Présenté comme un spin-off de la saga Yakuza, Judgment s’est montré à nous comme étant la promesse d’un certain renouveau ou, tout du moins, d’une nouvelle piste pour le future de la célèbre licence de SEGA. Je vous épargnerai volontiers la polémique autour de l’arrestation de Pierre Taki. Le titre est finalement sorti à la date prévue en Occident avec les modifications annoncées en catastrophe par l’éditeur japonais. Alors, faut-il se ruer sur Judgment ? Eh bien, peut-être pas.
Avocat déchu reconverti en détective épaulé par un ex-yakuza, Yagami va devoir faire la lumière sur de mystérieux meurtres survenus dans le quartier ô combien familier de Kamurocho. Si le duo Yagami/Kaito fonctionne à merveille jusqu’à nous faire oublier le très charismatique Kiryu Kazuma, c’est tout l’intérêt même du personnage de Yagami qui fond comme neige au soleil au cours de la trentaine d’heures qu’il vous faudra pour terminer l’aventure. En effet, tout ce qui aurait pu faire le sel de son gameplay se révèle malheureusement trop superficiel sans jamais parvenir à s’extirper du carcan de la licence Yakuza. Les phases de crochetage, de filature et de recherche d’indices n’ont finalement qu’un intérêt limité et se montrent franchement dispensables. Aussi, ces mêmes phases, déjà extrêmement simples, peuvent être encore plus simplifiées via l’achat de compétences dès le début du jeu. Pire, elles ne coûtent presque rien à débloquer. Il est donc légitime de se poser la question de l’intérêt de ces phases de gameplay et de leur intégration dans le jeu final. Tant pis, on repassera pour la dimension enquête policière du titre.
Judgment, c’est aussi le retour des combats à styles multiples. Rien d’incroyable non plus mais il est toutefois plaisant de pouvoir passer librement d’un style à un autre offrant un tantinet plus de variété aux affrontements. Problème, il n’y en a que deux. Vous pourrez choisir entre la Grue et le Tigre. Le premier est très utile contre les groupes d’ennemis tandis que le second est plutôt conseillé pour les duels. « Problème », oui car si la Grue a une identité forte, ce n’est pas vraiment le cas du Tigre qui réutilise certains mouvements de l’autre.
A noter aussi le nombre famélique de coups à débloquer. Toutefois, le système de combat se révèle plaisant et offre un soupçon de profondeur notamment après avoir débloqué certains coups spéciaux. Si vous espériez quelque chose d’un peu plus fouillé que Yakuza 6 niveau combats, il faudra repasser.
L’histoire ou plutôt son rythme se révèle également quelque peu décevant. On ne parvient pas vraiment à s’intéresser aux personnages ni à leur background. La fin prévisible semble s’amorcer plusieurs heures avant de se conclure enfin. Il est impossible de ne pas lever les yeux au ciel tant on a l’impression d’avoir plusieurs longueurs d’avance sur les personnages. Bref, aucune amélioration ne semble avoir été apportée du côté de l'écriture.
La technique ne parvient pas non plus à convaincre. Le jeu rame parfois sans raison sur PS4 Pro. Les textures, certes plus nettes que dans Kiwami 2 ou même Yakuza 6, restent globalement floues. Elles apparaissent également aliasées si l’on prend la peine de s’en approcher. De nombreux bugs de collisions sont encore présents. Force est de constater que la route semble encore bien longue pour Ryu Ga Gotoku Studio en terme de maîtrise technique. Espérons qu’ils sauront faire mieux sur la prochaine génération.
Si Judgment était plein de promesses lors de son annonce, il ne se révèle être qu’une variation fort peu inspirée des jeux Yakuza. A réserver aux fans de la licence uniquement.