The Legend of Zelda: Skyward Sword HD
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The Legend of Zelda: Skyward Sword HD

Jeu de Nintendo EPD et Nintendo (2021Nintendo Switch)

La sortie du remaster HD de Skyward Sword sur Switch me donne l’occasion de rejouer à cet opus que je n’avais terminé qu’une seule fois sur Wii (et de le critiquer). J’avais bien tenté une partie en mode héroïque par la suite mais je n’étais pas allé bien loin. Pas spécialement à cause de la difficulté (ça je ne sais pas trop à vrai dire vu que je ne suis vraiment pas allé loin), mais plutôt parce que ma précédente partie était sûrement encore trop fraîche et je m’en trouvais moins motivé. Il faut dire aussi que cet épisode m’avait déçu par certains aspects, ce qui n’était pas non plus très encourageant.


Contrairement à, semble-t-il, une majorité de joueurs, ce n’était pas tant la maniabilité au Wii Motion Plus qui m’avait dérangé – je m’y suis plutôt bien adapté et à part quelques petits désagréments qui peuvent arriver, globalement ça a été. Ce n’est pas tant non plus le personnage de Fay qui m’avait gêné, je dois faire partie des rares joueurs à m’y être attaché (et pour son côté bavarde et intrusive, j’ai été à bonne école avec Navi dans Ocarina of Time). Non, clairement, la principale chose qui m’a déçu à l’époque, c’était la carte. Ou les cartes : celle du ciel, pas très vaste et bien vide lorsque l’on compare avec l’océan de The Wind Waker (et la comparaison semble inévitable), alors que ce dernier aurait lui-même déjà pu faire mieux en termes de richesse, c’est dire. Et puis il y a la carte de la Terre, divisée en trois grandes zones certes beaucoup plus riches, mais quelle déception de n’avoir aucune connexion entre ces trois zones ! Même des passages ouverts par la suite (par exemple, avec les bombes obtenues dans la seconde zone, on ouvre un passage vers la première) auraient pu éviter certains allers-retours et apporter un minimum de cohérence et d’unicité à cette carte terrestre. Bref, un monde bien réfléchi et construit. Mais au lieu de ça, on a ces 3 zones indépendantes, et qui plus est assez hostiles, qui ressemblent plus à des « niveaux » à passer, voire même à des donjons à ciel ouvert. Si chacune de ses zones nous présente un nouveau peuple qui y est associé, il n’y a pas de véritables villages, donc pas de respirations, et pas de lieux nous permettant de découvrir un peu plus le folklore de ces peuples, dont on ne sait finalement pas grand-chose. Et lorsque, par exemple, en plein milieu de notre progression dans la zone du volcan d’Ordinn, on découvre un mini-jeu, même celui-ci est hostile puisqu’il nous fait perdre des cœurs.


Les mini-jeux, d’ailleurs, parlons-en ! Ils constituent un autre point noir de cet opus pour moi. Bon, je dois avouer que je ne suis pas vraiment copain avec les mini-jeux dans les Zelda en général, certains dépassant parfois l’entendement en termes de difficulté. Et ceux de Skyward Sword ne dérogent pas à la règle. Ah quels souvenirs cauchemardesques je garde de l’île Roulette ! Ou encore le mini-jeu des citrouilles, le mini-jeu de Célestin, le wagonnet…


Toutefois, si 10 ans plus tôt, je n’ai pas donné suite à ma nouvelle partie en mode héroïque, parce que tout ces mauvais points étaient encore trop frais dans ma tête, j’avoue avoir été assez hypé à l’annonce de ce remake HD. D’une part parce que 10 ans après, ces souvenirs ne sont plus si frais, et d’autre part parce que j’en garde aussi quelques bons souvenirs, notamment certains moments qui m’ont marqué :


La rencontre avec Fay, créature gracieuse que l’on suit comme un fantôme dans la nuit sur fond de musique mystérieuse (le thème de Fay reste un de mes thèmes musicaux préférés du jeu). Cette superbe scène, avec son accompagnement musical magistral et dynamique, où Zelda fuit avec Impa face à Ghirahim et envoie la lyre à Link. Ou encore ce moment où l’on se retrouve emprisonné dans un endroit qui nous paraît inconnu, et qu’à force de progression on finit par se rendre compte qu’il s’agit tout bêtement de l’environnement du volcan d’Ordinn que l’on connaît déjà bien, mais qu’on ne reconnaît pas immédiatement suite à quelques modifications mais surtout parce qu’on n’y progresse pas de la même manière. Sans oublier bien-sûr cette surprenante mécanique de progression entre présent et passé dans le Désert de Lanelle. Autant de moments qui restent plutôt mémorables.


