J'avais aimé les deux précédent épisodes de ce reboot de Wolfenstein, à savoir The New Order et The Old Blood, qui proposaient une réactualisation de bonne facture pour cette série fondatrice du FPS. Autant vous dire que j'attendais beaucoup de ce Wolfenstein 2, annoncé comme étant clairement du more of the same tout en étant plus foufou dans la narration. Malheureusement, si le jeu tient la plupart de ces promesses, j'ai tout de même été déçu par The New Colossus.


On retrouve ici les même fondations de gameplay qui faisaient tout l'intérêt des précédents opus : un FPS ultra-brutal, viscéral, dans lequel les ennemis partent en morceaux sous les déflagrations de nos akimbos de fusils à pompe. S'il est loin d'être un fast-FPS, notre héros ayant les deux pieds bien collés sur le sol, ce Wolfenstein reste tout de même un FPS à l'ancienne, demandant véritablement de maîtriser sa visée et ses déplacements de couverts en couverts : ceux-ci étant souvent destructibles et les Nazis ayant une panoplie d'armes explosives à disposition, il est la plupart du temps impossible de camper derrière une caisse. La maîtrise et la connaissance de son environnement sont donc nécessaires et le jeu nous pousse à aborder la situation en premier lieu sous un aspect infiltration assez léger, histoire de bien repérer les lieux qui nous entourent, avant de défourailler sévère une fois découvert par l'ennemi. Clairement, cette boucle de gameplay est très efficace et ultra-plaisante, les armes claquent, les ennemis et les décors partent en lambeaux, les têtes disparaissent dans des gerbes de sang, bref ça savate et ça fait du bien de voir ça. On notera aussi que les devs ont fait l'effort de proposer un système (extrêmement basique) de modification d'armes ainsi que la possibilité d'upgrader son personnage avec certains objets permettant d'accéder à de nouveaux passages dans les niveaux.


Et pourtant, si les combats ont les mêmes qualité et défauts que dans les autres épisodes, à savoir que les ennemis sont véritablement cons comme des manches ce qui permet parfois d'exploiter le jeu sans trop le vouloir - comme lorsqu'un contingent entier de nazis vient se bloquer dans une porte juste devant notre viseur, un nouveau problème viendra troubler le plaisir, les développeurs ayant aussi incompréhensiblement enlevé tout feedback dans les dégâts reçus. On passera le temps à encaisser des coups sans s'en apercevoir car il n'y a quasiment plus aucun indicateur : le seul moyen de savoir qu'on est touché c'est de voir son nombre de points de vie descendre en flèche. C'est absolument ridicule et c'est la première fois que je vois ça, la seule explication plausible que j'ai trouvé à cette absence totale d'indication de dégâts étant que, sur consoles, les vibrations de la manette indiquent les coups reçus et que les devs n'ont pas pensé aux claviers/souris. Même les différentes mises à jour n'ont pas réglé ce problème !


La narration, qui devait être délicieusement barrée si l'on se fiait aux trailers, revêt une saveur mi-figue mi-raisin : on passe au moins la moitié de jeu à assister à du scénario téléphoné ultra-classique, très sérieux, extrêmement long et chiant pour finalement avoir un twist qui fait table rase de tout ce qu'on a vu et va enfin faire partir le truc dans un délire total, avec notamment une scène de casting bienvenue qui m'aura bien fait rire. C'est ce qu'on aurait aimé voir depuis le début ! Quitte à avoir des personnages ridicules et mal écrits (car ils le sont) autant partir directement dans un gros foutoir marrant et bordélique, un train fantôme du nawak saupoudré de nazis en compote et de moqueries sur les fritz, histoire de rendre le truc bien plus digeste. Même Blazko nous est montré comme un grand sentimental, un gros dur au cœur doux qui balance des phrases ouin-ouin dignes d'un émo de 13 ans alors même qu'il dégomme des types par paquets de douze. La narration va être aussi très lourde, notamment dans le hub du jeu dans lequel on peut facilement se perdre et où on nous demandera d'aller chercher des pommes de terre pour nourrir un cochon ou d'aller récupérer des merdes ici ou là comme si Blazko n'était qu'un vulgaire coursier, tout ça pour subir un peu plus les dialogues ridicules des PNJ tous plus insupportables les uns que les autres. Quelle idée, lorsqu'on propose un jeu avec un gameplay aussi réussi et faisant clairement l'intérêt du truc, de nous forcer à se faire chier comme des rats morts dans des phases qui tirent en longueur et semblent n'avoir été mises là que pour rallonger la durée de vie ? Mention spéciale pour les doublages français qui sont particulièrement nuls à chier et qui subissent en plus le pire mixage audio que j'ai jamais vu.


Le jeu est plutôt joli, même si les environnements se ressemblent beaucoup, et j'ai parfois été surpris par la quantité de détails qu'on peut trouver dans les intérieurs. Je n'ai eu aucun plantage, juste quelques problèmes de résolution vite résolus et du popping de texture dû à la techno utilisée.


Pour conclure, j'ai quand même passé un bon moment dans ce Wolfenstein 2 grâce à la brutalité des combats et au délire dans lequel le jeu plonge au bout de plusieurs heures. Mais j'ai l'impression que cette suite a été faite à l'arrache directement après la sortie de l'épisode précédent, reprenant les bonnes idées mais en rajoutant des trucs mal maîtrisés et dont la finition a été oubliée à la cafét' (avec le feedback des dégâts probablement), créant une sorte de manque de cohérence au final. Bref, ce que j'espérais être un de mes GOTY n'est finalement qu'un jeu sympa et un peu gâché. J'attends tout de même de voir la suite, peut-être que Machine Games osera enfin aller à fond dans le délire et proposera enfin son Magnum Opus.

Rutabaga
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le 11 nov. 2017

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