Après leur éviction d’Infinity Ward en 2010, on savait Jason West et Vince Zampella bien décidés à se venger. Partis chez l’ennemi héréditaire Electronic Arts et fondant leur propre studio, Respawn, les voilà pour un premier opus explosif et nerveux. Entre robots gargantuesques et FPS énergique, Titanfall veut se poser en tant que bombe de 2014. C’est plutôt réussi.
Disponible sur Xbox One et PC, ce Titanfall se devait de fonder les bases de Respawn. S’auto-proclamant « hit de 2014 » avant même sa sortie, à la fois comme argument marketing mais également du fait de la pression d’être attendu comme le sauveur de la console de Microsoft, nous voilà avec entre les mains un FPS ultra-dynamique, et surtout, à la croisée des genres, entre une rigidité qui rappelle Lost Planet et l’héritage assumé de Halo.
CAMPAGNE, MULTIJOUEUR, MÊME COMBAT
Titanfall se décompose en un mode campagne et un mode multijoueur, ce dernier composant le principal (et presque seul) intérêt du jeu. La campagne se confond d’ailleurs avec le multijoueur, si ce n’est que les combats se déroulent avec un scénario bourdonnant derrières les tirs de Smartgun ou les missiles des Titans – inutile de préciser que ce semblant d’histoire n’est guère passionnant. Pourtant, il faudra passer par là pour débloquer les quelques armes et armures nécessaires pour satisfaire toutes les envies de style de jeu. Pas une corvée, pas un plaisir non plus.
Le système de jeu reprend les bases d’un FPS classique : du côté des mécaniques, où l’on retrouve pèle-mêle les modes de capture de drapeau et de match à mort par équipe, renommé pour l’occasion « Attrition ». De même, rien d’extraordinaire dans les façons de jouer : si les amateurs de sniper et autres suppressions à longue distance seront forcément forcés de revoir au changement leur tactique, les déplacements ennemis étant bien trop vifs pour assurer des éliminations précises, on retrouvera les infanteries d’assaut et les « assassins » dédiés au corps à corps.
Enfin, vient le petit plus : celui des titans. Appelés sur le terrain par le joueur par intermittence, ils permettent de renverser potentiellement le cours de la bataille. Surtout, ils apportent ce petit supplément de folie nécessaire pour plonger les différentes maps dans le chaos des explosions, écraser les ennemis mais aussi éviter les roquettes des soldats à pied dissimulés dans les petites ouvertures des bâtiments. Où il ne faut absolument pas compter sur une longue durée de vie à bord des colosses mécaniques : entre les affrontements directs et indirects, les grenades, les tourelles, les mines, vous avez une minute pour causer le plus de dégâts possible. Tenir plus longtemps exigera une bonne dose de pratique, d’expérience, et de préparation avant le combat. A vous de jouer.
MANUEL OU AUTOMATIQUE ?
A l’heure où les FPS sont en recherche permanente de la plus parfaite des simulations, offrir une expérience telle que le fait Titanfall a de quoi surprendre. Il est particulièrement surprenant de constater que sont inclus au jeu des armes telles que le « Smartgun » qui vise automatiquement les ennemis pour leur infliger un headshot, le tout moyennant un petit temps de calibration. De même, les titans peuvent déclencher une charge nucléaire à la destruction, les pilotes peuvent détecter tous les mouvements adverses, même à travers les murs, voire peuvent se rendre invisibles… autant d’arguments qui feraient presque passer le système de jeu pour un vulgaire aimbot, ces systèmes de triche à la visée automatique bannis dans de nombreux jeux.
De même, des bots sont introduits dans le jeu et font partie intégrante du gameplay. Ennemis et alliés, ils constituent en réalité des cibles faciles et très faibles pour scorer dans des moments de faiblesse, ou pour déstabiliser l’ennemi en 1 contre 1. Ne pas s’éloigner des petits groupes de soldats ou de « spectres » (bots améliorés) est ainsi une bonne technique pour brouiller les pistes et survivre quelques secondes de plus.
Là où réside la plus grande force de Titanfall, c’est de faire de tous ces supposés avantages pour le joueur un gage de plus de gameplay. En effet, loin de réaliser des tueries faciles, tous ces éléments, remis dans le contexte des déplacements éclair des pilotes adverses et des folies destructrices des titans, font plutôt valoir le talent et la polyvalence des joueurs : pour pouvoir faire du ciblage automatique sans se faire mitrailler par les missiles adverses, il va falloir courir. Vite, et bien.
Il est rare de voir un FPS aussi bien équilibré entre du bourrinage presque gratuit, et une recherche permanente du mouvement, de la tactique. Ainsi, si tous les éléments cités précédemment aident à cet équilibre, les différentes cartes y contribuent grandement. Les titans sont forcés à l’affrontement par les étroits couloirs entre les différents bâtiments ou par les terrains accidentés, ce qui laisse tout l’espace du monde aux malins pilotes pour bombarder de roquettes et autres rayons de plasma les Godzilla métalliques ambulants – pour peu qu’ils ne se fassent pas repérer, auquel cas ils ne donneront pas cher de leur peau.
Titanfall a le grand mérite de secouer un petit peu la course effrénée au FPS simulation et d’introduire avec cohérence par rapport à l’univers qu’il propose une touche d’automatisation qui crée un équilibre assez étrange à première vue, mais dont le joueur s’accommode rapidement. Il faudra même les assimiler pour exploiter au mieux les possibilités de gameplay. Titanfall aura ses rivaux sur PC. Cependant, la Xbox One a elle, enfin, son jeu exclusif référence. Celui que l’on a envie de voir sur cette nouvelle génération. S’il reste perfectible, notamment dans la richesse de son contenu, Titanfall n’en est pas moins un FPS vraiment fun, et surtout, original.
Hypesoul.com