Un petit trou, un petit trou, un dernier petit trou

Rarement un jeu m'aura à ce point obsédé. À ce point frustré.


Xenoblade, c'est un peu cette pépite que tout le monde vante. La presse, les joueurs en général, tes potes. Le jeu qu'il faut avoir fait dans sa vie. Le truc qui va te retourner les neurones. Le truc qui te fera plus voir les autres jeux de la même manière.


Du coup tu t'y intéresse. Tu te dis qu'au mieux t'auras joué à un bon jeu, et qu'au pire tu pourras enfin dire que t'as gravi le colosse.


Oui parce qu'il faut le dire, pour les quelques rares qui doivent lire ce pavé, (et les plus rares encore qui ne connaitraient pas encore la bête) : Xenoblade, c'est pas de la gnognotte niveau durée de vie. Il faut compter dans les 60/70 heures en ligne droite, et dans les plus de 100 si les quêtes secondaires fedex, et le ramassage intensif de bouboules bleues (comprendre par là, la seule représentation des items hors équipement) ne nous dérange pas.


Le problème, c'est que votre cher et particulièrement bien gaulé serviteur, bah il aime pas trop les MMORPG en solo. En fait, il déteste même ça. Ça l'abruti, il a l'impression de faire un peu toujours la même chose. Au final son cerveau s'embrume au bout de seulement 20 minutes de jeu, et il se demande pourquoi il n'est pas à l'extérieur en train de chercher des Pokémons comme tous les autres jeunes gens de son âge.


Sauf que votre serviteur (vous aviez compris que c'était moi, hein ?), bah il est borné. Les trucs insurmontables, ça l’excite. Il aime le challenge. L'infranchissable. Il a lu PROUST le mec quoi (bon, la moitié du premier volume, mais j'en suis quand même fier). C'est pas un rigolo.


Sauf que non. Rien à faire.


Après plus de 60 heures barricadé dans le salon, j'ai craqué.


J'ai regardé la fin sur Youtube.


Alors non, j'en suis pas fier. Et si ça intéresse quelqu'un, c'est même la première fois que ça m'arrive sur un jeu vidéo. Mais là, c'était lui, ou moi. Mon estime personnelle, ou ma stabilité mentale (déjà bien entamée, beaucoup vous le diront).


C'est simple, Xenoblade m'a fait l'effet d'un tour de France. Au début ça passe, tu sais que tu te lances dans un truc gros, mais t'as prévu le coup. Ton pote te soutient par messages, ta copine par massages, et puis t'as le café pas trop loin aussi. Et puis les paysages sont loin d'être dégueulasses (enfin, ça c'est le début). Manque plus que Jean-Paul Ollivier, et tu t'y croirais.


Du coup, t'enchaînes les kilomètres. Les heures passent. Mais tout doucement tu te rends compte de l'arnaque. Les paysages sont beaux, mais terriblement vides. Tu t'emmerdes comme un rat mort. Et puis c'est pas les autres coureurs à tes côtés qui vont aider. C'est comme si on leur avait collé une texture uniforme sur la tronche, par manque de moyens. Et puis ils sont cons aussi. Toujours à balancer les phrases les plus débiles sur terre, soulevant des points que t'avais déjà compris des heures auparavant, s'étonnant pour un rien.


Du coup, t’arrive pas à t’attacher. Ils ont tous leur histoire, mais comme t'as l'impression d'écouter des poupées séniles, tu fais tout doucement abstraction. Heureusement que leurs voix sont un minimum agréable à écouter (j'y ai joué en anglais, rien à redire pour les doublages), sinon t'aurais carrément coupé le son.


Et puis les combats aussi. À croire que les organisateurs du tour de France savaient pertinemment bien que tu allais t'emmerder pour les 3500 kilomètres qui allaient suivre, ce qui fait qu'ils t'ont gentiment rajouté des pokémons à rouer de coups sur le passage. Mais à nouveau, c'est d'un chiant.