Par ailleurs, Skyward Sword c’est aussi des donjons plutôt réussis, une musique interprétée par un orchestre avec quelques beaux morceaux (mais aussi d’autres plus lambdas), des quêtes annexes sympas, et une histoire des origines de la légende intéressante… Bref, le jeu présente d’indéniables qualités qui ont su me redonner envie d’y jouer.


Concernant ce remaster HD, on garde donc globalement les mêmes qualités et les mêmes défauts, on ne va pas refaire le monde là-dessus. Les graphismes sont peut-être vaguement améliorés, mais de toute façon cet opus est loin d’être mon préféré graphiquement donc ça ne me fait ni chaud ni froid. Toutefois le fait d’y rejouer avec recul me permet de revoir quelque peu certaines de mes positions. J’avais en effet le sentiment d’un mauvais game-design, notamment pour les trois zones terrestres. Je gardais notamment un mauvais souvenir de la forêt de Firone où j’avais à l’époque beaucoup de mal à m’orienter, perdu que j’étais au milieu de cette grande zone ouverte à plusieurs niveaux avec des arbres partout. J’appréhendais un peu le retour dans ce secteur, mais finalement je me suis surpris à m’y repérer beaucoup plus facilement (peut-être parce que Breath of the Wild est passé par-là entre temps et qu’en termes de zone ouverte, on est évidemment sur une toute autre échelle). Après cette zone forestière, on débarque dans le secteur d’Ordinn, et là, le constat est que la progression est beaucoup plus linéaire, mais aussi plus longue, avec beaucoup de choses à faire. Je me rends compte alors que Nintendo a su faire varier les séquences de jeu avant les donjons d’une zone à l’autre et que c’est plutôt un bon point, cela leur évite d’être trop répétitifs comme ça peut être le cas sur d’autres Zelda. Et puis, le fait qu’on soit par la suite amenés à revisiter ces zones différemment permet d’avoir une autre lecture de l’environnement et montre que le level-design est finalement plutôt bien réfléchi.


Mais il s’agit là de simples reconsidérations a posteriori du jeu d’origine, et aucunement d’apport du remaster. Car en termes d’apports, ce dernier est plutôt pauvre. Il semblerait que Fay soit moins intrusive, tant mieux, mais ma partie sur la version Wii remonte à trop loin pour que je m’en rende réellement compte. Le changement le plus important se situe en fait surtout au niveau du gameplay, avec la présence de deux modes de jeu possibles. En effet, suite aux nombreuses critiques sur le gameplay au Wii Motion Plus, Nintendo propose ici, en plus du mode en motion gaming réadapté pour les Joycons, un nouveau mode de jeu entièrement à la manette (ou en mode portable, j’imagine que ce doit être assez équivalent au niveau des contrôles). De quoi réconcilier les détracteurs du Wii Motion Plus avec le jeu ? Pas si sûr. Pour ma part, je ne saurais dire lequel des deux modes a ma préférence.


J’ai commencé en mode manette, et très rapidement je me suis retrouvé à essayer de bouger la caméra avec le stick de droite… en vain. Impossible donc à première vue de contrôler la caméra autrement qu’en la recadrant derrière Link, et c’est là un énorme manque. Eh oui, parce qu’en réalité, le stick de droite permet de contrôler l’épée, et ça je ne l’ai compris que lorsque j’ai obtenu cette dernière ! J’ai appris par la suite qu’il existe en fait une astuce pour contrôler la caméra avec le stick de droite, en maintenant un des boutons de derrière en même temps. Je ne l’ai pas encore testé car j’ai très vite basculé en mode motion gaming.


Dans ce mode de jeu, puisque les mouvements de l’épée suivent ceux du Joycon, le stick peut être réattribué à la caméra et ça va beaucoup mieux. En fait, de nombreuses actions m’ont très rapidement paru bien plus intuitives en motion gaming (les roulades, le bouclier, le Célestrier… pour lequel j’ai malgré tout mis un peu de temps à comprendre, tombant inexorablement dans les nuages parce que j’essayais de diriger avec le stick, mais une fois la mécanique comprise, ça va tout seul). Toutefois, l’épée me parait moins précise dans ce mode et je me retrouve parfois en difficulté devant de simples plantes Mojo, où je galère à exécuter des coups horizontaux notamment. Je ne vais pas blâmer entièrement le jeu pour ce point-là, c’est peut-être aussi un manque de skill de ma part et il faut peut-être que je me fasse encore la main là-dessus.


