Souvenirs d'une grande aventure qui aurait pu être légendaire (spoilers)

« Le Héros de la Légende ». C’est comme cela que m’a appelé ce vieil homme que j’ai rencontré sur le Plateau du Prélude avant de me confier la lourde tâche de libérer le monde d’Hyrule du mal qui le rongeait. Je ne me souvenais pas de grand-chose à l’époque. Je venais de me réveiller d’un long sommeil de cent années dans ce qu’on appelait le Sanctuaire de la Renaissance, et j’avais totalement oublié les évènements que j’avais vécus, ou les gens que j’avais connus avant de reprendre conscience. Nombre de mes ancêtres avaient déjà été confrontés à la menace de ce fléau appelé Ganon. Mais l’aventure que j’ai traversée, maintenant que j’y réfléchis, me semble bien différente de ce qu’ils ont pu connaître, même si certaines similitudes subsistent. Il m’aura fallu du temps pour recouvrer tous mes souvenirs et faire le tri dans les innombrables choses que j’ai pu voir, bonnes ou mauvaises, au cours de cet ambitieux voyage. Je l’ai entrepris avec, je l’avoue, énormément d’enthousiasme, en dépit des multiples dangers qui m’attendaient. Et aujourd’hui, il me semble nécessaire de garder une trace de toute cette histoire ; une histoire que chacun aurait pu vivre différemment, dont je ressors moi-même animé du même enthousiasme que celui du début, mais aussi d’une pointe d’amertume, les choses ne s’étant pas toujours passées de la meilleure des façons.



Le réveil d'un héros



Je me souviens donc d’avoir ouvert les yeux, bercé par la douce voix d’une jeune fille qui m’apaisa instantanément, me soulageant un peu de la peur qui commençait à s’emparer de moi, alors que je n’avais aucune idée de qui j’étais, ou de ce que je faisais dans ce qui n’était alors pour moi qu’un temple sombre et mystérieux. Je ne savais pas non plus à qui appartenait cette voix, mais je sentais au plus profond de moi-même que je devais l’écouter. Après avoir revêtu chemise et pantalon, je découvrais alors un objet qui allait constituer l’une des éléments principaux de toute mon aventure : la tablette Sheikah. Outre le fait d’être la seule et unique clef me donnant accès aux sanctuaires ou à ces Créatures Divines que j’allais devoir reprendre à Ganon, cette fameuse tablette allait surtout se révéler indispensable grâce à la carte de tout le Royaume qu’elle contenait. En contrepartie, il me faudrait remplir cette carte, originellement vierge de toute information détaillée, en escaladant les hautes tours situées dans chacune des quinze grandes zones d’Hyrule.


Mais le temps était venu pour moi de quitter le sanctuaire de la Renaissance afin de découvrir le monde qui m’entourait. Et je réalisais en posant mes yeux encore somnolents sur ce vaste paysage verdoyant qu’explorer ce monde, dont je croyais alors tout ignorer, serait un travail de très longue haleine. Il me semblait pourtant avoir déjà eu l’occasion de visiter des univers de grande ampleur. Mais celui qui se montrait à moi me semblait, à première vue d’une richesse incomparable. Toutefois, avant de pouvoir le vérifier, il allait d’abord me falloir trouver le moyen de quitter le Plateau du Prélude où je m’étais donc réveillé, la zone étant très en hauteur par rapport aux autres. Je ne pouvais me risquer à descendre une telle distance en m’agrippant à la paroi sans risquer de lâcher prise, me sentant alors trop peu endurant ; et sauter de si haut n’était évidemment pas une option.


N’ayant aucune véritable indication sur le chemin à suivre, j’aurais pu rapidement me sentir un peu perdu si mes yeux n’avaient pas fini par remarquer ce vieil homme au loin, qui semblait m’observer. Si je m’étais souvenu de sa véritable identité, je ne me serais guère étonné des nombreuses connaissances qu’il semblait avoir des environs, ou même des quelques secrets dont il m’a fait profiter. Rapidement, il m’a demandé d’explorer ce qu’il appelait les quatre sanctuaires du Plateau du Prélude. Ces derniers allaient me permettre de récupérer quatre pouvoirs qui allaient m’être plus ou moins utiles durant toute mon épopée.



