Thief
4.9
Thief

Jeu de Eidos Montréal, Nixxes Software et Square Enix (2014PlayStation 4)

Dans l'ombre tu aurais dû rester

C’est toujours un plaisir que de constater le retour d’un grand du jeu vidéo. En l’occurence, la saga Thief commencée en 1998, véritable référence de l’époque du jeu d’infiltration. Garrett, le héros, a aujourd’hui le droit à une nouvelle mise en lumière. Problème, les voleurs ne s’illustrent que dans l’ombre.


C’est le studio Eidos Montreal qui s’occupe donc de reprendre l’un des plus grands succès de Looking Glass Studio. On pensait le projet entre de bonnes mains, d’autant plus que c’est ce même Eidos Montreal qui nous avait gratifié d’un des plus beaux jeux de 2011, Deus Ex : Human Revolution, une autre refonte d’un classique du jeu vidéo. Deus Ex possédait également ce côté infiltration qu’il savait manier à la perfection. Que s’est-il donc passé ?



CRADE… DANS TOUS LES SENS DU TERME



C’est donc avec une certaine attente mais aussi avec tous les outils pour être agréablement surpris que nous lançons ce Thief nouvelle-génération. Pourtant, assez rapidement, des doutes s’installent. On sait que le jeu est sorti simultanément sur PC, old-gen et next-gen. Force est de constater que nous sommes bien loin de la qualité attendue des nouvelles consoles. Contrairement à ce que pouvait réaliser NBA 2k14 ou même Killzone : Shadow Fall, les textures sont extrêmement grossières, le moniteur peine à dépasser les 30 FPS. Pour ce qui est affiché, les 60 auraient dû être au rendez-vous. Pire encore, certaines phases de jeu qui nécessitent beaucoup de sources de lumières affichent un lag insupportable – de même, de manière assez inexplicable, pour les cinématiques de jeu… une ode aux machines de 98, peut-être ?


Pourtant, tout ce travail bâclé au niveau des éléments graphiques font de fait passer sous silence ce qui était une réalisation artistique plutôt correcte, voire bonne. Dans cette « City » sans nom ravagée par une mystérieuse épidémie, seuls les riches peuvent se permettre de continuer de vivre dans l’opulence. Les pauvres, et notre héros, sont eux condamnés à l’enfer pestilentiel des bas-quartiers. Une injustice que Garrett va, un peu malgré lui, combattre.



CARRÉ, L2 ET… C’EST TOUT



L’aspect esthétique n’est pas à son firmament, certes. Mais un jeu vidéo digne de ce nom peut se targuer d’autres qualités, après tout. Et c’est là que le bat blesse, pour notre plus grand désarroi. Alors que l’infiltration est un système de jeu complexe qui avait justement été perfectionné par le premier Thief, qui avait largement innové en ce sens, la notion même de discrétion prend ici un sens tout… particulier. Et pas le bon.


C’est réellement à se demander pourquoi Microsoft et Sony tentent à tout prix d’innover dans la conception de leurs manettes (touchpad, gachettes vibrantes…) quand autant de jeux se content du minimum en ce qui concerne le gameplay. A notre plus grande surprise, Thief en fait partie. Celui qui voudra une expérience purement infiltration se verra appuyer sur deux petits pauvres boutons : L2 pour courir un peu partout et franchir tous les obstacles (à la manière d’Assassin’s Creed), Carré long ou rapide pour les différentes actions d’interaction. Allez, dans notre générosité, on rajoute le joystick pour crocheter les serrures, action qui s’avère particulièrement rébarbative à la longue. Et c’est à peu près tout.



INFILTRER N’EST QU’UN CHOIX



Autrement, dans un souci d’équilibre entre tous les types de joueurs, il ne faudra pas s’attendre à ce que Thief soit un modèle de débrouillardise à la Metal Gear Solid. Au contraire, le joueur a très souvent l’option de partir en force, avec un arsenal qu’il aura le plus souvent acheté en troquant les nombreux biens dérobés au cours des niveaux. Les combats au corps à corps manquent toutefois de rythme, et sonnent comme une punition, parfois difficilement évitable cependant. La faute en grande partie à des IA parfois vraiment affreuses : pour faire simple et éviter une fastidieuse liste de défauts, on peut faire tout ou presque sous le nez des gardes, pour peu qu’on connaisse les petites ruses adéquates.


Difficilement évitable, car également sujette bien trop souvent à des cartes qui n’exploitent que très peu la promesse d’une véritable multitude d’embranchements pour le joueur. Si les manières d’arriver à l’objectif sont bien variées, les rues étroites de The City sont bien vite étouffantes et ne permettent qu’en de très rares instants de réels moments de réflexion sur le meilleur chemin à prendre. Conséquence, Thief a une fâcheuse tendance à se montrer un peu trop directif. D’autant plus que les différentes missions au sein de la ville sont à parcourir au sein d’un système de place centrale entre les niveaux, et dont la multiplication des chargements ne rend pas forcément patient une fois – enfin – arrivé au début des missions.


Que de déception face à ce « reboot » de Thief. De déception, et même une pointe d’amertume, tant il semblerait que le jeu face honte à ses illustres prédecesseurs. Indigne de la next-gen, pauvre en gameplay, oscillant entre infiltration et combat sans jamais savoir trouver l’équilibre entre les deux, Thief n’est pas prêt d’embellir un line-up pour l’instant assez pauvre du côté de la next-gen. Garrett s’est fait choper, et il n’est pas humble dans la défaite.


Hypesoul.com

Hype_Soul
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le 17 nov. 2015

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