Qui pouvait attendre ce jeu au tournant ? En effet, la série Watch Dogs, qui devait devenir la nouvelle licence forte d’Ubisoft, a réussi l’exploit de construire en seulement un épisode une réputation absolument calamiteuse auprès des joueurs et de la critique. Et qui peut leur en tenir rigueur ? Après une campagne marketing aussi agressive que mensongère et éhontée, un cirque médiatique qui s’emballait à la moindre actualité sur le jeu, le tout nous promettant « un renouveau dans l’univers du jeu en monde ouvert », rien que ça, nous nous sommes au final retrouvé avec une soupe, un amalgame de clichés, sans saveur, avec un gameplay au mieux insipide et mal calibrée, au pire carrément hors sujet. Autant dire que le retour de bâton a été mérité, et ça a été violent. Pas étonnant donc, que ce second épisode soit passé dans l’indifférence générale. Et pourtant, partant de ce postulat, on peut dire que Watch Dogs 2 a véritablement eu l’effet d’une petite claque.
En effet, il semble que l’éditeur français, après une série de gifles, s’est enfin décidé à lâcher du leste dans le contrôle du développement de cet épisode, laissant donc une certaine marge de manœuvre aux équipes d’Ubisoft Montréal, ce qui se ressent à différents niveaux dans le jeu.
Dans son écriture tout d’abord bien loin des poncifs utilisés habituellement dans les jeux de la firme. Exit donc les histoires de vengeance, personnages sombres et torturés, et autres antagonistes issus d’une organisation paramilitaire quelconque. Ici l’écriture se fait tout en légèreté, ne se prend pas spécialement au sérieux, et nous délivre une galerie de personnages haut en couleurs et qui, sans être spécialement attachants, restent plutôt sympa, on appréciera notamment le personnage principal, issu d’une minorité ethnique, et premier personnage non blanc d’un jeu Ubisoft depuis au moins Assassin’s Creed 1 (car oui, Altair est arabe), soulignant le caractère cosmopolite de la ville de San Francisco, et cela fait bien plaisir. Mais malgré cette légèreté cela n’enlève rien au propos de fond du jeu, car oui encore une première pour Ubisoft, le jeu propose derrière son scénario un regard assez critique sur les nouvelles technologies surtout sur les entreprises derrières et plus globalement sur les institutions en général, usant des données collectées à des fins divers (politique, économique,...), dénonçant donc le Big Data et ses travers liberticides. Et oui, pour ceux qui se le demande encore, on parle toujours bien d’un jeu Ubisoft. Les mêmes qui, par ailleurs, usent de leur « magnifique » service Uplay pour faire de la collecte de données. C’est drôle non ?
Cette liberté créative on le ressent aussi dans le gameplay, même si les armes restent présentes, et sont toujours autant hors sujet (marquant par ailleurs la frilosité persistante d’Ubisoft de trop sortir des sentiers battus),elles sont ici complètement secondaires et les missions laissent vraiment libre court au joueur pour expérimenter les très diverses capacités de hacking et ainsi de jouer avec l’IA plutôt réussi des ennemis, cela donne accès à une palette de situations vraiment agréables. Les parties annexes ne sont pas en reste, bien moins inintéressantes qu’à l’accoutumé, complètement décalées restant cohérent avec le ton général du titre, et surtout pour certaines bien écrites. Mention spéciale pour les missions « drive », équivalent de Uber, donnant accès à des clients toujours plus loufoques, aux dialogues pour certains vraiment drôle, et nous donnant des courses tout aussi barrées.
Un mot enfin sur le monde ouvert, la ville de San Francisco est très bien modélisée, avec des couleurs variées et chatoyantes, à la différence du ton terne et morose du premier épisode, et qui, bien que toujours générique dans sa construction, est peut etre, dans la manière dont le monde est régi ainsi que les pnj qui le composent , le monde ouvert le plus crédible livré par Ubisoft à ce jour.
Réjouissant. Voilà le mot qui m’est venu en tête après avoir fini le jeu. Réjouissant tant le titre semblait venir de loin, tant il remonte la barre d’une série que l’on pensait (et espérait aussi peut-être) morte-née, tant il paraît inespéré au milieu de la médiocrité des autres productions d’un éditeur dont personne n’attendait plus rien.
Alors oui bien sûr le titre n’a rien d’un grand jeu, mais il reste correct, voire bon après des premières heures peu engageantes, pétri de bonnes idées de la part des équipes créatives qui semblent enfin s’être éclatées un tant soit peu en le développant. Et de la part d’un jeu Ubisoft, c’était déjà beaucoup demander. Et si Watch Dogs Legion, qui ne confirmera certainement pas l’essai au vu de ce qui a été présenté jusqu’ici, arrive au moins à rester dans les mêmes sentiers ce sera déjà pas si mal.

_arabiianprince
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le 3 nov. 2019

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