Une tablette Sheikah aux pouvoirs étranges



En premier lieu, je récupérais le pouvoir des bombes. De deux types, il y avait d’abord les rondes qui, de par leur faculté de rouler, me permettaient de combattre plus facilement les ennemis éloignés, et qui étaient parfaitement adaptées à certains types de mécanismes. Puis il y avait celles de forme carrée, plus faciles à poser sur des sols en pente, idéales pour faire exploser rochers ou gisements de minerais difficiles d’accès. Ensuite, je récupérais le Polaris me permettant de manier toutes sortes d’objets en métal par l’intermédiaire d’un aimant. Un pouvoir bien pratique pour résoudre toutes sortes d’énigmes, ou récupérer les coffres métalliques ensevelis ou perdus au plus profond des eaux.


Bien que parfois utile, j’admets ne pas avoir beaucoup utilisé le Cinétis, octroyant l’étrange possibilité de figer certains objets dans le temps. Frapper une grosse boule de pierre isolée du temps me permettait ainsi de la projeter au loin comme si j’étais doué d’une force surhumaine, et en imprégner un faisceau laser avait pour effet de le désactiver temporairement. Enfin, je dus attendre d’être en mesure de m’habiller plus chaudement pour atteindre le sanctuaire renfermant le quatrième pouvoir, en raison des grands froids qui régnaient dans le secteur. Appelée Cryonis, cette fonction créait des blocs de glaces sur l’eau, servant le plus souvent de plateformes, mais étant aussi capables de soulever des portails fermés dans des régions humides ou de rendre accessibles des coffres de bois flottant à la surface des flots. Cette faculté compensa par ailleurs certaines de mes carences en natation, notamment mes faibles capacités à nager sous l’eau. A noter que chacun de ces pouvoirs nécessitaient un certain temps de recharge, avant que je puisse les utiliser à nouveau.


Plus tard, j’ai même rencontré une scientifique quelque peu excentrique nommée Pru’ha, qui me permit d’augmenter les performances de certaines de ces aptitudes, et me donna même la possibilité de prendre ce que les Sheikas appellent des photos. Grâce à cette étonnante fonction, je pouvais capturer des images de tout ce que je voulais, afin, par exemple, de compléter l’encyclopédie intégrée dans la tablette, ou plus simplement de montrer à des personnes qui ne pouvaient pas se déplacer des choses qu’ils rêvaient un jour de voir.


Mais la plus grande étrangeté que renfermait cette tablette était sans doute le fait de pouvoir y scanner de non moins bizarres statuettes appelées Amiibos, faisant alors tomber du ciel divers objets, mais surtout un coffre de métal susceptible de renfermer un valeureux trésor ancestral. Certains disaient qu’une de ces statuettes aurait pu me donner la chance retrouver ma fidèle jument Epona, disparue après l’apparition du fléau Ganon. Mais cette opportunité me fut hélas enlevée par la popularité grandissante de cette effigie, la rendant aujourd’hui plus rare et plus coûteuse que la découverte d’un bouclier Hylien.



Hyrule, un monde fascinant



Après avoir accompli toutes les tâches que m’avait demandées mon guide d’infortune, je pus enfin apprendre une partie de la vérité. Le vieil homme, qui était en réalité le spectre du Roi d’Hyrule, me révéla que la Princesse Zelda, nos anciens amis et moi-même, avions échoué dans notre tentative d’arrêter Ganon. Mais mon long sommeil qui avait préservé ma vie me donnait une seconde chance de réussir. Le roi défunt me remit sa paravoile en guise de cadeau d’adieu, voile qui, une fois déployée, me permettait de planer dans les airs jusqu’à ce que mon endurance s’épuise. C’est donc grâce à elle que je pus m’échapper du Plateau du Prélude, me dirigeant vers l’inconnu d’un monde où je ne tarderais pas à m’égarer, et dont j’allais découvrir la générosité sans pareille, mais aussi ses règles parfois impitoyables et ses plus noirs secrets.


