Je tiens avant tout à signaler que ma notation manque clairement d'objectivité. Jouer à The Witcher premier du nom aujourd'hui c'est réussir à passer outre les années écoulées. Si certains jeux ne vieillissent pas, ce n'est pas le cas de ce premier opus.


J'avais souvent entendu parler de cette licence encensée par beaucoup. Les excellentes critiques qui ont suivies la sortie de TW3 ont ravivées mon intérêt, et comme un tout se compose d'un début, d'un milieu et d'une fin, je me suis décidé à acheter un pack contenant les 3 volets de la trilogie.


Au lancement de The Witcher: Enhanced Edition, je ne m'attends finalement à rien. J'ai vaguement entendu parler du gameplay vieillissant, de son univers et de son histoire qui vaux le détour. C'est à la cinématique des menus que j'ai eu mon premier frisson; l'aperçu de l'ensemble de l’œuvre à faire naître en moi un intérêt tout particulier, comme vous pouvez le ressentir pour ces grands films ou jeux qui savent vous mettre l'eau à la bouche. Cette cinématique, encore correcte aujourd'hui, arrive à montrer l'ambiance qu'on suppose (à juste titre) régner durant toute l'aventure: Un monde sombre, froid, décrépit comme l'est ce fort à l’abandon. Celui-ci accueille alors un combat épique entre un Geralt de Riv froid et impitoyable et ce monstre effrayant qui ferait fuir les plus courageux d'entre nous. Ce duel, en plus d'être bien fait, met en scène la panoplie complète du sorceleur.


Si vous décidez comme je l'ai fait de jouer dans le mode le plus difficile, vous serez obligé de vous servir de tous les talents qui composent notre héros. Geralt de Riv est comme vous le savez un sorceleur. Les sorceleurs sont en fait les mercenaires du paranormal. Hormis quelques rares cas, ils dézinguent moyennant finance tout ce qui ne relève pas du cadre du "normal". Moins souvent, ils lèvent aussi les malédictions. Ainsi, nécrophages, ogroïdes, spectres et compagnie sont autant de catégories regroupant un bestiaire assez fournis de monstre et autres loustiques tout à fait sympathiques qui occuperont la plupart du temps vos nuits et journées. Si les sorceleurs s'en sortent mieux que le commun des mortels, c'est parce qu'ils bénéficient d'un entrainement extrêmement difficile dont tous ne ressortent pas vivant, notamment à cause des transformations qu'ils subissent. Un rituel permet en effet aux survivants de maîtriser cinq signes, comprenez cinq sorts basiques mais diablement efficaces et utiles. Ainsi, vous pourrez bruler vos ennemis, les soustraire à votre contrôle mental, poser des pièges au sol, les repousser violemment et vous protéger en plus de votre armure. Ces pouvoirs sont vraiment pratiques et offrent une diversité aux combats très intéressantes. Au-delà de ses sorts, les sorceleurs ont un organisme renforcé, plus fort, à la guérison plus rapide mais surtout capable d'ingurgiter des potions qui leurs seraient normalement fatales.


Cet aspect-là du gameplay ne sera pas nécessaire à la victoire pour tous ceux qui joueront dans les modes moyens et moins. Pour les autres, il offrira une précieuse aide au défit proposé. Le sorceleur, qui se doit de très bien connaître le monde qui l'entoure dont ses plantes, a des bases en alchimie. Le principe est simple: Il récolte des plantes, trouve des recettes d'élixirs et assemblent les ingrédients nécessaires à leur fabrication. Dans le jeu, cette pratique ce fait au coin du feu lors de sa méditation. Chaque potion avalée augmente, suivant sa toxicité, l'empoisonnement du sorceleur. Vous devrez donc faire des choix dans les potions que vous donnerez à boire à Geralt de Riv. Dans les faits, cette jauge ne se remplis pas si vite et permet quand même une bonne marge de manœuvre. Vous en trouverez de toutes sortes, certaines vont jouer sur votre vigueur et/ou vitalité, d'autres sur vos capacités d'épéiste, d'autres encore sur l'intensité de vos signes, certaines sur votre perceptions de votre environnement et j'en passe. Vous trouverez également des recettes d'huile en tout genre à appliquer sur vos épées pour augmenter leur efficacité contre tel ou tel type d'ennemi. Là encore c'est une idée de gameplay plutôt sympathique que je conseille même à ceux qui n'en n'ont pas vraiment l'utilité tant ça fait partie du mode de vie du sorceleur.


