Est-ce avec les vieilles disquettes qu'on fait les meilleurs jeux ?

VirtuaVerse est l'exemple typique du jeu qui sur le papier à l'air génial, mais s'avère très décevant une fois passé la première heure de jeu. Cela fait quelques années que le rétro revient à la mode, surtout dans le monde du jeu-vidéo indépendant. Ici, on a un combo avec d'un côté un point and click a papa, et de l'autre côté un univers cyberpunk qui arrive comme par hasard presque au même moment qu'un certain AAA polonais...

On a donc un jeu d'aventure très classique, beaucoup trop même. On voit directement l'hommage aux jeux Lucas Arts de l'âge d'or du point and click, la volonté de calquer la progression sur cette logique farfelue couplée à un second degré qui faisait pourtant le charme des Monkey Islands ou autre Indiana Jones. Et cet aspect est vraiment pour moi l'un des gros défaut du jeu, car là où on pouvait excuser le "poulet-poulis" (pour ceux qui connaissent), j'ai eu ici beaucoup de mal a m'immerger dans un univers cyberpunk supposément sombre et mature quand les résolutions d'énigmes sont pour la plupart dénué de logique et semble totalement déconnectées de la trame principale. Je n'irai pas dans de longues explications pour éviter les spoilers, mais parfois certaines actions semblent vraiment ridicule et l'on se retrouve a interagir avec moultes personnages, pas super intéressants, pour faire un truc tout bidon qui devrait normalement ne poser aucun problèmes dans un univers futuriste tel que celui-ci.
Alors oui, je sais que c'est un jeu qui reprend très bien les codes de ses ainés, car j'y ai joué aussi, mais encore faudrait il essayer d'aller un peu plus loin que l'hommage et tenter d'apporter quelques nouveauté ou un style particulier qui pourrait faire évoluer le genre.
Le potentiel était pourtant là. La possibilité d'utiliser un casque de réalité augmentée qui permet de superposer un monde virtuel à la réalité physique était franchement une bonne idée, mais vraiment sous-exploitée...

Niveau scénario, car c'est quand même important dans un jeu de ce type, on a un univers cyberpunk assez cliché, dans le pur délire néo-rétro, mais qui va beaucoup trop loin dans l'hommage et la glorification du passé. Ouais moi aussi j'aime le vieux hardware, les tubes cathodiques et les disquettes, mais dans ce jeu on a l'impression que chaque scène doit apporter son lot de clin d'oeils a la technologie d'antan, parce que bien évidemment la technologie du futur c'est de la merde qui sert a contrôler les masses. Alors oui, les développeurs on voulu faire une critique du monde actuel, de la situation de l'internet, dénoncer l'emprise des grosses compagnies, tout ça. Ils ont fait le boulot de la bonne petite dystopie qui va bien. Sauf que, arrêtez de me coller des cartes mères AT et des Amiga partout et de faire genre que les personnages (qui sont des hackers trop cool avec des lunettes de soleil H24 sur la trogne) finissent par sauver le monde grâce à des messages codés sur des putain de "floppy disks".
Parce que finalement ce jeu n'a aucune subtilité dans son propos, il se contente de faire une critique globale d'un système pourri, parce que c'était forcément mieux avant, et puis c'est tout. Il peine même carrément a expliquer pourquoi le système de "Permanent Reality" est mauvais, autrement qu'un répétant que les gens seront "aliénés". Je crois que le personnage principal répète ce mot bien 5 ou 6 fois au cours du jeu comme s'il s'agissait d'un argument imparable qui permettrait de résumer l'entièreté du problème que cause la massification de ce système.
Et ce n'est pas le propos en lui-même que je remets en cause ici, mais le niveau d'écriture qui est vraiment bas. Dans un jeu d'aventure où l'on passe la moitié du temps à lire des dialogues, en plus sans doublages, (parce que c'est plus rétro) autant dire que c'est un élément qu'il convient de ne pas rater ... Dommage.
Même le personnage principale, avec sa capuche de hacker trop mystérieuse qui cache son visage durant tout le jeu, (pourquoi ?) s'avère finalement n'être qu'une sorte de Guybrush Threepwood version hispter nihiliste qui n'est franchement pas intéressant à contrôler tant sa personnalité s'avère dénué d'intérerêt. Sauf quand y'a du hardware, alors la par contre Nathan, c'est son nom, ne cache pas son érection face a des Modems ou des barrettes de RAM de 128 Mo...

Avant de conclure, un mot sur la bande son. Le jeu étant édité par BloodMusic, label de musique indépendant qui produit des artistes comme Perturbator, figure française de la synthwave, on pouvait donc s'attendre a quelques bons morceaux. Disons que si l'on aime le délire du newretro, ce qui est mon cas donc ça tombe bien, les pistes sont correctes et collent bien a l'ambiance du jeu.
Mais si les synthés c'est pas votre truc ça peut vite devenir un calvaire a cause de la répétitivité des morceaux, propre au genre. Surtout que comme je le disais plus haut, la résolution farfelue des énigmes risque vous faire tourner en rond dans les mêmes zone, je conseille de baisser un peu le volume pour éviter de perdre trop d'audition.

VirtuaVerse n'est donc pas forcément un mauvais jeu, il fait le taf et a même parfois quelques bons moments. Cependant, je déconseillerai ce jeu à quiconque n'est pas un tant soit peu fan des jeux Lucas Arts, de synthwave ou de pixel art ... car même dans mon cas je me suis quand même sacrément ennuyé a certain moments...

Se contenter de refaire les classiques du point and click à la sauce cyberpunk, miser sur l'hommage nostalgique on nous l'a déjà fait plus d'une fois ce coup-là et ça commence à devenir lassant. J'apprécie pourtant toute cette scène indépendante du jeu-vidéo qui porte le flambeau du jeu rétro et fait perdurer des genres qui aurait autrement disparus, mais a condition qu'il y ait une vraie proposition ou un regard singulier, ce que n'a malheureusement pas ce jeu.