Je fus rapidement émerveillé, en posant pied à terre, par le paysage et l’ambiance paisible qui s’offrait à moi. Au loin, quelques chevaux se promenaient, s’arrêtant parfois pour se sustenter de quelques touffes de l’herbe verdoyante visible à perte de vue. Mais alors que je courais vers eux dans l’espoir de mieux les contempler, un détail attira mon attention. Je commençais à avoir l’impression que mes yeux n’étaient pas encore bien acclimatés à l’univers qui m’entourait. La végétation, comme les arbres et les buissons, revêtait un aspect artificiel et parfois même polygonal altérant quelque peu leur beauté. Plus étrange, je sentais souvent mon champ de vision comme obstrué. Il m’arrivait souvent de voir des fleurs apparaître sur le sol comme par magie au fur et à mesure que j’avançais, et nombre de choses m’étaient invisibles avant que j’en sois suffisamment proche. Une désagréable sensation dont je me suis vite accommodé, mais que j’ai l’impression de toujours ressentir, même aujourd’hui.


Mais tout cela n’était rien en comparaison de la majesté de ce monde. En dépit de la lourde responsabilité qui reposait sur mes épaules, j’admets avoir été totalement émerveillé par les nombreux panoramas dont cette aventure m’a permis de profiter. Des hautes montagnes enneigées de la chaîne d’Hébra, aux chaleureuses coulées de lave jaillissant du volcan d’Ordinn, en passant par les arides étendues de sables du désert Gerudo, les différentes régions d’Hyrule m’impressionnent encore toutes de par leur personnalité marquée et leur variété. Au bout d’un moment, j’étais presque capable de me passer de carte pour me repérer dans certaines d’entre elles, ce qui n’est pas censé être évident dans un monde d’une telle taille. En tout cas, plus j’avançais, plus ce que je voyais me confortais dans le fait que ce royaume méritait d’être sauvé. Et ma rencontre avec les habitants du village de Cocorico, me rassurant sur la présence de vie sur ces terres, allait me le confirmer. Mais l’heure était venue d’aller faire la connaissance d’Impa, la femme qui allait m’indiquer la marche à suivre pour affronter Ganon.



Se retrouver soi-même pour vaincre le mal



La sage du village de Cocorico allait donc me révéler qu’il me fallait, d’une part, retrouver tous mes souvenirs de ce qui s’était passé il y a cent ans. D’autre part, que je devais reprendre le contrôle des quatre Créatures Divines corrompues par Ganon. Chacune était à l’origine contrôlée par les quatre grands prodiges d’Hyrule, chacun issus de peuples différents. Il me fallait donc entrer dans chaque Créature, afin d’en libérer les esprits de mes quatre anciens compagnons. La visite de ces créatures m’a fait beaucoup penser à ces fameux donjons que les anciens héros avaient pu visiter par le passé. Je devais en comprendre tous les mécanismes pour parvenir à avancer et en résoudre les énigmes qu’elles renfermaient. Je pouvais même, après en avoir récupéré la carte, changer la disposition des lieux, notamment pour accéder à de nouvelles salles. En revanche, contrairement à ces fameux donjons du passé qui semblaient regorger d’adversaires, les Créatures Divines n’étaient guère protégées. Tout juste y avait-il quelques gardiens miniatures éliminables avec une ou deux flèches de bois, ou de la matière pourpre, cette substance maudite sécrétée par Ganon, générant parfois des immondices pouvant libérer des têtes de squelettes, ou des globes oculaires protégeant des surplus de matière pourpre qui disparaissaient à leur trépas. En vérité, la seule vraie menace sérieuse de ces « donjons » était les Ombres de Ganon, de terrifiantes créatures souvent plus fortes que la plupart des créatures résidant à Hyrule, qu’il me fallut vaincre pour libérer chaque Créatures Divines. Cela dit, si l’une d’entre elle sut se montrer particulièrement coriace, aucune d’entre elles ne m’a laissé un souvenir impérissable, les stratégies de combat à adopter étant plutôt basiques. En y repensant, je ne garde toutefois pas un souvenir si désagréable de la visite de ces grands temples amovibles, ne serait-ce que pour l’inventivité de leurs mécanismes. Mais le peu de temps que j’y ai passé et les nombreuses similitudes visuelles de leurs intérieurs me les font déjà un peu confondre.


