Judgment
7.7
Judgment

Jeu de Ryû ga Gotoku Studio et Sega (2018PlayStation 4)

Initialement paru sur PS4 en 2019, Judge Eyes, renommé Judgment par chez nous, a reçu un accueil positif, aussi bien de la part de la critique que des joueurs. Il faut dire que, malgré son statut de Spin Off, c’est le premier titre de la série Yakuza à être paru chez nous en bénéficiant d’une localisation française depuis le premier épisode sur PS2. La notoriété de la franchise connue au Japon sous le sobriquet de Ryu Ga Gotoku (littéralement “Comme un dragon”, coucou Yakuza 7) a donc littéralement explosé, effet encore amplifié par le succès d’un huitième épisode venu chambouler les codes établis. Ce qui n’aurait dû être qu’une digression ludique a désormais obtenu un statut à part, avec une ressortie sur consoles de nouvelle génération ainsi que l’officialisation d’une suite, toujours orientée action, en marge d’une branche principale ayant muté en J-RPG. L’occasion pour nous d’enfin nous pencher sur le cas du détective Yagami. Notre jugement sera sans appel.


Ace Attorney ga gotoku
Les évènements narrés dans Judgment nous transportent dans un Japon réaliste de 2015. Jeune avocat, Takayuki Yagami voit sa carrière prendre un bien sinistre tournant le jour où il accepte de défendre Shinpei Okubo, accusé du meutre d’un patient de l’hôpital où il travaille. Contre toute attente, Yagami parvient à faire gracier son client, ce qui ne manque pas de faire l’effet d’une bombe auprès des médias d’un pays où 99.9% des procès débouchent sur une condamnation. Mais l’euphorie de la victoire est de bien courte durée : dans les heures qui suivent sa libération, Okubo est de nouveau incarcéré, cette fois pour incendie criminel et meurtre de sa petite amie. Un nouveau procès s’ouvre alors, mais l’issue est bien moins joyeuse. L’accusé est condamné à mort, tandis que l’avocat voit sa fraîche réputation détruite. Rongé par le remords d’avoir contribué à rendre sa liberté à un tueur en série, Yagami met alors fin à sa carrière et décide de se faire oublier en devenant un simple détective privé officiant à Kamurocho, son quartier natal. Mais trois ans plus tard, durant une investigation sur le meurtre sordide de trois yakuzas du clan Kyorei, le destin le rattrape : l’enquête en cours semble avoir de mystérieux liens avec la fameuse affaire qui a chamboulé sa vie. Il n’en fallait pas plus pour que Tak se mette en quête à la fois de vérité et de rédemption.


On s’était dit rendez-vous dans 15 ans
Pour les moins familiers avec la désormais incontournable franchise du bien nommé Ryu Ga Gotoku Studio, commençons par faire quelques présentations. Judgment est un Spin Off de la série Yakuza, dont il reprend d’ailleurs toutes les conventions pré-Yakuza : Like a Dragon. Ainsi, le titre se présente sous la forme d’un jeu d’aventure / action à la troisième personne. Le joueur y incarne le détective Yagami, lâché au cœur du désormais célèbre quartier fictif de Kamurochô, pastiche du Kabukichô tokyoïte. Endosser le rôle d’un privé aurait pu engendrer un changement de paradigme radical, quand on sait que jusqu’ici la série a toujours placé le joueur dans les mocassins en peau de crocodile d’un membre de la pègre. Ce serait sous-estimer la capacité du studio japonais à appliquer scrupuleusement le cahier des charges de leur recette quasi-annuelle. Ainsi, plutôt qu’une refonte complète, on se retrouve face à une déclinaison de l’ancienne formule, avec ses longues séquences cinématiques narratives, ses déambulations dans les rues d’un monde ouvert très ramassé, ses combats typés Beat them all outrancièrement spectaculaires et son contenu annexe opulent et délirant en contrepoint de sa trame principale d’une noirceur abyssale.


La justice dans ta face
La recette de monde ouvert de Judgment, éprouvée depuis plus de quinze ans, se place comme l’antithèse de la démesure d’un GTA et s’avère limitée à quelques pâtés de maisons. Aucun véhicule n’est mis à la disposition du joueur relégué au statut d’éternel piéton, si ce n’est une poignée de taxis faisant office de Fast Travel. Pour assouvir sa soif de justice, Yagami use ses semelles de façon drastique, aussi bien sur le bitume que sur le faciès des margoulins qui ne manquent jamais une occasion d’entraver son investigation. Les fréquents combats aléatoires qui ponctuent les aller-retours dans les ruelles sombres ont lieu en temps réel, et permettent au joueur d’admirer une autre facette de l’ancien homme de loi. Si l’avocat jouait de son bagou, l’enquêteur n’hésite jamais très longtemps à laisser ses phalanges se joindre à la discussion. Loin du tas de muscles, le bondissant Yagami dispose de deux styles de combat pour assurer sa défense. Entre Tigre, percutant en combat singulier, et Grue, aux amples mouvements plus appropriés aux festivités groupées, il suffit d’une simple pression de touche pour s’adapter à toutes les configurations. De prime abord sec et rigide, le gameplay des combats s’enrichit grâce à de nombreuses compétences à échanger contre les points d’expérience glanés au fil de l’enquête. Judgment est aussi l’occasion de constater à quel point les Heat Actions, les fameuses attaques contextuelles aux chorégraphies délicieusement absurdes, laissent un trou béant à la dynamique pugilistique de Yakuza 7.


Quelques grammes de finesse
Mais qui dit “formule éprouvée” ne dit pas forcément “absence de variations et d’originalité”. Comme les autres épisodes de la franchise, Judgment repose certes sur une structure similaire mais apporte son lot d’éléments inédits pour mieux coller à son contexte. En bon détective privé, Yagami fait vivre son agence en acceptant à peu près tous les types de requêtes, du chat errant à la disparition, en passant évidemment par quelques adultères. Une variété de situations qui trouvent écho dans plusieurs mécaniques de gameplay.  Ainsi, de nombreuses séquences de filature, d’infiltration, de course-poursuite et d’enquête émaillent la progression du détective. Classiques et efficaces, bien que rapidement répétitives, même s’il faut noter des efforts durant les phases d’enquête, permettant de varier les plaisirs entre observation pédestre, photo à la volée ou surveillance à l’aide d’un drone. Jamais exigeantes, autant d’un point de vue réflexe que réflexion, ces phases ont le bon goût d’oxygéner le cassage de bouche au moins le temps que la routine s’installe à nouveau. Yagami roule certes pour le côté lumineux, mais entre les effractions, destructions de biens publics, utilisation de drones illicites et quelques autres, les racines de Yakuza ne sont jamais bien loin. Finalement, la nuance est surtout dans le déroulement des choses. Là où Kiryu aurait remonté à contre-courant et à grands coups de latte un flot d’opposants jusqu’à la source du problème comme un petit saumon berserk, le limier fait preuve d’un peu de subtilité avant que n’éclate la grosse bagarre. Deux salles, une ambiance.


Retrouvez la critique complète sur le site ---> https://www.fwiw.fr/jeux-video/judgment/

TeamFwiw
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Créée

le 18 mai 2021

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