Critique garantie 100% sans divulgâchage


Il m'aura fallu de nombreux mois pour terminer le Sanglot des Cigales, du moins les 4 premiers chapitres auxquels ce tome correspond. Un élément essentiel à savoir : c'est très long ! Mais comme un excellent bouquin, la longueur n'est pas un problème si la qualité est là ; et ici, la qualité est bel est bien présente.


Une rapide présentation s'impose


Je ne parlerai pas de l'histoire, hormis le synopsis, afin de ne rien divulguer. De toute façon, si j'ai un conseil à vous donner, c'est de ne surtout RIEN chercher sur ce jeu s'il vous intéresse, ni sur youtube, ni sur wikipedia, car il est très facile de se faire spoiler des éléments essentiels de l'intrigue. Et vu que le principal intérêt d'un visual novel, c'est son histoire, autant vous dire que ça vous gâche tout le jeu. Tout ce que vous avez à savoir, c'est que vous incarnez un adolescent qui arrive dans un village tout ce qu'il y a de plus parfait, sauf que certaines choses louches, voire sordides, se trament au sein de ce village. Mais ce n'est pas simplement une histoire horrifique, comme je le précise plus loin, l'histoire est très riche et multiple et les émotions que l'on ressent le sont autant.


Le Sanglot des Cigales est découpé en 8 chapitres (4 chapitres dans celui-ci et 4 autres dans Le Sanglot des Cigales R). Ces 4 premiers correspondent au cycle des énigmes et les suivant forment le cycle des résolutions. Chaque chapitre vous occupera une bonne dizaine d'heures au bas mot. Et que ferez-vous pendant ces dizaines d'heures ? Vous lirez. Vous lirez uniquement. Il n'y a aucune interaction dans ce visual novel, c'est vraiment comme un bouquin avec des images, des bruitages et de la musique.


Un récit poignant et une montagne russe d'émotions variées


J'ai été fortement marqué par le Sanglot des Cigales. En fait, j'ai rarement été marqué à ce point par une oeuvre. On passe par toutes les émotions en les ressentant au plus profond de soi. J'ai vécu les moments d'épouvante, comment rarement j'en ai vécu, avec des gros frissons dans le dos, les poils dressés sur tout le corps et un sommeil sacrément perturbé pendant une période. Les moments plus légers font sourire, voire franchement rire et les passages épiques (qui peuvent facilement tourner au comique... oui c'est japonais quand même, ne l'oublions pas) réussissent à donner des frissons d'excitation et vous empêchent d'arrêter de lire, même à 1h du mat' !
Il est impossible de réduire cette oeuvre à un seul genre. Il y a tellement de choses dans ce visual novel qu'on pourrait à la fois le classer dans l'aventure, dans le drame, dans l'horrifique ou même dans comique. Il est tout cela à la fois.


Pendant la lecture, j'ai vécu à Hinamizawa


Pendant les quatre tomes, on apprend à connaître tous les personnages qui gravitent autour de Keiichi, le personnage principal, y compris Keiichi lui-même. On suit de nombreux moments du quotidien de ces personnages, ce qui nous pousse à nous y attacher particulièrement. Ces moments peuvent paraître un peu longs par moment (surtout au début du 1er tome) et on se demande pourquoi on voit tout ça alors que ça semble parfaitement inutile. Mais j'ai rapidement compris que ces passages nous permettent de vivre leur quotidien par procuration ; on les suit, on vit avec eux d'une certaine manière et, de ce fait, on s'attache aux même rituels qu'eux, aux mêmes habitudes. Et c'est là une des grandes forces de ce VN : on s'attache tellement aux personnages et à leurs vies que l'immersion est particulièrement forte. C'est d'autant plus vrai au fur et à mesure qu'on avance dans les chapitres.


Cette immersion aide grandement à installer une ambiance extrêmement réussie. Ahhh, mais cette ambiance !! A chaque fois que je relance le jeu après un pause, je souris jusqu'aux oreilles en entendant tel bruitage bien connu ou en revoyant tel personnage. Le village de Hinamizawa est terriblement attachant et il prend une toute autre couleur lorsqu'on avance dans l'histoire. Les personnages qu'on y rencontre, comme les situations, sont extrêmement marquants. Les bruitages aident particulièrement à poser cette ambiance, qu'elle soit légère, émouvante ou horrifique.
De même, l'excellente traduction française (malgré pas mal de fautes, quand même) donne rapidement le ton et on a vraiment l'impression que ça a toujours été écrit en français.


[Petite parenthèse : le traducteur a passé plusieurs années de sa vie à traduire ce jeu, il s'est donné un mal de dingue et le résultat est vraiment excellent (hormis les fautes). Alors je ne peux que vous conseiller de l'acheter (il est sur amazon). La version Steam est uniquement en anglais et elle est plus chère.]


Génial, mais pas parfait


A part cela, les dessins sont moches. Ça choque un peu au début (pas mal même), mais on s'y fait et on finit par les apprécier. Il existe une version avec les personnages redessinés (la version Steam), mais même si le dessin est effectivement plus fin, on perd en qualité sur la transmission des émotions. Donc je préfère malgré tout la version d'origine. Autre point négatif, la musique, surtout dans les premiers tomes, qui à tendance à taper un peu sur les nerfs à force de l'entendre pendant des heures. Mais heureusement, de nouvelles pistes viennent s'ajouter au fur et à mesure et certaines d'entre elles sont vraiment superbes. Autre point à noter, certains passages particulièrement longs auraient tout de même gagné à être raccourcis.
Enfin, dernier défaut que j'ai noté dans le Sanglot des Cigales, c'est l'inégalité entre les chapitres. Personnellement, j'ai trouvé les 2 premiers absolument formidables (ils me marqueront à vie), mais les 2 suivants étaient nettement en dessous. Mais là, c'est une affaire de goût et je sais que tout le monde n'est pas du même avis.


Au final, le Sanglot des Cigales est marquant à plus d'un titre. Je ne peux que le recommander, pour peu que vous ayez envie de plonger pendant bien 50 heures (pour les 4 premiers chapitres) à Hinamizawa. Dans tous les cas, si vous vous lancez dans l'aventure, vous ne le regretterez pas !


(Critique de la deuxième partie : https://www.senscritique.com/jeuvideo/Le_Sanglot_des_cigales_R/critique/117981927)

Créée

le 22 sept. 2017

Critique lue 1.3K fois

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