Pourquoi ce jeu est mon jeu préféré

Que c'était plaisant de refaire ce jeu... Mon jeu préféré! La fin me laisse un peu amer, mais j'ai pris énormément de plaisir en jouant à ce jeu. Sûrement plus qu'à aucun autre.
Twilight Princess est vraiment à mes yeux le Zelda le plus exceptionnel, le plus complet, le plus unique, le plus sombre et aussi le plus drôle, mais peut-être aussi le moins enchanteur car le plus "réaliste" (entendre : qui ressemble et s'inspire le plus de notre monde ou de notre histoire). Et tout cela est très cohérent. Et il est assez logique qu'il divise les fans.

Il se trouve que moi, j'ai énormément apprécié l'aspect plus "mature" (même si je déteste ce terme) du jeu. Et si je déteste ce terme c'est parce qu'habituellement un jeu mature est un jeu avec du sang et du sexe, pour résumer. Ici, certes, on a une plus grande violence, avec des exécutions, des meurtres, mais c’est surtout la manière dont tout ça est montré et les éléments scénaristiques qui sont différents. Ne pensez pas à un combat entre le Bien et le Mal puisque dans ce Zelda, c'est l'histoire d'une invasion, née d'un désir de vengeance et d'un coup d'Etat, et d'une quête au cours de laquelle on comprendra que l'ennemi n'est pas forcément l'autre. Seul Ganondorf représente le Mal pur, j'aurais presque l'impression de voir en lui l'allégorie du diable alors que les pêcheurs manipulés par lui seront pardonnés... Les évènements terribles de ce jeu sont dus au racisme, aux exactions des armées et à des problèmes politiques. On aborde même très légèrement, mais tout de même, une certaine tendance à l'intolérance envers les animaux et à leur exploitation...
De même, on un design bien moins rêveur et bien plus inspiré de médiéval fantasy : des gorons plus durs, des Zoras plus réalistes dans la fusion homme/poisson ou des orcs nous tirant des flèches enflammées. Bon, et on a aussi, c'est vrai, une barmaid avec un grand décolleté. Mais évidemment, un personnage comme ça passerait moins bien dans un jeu plus enfantin.

Cependant, la force de Twilight Princess est sa diversité : je pense que jamais un jeu ne m'a fait passer par autant d'émotions. J'ai frissonné lors des scènes épiques comme la joute contre le roi Bulblin (une des scènes si ce n'est LA scène la plus épique que j'ai joué), rigolé à des gags plus ou moins habituels, eu peur pour mes héros, été surpris plus d'une fois et été attendri. Car ce jeu a tout ça en lui. On passe de la romance entre Link et Iria à l'apparition soudaine de Xanto, avant de se faire dragouiller par la gérante du stand de pêche qui nous reproche de préférer sa sœur! Et les grenouilles ou Midona qui semblent toquer au 4ème mur sont de la partie aussi.

Si la force de ce jeu est sa narration et son univers, il s'agit tout de même d'un jeu vidéo. Et c'est dans le gameplay qu'on trouve ses quelques défauts. Si l'exploration n'a jamais été aussi bonne et fluide (j'ai notamment énormément apprécié les passages de recherches des perles de lumière), les combats, surtout contre les boss, sont parfois un peu trop rigides, répétitifs, et prévisibles. Pourtant ils sont assez originaux et couillus, entre le combat dans l'eau, le combat sans lock et le combat sans épée (ou presque).
On n'est pas lésé sur les nouveaux objets, flèches explosives, bombes aquatiques ou boulet, et un système de combat améliorant les coups spéciaux de Wind Waker. Le hic, c'est qu'on peut souvent se passer de ces techniques d'épéistes.
Le gamepad est vraiment un très bon outil de jeu : le gyroscope, bien que n'étant pas aussi agréable et précis qu'une Wiimote, permet de tirer des flèches et l'écran tactile permet d'aller dans l'inventaire ou de jeter un coup d’œil à la carte sans casser le rythme du jeu. Cependant, on est tout de même en-dessous de ce que Skyward Sword nous proposait en terme de précision et de liberté offerte par le gameplay à la Wiimote. Mais c'est tout de même mieux que l'original qui sous-exploitait cette Wiimote. Enfin on notera tout de même quelques problèmes de direction avec les sticks lors de combats ou lorsque Link s’accroche à des branches ou une grille.
Autre chose au niveau du gameplay : Epona. Exit les chevauchées monotones d'Ocarina of Time avec ce tir à l'arc assez chaud. Non seulement le tir à l'arc est bien mieux foutu (et peut se faire au gyroscope) mais en plus on a la possibilité de batailler à l'épée en pleine chevauchée! Chevauchée souvent critiquée pour sa rigidité, mais encore une fois cela me semble cohérent avec l'aspect épique et réaliste du jeu : un cheval massif comme Epona et galopant à cette vitesse ne peut pas strafer ou faire des tournants si facilement. Il faut savoir la dompter.

