Wind Waker est un des rares épisodes de Zelda (officiels) à être visiblement inabouti. Nintendo n'a pas poussé à fond toutes ses idées et a torché des passages à la va vite, notamment durant la seconde partie de l'aventure, au moment où il faut récupérer les traditionnelles flèches de glace et de feu (ce qui se fait en trente secondes, sur de simples îlots sans personnalité) et lors de la quête de la triforce, à l'intérêt ludique très limité. En fait cette quête traduit à merveille le paradoxe Wind Waker : le jeu propose mine de rien des choses passionnantes, que l'on n'a jamais eu l'occasion de voir dans la série, bref des passages ambitieux qui donnent de la profondeur à la mythologie Zelda, mais la finition et le rendu dans le jeu laisse parfois à désirer. Réunir la triforce devrait être épique, mais cela se résume en réalité à sillonner l'océan pour remonter des cailloux à la surface... De même l'océan aurait dû être un terrain de jeu et d'exploration grisant, offrant une énorme dose d'évasion à l'image du grandiose Skies Of Arcadia, mais on se rend bien vite compte qu'il ne se passe pas grand chose et que les déplacements sont un peu longuets. Les îles sont par ailleurs disposées de manière légèrement artificielle et sont trop souvent vides, faisant office de simples parcours d'obstacles pour récupérer encore et toujours des rubis, à ne plus savoir qu'en faire. Les îles vraiment intéressantes, avec des personnages secondaires et des quêtes à la clé, celles que l'on est content de découvrir, sont finalement peu nombreuses.

Pourtant, et pourtant, Wind Waker est un jeu inoubliable et sans doute le plus attachant de tous les Zelda. Les graphismes si particuliers y sont évidemment pour beaucoup, car ils transcendent l'atmosphère en une sorte de conte magique, enchanteur et merveilleux. Tous les décors ou les personnages ne sont pas parfaits mais certains passages sont sublimes (l'entrée du temple du feu avec ses effets de chaleur) et l'ambiance demeure unique tout au long de l'aventure. Elle est à peine ternie par les remarques que j'ai faites au début. Une fois plongé dans un tel univers, même naviguer des heures sans que rien ne se passe reste un plaisir simple, sans équivalent, ne serait-ce que pour la fantastique musique de l'overworld si douce et épique à la fois : un véritable appel à l'aventure. Et finalement, si le jeu arrive à nous laisser autant d'images et d'impression en tête alors même qu'il est imparfait prouve à quel point il est attachant et dégage une aura envoutante. Et puis je le répète mais Wind Waker développe certains aspects de la série de manière très originale, il y a de quoi rester cloué devant des passages aussi osés et cultes que la découverte de l'ancien château d'Hyrule ou que le combat final carrément mythique, tout cela étant renforcé par le charisme des personnages qui trouvent une seconde jeunesse et une fraîcheur enthousiasmante (Link, Zelda et Ganondorf). Toutes ces choses font de Wind Waker un des Zelda les plus passionnants à jouer, et surtout un des ceux qui laissent le plus de souvenirs/nostalgie après coup, alors même que l'on peut en sortir légèrement déçu au premier abord.

Mais il est d'autant plus dommage de voir que certains points ont été bâclés et que l'originalité et l'attractivité de l'univers laissent parfois la place à une platitude peu inspirée. Le jeu n'exprime pas tout son potentiel (il y avait tant de choses à faire avec cet océan) mais il n'empêche, au final, que Wind Waker est aussi puissant que les autres Zelda, mais à sa manière, comme chacun des autres épisodes en somme. Et puis cela reste un Zelda, soit un véritable pied à jouer, et si les donjons ne sont pas vraiment marquants (je peine à en garder des images fortes ou des instants de génie pur, si ce n'est la forteresse où il faut s'infiltrer), le plaisir de manier Link est intact et même encore plus fort que dans les épisodes N64, Nintendo améliorant toujours plus sa formule magique du gameplay idéal (et il continuera à le faire avec Twilight Princess).
benton
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le 24 févr. 2011

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benton

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