Pour être honnête, j'avais d'énormes à priori vis-à-vis de The Walking Dead. Après avoir joué à Heavy Rain -jeu acclamé par une certaine presse vidéoludique avec lequel il partage un certain nombre de points communs- auquel je n'ai pas du tout accroché pour tout un tas de raisons (scénario en mousse et peu maîtrisé, persos débiles et par extension peu attachants, gameplay lourd…), on va dire que ce n'était pas vraiment ma priorité du moment…
Finalement, une combinaison de plusieurs facteurs m'ont poussé à tenter le coup : tout d'abord, j'ai lu les 12 premiers tomes du comics et j'ai plutôt adhéré au trip. Ensuite, voir les 5 épisodes regroupés en une promo psn pour à peine plus de 10€ constituait une offre fort alléchante… Enfin, le premier épisode était offert, ce qui est encore plus efficace qu'une demo pour se faire un avis… J'ai donc fini par craquer après avoir terminé le-dit premier épisode…
Contrairement à ce que vous diront certains puristes, TWD EST un point & click. Mais pas que. Il est aussi parsemé de QTE pour la plupart des phases d'action et… attendez, ne partez pas tout de suite !! On n'est pas dans un jeu Quantic Dream, je vous rassure tout de suite : les QTE ont une certaine logique ; d'ailleurs, les séquences de touches n'ont rien d'arbitraires puisque la plupart du temps, seules quatre seront mises à contribution (L1, R1, O et X), à parfois combiner avec le stick droit (le curseur), pour viser un élément précis (généralement, la tête d'un walker).
Le reste, c'est du point & click très classique, comme fouiller le décor pour trouver des trucs utiles et faire avancer l'intrigue, combiner des items entre eux pour résoudre un casse-tête, etc… On a même une petite composante RPG avec de nombreux dialogues à choix multiples. Avec souvent des choix cornéliens à faire sous la pression du chronomètre, comme prendre le parti d'untel au profit d'un autre, ou encore sauver un personnage au détriment d'un autre, le condamnant alors à une mort certaine…
Venons-en à la réalisation graphique, l'une des grandes qualités de TWD. Tout en cel shading, le design est particulièrement accrocheur, et colle parfaitement à la charte visuelle du comics, dont il est une préquelle évidente et assumée. Le chara design est très bon et les environnements plutôt fidèles à l'univers.
En revanche, la technique n'est pas irréprochable, avec parfois quelques mini-freezes agaçants et quelques désynchro image/son qui font un peu tâche. C'est autant regrettable qu'incompréhensible, tant le tout n'a pas vraiment l'air très gourmand à gérer pour une PS3… Un manque évident de peaufinage, quoi…
Cependant, la force principale de TWD, c'est la qualité de son scénario. Il n'est certes pas exceptionnel mais très prenant, avec notamment des personnages relativement bien écrits (pour la plupart), et quelques rebondissements bien sentis (même si quelquefois bien prévisibles aussi), dont une fin particulièrement touchante.
Cette qualité globale d'écriture est aussi son principal défaut : très ancré dans sa structure, le jeu nous donne l'illusion de faire des choix importants, mais qui en fait n'influent quasiment pas sur l'histoire : quand on sauve un perso plutôt qu'un autre, on est sûr de voir ce dernier périr lors de l'épisode suivant, tout ça parce qu'il n'est pas essentiel à la structure centrale de l'intrigue, il n'est qu'un "dommage collatéral".
Dans le même ordre d'idées, nos choix dans les dialogues n'ont finalement pas beaucoup d'influence sur nos affinités avec untel ou untel, malgré des messages du style "X se méfie "ou "Y apprécie votre franchise" ou encore "W s'en souviendra". On peut être la pire raclure du monde avec Clementine ou Kenny, ils seront toujours nos super potes à la fin, alors qu'on peut lécher les bottes de Larry jusqu'au dernier cm² de cuir qu'il sera toujours ce putain de connard hautain et raciste qui nous méprise...
Alors bien sûr, la plupart de ces choses, on ne les remarque vraiment que lors d'un second run, mais il est tout de même bien dommage de ne pas avoir fait plusieurs "véritables" embranchements scénaristiques… La faute au format épisodique ? Ou bien était-ce trop ambitieux pour un "petit" studio comme Telltale ?…
Au final, l'expérience vaut-elle le coup ? OUI. Certes, on est devant un soft très contemplatif, très proche du film intéractif. Certes, la technique est défaillante et nos choix pas forcément déterminants. Certes, certains persos sont des stéréotypes en puissance (le boulet, le casse-cou, le râleur, le traître...). Certes, la difficulté est au ras des pâquerettes, surtout une fois les mécaniques de jeu bien en main (je suis quand même mort trois fois)... Mais bordel, quelle puissance narrative !!!
Si Heavy Rain m'a laissé totalement hermétique, TWD m'a au contraire totalement impliqué dans son univers dès les premières minutes. Cela a sans aucun doute été facilité par l'écriture de Lee et sa relation avec Clémentine, à laquelle il est très aisé de s'identifier…
Car c'est finalement ça le propos fondamental de TWD : le jeu traite des rapports humains dans un monde qui part en sucette. Qu'est ce qui est juste et qu'est ce qui ne l'est pas ? Faut-il mentir pour se protéger ou faire confiance aux autres ? Faut-il aider les personnes dans le besoin, au risque de subir un violent retour de bâton ? The Walking Dead nous confronte à notre vraie nature, parfois bien enfouie au plus profond de nous... Un altruiste en temps de paix peut être la pire des ordures en temps de crise, et inversement... Bref, une expérience qui se DOIT d'être vécue.