L’autre idée était donc de me faire repartir sur les traces de mon passé, à la recherche de lieux clefs pouvant m’aider à me remémorer les évènements que j’avais oubliés. C’est pour cette raison que je me suis rendu dans un autre village du côté des Monts Géminés baptisé Elimith, dans le but de rencontrer la fameuse Pru’ha, qui pouvait télécharger sur ma tablette des photos destinées à m’aider à trouver les dits lieux, par l’intermédiaire d’une mise à jour. C’est un peu étrange mais, quand j’en parle de cette manière, j’ai un peu l’impression d’appartenir à un autre monde. Quoiqu’il en soit, cette plongée dans l’histoire d’Hyrule aura eu l’effet positif de m’inciter à explorer ce monde plus en détails, en plus de me permettre de digérer les choses à mon propre rythme. Ces souvenirs, bien que parfois courts, et pour certains, peu significatifs, me semblaient suffisamment instructifs, et surtout, réels pour que mon attachement envers mes ex compagnons d’armes renaisse progressivement. En contrepartie, la solitude tenace qui accompagnait mon voyage dans le présent me faisait parfois regretter que tous ces évènements appartiennent au passé. Même si j’en comprends les raisons, je me désole aujourd’hui de ne pas avoir pu partager plus de moments avec la Princesse Zelda au cours de mon périple. Son rôle dans toute cette histoire lui aurait pourtant donné le droit de prendre une part plus active dans les évènements ayant conduit à la chute définitive du Fléau. Il est vrai que j’ai rencontré beaucoup de personnes intéressantes sur la route qui me menait à Ganon, mais il subsiste tout de même en moi cette impression que seule la finalité de ma quête a été en mesure de me faire connaître une intensité équivalente à ce que j’avais dû vivre par le passé.


Pour être honnête, il m’est déjà arrivé de me demander ce qui se serait passé si j’avais décidé d’ignorer tous les précieux conseils que l’on m’avait prodigués, et si je m’étais simplement contenté de prendre d’assaut le Château d’Hyrule pour affronter Ganon, juste après avoir quitté le Plateau du Prélude. J’ai même tenté une première visite assez rapidement, par simple curiosité. La tâche ne me sembla pas impossible, compte-tenu du nombre généreux de ressources en tout genre trouvables un peu partout, mais les multiples rayons lasers des gardiens et sentinelles protégeant les lieux, et capables de m’annihiler en un seul tir, achevèrent de me convaincre que le jeu n’en valait pas la chandelle. D’autant plus que j’allais plus tard découvrir, cette fois-ci un peu par hasard, qu’une troisième quête à accomplir allait considérablement me faciliter la vie : récupérer l’Epée de Légende. Mais pouvoir la manier allait me demander d’augmenter mon énergie vitale, que les Sheikahs aimaient à symboliser par des cœurs. Pour cela, il me fallait donc partir à la recherche d’autres sanctuaires.



Les sanctuaires de l'improvisation et de la redondance



Disséminés à travers le monde, ces sanctuaires, au nombre de 120, étaient en réalité des épreuves imaginées par les Sheikahs pour préparer le Héros de Légende au lourd fardeau qui l’attendait. Concrètement, il s’agissait de mini donjons coupés du reste du monde, dans lesquels il me fallait résoudre différentes énigmes ou abattre de petits gardiens. Les épreuves étaient de différentes sortes, me demandant le plus souvent d’utiliser les pouvoirs récupérés sur le Plateau du Prélude pour m’en sortir. Mais la chose amusante était qu’il m’était parfois possible de contourner certaines mécaniques.


Ainsi, je me souviens de ce sanctuaire me demandant de diriger une boule Sheikah à travers un labyrinthe en utilisant une technologie appelée la gyroscopie. Après plusieurs essais infructueux, je me frustrais devant la difficulté à contrôler cet étrange système. Puis me vint l’idée de retourner complètement le labyrinthe, ce dernier laissant place à une surface parfaitement plane, où il m’était évidemment bien plus facile de diriger la boule où je le souhaitais.


Parfois, il arrivait aussi qu’une épreuve se situe à l’extérieur d’un sanctuaire, ce dernier ne devenant accessible qu’après l’exécution d’une tâche précise, comme se placer sur une stèle Sheikah à un moment clef, ou prendre un Korogu en filature. Ces situations pouvait d’ailleurs arriver sans crier gare, comme lors de mon arrivée sur cette île semblant déserte que je partais innocemment explorer, pour me retrouver soudainement face à une épreuve assez fine dont je tairai ici la teneur afin de ne pas gâcher la surprise aux éventuels futurs héros qui souhaiteraient, un jour, la tenter.


