Total War: Attila
7.4
Total War: Attila

Jeu de Creative Assembly et Sega (2015PC)

Pourquoi on m'a pas dit plus tôt que ce jeu était si bon ?

A la base, je n’avais pas vraiment projeté d’écrire une critique sur Total War : Attila. A vrai dire, je n’avais même pas sérieusement songé à y jouer. Il y avait une promo steam, alors je l’ai acheté dans un pack, en même temps que Total War : Warhammer. Donc, pour rentabiliser la dépense, je l’ai téléchargé. Et je l’ai lancé. Et j’ai commencé une campagne.


Et c’était bien.


J’irai même plus loin : j’ai kiffé ma race.


Je ne sais pas si les gens seront d’accord avec moi sur ce point, mais j’estime que Attila mérite de rentrer au Panthéon des meilleurs Total War, juste à côté de Medieval II, que certains puristes considèrent encore comme le meilleur.


Pour décrire rapidement, Attila est à Rome II ce que Napoléon est à Empire : d’un jeu pas abouti, plein de bugs, de failles dans le gameplay et autres conneries, ils ont réussi à tirer un bon jeu. Cette fois, l’ambiance est véritablement immersive (exit les icônes moches et les généraux et chefs d’Etat féminins), l’IA moins conne, le gameplay mieux travaillé, tant par des retraits justifiés que par des ajouts pertinents (à commencer par le tout nouveau système de horde) et l’expérience générale de jeu grandement améliorée.


Premier aspect qui saute aux yeux dès le début : le jeu est beau. Dès le lancement, on est accueilli par un écran de couleur rouge (qui n'est pas sans rappeler l'écran titre de Rome premier du nom) où l’on voit galoper des guerriers huns sur fond de musique gutturale. Mais les choses sérieuses commencent avec la campagne : la carte est juste magnifique, de même que toutes les animations qui l’agrémentent. On a droit ici à un sens du détail sans précédent chez CA assisté d’une très bonne direction artistique. En bataille, on nous sert à peu près le même moteur graphique que pour Rome II, légèrement amélioré, et il faut reconnaître que c’est également très beau. Bien sûr, mentionnons les icônes, qui sont passées du stade d'immonde gribouillis dans l’opus précédent à celui d’illustration à la fois représentative, vivante et détaillée.


Il importe grandement aussi de s’arrêter un temps sur le gameplay, et reconnaissons-le, il est difficile à gérer. Habituellement, dans un Total War, le nombre de paramètres civils à gérer est relativement limité : ordre public, religion, finances, et éventuellement nourriture. Cette fois a été ajoutée l’hygiène, et tous les autres paramètres ont été complexifiés. A présent, toutes les provinces doivent être excédentaires en nourriture, sous peine de famine (entrainant une baisse drastique de croissance et d’ordre public). Pour les mêmes raisons, l’insalubrité ne doit pas se répandre, et il faut bien sûr penser aux finances et à l’ordre public. De plus, cette fois, la plupart des bâtiments apportant un bonus dans un domaine apportent également un malus tout sauf négligeable dans les autres domaines (et parfois même, certains bâtiments ont coût d’entretien à chaque tour). Il en résulte une gestion très serrée de ses bâtiments, en songeant qu’il faut et que sa population soit heureuse et en bonne santé et que l’argent vienne pour alimenter les campagnes (et des campagnes, vous allez en mener). Ajoutons à cela tout ce qui n'est pas relatif à la construction : la loyauté de vos généraux, l'intégrité de vos armées, ou encore la façon de mener vos campagnes pour ne pas subir d'immenses pertes à cause de l'hiver.


Divers bonus de faction viennent également apporter de la diversité au gameplay, rendant chaque faction unique, allant des avantages beaucoup trop OP de l’Empire Sassanide, qui est un îlot de facilité dans un océan de difficulté, aux traits de faction inutiles de l’Empire Romain d’Occident, pour un challenge vraiment intéressant (quand je dis inutile, c'est qu'un de leurs traits consiste... à attirer les immigrants, qui vont complètement miner votre ordre public ; et un autre trait permet d'enrôler des guerriers dans les hordes de passages... qui sont moins bons que vos légionnaires de base).


Nouveau au programme aussi : le système de horde. Je dis nouveau, même s’il y avait déjà des hordes dans Barbarian Invasion, tout simplement parce que le système a été complètement revu. Cette fois, vous construisez vos bâtiments et recrutez vos unités directement dans la horde, vous avez un arbre de technologie spécifique à la horde, des unités spécifiques à la horde, un mode campement propre à la horde. Vos armées sont des villes mobiles.


Je pourrais m’attarder des heures rien que pour décrire le gameplay (et il m’est déjà arrivé de le faire avec des amis), mais ça risquerait d’être un peu chiant.


Puisqu’on est dans un Total War, il faut aussi parler de l’IA. Notons de ce côté une amélioration également, notamment en campagne. L’IA est plus agressive et sait jouer sur le pillage, la destruction et les coups de fils de pute. Les vassaux et les alliés sont plus fidèles, pour un peu qu’on sache les gérer et les ennemis sont plus agressifs. En bataille, l’IA n’est toujours pas géniale, mais elle a enfin décollé au-dessus du stade de la connerie pure. Parfois, elle protège même ses arrières des charges de votre cavalerie. Attention, hein, je dis parfois, ça reste une IA Total War, et il faudra du temps avant qu’on oublie l’idiotie monumentale de l’IA d’Empire (vous savez, celle qui faisait courir sa cavalerie devant toute votre ligne de tir plutôt que de la faire charger droit).


On pourrait reprocher un manque d’équilibrage du jeu, avec des huns beaucoup trop forts et bardés de bonus sortant de nulle part et des perses avec trop d’argent et spammant à l’infini des armées full remplies à moitié de cataphractaires, à opposer avec un Empire Romain d’Occident qui ne tient pas plus de 15 tours avant de se faire complètement bouffer, ou encore des nations nordiques qui doivent se battre avec des troupes tout simplement merdiques avec une économie merdique et une fertilité merdique jusque très tard dans le jeu (et encore, la fertilité, ça va pas en s’améliorant).


Personnellement, je ne reproche pas tellement ce déséquilibre, que ce soit pour les Huns ou pour les Perses. Pour les premiers, rappelons que le jeu s’intitule Attila : Total War, comme dans « Attila est le fléau de Dieu et il vient botter violemment cos petits culs » ; pour les deuxièmes, je ne peux qu’approuver que les développeurs aient introduit un pays plus aisé à jouer, afin de permettre aux joueurs de mener à bien une nouvelle campagne pour se familiariser avec l’essentiel du gameplay.
A ce stade, je pense avoir résumé la plupart des raisons pour laquelle j’aime ce jeu : graphismes beaux, gameplay riche et varié, challenge intéressant, façon de jouer véritablement différente pour chaque culture, IA de bataille moins stupide, IA de campagne intelligente et ainsi de suite.


J’apporterais toutefois une nuance : à part en jouant les Perses sassanides, le jeu est dur, très dur, pour les débutants. Je le recommande donc chaudement aux joueurs déjà familiarisés avec d’autres titres de la saga Total War ; pour les autres, je le recommande chaudement aussi, mais en passant d’abord quelques heures sur un autre titre pour maitriser les principes généraux communs à tous les opus.

imperosol
8
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le 10 sept. 2019

Critique lue 815 fois

imperosol

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