Beaucoup de sagas ont essayé de franchir le pas à l'arrivée d'une nouvelle génération de console. Parfois, le défi était ardu : passer de la 2D à la 3D, par exemple. D'autres fois, il fallait simplement offrir une nouvelle carapace à son joujou tout en faisait hommage à la " next-gen " du moment. Tomb Raider, pour son passage à la PS2, s'est raté mais raté en beauté. Et quand je dis " en beauté ", il s'agit du bon sens du terme, presque jamais usité.


Tout d'abord, nous gardons les faits établis dans les anciens opus : Lara s'en va en Egypte après moult péripéties, retrouve le sacré bon vieux Von Croy qui lui en veut sa mère la race de sa grand-mère. Après quoi, Lara perd malgré les efforts du joueur contre Seth et est déclarée officiellement morte. Ses proches (ah, tiens, la belle avait des proches mise à part son Woodhouse britannique ?) viennent se recueillir sur sa tombe en se racontant quelques aventures. Mais alerte spoiler, Lara s'en sort et retourne voir un Von Croy vieillissant qui n'a plus le goût pour la rancœur et qui d'ailleurs, semble baigner dans une sombre affaire toute moche. Confusion, bataille, perte de mémoire, Lara se réveille à côté du cadavre de son mentor et se retrouve accusée de son meurtre. Pour la première fois : Lara est en cavale et doit rapidement trouver l'assassin de Von Croy. Ne serait-ce que par justice et curiosité personnelle.


Evidemment et tout le monde l'a constaté : le gameplay est cassé. Tentant d'adapter avec fidélité l'ancien système de grimpette solide et carré, les developpeurs se sont ratés en proposant des décors beaucoup moins cubiques qu'auparavant, ce qui rend l'escalades et les balades beaucoup plus approximatives sans pour autant les dénuder de cet "exigence " qui consiste à effectuer des sauts millimétrées, appuyer sur la touche Action en plein saut, marcher pour ne pas tomber et j'en passe. En plus de cela, Lara doit maintenant gérer une barre d'endurance ainsi qu'une notion de " force " invisible qui lui permettra d'emprunter des passages différents. Cette fameuse jauge d'endurance qui descend assez rapidement nous oblige donc à redoubler de prudence comme si le fait de rester appuyer sur un touche pour rester accroché n'était pas un challenge en soi pour notre pouce.


Le décor change drastiquement pour ce nouvel opus, s'octroyant un cadre urbain et miteux. Adieu les tombes, les cryptes, les cités englouties et les temples ancestraux ! Place à Paris, ses égouts, le Louvre puis Prague et son QG de méchants. Tomb Raider nous avait déjà habitué a certains niveaux se déroulant dans des contextes urbains tels que Venise ou Londres par exemple mais cette fois-ci, il va falloir baguenauder avec un extrême lenteur dans les rues pourries de Paris, en échangeant avec les passants et même faire du troc avec eux. Il va falloir récolter des informations, trouver des suspects et même dénicher des passages secrets grâce à leur aide. Evidemment, les niveaux de Paris sont extrêmement fermés et ne propose aucune dimension open-world, entendons-nous bien. Lara peut même trouver des liasses de 300 euros dans un coin de rue, si c'est pas beau la vie. Néanmoins, ce défi de réunir plusieurs fonctionnalités du jeu vidéo ainsi que le mélange d'atmosphère pour les intégrer à un seul et même gameplay ne passa pas inaperçu car bon nombre de studios ont ensuite repris l'idée, parfois un peu mieux certes.


Heureusement, plusieurs éléments viennent rehausser le tout. Première chose : l'ambiance beaucoup plus sombre et ténébreuse que les anciens opus sur fond de complot veillant à faire renaître la race des Néphilims, êtres issus de l'union entre les humains et les anges. Ce paysage caligineux tranche donc parfaitement avec ce que Lara nous avait vendu auparavant mais s'accorde parfaitement avec l'intrigue ainsi que ses embranchements, recouverts de retournements travaillés et réfléchis. Des secrets malsains du Louvre jusqu'au quartier général de la Coterie dirigeant ce complot occulte, l'ambiance sombrera peu à peu dans un nuage de poussière et d'horreurs auquel Lara et son nouvel ami Kurtis (que l'on incarnera pour quelques très bons niveaux) devront faire face. On peut sentir, une fois Paris quitté pour Prague, une réelle maturité dans cette histoire qui malheureusement n'aura aucun fin car, pensé pour une trilogie, Angel Of Darkness n'aura droit à aucune suite compte tenu du faible accueil des fans.


Ensuite : la musique. Comme toujours et ce depuis le premier volet, Tomb Raider nous a offert des compositions de luxe, magnifiquement empreint de musique classique voire baroque en passant par quelques inspirations de jazz et de rock selon certains passages. Et pour cette crème chantilly pour les oreilles, je lève mon Bloody Mary à Martin Iveson et Peter Connelly qui se sont chargés de la musique de cette opus. N'oublions pas l'Orchestre symphonique de Londres dirigé par Peter Wraight qui s'occupa, évidemment, de l'orchestration de plusieurs morceaux. Non content d'offrir une bande-son de qualité, celle-ci s'incorpore impeccablement avec l'ambiance générale comme l'avait fait Koudelka ou bien Soul Reaver en son temps. Une belle et franche réussite pour cette OST que l'on peut aisément écouter hors-jeu tant elle fait plaisir à nos tympans.


Au final, Angel of Darkness est un mauvais Tomb Raider et finalement un jeu assez moyen mais cette ambiance neo-dark-occulte-ténébre est si bien gérée et l'histoire tellement bien narrée sous fond de société secrètes et de complot occulte qu'il vaut tout de même le détour. Encore faut-il prendre son mal en patience et y aller, prudemment, en prenant pleinement conscience des nombreux défauts du soft. Ou alors, on regarde des walktroughts (pour une fois que ça sert) et on écoute l'OST intégrale sur YouTube. Why not.
C'est bien dommage que la trilogie n'a pas abouti. J'espère qu'un jour, il y aura un fanmade ou un retour de Core Design pour corriger cela. Comment ça, le studio est mort ? Comment ça Toby Guard, le créateur de Lara, ne veut plus en entendre parler ? Bon, bah, quand je serai friqué, je la continuerai cette trilogie, ma bonne dame ! Dans mon QG à Prague et sur fond de musiques occultes.

Djokaire
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le 23 juil. 2015

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Djokaire

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