Au début, la visite de ces petits temples m’enthousiasmait. Mais progressivement, plusieurs choses commencèrent à me chiffonner. En premier lieu, si je comprends aisément pourquoi les Sheikahs ont jugé utile de tester mes compétences, j’ai plus de mal à saisir l’intérêt d’une telle quantité d’épreuves, beaucoup étant assez similaires, notamment celles de force, devant représenter pas loin du quart du nombre total de sanctuaires, en plus de ne constituer qu’une simple formalité une fois la technique assimilée. Je me demande aussi pourquoi certains pouvoirs comme le Cryonis ont été aussi peu mis à contribution… Sans doute parce qu’ils savaient que ceux-ci ne me serviraient à rien lorsque le moment d’affronter Ganon serait venu.


Il m’est également arrivé de me demander comment les Sheikahs avaient pu mettre en place certaines épreuves. Je me souviens notamment de ce sanctuaire, quelque part dans le désert Gerudo, où le panneau d’accès était bloqué par une jeune Gerudo assoiffée, réclamant un verre du cocktail maison du bar de la Cité Gerudo. Après avoir amené à bout de bras un grand bloc de glace à la tenancière de ce même bar pour qu’elle puisse préparer la fameuse boisson, je retournais voir la jeune Gerudo pour lui annoncer que son verre l’attendait à la cité. Cette dernière s’éclipsa tel un morse des sables, me laissant ainsi entrer dans le sanctuaire dans lequel j’appris que j’avais surmonté l’épreuve. J’ignore si la femme Gerudo était dans le coup, ou si les Sheikahs connaissaient l’avenir quand ils ont imaginé cela, mais j’avais tout de même l’impression que quelque chose n’allait pas dans toute cette histoire.


Tout cela pour dire que sur la centaine de sanctuaires que j’ai résolus, les derniers ont surtout trouvés leur intérêt dans les récompenses qu’elles m’apportaient : les Emblèmes du Triomphe. Car c’est grâce à elles que je pouvais, en allant prier devant une statue de la Déesse, augmenter mon énergie vitale ou mon endurance. C’est ainsi que je pus rassembler la résistance nécessaire dans le but de prouver que j’étais le digne héritier de l’Epée de Légende. Mais pour mener à bien ma mission, mes préparatifs ne pouvaient s’arrêter à cela.



Entraide et Korogus



Je décidais donc pour cela d’explorer plus en détail le Royaume, notamment en m’intéressant de plus près à ses différents habitants. Qu’ils soient Hyliens, Sheikahs, Gorons, Gerudos, Piafs, Zoras ou même Korogus, nombreux étaient les habitants des villages ou voyageurs à avoir besoin d’un service ou un autre. Certaines tâches pouvaient paraître ingrates comme la cueillette de 55 champignons tempo pour un vieil homme capricieux résidant dans un relais à proximité du désert Gerudo. Mais d’autres ont su me toucher, comme ma contribution à la construction du village d’Euzero avec mon ami Grosaillieh. Quoi qu’il en soit, je me satisfaisais largement des sourires qui s’affichaient sur le visage des gens à qui je rendais service, même si elles s’agrémentaient systématiquement de récompenses plus ou moins généreuses, comme l’obtention d’un cheval unique ou, plus simplement, quelques rubis.


De toutes celles que j’ai rencontrées, les Korogus restent probablement les créatures les plus singulières de tout Hyrule. Originaires des Bois Perdus, une grande partie d’entre eux s’étaient dispersés dans tout le royaume, me laissant le loisir de les retrouver. Un travail besogneux qui pouvait vite devenir écœurant si l’on s’y consacrait pleinement, surtout en sachant que les Korogus disparus était au nombre de 900 ! Fort heureusement, deux choses me poussèrent à faire quelques efforts. D’abord ma rencontre avec le Korogu géant Noïa, qui m’expliqua qu’il pouvait agrandir mes sacoches d’armes, arcs et boucliers, si je lui rapportais les noix que chaque Korogu me donnerait si j’en retrouvais. En plus de cela, le nombre de Korogus perdus était tel qu’il était fréquent que je tombe dessus par hasard, au détour d’un chemin, ou au sommet d’une colline. Pour les dénicher, il me fallait toutefois me livrer, là aussi, à certaines petites épreuves comme tirer à coup de flèches sur quelques cibles mouvantes, ou déposer une offrande dans un bac vide devant une statue pour que la petite créature daigne apparaître. L’urgence de la situation m’obligea à renoncer à tous les retrouver, mais j’estimais nécessaire d’en rechercher suffisamment afin de me constituer un armement conséquent, les terres d’Hyrule étant particulièrement hostiles.



