Link vs. the World

Cela fait quelques années que les jeux vidéo me font moins d'effet. La magie n'opère plus vraiment comme auparavant, disons que je suis davantage emballé par des productions plus sérieuses, plus torturées et moins féériques (Bioshock, Mass Effect, Dark Souls...).

Autant dire qu'on revient de loin en ce qui me concerne. Quel que soit le jeu, peu importe ses ambitions, sa technique impeccable ou que sais-je encore, il faut batailler pour qu'il puisse me tenir en haleine durant de longues journées. Parce qu'il y a des jeux qui impressionnent grandement au départ, mais qui au fil du temps s'essoufflent comme un ballon de baudruche. Il est souvent très facile de les reconnaître grâce à quelques caractéristiques dont je vais parler plus bas.

Mais alors, pourquoi ce Zelda et pas un autre ? Voilà quelques raisons et explications :

- Un terrain de jeu immense ET vivant. Souvent, vous avez deux catégories d'open world : ceux avec une carte énormissime, mais pour lesquels on s'aperçoit rapidement de la supercherie, on se rend compte de la maigreur du contenu et du manque de diversité, d'ingéniosité. Et ceux avec une carte moindre, mais avec un véritable contenu, de vrais décors travaillés. Il y a des exceptions telles que The Witcher 3 qui parvient à allier les deux.

C'est aussi le cas de Breath of the Wild dans lequel vous retrouverez de grandes plaines verdoyantes, des forêts denses, des chaînes de montagnes... jusqu'ici il n'y a rien de vraiment extraordinaire. Là ou ça devient intéressant, c'est sur un point bien précis : il y a une profonde interaction avec la nature qui nous entoure, on ne fait pas seulement qu'admirer le décor, on s'y intègre, entre les nombreuses espèces d'animaux qu'on rencontre sur notre chemin ou les campements, les villages dans lesquels on peut s'arrêter pour se munir de quelques bricoles ou pour de simples quêtes.

- Notre aventure peut ressembler à aucune autre. C'est-à-dire qu'on a le libre choix d'aller où bon nous semble, de commencer par ce qui nous chante. Il n'y a pas de séquences de jeu ou des cinématiques qui nous attendent patiemment dans le fond d'une grotte pour se déclencher. De plus, chacune de nos petites avancées dans notre partie sont prises en compte et contribuent à enrichir notre aventure tout le long, on se retrouve face à une tonne de donjons et de sanctuaires qu'on s'amuse à expérimenter, une tonne de petites missions secondaires, une avalanche de petites choses simples mais pourtant essentielles pour vivifier un univers. Ce Zelda regorge de bonnes idées et nous gâte en matière de références, il reprend le meilleur de la saga et le sublime, un épisode plus universel et plus hardcore et en cela il redonne brillamment ses lettres de noblesse à The Legend of Zelda.

- Des chutes de framerate, de l'aliasing, des textures, une profondeur de champ assez pauvre... Je vais vous dire une chose, ça va peut-être paraître risible, mais prenons un exemple un peu con et tout simple : si vous deviez tenir une conversation avec une bombasse, la personne parfaite physiquement, vraisemblablement prévisible mais qui n'a rien dans le cerveau ou tenir une conversation avec une personne avec quelques défauts physiques, avec des manières un peu déroutantes mais qui saurait vous étonner, doté d'un charme et j'en passe... moi je sais déjà sur qui je porterais mon choix. Breath of the Wild c'est un peu ça, l'expérience n'est pas parfaite techniquement et visuellement, mais la magie opère et c'est exactement le genre de jeu qui récompense le moindre de nos efforts, sur l'instant "T" mais aussi sur la durée. Évidemment, Zelda est une série ayant pris en maturité avec le temps, tout le monde connaît déjà son héros Link, mais comment ne pas donner raison à ceux qui nous diront que Breath of the Wild est une formidable production nippone qui exprime et qui exécute parfaitement ses idées. Faisant avancer cette saga dans le bon sens, faisant réfléchir un minimum l'aventurier qui sommeille en chacun des joueurs, au-delà de sa technique perfectible, Breath of the Wild est jeu qui touche autant l'épique que le poétique.

Ca faisait une éternité que je n'étais pas retombé sur un jeu qui donne l'impression de faire sa "vie" sans nous, sans qu'on soit là devant notre écran.

Le meilleur jeu d'aventure du XXIème siècle... jusqu'au prochain Zelda.