Les 3/4 des combats se passent sans aucun problème, tant que tu te restreins à farm un minimum (comprendre par là, rouler sur tous les pokémons que tu rencontres sur ton chemin uhuhuhuh), et que t'attaques par les monticules de muscles lvl 99 qui te dévisagent à chaque coin de trottoir. Pour les gagner, on a à notre disposition différents types d'attaques : attaque qui inflige plus de dégâts dans le dos des ennemis, attaque qui s'insère dans un combot de trois coups permettant au final de faire chuter les ennemis, les traditionnels sorts de soin, les méga attaques spéciales qui font bien mal, etc.


On a même la possibilité de ranimer (ou de se faire réanimer) par les textures multicolores qui nous suivent, voir même de les encourager à certains moments.


Sauf qu'au final, on fait peu ou prou toujours les mêmes attaques.


Pour le simple personnage de Shulk, j'ai passé mon temps à faire cette configuration :


1) Déstabiliser l'ennemi + prier que l'un de tes potes enchaîne avec une attaque qui mette à terre
2) Reculer + utiliser un art qui réduit l’agressivité de l'ennemi et augmente tes attaques physiques
3) Attaquer dans le dos
4) Attaquer automatiquement jusqu'à augmenter la jauge d'attaque spéciale
5) Utiliser l'attaque spéciale qui vide entièrement la jauge, mais qui inflige des dégâts de malade
6) Ranimer les potentielles pertes + espérer que la médecin arrête de se la toucher et nous soigne
7) Revenir à l'étape 1


J'imagine que vous comprenez mieux maintenant pourquoi j'avais le cerveau embrumé.


Alors bien sûr, il est toujours possible de changer la configuration de son équipe, en contrôlant le healer, l'un des tanks, voir même le mage du groupe.


Mais honnêtement, si ce n'est à quelques rares exceptions (Dunban, Riki), on arrive à s'emmerder encore plus qu'en contrôlant Shulk, car soit les autres perso sont obligé de rester en retrait par manque de pv, soit ils ne peuvent pas utiliser leurs arts (comprendre capacités) suffisamment souvent.


Du coup, on revient systématiquement vers Shulk. Et par extension, on répète encore et toujours les mêmes combos.


Je passe sur les hurlements permanents de nos très chers compagnons qui gâchent plus qu'autre chose les musiques (excellentes, rien à redire), et les visions de Shulk qui cassent le rythme.


Au final (oui je reviens à ma métaphore, j'y tiens) le sentiment d'emmerdement profond fait place à la dépression. On perd en vitesse. On enchaîne les pauses. Mais rien n'y fait. L'envie n'y est plus.


Du coup on se rattache à ce qu'il nous reste. Ces petites seringues, dans la poche arrière du sac.


Pour Xenoblade, les petites seringues, c'est l'histoire. Qui est... bonne. En fait c'est quasiment uniquement pour ça (outre mon esprit borné) que j'ai atteint la 60aine d'heures. Les rebondissements s'enchaînent assez bien, on en apprend à chaque fois un peu plus sur l'origine de l'histoire, comment ça c'est passé... et finalement, ça fait son affaire. Donc on continue.


Et là, on arrive tout doucement vers la fin.


Il reste pas grand chose à parcourir, on le sait bien. On a la gnaque, on est prêt à tirer sur nos dernières réserves.


Et puis soudain, tout s'assombrit.


Les décors deviennent moches, les révélations deviennent de plus en plus too much.


Et puis les combats (je pense aux boss) gagnent en difficulté aussi, donc on est forcé de revoir ses tactiques, de retourner farmer.


Sauf que l'envie n'y est plus. On veut voir la fin, mettre le dernier coup de pédale. Pouvoir enfin dire " Ouais, j'ai fini Xenoblade, tavu ".


Mais non.


C'est trop dur.


Du coup on met le vélo de côté, on rentre chez soi à pied, et on regarde la fin du Tour de France sur Youtube.


Et honnêtement, vu la tournure que prend le scénario


après le troisième combat contre Gadolt


j'ai même pas regretté un instant.


Trop de too much tue le too much.

Gyaran
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le 28 juil. 2016

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Gyaran

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