Des armes de pacotille



En Hyrule, l’une des premières choses à assimiler avant de foncer tête baissée sur le premier bokoblin ou le premier lézalfos venu, est que les matériaux qui composent les armes sont fragiles. Parfois très fragiles. A titre d’exemple, les armes faites de bois tiennent rarement plus de quelques combats contre des monstres basiques, et je m’étonnerai toujours de voir certains arcs se désintégrer dans mes mains après n’avoir tiré qu’une petite dizaine de flèches. J’ai bien fini par trouver çà et là quelques bonnes armes, dont certaines renforcées, capables de tenir un certain temps, mais je dois bien avouer que cette excessive précarité était parfois éreintante. Un détail d’autant plus gênant quand une arme cassait lors d’un affrontement contre un Lynel, m’obligeant à perdre le rythme du combat afin de chercher une nouvelle arme adaptée à ce terrible adversaire. Au moins, je ne courais pas trop le danger de tomber à court, dans la mesure où il m’était possible de récupérer l’équipement de tout ennemi anéanti, voire de le leur voler en parvenant à les désarmer. Cela dit, j’ai tout de même préféré éviter de livrer bataille à de résistants ennemis trop tôt, sous peine de voir toutes mes armes casser avant d’avoir pu leur porter le coup de grâce. Il m’arrivait donc de temps en temps de privilégier les bombes, peu puissantes, mais bien pratiques pour éliminer les groupes de monstres peu résistants.


Aussi étrange que cela puisse paraître, même l’Epée de Légende avait ses limitations. D’une puissance de base modérée, ses attaques et sa durabilité doublaient face aux gardiens géants ou à l’approche du château d’Hyrule. Mais une utilisation prolongée amenuisait hélas son pouvoir, la rendant temporairement inutilisable une fois celui-ci épuisé. Une petite lueur d’espoir renaquit succinctement lors de mes rencontres avec les rares forgerons du royaume. Mais cette lueur disparût instantanément lorsque j’appris qu’ils n’acceptaient de réparer que les armes uniques des prodiges de jadis, moyennant un prix bien trop élevé et des ressources bien trop rares pour que l’investissement en vaille la peine.


Mais cette désagréable contrainte ne me découragea pas pour autant à faire face aux nombreux monstres qu’Hyrule mettait sur ma route. Au début, j’admets que l’apprentissage fut un peu rude. J’avais peu d’énergie vitale ce qui me rendait facilement vulnérable aux attaques ennemies, surtout en ne portant que des guenilles pour toute protection. Pour m’en sortir, il me fallut apprendre quelques techniques qui pouvaient me sauver la vie, comme la garde ou l’esquive parfaite qui consistaient à repousser ou éviter l’attaque d’un monstre au bon moment, me conférant l’avantage de pouvoir enchainer derechef une série de contre-attaques. Ces mouvements ne furent pas faciles à assimiler, me sentant parfois gêné par une inexplicable sensation de rigidité qui m’empêchait parfois de me mouvoir avec autant d’aisance que je l’aurais voulu. Mais je m’accrochais tout de même, sachant que leur maîtrise me faciliterait considérablement la tâche.



Savoir survivre face aux monstres



Heureusement, même sans cela, je compris très vite que la plupart des créatures hostiles que je rencontrais ne seraient rapidement plus une grande menace, tant les moyens de leur résister étaient nombreux. La première chose qui me sauva la vie était les Fontaines de Grande Fée. Historiquement, les Grandes Fées avaient l’habitude de soigner les blessures des héros d’antan. Mais les affectueuses dames géantes que j’ai rencontrées me proposèrent plutôt de renforcer les capacités défensives des tenues que je portais. La seule contrepartie résidait dans le fait d’apporter les matériaux nécessaires à leur évolution, le plus souvent des matériaux de monstres. Lorsque je réalisai qu’une armure de soldat montée de trois niveaux, doublée d’une petite protection archéonique, me permettait d’encaisser plusieurs tirs de lasers de Gardiens sans mourir, je pris toute la mesure de l’aide que m’apportaient ces exubérantes déesses. D’ailleurs, leur rendre visite me donnait aussi l’opportunité de récupérer des petites fées. S’il m’était impossible d’en stocker plus de cinq à la fois, ces dernières me sauvaient de la mort si je prenais un coup qui aurait normalement dû m’être fatal. Autant dire qu’elles auront su préserver ma vie plus d’une fois.


