Quand on parle du loup, ça donne un très bon début

The wolf among us, c'est l'adaptation du comics Fables ( rien à voir avec celles de Jean de La Fontaine), en jeu vidéo par Telltale. Le studio est connu. Il a notamment relancé la licence Sam and Max, et s'est fait une spécialité de jeux narratifs à base de QTE. Ces dernières années, on peut citer un jeu dérivé de la licence Retour vers le Futur, mais celui qui a vraiment contribué à la consécration du studio est celui sur The Walking Dead. Également adapté du comics, la notoriété et le thème des zombies marchant toujours aussi fort, il était attendu que le jeu ait un joli succès. Et ça n' a pas manqué. Le succès fut aussi bien critique que public.
En revanche Fables est un comics moins connu chez nous. La licence est parue en 2003 aux États-Unis chez l'éditeur Vertigo. En France, elle fut publiée dès l'année suivante chez Urban Comics.
Créée par Bill Wilingham, elle réutilise les créatures de différents contes, mais qui vivent dans notre monde et notre époque. En effet, toutes les créatures ont été chassées de leurs terres par un puissant ennemi. Tout le monde, de Blanche-Neige au Grand Méchant Loup, a mis ses rancœurs et ses aversions de côté pour s'unir contre lui. Tout le monde vit à Fabletown, un quartier de New York Pour ne pas les effrayer les humains, les créatures non-humaines utilisent un sort pour paraître comme eux, le « glamour ». Ceux qui ne peuvent pas s'offrir ce luxe finissent à « la ferme ».
Mais la vie n'est pas facile pour autant. Les rancœurs sont dures à effacer. Tout le monde vit dans une extrême pauvreté, et le shérif, Bigby Wolf tente de maintenir l'ordre.
La question était donc de savoir si un jeu vidéo pouvait rendre quelque chose de crédible par rapport au matériau d'origine.

Comme toujours avec Telltale, The Wolf Among us sera une série de 5 jeux, ou plutôt « épisodes » vendus à petits prix. Le jeu part sur le même point de départ que le comics. Bigby Wolf est chargé par Mr. Toad de stopper une altercation entre Woodman ( le bûcheron), son ennemi juré des contes (au cas où vous n’auriez pas saisi, oui, Bibgy Wolf, c'est le Grand Méchant Loup réincarné), et une femme. Woodman, saoul, ne se laisse pas intimider mais Bigby réussit à avoir le dessus et la sauve. Cependant, tout n'est pas clair et notre shérif se doute de quelque chose. Sauf que quelques heures plus tard, ladite jeune femme est retrouvée morte, la tête tranchée. Pour Bigby, aidé de Snow ( Blanche Neige), c'est une enquête qui commence...

The Wolf Among Us fait partie de ces jeux « story driven », qui misent plus sur l'histoire, la narration et le choix des joueurs que sur le système de jeu lui-même. Le jeu s'adapte selon vos choix. Oui, comme ceux de David Cage. Sauf que là, j’ai aimé.
Déjà par le contexte. Une ambiance de polar noir, un univers crasseux et des personnages qui ne sont pas forcément clairs dans leurs intentions. Ensuite, les choix proposés. Dans cet épisode, ils ne seront pas forcément tous déterminants, mais les réponses que vous donnerez ou votre attitude pourront avoir des répercussions sur les autres personnages dans les épisodes suivants. Vous verrez marqué en haut de l'écran que « Untel se souviendra de ça ». J'espère que vous ne vous êtes pas comporté comme un salaud envers tout le monde... Et ici pas de Deus Ex Machina foireux pour venir vous sauver la mise... Vos déductions pourront également vous mener sur un chemin différent. Souvent, il faudra faire vite, car votre temps de réponse est limité. Parfois, il peut arriver qu'il y ait de la violence. Les scènes d'actions se font à l’aide de QTE. Il m'a fallu un temps d'adaptation, car rien ne dit dans le jeu qu'il faut viser ou sélectionner avec le stick droit. Mais on s'y fait vite. Et attention, en cas de bagarre sévère, vous pouvez très bien échouer. Heureusement, il y a des checkpoints bien placés. Les phases d'enquête se passent de la même façon : on dirige le curseur avec le stick droit, et un des quatre boutons de la manette correspond à une action possible.
Graphiquement, on a vraiment l'impression de se retrouver dans un comics interactif. Telltale a respecté l'esprit original de la série.
La musique accompagne bien l'action, et le doublage anglais ne démérite pas.
Ajoutez à cela une qualité d'écriture de dialogues, une mise en scène exemplaire malgré certaines animations ratées, un gros potentiel de rejouabilité pour voir où peuvent mener d'autres choix, et vous avez de quoi passer un bon moment .


Alors, ce jeu c'est du tout bon sur toute la ligne ? Pas forcément. Techniquement, on notera des ralentissements et des chutes assez sévères de framerate. Ensuite ce premier épisode m'a semblé un poil court. 2 H 30 et c'est bouclé ! Mais à 5 € l'épisode, sachant que quatre autres arrivent ( trois sont sortis à l'heure où j'écris ces lignes), ça fait un jeu complet qui reviendrait à 25 € au total pour 10 à 15 h de jeu, ce qui en ces temps actuels est plutôt honnête, tandis que certains demandent 60 € pour 8 heures voire moins. Pas d'noms, pas d'polémique.
En revanche, le jeu est en full english, y compris dans les sous-titres, ce qui rebutera les allergiques à la langue. Pas de quoi fouetter un loup toutefois.

VERDICT :
Ce n'est pas facile d'être le premier épisode d'un jeu, d'une série, ou d'une licence de films. Il faut savoir exposer sans être rasoir, ni rébarbatif, ne pas être trop long , et donner aux gens de voir la suite. On peut dire que TWAU y parvient.Court, mais intense, en somme. Et chez moi, il réussit un double exploit : non seulement je veux voir la suite dans les jeux à venir, mais j’ai également envie de connaître la série de comics dont il est tiré. Bien joué, Telltale.