Je n'ai pas une grande expérience des RPG, à vrai dire j'ai plutôt joué à des jeux qui reprenaient des mécaniques RPG sans pour autant en être, alors quand en ce mois d'avril 2021 je décide de me lancer sur The Witcher sorti douze ans plus tôt, forcément c'est toute une aventure !


Premier gros problème pour moi et pas des moindres puisque ça concerne le gameplay dans sa plus simple fondation : le clavier et la souris. Aussi loin que je me souvienne, les jeux autres que gestion, simulation ou stratégie auxquels j'ai joué étaient tous à la manette, j'ai beau être désormais un "PC-iste" dans l'âme je n'avais je crois jamais joué à un jeu plus axé sur l'action avec simplement ma bonne vieille souris, hormis peut-être le tout premier Harry Potter. Toutefois chercher à jouer par n'importe quel moyen à The Witcher avec une manette serait à mon humble avis une erreur. Le jeu n'est pas pensé ainsi et est formidablement bien optimisé pour être joué à la souris et au clavier ou tout simplement même avec la seule souris, option pour laquelle j'ai d'ailleurs opté.


Il faut donc un petit temps pour s'habituer, il m'en aura fallu un en tout cas. Mais force est de constater que prendre le temps de s'acclimater est ô combien bénéfique pour l'expérience qui en découle ensuite. Pour la petite histoire, si j'avais dû choisir de but en blanc un jeu The Witcher à découvrir, j'aurais assurément pris le troisième, pour la simple et bonne raison qu'il se rapproche des mécaniques de jeu que je connais et que j'apprécie tout particulièrement ET parce qu'il est en monde ouvert, plus ou moins, mais en tout cas morcelé par zones d'exploration gigantesques. Je me suis donc forcé à passer par le tout premier jeu ainsi que sa suite pour échouer sur le troisième volet, et grand bien m'a pris. Car en effet si The Witcher est désormais un jeu d'un autre temps, il n'en demeure pas moins particulièrement convaincant, prenant et immersif.


J'ai aimé me perdre dans les ruelles de Wyzima, traquer le Noyeur et les Kikimorhes dans les marais, me laisser surprendre par pléthore de rebondissement que le scénario a su me proposer tout au long de cette aventure. Qu'on se le dise, si de prime abord The Witcher s'apparente à un RPG assez linéaire, à la progression morcelée et parfois fastidieuse (Sérieux Geralt magne-toi le derche un peu !), il révèle petit à petit toute sa puissance scénaristique et sa portée humaine et universelle. Devoir attendre un peu pour accéder à une nouvelle zone d'exploration nous amène à effectuer quelques quêtes secondaires qui n'auront de cesse de vous rappeler que les fameux monstres que notre sorceleur chasse sans relâche ne sont peut-être pas les plus dangereux qui peuplent ce monde. En somme dans un univers comme celui-ci, les Sorceleurs sont plus qu'une caste ou un ordre, ils sont nécessaires et notre Geralt va vite comprendre toute l'importance de sa condition et son rôle à jouer dans l'issue incertaine des futures guerres à venir.


En s'inspirant des romans du polonais Andrzej Sapkowski, le studio CD Project Red nous parle de notre propre humanité et de notre rapport aux autres, du racisme et de la xénophobie. De la pure narration dans une aventure qui pousse à l'exploration et qui suscite la curiosité. Certes le jeu est une expérience moins cinématographique que peuvent l'être celles proposées par Rockstar Games et la série des Grand Theft Auto par exemple, mais au contraire, s'il est moins grandiloquent (et conçu avec moins de moyens aussi à l'époque ne l'oublions pas) The Witcher n'en n'est que plus intimiste. Tout cela raconté dans un univers de fantasy peuplé de monstre et dans lequel les protagonistes jurent comme des charretiers, en somme un univers habituellement plutôt sage ou féérique, dynamité ici par les géniaux sales gosses du studio polonais.


Encore aujourd'hui The Witcher n'a pas à rougir tant son gameplay demeure singulier, notamment concernant ses phases de combats ou son arbre de compétences, l'alchimie aussi bien entendu à toute sa place et tout son sens. Essayez d'aller dégotter un trésor dans une crypte sans avoir consommé au préalable une potion d'Hirondelle et de Chat et enduit votre glaive d'argent avec une huile contre les spectres. Au départ on se dit que c'est facile, qu'en tentant d'être un peu vaillant pour ne pas dire "bourrin" ça passera. Que nenni ! Mais c'est aussi ce qui fait la qualité de The Witcher, le jeu nous pousse à être assez exigeant et tant mieux. Comme bien souvent je me rend compte que j'ai eu plus de mal à m'en sortir sur un jeu datant d'il y a plus de dix ans, que sur un opus plus récent, plus lisse et simple mais pas moins passionnant attention. Les jeux récents sont bien souvent excellents en terme de narration, mais The Witcher cristallise finalement assez bien ce qui faisait le sel de cette période particulière entre 2000 et 2010. On jouait tout en découvrant une histoire.


De longues heures passées aux côtés du charismatique Geralt de Riv après, je peux dire que j'ai adoré. Je n'y croyais qu'à moitié, pensant bêtement que tout ceci serait sûrement trop daté pour susciter un quelconque intérêt ou émerveillement chez moi. Quelle andouille je fais parfois !

E-Stark
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le 23 avr. 2021

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