Tiens…Je commence à sentir une petite faim me tenailler. Sans doute est-ce par ce que je suis en train de penser aux nombreux plats que j’ai cuisinés qui, cumulés à l’aide des fées, me rendaient potentiellement invincible dans la plupart des situations. Chaque denrée trouvable en Hyrule était douée de vertus curatrices ou de propriétés avantageuses. Je pouvais évidemment les consommer telles quelles, mais aussi les utiliser dans une préparation afin d’en augmenter les effets. Du simple chutney de fruits au durian max augmentant pour un temps mon énergie vitale maximale, à la brochette de champis volts me rendant résistant à l’électricité, il m’était possible de garder avec moi plusieurs dizaines de plats, que je pouvais déguster à loisir à n’importe quel moment, y compris en pleine joute contre n’importe quel adversaire. De quoi plus facilement minimiser la gravité des blessures infligées par les monstres incapables de m’anéantir en un seul assaut.


De toute façon, le manque de variété du bestiaire d’Hyrule me facilita considérablement la tâche. A force de combattre des cohortes de lézalfos, de moblins ou de chuchus, j’élaborais nombre de stratégies efficaces qui me firent gagner un temps précieux. Les flèches élémentaires, notamment de glace ou de foudre, immobilisaient les ennemis de taille raisonnables quand elles ne les tuaient pas sur le coup. Les pouvoirs des quatre prodiges, quant à eux, telle la colère d’Urbosa, allaient me permettre d’abréger les affrontements contre les créatures les plus dangereuses, y compris les Lynels, très puissants et résistants, mais aussi, prévisibles. Je n’ai de toute façon pas jugé utile d’en affronter énormément, les combats contre ces centaures à tête de lion pouvant s’éterniser plus que de raison si les choses se passaient mal. J’ajouterai que les récompenses qu’ils me laissaient en cas de victoire n’étaient le plus souvent que des armes luxueuses à la durabilité discutable, et j’estimais pouvoir m’en passer. D’autre part, il me fallait aussi faire attention à la faune locale, certains animaux pouvant se montrer agressifs. Je devais par exemple faire attention à ne pas prendre un violent coup de sabot quand je m’approchais discrètement d’un cheval dans l’espoir de le dompter, ou trouver un moyen de rapidement faire fuir les meutes de loups qui m’attaquaient dès que je rentrais dans leur champ de vision.



Explorer: une mission parfois difficile



En fin de compte, le domaine dans lequel mes multiples agresseurs m’auront le plus gêné fut sans aucun doute l’exploration. La nuit particulièrement, durant laquelle nombre de monstres squelettiques ou de chauves-souris apparaissaient à intervalles réguliers, me dérangeant pendant la résolution d’une énigme, ou complexifiant inutilement un combat déjà tendu. Le phénomène de la lune de sang initié par Ganon, ramenant à la vie la totalité des monstres que j’avais déjà occis, ne m’aida pas non plus. En effet, son apparition était susceptible d’intervenir en plein affrontement contre un groupe d’adversaires, ressuscitant au passage tous ceux que je venais de vaincre. Mais cette malédiction lunaire avait aussi ses avantages, comme celui de ne pas limiter mes opportunités de récupérer des matériaux de monstres. Voyager de jour était donc souvent plus confortable même si les membres du clan Yiga, une faction ayant décidé de soutenir Ganon, venaient eux aussi souvent jouer les trouble-fête sans prévenir.


