Mon épopée Zelda - Episode 4 - La transition en douceur

C'est bien des années après avoir bouclé Wind Waker, et alors que je m'achetais une 3DS pour jouer à Pokémon avec mes frangins, que je repense à cet épisode portatif de Zelda. Ma seule vraie expérience en la matière se résumait à Phantom Hourglass qui ne m'avait décidément pas emballé (je ne l'ai d'ailleurs pas fini, même si je sais que j'en étais pas loin), je n'étais donc pas pressé de jouer à ce Link between worlds. Cependant, étant donné qu'il me restait assez de deniers après l'achat de ma 3DS d'occasion, je me suis finalement laissé tenté. « C'est Zelda après tout, ça peut pas être fondamentalement mauvais ! »

Déjà, premier constat en lançant le jeu dans la console, c'est, disons le, fort agréable à l'oeil. Que ce soit les couleurs, les animations, l'allure visuelle du monde, c'est un sans faute. J'ai même pas vraiment commencé le jeu, que je m'y sens déjà bien, et ça, franchement ça fait plaisir, d'autant que la bande originale est globalement très très satisfaisante. Alors il y a un nombre incalculable de remix, à commencer par le theme du village Cocorico (qui restera, je pense, un des themes vidéoludiques parmi les plus apaisant et relaxant de l'histoire des OST), ou encore celui du château d'hyrule, mais peu importe, puisque le maitre mot de l'aventure semble être le recyclage. Parce que oui, si la bande originale comporte énormément de remix, cela va de paire avec la map du jeu qui serait, apparemment reprise plus ou moins à l'identique d'A Link to the Past. N'ayant pas encore fait cet épisode à l'heure actuelle, il n'y a aucune espèce de forme de nostalgie à reparcourir certains lieux potentiellement emblématiques, puisque je la découvre avec ce nouvel épisode. Cependant, il y a quand même un truc que je remarque, c'est que la feature dont tout le monde a parlé avant la sortie du jeu, la grosse nouveauté, à savoir la transformation en peinture murale, semble vraiment avoir été rajoutée sur un jeu pré-existant. Je veux dire par là que c'est une nouveauté très sympa, qui permet un certain nombre de puzzles et d'énigmes fort sympathiques et pleins d'astuces, mais elle ne semble pas vraiment faire corps avec le monde du jeu. Au final les seuls moments où cette nouveauté fait sens, et apporte réellement quelque chose, c'est uniquement dans les donjons qui ont été conçus avec cette mécanique en tête. Ça n'a l'air de rien, mais au final la différence est énorme entre un niveau construit autour d'une mécanique, et un monde auquel on aurait rajouté cette mécanique. L'idée étant de nous faire reparcourir un coin familier sous un regard nouveau, avec une approche différente, et ça ne se limite d'ailleurs pas à cette nouveauté de peinture murale. Cependant, si l'idée est louable et originale, c'est peut être dans l'application que ça foire quelque peu, et encore, je ne parle que de la nouveauté de la peinture, une fois encore.

Car si le jeu est certes blindé à ras le cul de nostalgium, il y a tout de même une volonté de partir sur de nouvelles bases. Bye bye l'exploration dirigée, maintenant, on nous donne accès à tout en même temps, et c'est à nous de choisir ce qu'on veut faire en premier, tout en gardant en tête que nous devrons « tout » faire dans tous les cas. Ainsi nous pouvons dire bonjour à Lavio, le vendeur qui va squatter notre maison pendant notre absence, pour nous proposer un service de location d'objets. Eh oui, maintenant, ce n'est plus dans les donjons que nous récupérerons les sempiternels arc et autres bombes, mais bel et bien dans sa boutique. Si la formule ne change pas tant que ça, la dynamique est donc totalement bouleversée. On ne progresse pas dans l'aventure jusqu'à avoir tel objet qui nous permettrait de faire tel truc, maintenant, on peut avoir l'objet dès le début, et ce qui nous freinait avant ne pose dès lors plus de problème. Aussi on garde toujours le système de donjons spécifiques à un objet, ou une thématique, mais là encore, ils sont « tous » accessibles en même temps, laissant au joueur le choix de faire ce qui l'intéresse le plus, ou de simplement suivre où ses pas l'emmènent sans jamais le freiner réellement. Enfin, je dis ça mais il y aura toujours certains passages qui seront bloqués tant que vous n'aurez pas loué le bon objet, mais là on ne parle plus d'avancée dans l'histoire. Encore une fois, ce nouveau système ne réinvente pas le concept des zelda, mais a le mérite de dynamiser un peu la formule, tout en permettant une plus grande souplesse et donc une plus grande liberté d'approche. Cette volonté est d'ailleurs cohérente avec sa console, la 3DS, qui a été annoncée comme ayant des jeux gamer certes, style Dead or Alive, Street Fighter 4, ou encore Ocarina of Time peu de temps après la sortie, mais qui finalement a surtout proposé du nintendogs, ou autres jeux pour joueurs du dimanche (et je dis ça sans aucune forme de mépris). Par ailleurs lorsque vous sauvegardez dans A Link between worlds, on vous suggérera fréquemment de faire une pause dans votre partie. L'ambition de ce Zelda est donc d'être accessible à tous... Et j'ai l'impression que c'est à peu près tout.

Car si il y a un truc qui me gène dans ce Link Between Worlds, c'est clairement ce manque ressenti d'ambition. Comme dit plut haut, il y a une volonté de dynamiser la formule, mais en aucun cas de la chambouler. Alors pourquoi pas, mais si les précédents zelda m'avaient marqué, quand bien même c'était « toujours pareil », c'est parce que y avait un vrai sens de l'aventure, et des moments grandioses, et mémorables, tant dans Ocarina of Time, que Wind Waker, que Tiwlight Princess. Là, j'ai beau réfléchir, je galère à trouver vraiment un moment qui me ferait me dire « oh putain. » CE moment qui te fais te dire que tu joues pas à un jeu comme les autres. Alors bien sûr il y a des moments sympathiques, voire très cools, comme ce boss squelettique qu'il faut affronter en fusionnant avec son bouclier pour passer dans son dos. Très bon combat, pas trop dur, pas trop simple, astucieux juste ce qu'il faut, et amusant de surcroît. Mais c'est le seul moment qui me revient en tête alors que j'écris ces lignes, tandis que les séquences de Twilight Princess, Wind Waker ou Ocarina of Time reviennent au galop. Et du coup, quand je repense à ce Link Between Worlds, finalement, je me dis que c'était un bon, voire très bon jeu, mais je ne parvient pas à le différencier des autres épisodes. A trop vouloir changer la formule, cet épisode en oubli d'être unique.

The Legend of Zelda a Link Between Worlds pourrait, à mon sens être vu comme l'épisode ultime de la saga. L'épisode qui est censé faire le bilan de vingt cinq ans de Zelda tout en la mettant sur un nouveau chemin à défricher. Ça devient encore plus clair quand je constate que le vrai Zelda canonique et ambitieux qui est sorti par la suite est le bien connu et bien nommé Breath of the Wild. Et je peux pas m'empêcher de me dire que celui-ci n'aurait certainement pas été le même jeu qui a mis tout le monde d'accord, sans ce Link Between Worlds, véritable transition entre les jeux classiques Zelda, et ceux de la nouvelle ère débutée en mars 2017, et qui, je l'espère va se poursuivre sur encore vingt-cinq ans. Merci A link Between Worlds, tu n'es peut-être pas un jeu marquant, mais tu as réussi à donner un coup de pieds dans la fourmilière, et c'est, je pense, le meilleur compliment qu'on puisse te faire.