Time to mix drinks and change lives

..// OVERVIEW //..

Développé par Sukeban Games, dont c’est le premier titre (mais qui a trois jeux « mystères » actuellement en production), et édité par Ysbyrd Games, petit éditeur spécialisé dans les jeux indé.

Temps de jeu : 28h

NG+ : Terminé.

..// PROS aka "NOBODY EXPECTS THE DOROTHINQUISITION!" //..

Scénario véritablement accrocheur. Se déroulant quelque part dans les années 207X à Glitch City, on observe les habitants d’une ville dont le maire n’est que la marionnette bien docile de la méga corporation Zaibatsu. Paradoxalement, Glitch City est une ville pionnière en matière d’évolution sociale, où se mélangent humains et androïdes (les Lilim dans le jeu), ce qui n’a pas que des avantages puisque la ville sert aussi de centre de redressement pour Lilim défectueux. Histoire de bien noircir le portait, les humains se voient tous implanter des nano machines (on y viendra un jour), afin de mieux les contrôler et d’éviter tout débordement. Perdue dans un recoin de ce laboratoire géant, on incarne Jill (Julianne Stingray), une barmaid de 27 ans qu'un parcours chaotique a poussé dans ce trou malodorant qu’est le bar VA-11 HALL-A (prononcez Valhalla bien sûr). Ah, voilà un client qui arrive…

Personnages attachants et globalement charismatiques. De Dorothy, la Lilim qui se prostitue en profitant de son apparence de très jeune adolescente pour satisfaire ses clients les plus pervers tout en ayant toujours le sourire et une joie de vivre désarmante, au patron du journal local qui se prend pour un étalon de premier ordre et cherche à mettre dans son lit la très plantureuse Kira Miki, l’Idol Pop du moment (c'est juste pour vérifier si les Lilim King-Class CH1A sont réellement des modèles à l’anatomie plus vraie que nature hein), on croise un panel de personnalités assez variées et plus ou moins dérangées. En bonne barmaid, il faudra étancher au mieux leur soif afin d’en apprendre un maximum sur eux et profiter de longues discussions (en anglais), et ainsi pouvoir nouer des liens durables, voire plus si affinité. Car quoiqu’elle en dise, Jill est relativement ouverte à certaines propositions, et célibataire depuis trop longtemps.

Cybersex Bartender. Loin des Fallout et Deus Ex qui n’osent plus vraiment s’aventure en terrain charnel lubrifié, VA-11 HALL-A ne s’encombre pas de préjugés en nous parlant sans détours de relations bisexuelles, lesbiennes, gays, et humains-Lilim, sans pour autant tomber dans le graveleux et le racolage de bas étage. Assumant pleinement son univers cyberpunk, il fait s’exprimer de la manière la plus naturelle qui soit ses personnages, qui se livrent de plus en plus et n’hésitent pas à nous faire part de leurs divers problèmes, qui bien entendu ne tournent pas toujours autour du sexe. Mais le ton reste assez direct et peut surprendre, comme cette fois où le plus naturellement du monde Dorothy nous parle de ces clients qui la prennent par tous les trous, même les plus imprévus. On aura également matière à mettre en avant régulièrement la grosse poitrine d’Alma, une hackeuse professionnelle dont on se demande pourquoi elle à des implants cybernétiques à la place des mains. La réponse ? Je la connais oui, merci.

La bande son relativement soignée. Si le jeu ne comporte aucun doublage vocal, mais ça on pouvait s'en douter, il propose par contre un bel éventail de musiques dont une bonne partie sont à débloquer, et certaines sont subjectivement très plaisantes. Il est également appréciable que le jeu nous permette de choisir notre playliste avant chaque session de travail, tout en nous laissant libre de passer d'un titre à l'autre via le Jukebox du bar.

..// CONS aka "Don't be so dramatic" //..

Techniquement très laid, ce qui n’est pas forcément incompatible avec le charme désuet que dégage le jeu, ni avec le charisme qui émane de ses personnages. Alors ouais, je veux bien que l’on fasse de l’indé avec peu de moyens mais j’avais des jeux plus beaux que ça sur mon Atari 1040 ST (pour ne pas dire sur mon CPC 6128 -_-), il y a quelques années de cela. Non seulement plus beaux, mais également mieux animés. En techno-gamer que je suis, je ne peux clairement pas me résoudre à trouver ça valable, que l’intention derrière soit de faire du rétro old-school gaming ou pas. Un petit effort supplémentaire n'aurait donc pas été de refus pour rendre le tout plus ... fluide.

Où est passé le « Action » du titre ? Je veux bien que dans un Visuel Novel ça ne soit pas une priorité, mais j’ai du mal à considérer que sélectionner des doses de produits à mélanger pour obtenir une boisson puisse être assimilé à de l’action. On passe le plus clair de de notre temps à écouter parler les gens, sans autre chose à faire que de réussir ou foirer une boisson. La seule vraie liberté que l’on possède, se résume à mettre plus ou moins d’alcool dans les breuvages où c’est optionnel, selon que l’on ait envie de rendre ivre ou pas notre interlocuteur. Puis on rentre chez soi se reposer. Le lendemain, on peut éventuellement sortir acheter quelques babioles qui décoreront notre minuscule studio. On peut lire les news du jour et … voilà. Reste plus qu'à retourner servir nos habitués en se posant toujours cette même question "mais de quelle action parle le titre?".

..// CONCLUSION //..

Je suis loin d’être un adepte des Visual Novel et pour être totalement honnête, je ne me souviens même plus de la raison qui m’a poussé à acheter ce jeu. A l’instar de certains protagonistes de cette histoire, je devais sans doute errer dans les ruelles sombres du Steam Store à la recherche d’une dose de cyberpunk, et j’ai dû atterrir par hasard au VA-11 HALL-A. Dans un moment d'égarement, j'ai dû faire fonctionner ma carte ban... ma nano puce bancaire implantée là où je ne préfère pas le savoir.

Cela étant, j'ai été agréablement surpris par cette balade étrange et relaxante. Clairement pas pour sa technique minimaliste, mais pour l'ambiance que dégage le jeu, et pour son côté captivant alors que finalement, on n'y fait pas grand chose d'autre que lire et lire et lire et ... un Brandtini ? ça marche... et lire et lire et lire et ... un Big Moonblast on the rocks ? J'vous prépare ça de suite ... et lire et lire et lire ... Hey Boss, je rentre chez moi, c'est l'heure. Pfiou, je suis crevée.