas jeté dessus ; surtout avec la technologie de la 3DS qui ne m’avait pas convaincu d’investir dans la console. Mais nous voilà en 2021, j’y joue avec une console piquée à un pote, et j’ai le jeu entre les mains sans avoir terminé pour autant A Link to the Past et en vrai, est-ce que ça m’a empêché d’apprécier le jeu ? Est-ce que j’ai eu le sentiment de gâcher quelque chose ?

Non.

Alors certes, A Link Between Worlds, ça sent très fort A Link to the Past, en même temps, quand on resuce à mort l’opus de base, allant jusqu’à reprendre cachette par cachette la même map ainsi que l’emplacement des donjons. Quelque part, on pourrait prendre ça pour de la fainéantise, mais c’est aussi à prendre comme un parti pris radical et surtout assumé à fond. A Link Between Worlds servant à la fois d’hommage, remake et revisite de son modèle de base. Après, si c’était pour reprendre mot pour mot A Link to the Past, autant le présenter comme un remake du même nom et point barre ; mais ce n’est pas ce qu'à fait Nintendo avec A Link Between Worlds qui se revendique comme un vrai Zelda à part entière. Parce qu’il a bien quelque chose de particulier cet épisode, et ça se joue finalement à pas grand-chose : le gameplay.

C’est la nouveauté, la petite saveur qui diffère de A Link to the Past, c’est cette capacité qu’a Link à se coller aux murs. Et en vrai, je trouve cette idée absolument géniale. Parce que non seulement, comme beaucoup l’ont soulevé, ça permet tout un tas d’énigmes plutôt bien trouvées, mais surtout, ça force le joueur à totalement remodeler sa façon de jouer pour coller aux exigences d’un tel gameplay. On peut esquiver contre certains ennemis, atteindre des zones uniquement par ce biais, un boss (malheureusement un seul), use de cette idée de gameplay pour offrir un combat unique et assez sympa. Franchement, j’ai beaucoup aimé cette capacité à pouvoir se coller aux murs, ça apporte un véritable plus à l’aventure et ça offre à l’épisode sa petite singularité.

Singularité qu’on retrouve aussi dans la gestion des items puisqu’ici, il n’est plus question de les trouver dans des donjons mais de les louer voire acheter auprès d’un vendeur squatteur de maison : Lavio. C’est une idée, elle vaut ce qu’elle vaut, elle apporte des avantages et des défauts, mais moi je l’aime bien. D’abord parce que ça revalorise les rubis. Là où je dépense sans compter dans les autres opus, ici, j’ai souvent réfléchi à si je pouvais acheter une potion, sachant que j’allais bientôt avoir besoin du grappin et que Lavio n’allait pas manquer de me soutirer toute ma thune. Et puis du coup, les nouveaux items des donjons sont plus des upgrades sympathiques qui rendent Link de plus en plus puissant, allant des roches qui améliorent l’épée aux tuniques de protection en passant par le bouclier Hylia. Après, ça occasionne évidemment des inconvénients, notamment le fait que la carte est du coup à portée de main dès le début du jeu. Et ça, je trouve que ça gâche un peu la saveur d’un Zelda.

Et pour ça, je vais devoir raconter un peu ma vie (ouais encore) en vous parlant de ma première expérience sur Ocarina of Time. Quand je suis arrivé sur la Plaine d’Hyrule, j’ai été subjugué par la montagne qui trônait le paysage à l’Est de la cité. Si bien que j’ai voulu y aller immédiatement et que j’ai été frustré de ne pouvoir m’y rendre. Le fait que par la suite, je pouvais enfin aller arpenter cette montagne, l’attente avait rendu l’expérience encore plus attrayante. Or là, dans A Link Between Worlds, le fait d’avoir tout, et je dis bien, absolument toute la carte accessible dès le début, certes, ça peut motiver à explorer de fond en comble Hyrule, mais moi, ça me sort un peu de mon expérience. Piège dans lequel n’était pas tombés The Wind Waker et son immense océan inaccessible pendant le premier tiers, ou encore Breath of the Wild avec tout son tuto de deux heures où on était obligé de maîtriser tous les aspects du gameplay avant de pouvoir se jeter à corps perdu dans la nature sauvage.

Donc ouais, un Zelda qui me donne tout dès le début, c’est dommage et ça manque de frustration (et beaucoup le disent mais la frustration, c’est bien dans le jeu vidéo). Et la frustration passe aussi beaucoup par la difficulté, chose totalement absente dans cet épisode. A l’exception notable de la Tour de l’Escarmouche qui propose un vrai défi si on a pas trop upgrade Link, le jeu se fait beaucoup trop facilement. Même des épisodes plus enfantins comme Minish Cap ou The Wind Waker proposaient un vrai défi durant certains donjons, chose absolument absente ici. Passé quatre ou cinq donjons, Link est surpuissant et plus rien ne l’arrête. Ce qui fait qu’on finit par bouffer le jeu vitesse grand V. Et quand on finit le jeu, on se dit : “ouais, c’était cool, mais venant du successeur de A Link to the Past, j’en attendais plus”.

Et en même temps... c’était cool A Link Between Worlds. Y a tous les ingrédients d’un bon Zelda en vue de dessus. Des donjons bien pensées, une idée de gameplay (le mur) qui lui donne sa spécificité, des quêtes annexes sympathiques mais pas trop envahissantes et un certain sens de l’épique à certains moments. Et puis je trouve la 3D vraiment bien usée dans cet épisode en plus, les donjons sont vraiment pensés en vertical et ça le fait vraiment bien. Mais tout manque d’intensité, les mages se révèlent les uns après les autres sans que ça fasse véritablement sens (surtout qu’ils sont littéralement des PNJ croisés au hasard comme Rosso ou la sorcière), là où chaque mage d’Ocarina of Time racontait une histoire ; et puis ouais... c'est trop facile. Mais j’aime bien ce jeu quand même, j’ai l’air de lui taper dessus, lui trouver pas mal de défauts (qui sont bien présents), mais gardez en tête que ça ne gâche pas non plus le plaisir de jeu et que l’aventure, bien que peu marquante, reste vraiment agréable. Mais ouais, je pense que le jeu aurait mérité un peu plus d’attention sur la gestion de la difficulté et sur son histoire. Mais ça reste un bon Zelda, juste pas un des meilleurs.

James-Betaman
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le 28 mai 2023

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