Ce que j'aime aussi, c'est un tas de petits détails qui, au final, font que ce jeu se fait tout seul. Par exemple, si on ouvre un coffre en tenant la lanterne, habituellement dans un endroit sombre donc, on verra la lanterne posée à côté lorsque Link ouvre le coffre. On a aussi le fait que les portes soient différentes à chaque donjon ou le double-sens du titre. Et ces surprises, oh oui. Bonnes ou mauvaises pour notre héros, mais toujours bien vues.
Et bien entendu les personnages. Xanto, mon Dieu… Il est juste parfait. Il est terrifiant, et quand il se révèle plus fou et pathétique, c'est toujours aussi cohérent et excellent! Jusqu'à sa terrible fin. De plus, on a comme souvent dans Zelda des rôles-clés tenues par des femmes, et c'est le cas plus que jamais ici : Midona, Zelda, Telma. Ce sont les vrais leaders. À l'exception de Ganondorf bien sûr, l'invariable seigneur du malin. Et hélas, s'il y a bien quelque chose de raté dans ce jeu, c'est le combat final contre celui-ci.
D'une part, il aurait peut-être été plaisant de le voir un peu plus auparavant, mais surtout, il cristallise la faiblesse des boss, leur simplicité et leur rigidité. Et en plus, la mise en scène faiblit dessus, notamment à cause de coupures trop fréquentes. Cependant, sa 3ème phase est vraiment bien trouvée et plutôt agréable à jouer.
Heureusement, les cinématiques finales reprennent la main et concluent très bien ce jeu en restant dans son esprit jusqu'au bout.

S'il y a encore des défauts à évoquer, il s'agit sans doute de cette profusion de rubis, bien moindre que dans Skyward Sword mais tout de même, et de cette horrible idée des tampons : trésors inutiles et extra-diégétiques qui parasitent notre recherche des fragments de cœur. Et enfin, ces maudites activités au lac Hylia, la pire étant la pêche et ce jeu de Hena, qui est plus une punition qu'autre chose. Heureusement, rien d'indispensable ne se débloque avec elle, ce qui est plutôt sympa! Mais ce qui est fou, c'est qu'il n'y ait pas de stand de tir, alors que le tir à l'arc est super!

Et un petit mot tout de même sur la technique. Je pensais que des modèles 3D de 10 ans seraient bien plus dommageables mais en réalité ce jeu est vraiment très beau, notamment le crépuscule, forcément. Les musiques sont la plupart du temps magnifiques, même s'il y a quelques problèmes parfois avec le chant du loup, et certains thèmes sont magnifiquement réutilisés. Ça me permet d'ailleurs de vous dire que de nombreux lieux ou personnages ont été réutilisés/modernisés ou qu'on y fait référence. C'est très agréable et ça place vraiment Twilight Princess dans la chronologie de la saga Zelda (le temple du Temps ou Impa par exemple). Enfin, sachez que j'ai fini le jeu presque à 100% en un peu plus de 55 heures, tout de même!

Pour résumer, Twilight Princess est un jeu sombre mais également très riche, et toujours cohérent. Il a quelques défauts, notamment au niveau de ses boss, ce qui est dommageable, mais il apporte tellement de choses, tellement de choses que je ne peux pas dire car cette critique est déjà trop longue… Et il a selon moi la meilleure narration et le meilleur univers de tous les Zelda 3D. Rien que ça.