Cela fait près d'un quart de siècle que je prends plaisir - enfin, la plupart du temps - à participer aux évolutions successives de cette discipline que l'on pouvait encore récemment qualifier sans malentendu de "jeu vidéo". Son réel problème, au-delà des qualificatifs, repose dans une forme d'incompréhension de la part du public de ce que cette forme d'art représente. C'est certes un mélange étrange de techniques issues du cinéma et de talents artistiques tirés du reste de l'activité humaine; mais c'est bien plus. Le jeu vidéo est la seule forme d'art sur la planète qui propose à son utilisateur de faire partie de son fonctionnement. Le cinéma se regarde. La musique s'entend. Les deux peuvent être subis. Mais un jeu nécessite la participation active de celui ou celle qui y participe. Enfin, jusqu'à The Order.

Autant commencer en jouant cartes sur table : je n'ai rien contre les jeux courts. Ground Zeroes était l'un de mes titres favoris de l'année dernière. Vanquish reste à mes yeux l'un des rares classiques immortels produits par la génération précédente. Pour faire simple : un jeu court peut être bien plus intense que ses congénères occupés à étirer leur fine formule sur des heures et des heures. Je comprends donc le raisonnement issu de l'esprit de Ru Weerasuriya - le créateur de ce titre - car il est fort proche de mes réflexions issues de décennies passées à vivre la question vidéoludique. Par contre, nous avons visiblement une compréhension totalement différente de ce qui constitue un jeu. Pour lui, c'est marier quatre heures de cinématiques bien jouées mais mal écrites à deux heures de gameplay efficace mais pas inouï. Pour moi, c'est un mécanisme créé avec attention qui permet à celui qui l'interprète de vivre le fonctionnement d'une œuvre inventée pour susciter des émotions et non pas juste à tuer le temps de manière coûteuse jusqu'à la prochaine séquence où l'on peut enfin agir sur le titre.

Parlons du gameplay, tiens, et ça même si vous en avez fort peu dans le jeu. Il est parfaitement acceptable. Ni meilleur - ni pire, d'ailleurs - que les titres dont il prétend s'inspirer mais dont le joueur avisé sait qu'il reprend joliment des pans entiers. C'est un hommage très basique au third-person shooter façon Uncharted 2 et de certains des mécanismes de couverture de The Last of Us. Rajoutez une étrange structure de progression aux niveaux où vous pouvez toucher la manette et vous obtenez la formule de ce titre : attendre qu'un personnage cesse de vous causer pour enfin pouvoir emprunter le passage qu'il a bloqué durant tout son soliloque. Ensuite, on tire sur des trucs pendant quelques temps. Répétez à satiété durant six heures et vous avez The Order. C'est à vous de voir si l'envie de constater la qualité des graphismes rendus possibles par la PS4 vous vaut de vivre cette histoire improbable où des chevaliers immortels qui boivent du sang - mais sont pas des vampires, hein - se battent contre les méchants lycanthropes qui menacent l'Empire brittanique. Moi, si j'étais vous, j'attendrais qu'ils utilisent toute cette technologie pour faire un jeu. Mais c'est vous le chef, hein...
MaSQuEdePuSTA
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le 25 févr. 2015

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