The Lion's Song
7.2
The Lion's Song

Jeu de Mi'pu'mi Games (2017Nintendo Switch)

Acheté sur Nintendo Switch à l'inspiration lors d'une convalescence, je n'ai terminé le quatrième épisode qu'aujourd'hui allongé confortablement dans mon lit et c'est peut-être là la force du titre : proposer quatre épisodes qui rempliront quatre de vos soirées avant de dormir ou au contraire une de vos grasses matinées à la place de toute autre activité qui remplirait ce créneau (lecture, musique, …). En effet, les épisodes sont connectés d'une façon suffisamment ténue pour pouvoir être vécus sur différentes périodes et ont une durée parfaite à cette intention (plus ou moins une heure à la louche).


D'un point de vue ludique maintenant, The Lion's Song est plutôt un roman interactif qu'un vrai Point and Click au sens traditionnel même si la jouabilité est la même. Ici, pas d'association d'objets ni de grandes énigmes, on assiste plutôt à un récit linéaire dont les seuls embranchements résident principalement dans les dialogues ou actions lors des séquences associées (par exemple : réflexion sur une théorie scientifique, une composition, etc.) ; en clair, on est plutôt sur un jeu de la nouvelle vague des jeux d'aventure, à savoir des jeux surtout narratifs et/ou contemplatifs. Par contre, point de QTE ou de séquence d'action (il y en a une dans le chapitre 4 je crois mais bon ça reste ultra-light) ici outre quelques originalités au fonctionnement assez obscur (faire défiler une courbe en bougeant le pointeur selon je ne sais trop quelle logique, à mon avis il y a un bug d'ailleurs), tout est purement asynchrone et ne laisse aucune place à l'"échec" au sens propre. Pourquoi ces guillemets ? Car comme la plupart des jeux d'aventure de la nouvelle vague, The Lion's Song insiste sur les choix en montrant les conséquences sous forme de statistiques en ligne et vous permet donc de vous "améliorer" en rejouant au jeu voire directement en retournant aux séquences associées s'il s'agit d'un embranchement unique et non multi-factoriel. Ceci étant dit, même sans avoir rejoué à un quelconque épisode (je n'en vois pas trop l'intérêt au vu de ce qui est présenté mais enfin), je ne pense pas que cela apporte grand chose au delà d'une satisfaction personnelle. Je peux me tromper, je ne peux présager de ce que je n'ai pas essayé, mais j'en doute ; à vous de confirmer ou d'infirmer ce point en croisant d'autres avis. Pour l'heure, venons-en au cœur du jeu : la narration ou l'expérience artistique au sens large.


Du point de vue de l'histoire, le jeu nous fait découvrir trois tableaux d'artistes dans leurs domaines respectifs : la musique, la peinture et les mathématiques (oui c'est de l'Art messieurs et ce n'est pas ironique). En réalité d'ailleurs, il y en a quatre mais le dernier épisode étant davantage une synthèse à la manière du Temps Retrouvé, le quatrième personnage s'en retrouve effacé. Le dénominateur commun de ces aventures d'un point de vue factuel est la réalisation de l'artiste dans son domaine et son passage à l'échelon supérieur, que ce soit dans l'inspiration ou dans la capacité à se faire une place dans la société. Sur ce point, même si je respecte l'intention qui est ma fois assez agréablement rendue pour favoriser une lecture "fleuve", la difficulté inhérente à rendre un propos hyper-spécialisé et principalement immatériel à l'écran (inspiration, réflexion, art pictural, …) fait que le jeu demeure relativement en surface et peine ainsi à vraiment rendre crédible ses "prodiges". On se contentera de phrases génériques, d'exclamations et d'autres artefacts censés illustrer le propos mais qui donnent l'impression de barboter plus que de nager. De même, l'intrigue reste assez gentillette, non pas au sens mièvre (un peu mais ce n'est pas un véritable défaut ici), mais unilatérale voire un peu superficielle. En somme, les histoires restent agréables à lire mais manquent de piquant, d'identité au delà de leur cadre et de leur dénominateur commun qui se termine d'ailleurs par un topoï bien connu, assez léger ici mais lassant. En somme, l'expérience narrative est plus celle d'un roman de gare que d'une lecture transcendante et un peu plus subtile. Est-ce grave ? L'histoire demeure relativement agréable et variée pour ne pas vous faire décrocher, c'est juste qu'elle restera à mon sens juste "bien" sans marquer par quelqu'autre caractéristique.
En fait, je dirais même que l'accroche du jeu tient davantage à sa représentation picturale - elle plutôt ingénieuse et puissante - tout en sépia avec des artifices figuratifs qui illustrent bien el propos (je ne vais pas spoiler mais le jeu représente bien la réflexion en cours et la "couleur" des arts en question dans leur version sensible quoiqu'assez premier degré). La musique, elle aussi, jusqu'à la fameuse chanson du lion en conjonction avec les animations rendent le jeu vivant et agréable aux sens. Les petits détails des tableaux (lieux à pointer/cliquer dans le monde : le marchand de légumes, la vitre, etc.) apportent de la matière à l'univers des personnages de façon suffisante pour pallier au côté un peu trop simple de l'intrigue au sens strict ; finalement, le héros du jeu est davantage Vienne de l'époque et sa couleur des Lumières et du changement dépeinte dans le jeu, idée que cristallise le quatrième épisode que je vous laisse découvrir sans en dire plus. Ce quatrième épisode sauve d'ailleurs un peu le propos du jeu qui menaçait de s'enfermer dans sa logique divergente malgré des intrications portées par des croisement de destinée plus en clin d'œil qu'autre chose. Rien d'exceptionnel mais assez pour clore efficacement l'expérience.