Cependant, je pense tout de même qu’en dehors de ces nombreux conflits parasites, le plus grand ennemi de mon périple fut le climat capricieux qui régnait dans ce royaume. Si les périodes de beau temps étaient un véritable plaisir pour profiter des paysages ou scruter les horizons à la recherche de lieux secrets encore inexplorés, je dus rapidement composer avec les drastiques changements météorologiques qui m’obligeaient de temps à autres à revoir mes objectifs. Dans certains cas, je trouvais des solutions comme des tenues ou des remèdes me permettant de supporter les grandes chaleurs du désert Gerudo, ou un masque capable de me protéger de la foudre susceptible de me tomber dessus par temps d’orage, à fortiori une fois équipé d’un armement métallique. Mais la pluie, pour ne citer qu’elle, s’apparentait à un cauchemar ayant raison d’une grande partie de mes possibilités, sans que je ne puisse y faire grand-chose. Altérant la visibilité, elle rendait surtout toute escalade quasiment impraticable, les parois devenant alors toutes bien trop glissantes. Certains héros d’antan avaient à leur disposition un instrument de musique qui leur octroyait la chance de pouvoir influer sur le climat. Mais malgré mes recherches, je fus bien incapable de mettre la main sur un tel objet, ni même sur une éventuelle tenue pouvant m’empêcher de glisser. Mon seul salut dans une telle situation était donc d’espérer trouver un abri aux alentours pour pouvoir allumer un feu de camp, et attendre que la pluie cesse. Dans le cas contraire, je n’avais plus qu’à remettre mon ascension à plus tard, étant donné qu’il n’était pas envisageable d’essayer d’allumer un feu sous une averse, ou de rester à patienter de longues minutes sans rien faire, en espérant que cette dernière s’arrête au plus vite. A ce sujet, je dois tout de même une fière chandelle à mon ami Revali, dont la rage qu’il me confia pour me permettre de me propulser dans les airs fut salvatrice lors des montées les moins exigeantes.



Une grande aventure pas toujours facile à vivre



Cela dit, quand l’agacement et l’envie de tout abandonner s’emparaient de moi, je ne perdais jamais de vue que de nouvelles surprises m’attendaient souvent quelque part. Et quel grand chemin n’était pas semé d’un minimum d’embûches ? Il fallait avant tout éviter de se perdre en route, chose pourtant facile dans un environnement aussi spacieux. Combien de fois me suis-je retrouvé à marcher dans certaines contrées totalement désertes sans savoir où j’allais, pour ne finalement rien y trouver d’autre que le plaisir d’avoir un jour foulé le sol qui se trouvait sous mes pieds ?


C’est pour cela que, le plus souvent livré à moi-même, il m’était nécessaire de m’organiser et de me fixer des objectifs clairs avant de partir à l’aventure. M’engager n’importe où au petit bonheur la chance ne pouvait générer en moi que frustration et sentiment de vide si je m’engageais dans la mauvaise direction. Essayer de trouver quelques sanctuaires, abattre un hinox ou deux afin de récupérer les viscères nécessaires à l’augmentation d’une armure, ou encore finir quelques une des missions que j’avais laissées en suspens, étaient autant d’objectifs possibles qui me permettaient de ne pas trop me disperser. Et dans les cas les plus extrêmes, me raccrocher à ma quête principale restait la meilleure option, me diriger vers une Créature Divine ou chercher l’un de mes souvenirs perdus étant le meilleur moyen de rencontrer de nouvelles personnes, ou de découvrir un nouveau point d’intérêt. En tout cas, si je suis aujourd’hui content d’en avoir fini avec cette aventure, qui m’a demandé un temps et un investissement considérable pour être menée à bien, je suis encore plus satisfait d’avoir pu en profiter comme je l’ai fait.


Je pourrais parler de tant d’autres choses, mais cela ne me semble pas approprié vis à vis des futurs héros qui auront peut-être un jour la chance de vivre cette aventure. Et quelle aventure ce fut ! Il est vrai que je me suis parfois un peu irrité de certaines choses, mais rien ne fut assez pénible pour m’ôter le sentiment que j’avais vécu une quête grandiose et unique, qu’il me tenait à cœur de mener à terme. Je ne prétends pas pour autant qu’elle puisse être aussi marquante que celles de certains héros d’antan, comme celle du masque de Majora, ou celle du héros de l’île Cocolint. Mais je crois avoir vécu un voyage suffisamment extraordinaire, et surtout, unique, pour qu’il me tienne à cœur d’en partager ne serait-ce qu’une petite partie, avec ses joies et ses regrets, afin que tous ceux qui souhaiteront un jour le vivre sachent l’apprécier au moins autant que je l’ai fait.

Arnaud_Lalanne
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le 11 mai 2017

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Arnaud Lalanne

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