Viva la révolussione !

Tropico 3 est un jeu un peu hybride mêlant gestion, micro-gestion et humour décalé. Ce que j'entends par gestion est la manière, très traditionnelle, dont on doit gérer sa ville ; construire des habitations, des lieux de loisirs, des installations militaires mais aussi tout ce qui est affilié à la production (mines, ranch, champs etc.) pour créer une économie. Du classique mais inséré dans un contexte particulier et drôle qui est celui de la République Bananière perdue au milieu des Caraïbes pendant la Guerre Froide.

Vous êtes El Presidente et vous devez régner par la force ou en "douceur" tout en vous assurant les bonnes grâces des deux blocs idéologiques s'affrontant à l'époque : soviétique et américain. On ne dirait pas à première vue, mais c'est assez subtil. Se mettre à dos l'URSS ou les USA les obligera à envoyer des croiseurs patrouiller autour de votre île ce qui, au bout d'un certain temps, amène au game over pur et simple si la diplomatie ne s'améliore pas entre vos gouvernements.

Par micro-gestion, plus haut, je parle de la possibilité de jouer sur la carte directement avec El Presidente. Sa présence augmente la vitesse de construction des bâtiments ou permet d'augmenter le rendement d'une zone de production. Très utile d'autant plus quand on voit à quel point vos architectes sont des branleurs ! Tropico 3 offre aussi la possibilité d'assassiner les rebelles inféodés à votre régime dictatorial ! Il suffit de chercher votre cible (un menu permet de regrouper par faction tous vos opposants et de les localiser) parmi les habitants de votre île puis de cliquer sur l'option : assassinat. Même chose pour expulser un résident de son logement ou licencier un casse couille amateur de grève ou de mouvements sociaux. La vie est si simple sur Tropico 3... En réalité, ces options sont très accessoires et plutôt inefficaces (assassinat), on le fait une fois pour tester puis on zap. Enfin, il est primordial de veiller à l'immigration et aux touristes qui afflueront sur votre île grâce au bureau de l'immigration pour ne pas fâcher la faction nationaliste ou vous retrouver avec une masse de population sans emploi ni logement.

Si l'on devait résumer succinctement l'expérience de jeu sur Tropico 3, je dirai qu'il s'agit principalement de manier l'art du statuo quo. Explication : veiller à ne pas fâcher les américains, les soviétiques, les intellectuels de votre île, les nationalistes, les religieux, les capitalistes, les communistes, les touristes, les écologistes etc. Bref, un gros bordel qui ne s'avère pas si compliqué à maintenir à peu près en paix pendant vos missions. Car c'est là que le bât blesse, après 27h de jeu et plus des 3/4 des missions terminées, Tropico 3 montre des signes de faiblesse évidents notamment dans la répétition ad nauseam des mêmes mécaniques de jeu. Quelque soit l'objectif de la mission (souvent drôle au passage), il faut quasiment tout le temps faire et refaire la même chose. Au bout d'un moment, on en a ras le cul surtout que les missions durent des heures car elle s'étalent parfois sur plus de 40 ans (1950-1990) !!! Autre aspect irritant pour ma part, c'est la boucle des trois musiques salsa qui tournent justement en boucle, on devient cinglé au bout d'une heure ! Véridique ! De plus, contrairement à beaucoup d'internautes, je n'apprécie pas la voix off humoristique qui commente nos actions et nos décisions avec un accent très latino. Elle dit toujours les mêmes choses, à force ça devient ridicule...

Très facile à prendre en main, fun et plaisant dès les premiers instants de jeu, Tropico 3 perd de son intérêt sur la longue durée où son gameplay, finalement limité et redondant, rend la progression ennuyeuse à souhait. Ceci dit, il faut quand même saluer le travail d'Haemimont Games qui ont le mérite de proposer un jeu de gestion frais et original sortant clairement des sentiers battus en mélangeant de la gestion classique à une micro gestion bien venue même si parfois un tantinet gadget. Selon l'avis de nombreux joueurs, Tropico 3 est le meilleur épisode de la série. Cela ne m'empêchera pas d'essayer un autre épisode car je me suis quand même bien amuser en incarnant le terrible et fougueux PRESIDENTE !