De la girolle au monstre bicéphale. Récit d'un albinos qui a défaut d'en avoir une longue, en a deux

Geralt de Riv.
Sorceleur pour les uns, touriste en goguette pour les autres.
D'un blanc immaculé à faire pâlir un bonhomme de neige (ou un aryen si vous êtes de mauvais goût), reconnaissable à son regard mortel (au sens littéral), et à sa musculature sèche parsemée de cicatrices, le héros (balafré) de notre récit se retrouve de nouveau confronté à la dure réalité de son métier....


Chapitre 1: Quand la fête démarre mal.
Géralt... Sacré Géralt. Après une scène suggérant que son grand âge n'entame en rien son appétit sexuel digne d'un Gargantua sous viaggra, sa charmante donzelle, qui s'amuse de facéties telles que"pinçage de couille par magie", le pousse à aller former la petite protégée du fort des sorceleurs: Ciri.
Rouillé comme pas possible du fait de son chômage récent ayant suivi la fin de sa seconde aventure, un petit rappel des contrôles lui est.... est proposé au joueur afin qu'il ne tue pas par mégarde son Géralt en sautant d'un toit plutôt que de tirer son épée.
Géralt court. Géralt saute. Géralt se vautre.
L'arthrose de notre protagoniste se ravivant, un petit entrainement à l'épée vient remplacer le parcours du combattant (myopathe).
Et là, c'est le drame. Notre mentor du moment s'adresse à nous comme si nous étions Ciri, et ce quoi que nous fassions, alors qu'elle est en train de martyriser un pauvre mannequin à 10 mètres de là.
Et quelle solution pour cacher la misère? Une petite phrase de type: "Dissocie ton attention pour apprendre de notre combat tout en tabassant ton laconique adversaire.".
Oui mais non, l'autre zouille de mentor s'adresse à Géralt comme s'il s'agissait de Ciri...
Mais bon, ce n'est qu'un tutoriel....


Titre 2 : Parce qu'un chapitre, c'est banal.


Enfin, Géralt se retrouve dans la pampa. Et après quelques instants linéaires, libre d'agir, de remplir des contrats, ou de suivre la quête principale.
Si la destination de ses voyages hors de la première zone du jeu (assez réduite), dépend de sa victoire sur le premier "boss" plus symbolique que dangereux, il reste que la liberté offerte n'est pour l'instant ni trop prononcée, ni trop restrictive. Difficile pour le joueur de se perdre, et pour un démarrage, ça reste un bon point.
On découvre les mécaniques plus générales du jeu, dans une petite zone au centre de laquelle se trouve un village assez crédible (si ce n'est sa population qui semble s'amuser à répéter la même phrase tout en paressant au même endroit toute la journée, jusqu'à ce que la nuit tombe).
Cette zone est en fait la prolongation d'un tutoriel qui se veut par conséquent assez long, mais relativement agréable, offrant au fur et à mesure de nouveaux éléments au gameplay, dont un jeu de carte sympathique, le Gwynt, sorte de Magic très appauvri, très con au début, qui devient tout au long du jeu plus étoffé, et même.... Subtil... Si si! Vraiment! Bon, on est loin de la préparation chronophage et ultra stratégique de son deck. Mais la gestion de ses cartes en cours de partie, de plus en plus importante au fil des parties, annihile petit à petit l'aléa qui, s'il existe toujours du fait du tirage des cartes, laisse le joueur s'emparer d'elles pour les jouer de façon pertinente, dans des parties courtes demandant économie de son jeu, et parfois un peu d'audaces contre certains joueurs disposant de cartes puissantes, ou d'une stratégie réelle (sans doute plus liée à leur deck qu'à l'IA. Certains marchands semblent même faire exprès de nous laisser gagner en sabotant leur propre jeu parfois.)
Bref, un petit jeu dans le jeu.


Partie 3 : Parce que les Titres aussi, c'est chiant.


Un fois la première zone nettoyée de son "Boss" principal (un seul contrat secondaire est disponible sur cette petite zone, déjà bien remplie en quêtes annexe), on arrive dans la seconde....
Et là...... CDPR, qui nous a pour l'instant laissé pataugé dans un univers sympathique, mais très réduit et jusque là pas follement excitant par tous ses aspects, nous lâche sur un map immense, remplies de petits bleds paumés, de marécages et de champs de bataille glauques, d'une "petite ville" déjà très grande pour un jeu de rôle de cette qualité graphique, et surtout.... Dégueulant de contrats et de quêtes glauques à souhait, ou extrêmement drôle.
Très franchement, je me demande si cette zone n'est pas à elle seule plus étendue que la map de Skyrim.
Le jeu commence là, et petit à petit, ses ficelles se laissent apprivoiser par le joueur, qui ne sait plus ou donner de la tête.


Epilogue : La science de l'épilation.


Les plus:
-Joli.
-Gigantesque.
-Interminable (en tout cas pour qui vit normalement et ne rush pas le jeu en 48 heures avec pour seul objectif de dire "je l'ai fini")
-Crédible.
-Adulte (les dialogues, la quête, LES quêtes!, les vannes!, les références cinématographiques ou videoludiques! ORGASME!)
-Geralt, charismatique.
-Le Gwynt, optionnel mais vraiment sympa pour qui se laisse prendre.
-PAS DE QUETE FEDEX. En tout cas, s'il y en a, elles sont cachées derrière une épaisse couche de fonds scénaristique.
-La narration incroyable, et les doublages français relativement correct (Parfois très bons, souvent bons,à quelques occasion dégueulasses).


Les moins:
-Certains passages où une cinématique "jouable" (du fait de quelques choix importants dans le dialogue) finit, et ne nous laisse pas le temps de reprendre Geralt en main que l'on est roué de coups (une quête avec un loup garou particulièrement).
-La chèvre et la brebis! Les devs ont vraiment cru que c'était fun?
-Le pathfinding des animaux, dont Ablette, le premier cheval de héros que j'aimerais retrouver en boucherie chevaline.
-Les collisions irritantes.
-La nage, purge absolue!
-En fait, les déplacements dans les environnements les moins ouverts, d'une manière générale. (Vous allez voir la lampe magique.....)
-Les temps de chargement sur console après une mort....


En bref, un excellent jeu. Riche et profond, jamais indigent, bourré de références et très agréable à jouer.

Marcel-Pignole
9
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le 5 juin 2015

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Marcel Pignole

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