Toutefois il y a au moins deux autres problèmes bien réels avec le mode motion gaming. Le premier a déjà été exprimé par de nombreux joueurs, vous me voyez sans doute venir : les recalibrages. Il est en effet nécessaire de recalibrer régulièrement le Joycon en appuyant sur Y pour que le pointeur soit bien positionné sur l’écran. Alors dans la plupart des cas ce n’est pas grand-chose, une petite pression sur le bouton suffit, mais cela peut devenir problématique lorsque, en plein combat, vous sortez par exemple votre lance-pierre et que le viseur part alors soudainement dans les choux. Le deuxième problème est plutôt une remarque : si la Wiimote fonctionnait à piles qui pouvaient être renouvelées à loisir (enfin dans la mesure où on dispose de piles de rechange), les Joycons, eux, ne sont en effet pas encore à énergie renouvelable et autonomes. Ainsi, s’ils se déchargent, quelles possibilités avons-nous ? Soit arrêter la partie, soit passer en mode portable. Et c’est là une grosse limite de la console, valable sans doute pour d’autres jeux évidemment mais pour un jeu avec un gameplay si différent en mode portable, c’est une grosse prise de risque. Se retrouver forcé à utiliser un mode de jeu qui ne plaît pas pourrait rapidement se révéler décourageant pour les joueurs concernés.


Au final, aux qualités du jeu retrouvées et même révélées et au plaisir d’y rejouer, s’opposent donc des défauts et certaines problématiques techniques de gameplay, pour un jeu qui reste donc plutôt en demi-teinte. Ça reste assez sympa de le redécouvrir mais le remaster reste plutôt fainéant en termes de nouveautés et améliorations, alors est-ce que cela vaut son prix, telle est la question…


......................


EDIT 14/09/2021 : Ayant terminé le jeu il y a quelques jours, je souhaitais revenir sur certains points évoqués dans cette critique.


Premièrement, concernant le gameplay, j'ai finalement joué la majorité de ma partie aux Joycons, ce mode de jeu me paraissant décidément plus intuitif. J'ai pu tester l'astuce consistant à maintenir L en bougeant le stick droit pour contrôler la caméra à la manette, mais difficile de se faire à cette manipulation. De plus, il reste impossible, de fait, d'utiliser l'épée tout en bougeant la caméra simultanément. Or quand je joue, je bouge CONSTAMMENT la caméra, donc ça ne me convient pas. Je reste donc sur le mode motion gaming, celui pour lequel le jeu a été conçu en somme, et concernant la problématique de la batterie, je n'y ai finalement pas été tellement confronté. Bon, il faut dire que j'ai une paire de rechange, ce qui m'a un peu aidé, mais en pensant à les charger régulièrement après une partie, j'ai dû avoir à les changer seulement deux fois en plus de 60h de jeu, ce qui reste assez anecdotique. Ces Joycons ont une autonomie bien meilleure que la Wiimote et c'est tant mieux (même si bien évidemment elle diminuera avec le temps). Pas de souci majeur avec les Joycons donc, à part ce recalibrage qui a pu me gêner une fois ou deux contre un boss (Aaah l'arc qui part en vrille avec Daidagos !). Toutefois je suis passé en mode boutons quelques fois pour des mini-jeux. Comme je l'ai évoqué, je n'en avais pas de bons souvenirs, et cela s'est confirmé sur Switch, du moins tant que je restais en motion gaming. Mais en passant en mode boutons, miraculeusement, tout s'est très vite arrangé. L'île de la roulette, les citrouilles de Célestin et le wagonnet du péril sont autant de mini-jeux que j'ai pu finalement résoudre bien plus facilement en mode boutons. Presque honteusement d'ailleurs, sachant qu'ils n'ont pas été conçus pour être résolus comme ça (non parce que réussir le jeu de Célestin en calant le viseur dans un coin et en tirant avec le bon timing, bof bof). Donc sentiment toujours un peu partagé pour le gameplay, avec une dominante en motion gaming tout de même.


Deuxième point, à propos des graphismes. Je disais être assez indifférent au graphismes de ce jeu et donc ne pas apporter une grande importance à la HD. Je dois toutefois admettre les avoir apprécié quelques fois. Et notamment à la fin du jeu, pour l'Avatar du Néant, que je trouvais déjà assez classe de base, mais qui m'a vraiment impressionné en HD, mais aussi sur les plans larges du temple avec la statue de la déesse et la Triforce. Pour le coup, j'ai trouvé que la HD rendait vraiment justice à ces scènes. Voilà.


Je ne change pas ma note car ce remaster reste assez timide dans sa globalité et il reste objectivement des soucis avec le gameplay, même si j'ai su m'en accommoder. Par contre j'ai vraiment pris plaisir à rejouer à cet opus, bien plus je crois que lors de ma première partie sur Wii. Comme si c'était un Zelda qui mine de rien, se bonifiait avec le temps.

Evanizblurk
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le 28 juil. 2021

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Evanizblurk

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