Edité par Electronic Arts et développé par Coldwood Interactive, Unravel est le premier essai du studio suédois en matière de plateforme. En effet, jusqu'ici, Coldwood était surtout connu pour ces jeux...de ski! Un virage pour le moins surprenant mais géré avec beaucoup de maîtrise.
Dès le menu d'introduction, on sait qu'Unravel va être un jeu à l'ambiance soignée. Puis on découvre une jolie maison de campagne où le temps semble s'être arrêté. Une vieille dame emprunte l'escalier en bois, regarde les photos accrochées au mur, visiblement mélancolique, puis continue son chemin, probablement jusqu'à sa chambre. Dans la pièce du bas, parmi les pelotes de laine laissées sur la table par la vieille dame, un petit bonhomme composé de fils rouges prend vie. Il se penche sur un vieil album photo, manifestement consulté récemment, et dont les images et les commentaires semblent effacés, symbolisant le temps qui passe, ou peut-être les pertes de mémoire de la propriétaire des lieux, nous ne le saurons pas vraiment.
Toujours est-il que ce petit personnage, animé par on ne sait quelle magie, se lance dans une quête dont le but sera de raviver les souvenirs de la vieille dame. Pour ce faire, il se "plonge" dans les photos présentes dans la maison. Chacune d'elle correspond à un moment de vie de la famille qui a occupé les lieux et à un niveau du jeu dans lequel Yarny (c'est le nom du personnage) ira capturer des souvenirs qu'il ira ensuite replacer dans l'album photo resté sur la table.
Le jeu prend place, à l'évidence, en Suède, ce qui n'est guère une surprise vu la nationalité du studio de développement. C'est aussi un choix peu commun qu'on ne pourra que saluer.
Ainsi, Yarny va parcourir des paysages de forêts et de montagnes de Scandinavie, mais aussi des jardins, fermes et même une exploitation minière, qui seront autant de lieux où il marchera sur les pas de cette famille dont on ignore même le nom.
Le long de ces niveaux, Yarny doit parcourir ce monde de géants où il n'aura rien d'autre que ses fils de laine pour progresser, même s'il pourra de temps à autre utiliser un élément du décor pour franchir un obstacle. Il aura également besoin de retrouver des pelotes régulièrement afin de pouvoir continuer à avancer, puisque l'utilisation de sa propre laine le fait progressivement "maigrir" jusqu'à devenir rachitique.
Si l'univers dépeint est essentiellement paisible, notre petit héros devra tout de même prendre garde aussi bien aux pièges naturels (eau, bourrasques de vent, éboulements...) qu'à la faune locale (oiseaux, rongeurs, insectes...) qui pourraient s'avérer autant de rencontres mortelles.
Globalement, les niveaux se composent essentiellement de "puzzles" à résoudre pour progresser, en alternance avec des passages de plateforme pure. Si la prise en main peut s'avérer un brin laborieuse au début, on saisi tout de même assez vite les subtilités du gameplay. Une fois ce dernier maîtrisé, il s'agira simplement de l'adapter à chaque situation pour s'en sortir. Et en dépit de quelques passages die & retry, l'ensemble reste plutôt abordable, surtout pour le gamer averti. La difficulté est correctement dosée (et non paramétrable d'ailleurs) et même si certaines séquences demandent de se creuser un peu les méninges, le challenge n'est jamais décourageant.
Comptez environ 45 minutes pour parcourir un niveau et vous verrez le bout du jeu en plus ou moins 8 heures.
Doté d'un gameplay subtil, peu commun et remarquable dans sa maitrise des lois de la physique, Unravel est également une vraie claque en termes esthétiques. Chaque tableau se joue en allant de gauche à droite. La profondeur de champ est faible mais les paysages reproduits sont absolument magnifiques, parfois presque photoréalistes.
Mais au-delà de ça, c'est bien l'ambiance générale du jeu qui achève de rendre Unravel attachant. Cette plongée dans l'automne et l'hiver suédois est vraiment enchanteresse, grâce à des décors, des couleurs et des lumières particulièrement inspirés, sublimés par des musiques folkloriques de toute beauté spécialement composées pour le jeu (et qui rappellent un peu la musique irlandaise d'ailleurs).
Poétique, emprunt de philosophie, Unravel est un petit bijou vidéoludique. Là où certains misent tout sur l'expérience (Journey au hasard), le jeu de Coldwood est à la fois une magnifique histoire, triste et terriblement humaine, mais aussi un vrai bon jeu de réflexion et de plateforme.
Il est la parfaite démonstration que cet art est loin de se limiter à Fortnite et à FIFA. Certains studios pétris de talent sont plus que jamais capables de nous proposer des univers soignés, originaux, sans pour autant négliger l'aspect interactif et la nécessité d'offrir un challenge intéressant au joueur.
Si vous aimez vraiment les jeux, et que vous n'êtes pas un être totalement insensible, vous ne pourrez qu'être touché par Unravel.