Je dois l’avouer, je fais plutôt parti du camp des sceptiques lorsqu’on parle des "walkings simulators " et de leur dimension ludique. Sans y être totalement réfractaire je m’y intéresse assez peu. Mais, après en avoir entendu moult éloges et que la boutique d’Epic en ait fait un appât à clients, j’ai fini par me décider à dédier une soirée à What Remains of Edith Finch.


Ici pas de menace thermonucléaire ni de soldats dopés à la testostérone, juste un grand manoir familial abandonné dont l’exploration, de chambres en chambres, permettra d’éclaircir le passé des Finches, tous décédés à l’exception d’Edith. Des pertes tragiques qui donneront lieu à de courts récits censés nous en apprendre plus sur leur protagonniste et les circonstances de sa mort.
Toute l’histoire d’Edith et des ses découvertes nous est racontés à travers ses pensées et lectures en voix off dans le jeu. L’astuce utilisé pour justifier ce type de narration est que tout le récit constitue en réalité la rédaction d’un journal destiné à son fils pour qu’il prenne connaissance du passé de sa famille.
On peut donc se demander si tout le visuel du jeu du n’est pas formé par les images mentales d’Edith qui se remémore ses découvertes pour les coucher sur le papier.

Cette forme de narration permet ,dans les moments un peu creux où l’on se déplace dans la maison, d’en apprendre plus sur l’héroine ainsi que sur le rapport de sa famille à son passé tragique.


Deux visions opposés se dessine petit à petit. Celle de l’acceptation et de la mémoire incarné par l’arrière grand-mère Edie et celle du rejet et du tabou incarné par la mère d’Edith. Cette ligne d’intrigue permet de garder une part de mystère jusqu’à la toute fin de l’histoire tout en synthétisant le questionnement moral de l’oeuvre.


Pour la partie interaction, il va sans dire que l’exploration de la maison ne propose pas de mécanique révolutionnaire voir même indispensable. C’est plutôt sur les récits de décès des Finches, plus denses et créatifs dans leur mise en scène que l’on peut trouver des idées intéressantes. Ces minis histoires, toujours basés sur un texte trouvé dans la chambre du protagonniste, raconte de manière plus ou moins fantastique ce qui a causé la perte du Finch en question.
Leur intérêt varie beaucoup d’autant qu’il semble que plus le héros est âgé plus sa mort est montré explicitement et sur un ton très terre à terre. A mon sens le jeu réussit vraiment à être touchant lorsqu’il commence d’une base réaliste pour partir vers le fantastique. Ce processus permet de créer du recul avec l’aspect morbide pour le remplacer par une nostalgie mélancolique plus en adéquation avec les idées de mémoire et d’acceptation qu’incarne Edith. Mais dans la dizaine de récits que contient le jeu , les plus mémorables sont surement ceux qui intègrent des mécaniques de jeu de manière organique à leur récit afin que les actions du joueur fonctionne en synergie avec le récit,lu par Edith . On obtient alors une utilisation vraiment pertinente du gameplay comme outillant narratif et une expérience vraiment percutante.
Sans tous atteindre ce niveau de qualité, la majorité des récits sont intéressants, chacun dans leur style. On sent souvent un effort pour que l’esthétique et la mise en scène de l’histoire condense les principaux trait de caractère du héros, renforcant ainsi leur singularité présenté au préalable à travers leur chambre.


Une fois le journal terminé, on comprend que la malédiction qui touche la famille Finch n’a pas épargné Edith. Mais cela ne l’a pas empêché de mener sa mission à bien puisque, comme elle s’est décidé à le faire, les prochaines générations, notamment son fils, pourront se tourner vers le passé


. Si l’impact du titre n’est pas comparable a celui du décès d’un proche, il réussit à porter son message sur l’importance de la mémoire et des liens familiaux en faisant preuve d’une certaine inventivité dans ses personnages, la manière dont il les décrit et l’utilisation de mécaniques de jeu. Malheureusement l'aspect ballade est bien moins intéressant et vient quelque peu noircir un tableau qui reste tout de même positif.

Orak
8
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le 20 juin 2019

Critique lue 112 fois

Orak

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