The Walking Dead : Saison 1 par VincK
Moins de 24h après avoir fini le jeu et moins d’une heure après avoir pondu la critique de l’épisode 5, me voilà devant une page blanche pour la critique du tout...
Je ne sais même pas quelle note coller. Dans un élan de bonté, je pourrais coller un 8 pour la bonne volonté. Si je suis rationnel, alors je devrais faire la moyenne des notes, les pondérer légèrement et finir probablement sur un 7 indiquant le manque de finitions. Mais dès que je pense à certains de ces manques, justement, j’ai envie de coller 6…
Le jeu est bourré de défauts. Il y a des ratages dans les dialogues, dans la mise en scène et dans le gameplay. On sent que les devs ont tâtonné pour arriver à leur fin et quoi qu’on en dise les épisodes ont des orientations très différentes. Les deux premiers ont des phases de point & click chiantes et « brise rythme ». Le dernier a réduit le gameplay à une peau de chagrin.
L’équilibre n'est pas simple à trouver, il faut l'avouer et on est clairement face à un jeu d’un nouveau genre initié par des choses comme Fahrenheit ou Heavy Rain. Un genre que je définirais comme ludo-narratif si j’écrivais dans les Inrocks.
Car oui, Walking Dead tient plus du film que du jeu d’action ou du survival horror. Il y a des choix, certes, mais son gameplay est moins riche que celui d’un Assassin’s Creed et on passe plus de temps en mode passif, qu’en mode actif.
C’est une volonté et il faut le prendre comme tel.
Difficile du coup de les assassiner surtout qu’on sent la bonne volonté et une certaine cohérence.
Mais alors, Walking Dead, c’est bien ou pas ? Les critiques sont dans l’ensemble dithyrambiques et pourtant je n’ai fait qu’en dire du mal pour le moment… Quid, donc ?
J’avoue être mitigé, mais je sais aussi que je suis dans une position particulière qui ne me permet pas d’apprécier pleinement le jeu.
Les qualités de Walking Dead reposent essentiellement sur 3 facteurs : l’univers, l’émotion et les choix de dialogues.
Etant fan de Mass Effect (et de Kotor et du premier Dragon Age... de Bioware quoi), j’ai des exigences assez élevées en termes de rendu émotionnel et de choix de dialogues et Walking Dead est en dessous, à l’exception d’un point : les devs ont eu l’excellente idée de coller une limitation de temps lors de la plupart des choix de dialogues. Et pas toujours la même durée ! Celle-ci dépendant du rythme de la scène.
Hormis quelques menues erreurs - sortir de 3 minutes de cinématiques et se taper un choix où on a 5 secondes pour réagir peut-être un poil énervant – cet outil est plutôt bien utilisé. Il accélère le rythme et la tension, et donc le rendu émotionnel.
Les fans de WD argueront que non, les émotions sont vachement fortes et qu’elles sont aussi liées aux choix cornéliens auxquels on doit faire face (et qu’en plus ce n’est pas un jeu triple A alors bon). Pour ce dernier point, je suis bien d’accord, pour celui d’avant, il y a un autre paramètre qui joue.
Une très large majorité des avis ultra positif vient de personnes qui n’ont pas lu les comics et pas ou peu vu la série.
Et c’est là probablement, mon plus gros souci.
Ayant tout lu, j’ai abordé WD avec Rick en tête (et je parle du Rick des comics qui représente, en quantité produite, plus de 15 saisons de la série...).
En d’autres termes, l’univers, je le connais. Apprendre que l’humain est plus dangereux que le zombi, ce n’est pas une nouvelle. Les questions sur les priorités, la notion clanique, la découverte d’un groupe de survivants qui sacrifient les faibles… Tout ça, je connaissais.
Aucune idée, aucun choix, aucun thème du jeu n’a pas déjà été exploité par les comics et, hélas pour le jeu, souvent en mieux.
Du coup, mes décisions étaient prises avant qu’on ne me donne le choix. Non pas parce que je copiais le Rick des comics, mais parce que je connaissais les risques que j’allais prendre avec telle ou telle décision et les dangers du monde.
Après quelques jours de réflexion je vais m’arrêter sur un 7. Il y a de bonnes bases, de bonnes idées, mais on aurait pu mieux faire.
Et je ne conseillerais pas le jeu à tout le monde.
D’abord parce que, comme toujours, il faut savoir où on met les pieds. On ne joue pas à Gears of Wars pour le storytelling, ni à WD pour son gameplay. Il faut pouvoir supporter la casualisation.
Ensuite, parce que la mise en scène n’est pas exceptionnelle. Elle est certes meilleure que la moyenne des jeux vidéo (et des films…), mais reste un peu faible pour un produit qui repose entièrement là-dessus (en gros, si vous avez tendance à voir et à rager sur toutes les incohérences scénaristiques ou de montage devant un film, vous risquez de grincer des dents une paire de fois).
Enfin, si vous avez lu tous les comics, vous n’aurez pas de surprise. En revanche, si vous n’avez ni lu (ni vu la série), vous risquez de vous prendre de belles claques.
Bref, un jeu à ne pas vendre à n’importe qui, mais une jolie porte d’entrée à l’univers de Walking Dead et une avancée intéressante dans le ludo-narratif (oui, je kiffe cette expression).