Geralt de Riv dispose, bien entendu, d'une capacité d'équipement basique. Je ne vais pas m'étendre sur ce point, sachez simplement qu'entre armures, épées, pantalons et tout l'attirail, vous aurez à cœur de le protéger avec ce qui se fait de mieux. Il existe aussi une petite partie "craft" qui passera par des forgerons et armuriers. Si la partie qui repose sur le même concept que l'alchimie à savoir trouver des "formules" (des plans) et les ingrédients nécessaires à la fabrication de l'équipement est agréable, j'ai trouvé la possibilité d'améliorer les armes déjà existence mal faite et finalement très peu intéressante. L'ayant pas ou très peu utilisé, il n'est pas impossible que j'ai mal compris le fonctionnement de cette action. Vous devez parler au bon artisan, avoir les gemmes nécessaires à l'amélioration (3 d'un même type), mettre dans l'interface de vente votre épée et les gemmes, la lui donner, puis la racheter à un prix exorbitant pour une gain très faible que vous aurez facilement en acquérant une meilleure épée. De plus, toutes les armes ne sont pas améliorables. Bref, une bonne idée mal réalisée. Notre loup blanc (Geralt vient de l'école du loup, la couleur de celui-ci fait référence à ses cheveux) peut également utiliser des armes comme des haches, mais qui sont incompatibles avec le style de sorceleur.


Les combats maintenant, parlons-en. L'idée originale de donner deux épées à Geralt est assez attrayante. L'une, en argent, s'utilise contre les êtres paranormaux et l'autre, en acier, contre les humains et animaux. Vous pourrez utiliser l'une ou l'autre comme bon vous semble, mais les dégâts que vous ferez dépendront en grande part de cette compatibilité. Pour chaque épée, les trois mêmes styles de combats: puissant, rapide, de groupe. Cette idée intéressante permet de varier les combats. Vous utiliserez le style puissant contre les ennemis costaud mais lents, le style rapide contre ceux qui ont une bonne agilité et qui esquives vos coups et le style de groupe lorsque vous êtes face à plusieurs ennemis. La vraie barrière à passer vient du gameplay des combats. Effectivement contrairement ce qui se fera dans les autres opus, ici il faut attaquer en cliquant une fois, laisser faire Geralt, puis lorsque son épée devient jaune-orangée cliquer une nouvelle fois et ainsi de suite. En plus d'être particulièrement ennuyeux, ce système rendra vos débuts très chaotiques.


Il y aurait encore beaucoup de chose à dire, notamment sur l'arbre de progression qui, heureusement, rendra au fur et à mesure du jeu vos combats un peu plus intéressants, non pas parce qu'ils demanderont plus d'habilité de votre part, mais parce que vous ferez plus mal, aurez moins l'impression d'être un débutant alors que votre héros, certes amnésique, est une légende ressuscité, et surtout vous pourrez apprécier les cabrioles un peu ridicule du loup blanc.


Au final, The Witcher: Enhanced Edition est un bon jeu dont on comprend bien l'engouement qu'il a suscité à sa sortie. S'il pâtit d'un gameplay vieillissant, on ressent bien l'univers glauque et dangereux par l'intermédiaire des aventures en tout genre de notre héros. Son amnésie apporte un attrait particulièrement intéressant qui lui donnera une identité au travers des décisions cornéliennes que vous lui ferez prendre. L'histoire d’enquête entremêlée de politique sur fond de recherche identitaire fonctionne très bien, et je vous souhaite de mieux vivre l'histoire que moi qui n'ai pas réussi à suffisamment faire fi du temps écoulé depuis la sortie du jeu. Il y a beaucoup à voir et à vivre dans ce jeu qui mérite largement les louanges qu'on lui prête. Difficile, vous aurez parfois du mal à garder votre calme surtout faces aux plantes carnivores qui vous opposeront un défi important tout au long du jeu. The Witcher: Enhanced Edition a bien sûr son lot de romance, importantes ou non. Les jeux de "poker" (dés) et les pugilats n'ont que peu d'intérêts mais cela reste du contenu agréable qui, accompagnés de leur petite musique, vous sortira quelques instants de ce monde inhospitalier.


Pour conclure, je dirais que je regrette de ne pas avoir pu y jouer après sa sortie, ce qui m'aurait permis de profiter pleinement de tout ce qu'offre ce premier opus. Est-il nécessaire d'y jouer pour faire au suivant, non, mais vous perdrez forcément quelque chose, surtout que la vision d'un Geralt de Riv parfois cruel d'insensibilité qui pourtant se cherche comme une intelligence artificielle à peine née apporte une dimension au personnage que vous ne retrouverez pas dans la suite de l’œuvre vidéoludique.


Le jeu, quand à lui, se termine comme il a commencé, avec une cinématique tout aussi bien faite qui vous fera commencer immédiatement après la fin des crédits le deuxième volet des exploits de Geralt de Riv.

Airk3n
6
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le 6 mai 2016

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Airk3n

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