Au final, The Lion's Song est un gentil petit jeu d'aventure épisodique parfaitement calibré pour remplir des périodes de pré-couchage ou des grasse matinées. Si l'intention du jeu est louable et que son charme sensoriel fait beaucoup dans la "poétique" de ce jeu relaxant voire réconfortant, l'ensemble reste peut-être un peu trop naïf pour aller au delà d'une expérience éphémère. Il faut le reconnaître, le propos n'est pas facile et il y a beaucoup d'amour du détail dans le jeu mais cela n'est hélas pas suffisant. Pour le prix et la chaleur transmise, il mérite cependant une mention honorable (ma vraie note est 6.5/10) qui ravira probablement une bonne portion du public cible. Si vous êtes avides d'un peu plus de subtilité, ce jeu sera tout au plus introductif.

Foulcher
7
Écrit par

Créée

le 28 avr. 2019

Critique lue 195 fois

1 j'aime

Foulcher

Écrit par

Critique lue 195 fois

1

D'autres avis sur The Lion's Song

The Lion's Song
MacCAM
7

Critique de The Lion's Song par MacCAM

The Lion's Song est un jeu d'aventure, vendu comme un point-and-click, mais que j'aurais davantage tendance à considérer comme un visual novel vu la faible difficulté du titre et son faible nombre...

le 3 déc. 2023

2 j'aime

The Lion's Song
Foulcher
7

Trois petits tableaux gentillets

Acheté sur Nintendo Switch à l'inspiration lors d'une convalescence, je n'ai terminé le quatrième épisode qu'aujourd'hui allongé confortablement dans mon lit et c'est peut-être là la force du titre :...

le 28 avr. 2019

1 j'aime

The Lion's Song
zardoz6704
9

Travail en cours

Un pointer-cliquer à la direction artistique monochrome sépia qui traite du processus créatif. Quatre épisodes sont prévus, le premier est gratuit et le season pass est à 9, 99 euros. Dans le premier...

le 17 déc. 2016

1 j'aime

Du même critique

Banished
Foulcher
8

La renaissance de la gestion ?

Le problème quand on critique un jeu de gestion c'est de réussir à prendre en compte le prix du jeu tout en en évaluant l'intérêt ludique absolu qui repose grandement sur le contenu en sus des...

le 13 mars 2014

31 j'aime

6

Fast & Furious: Hobbs & Shaw
Foulcher
3

Transformers : Hobbs & Shaw

Aucune critique négative sur un tel film ? Il doit y avoir une erreur, ce n'est pas possible...heureusement, la nature a horreur du vide et je suis là pour le combler. Commençons sans détour : ce...

le 6 août 2019

20 j'aime

1

L'Empereur de Paris
Foulcher
5

Un parfum de téléfilm TF1 sans ambition

Le titre pourrait paraître contradictoire étant donné que je suis un fan absolu des Misérables de Josée Dayan mais il s'agissait d'une des rares superproductions qui contredisaient la règle. Pourquoi...

le 11 déc. 2018

19 j'aime

2