La fin d'une ère

Pokémon Rouge, Pokémon Bleu, Pokémon Jaune... Trois jeux dont je me souviendrai toujours et qui ont pratiquement bercé mon enfance. Tant d'heures passées à jouer à la GameBoy en plein milieu de la nuit, à capturer de nouveaux Pokémons et à les faire évoluer. Tant d'heures passées à débattre de la meilleure équipe Pokémon avec les camarades de l'époque, à essayer de convaincre mes parents de me laisser regarder l'animé avant de manger le repas du soir, à collectionner des cartes Pokémon à la cour de récré.

Les débuts d'un empire

Pour ceux d'entre nous qui ont vécu la Pokémania, Pokémon n'était pas qu'un simple jeu vidéo : c'était un mode de vie. On mangeait Pokémon, on buvait Pokémon, on rêvait Pokemon, ... Un phénomène qui touchait tout le monde à l'époque, à l'exception des rares chanceux qui n'avaient pas d'enfants.

Et du coup, difficile de rédiger une critique sur cette première génération de jeux Pokémon sans penser au contexte de l'époque, car Pokémon Rouge, Bleu et Jaune sont irrémédiablement associés à ce fameux phénomène de société appelé Pokémania. Et c'est d'autant plus difficile d'avouer, 20 ans plus tard, que ces trois jeux ont un peu mal vieilli.

Tu viens d'avoir 10 ans ? Il est l'heure pour toi de quitter ta famille et de vagabonder à travers le pays !

Pokémon Rouge est un jeu de rôle japonais où l'on incarne Red, un gamin de 10-12 ans qui habite avec sa mère dans un petit village paumé de la région de Kanto. Le professeur Chen, un spécialiste des Pokémons, habite et travaille dans le même village que vous. Plus jeune, il avait un rêve : répertorier les 151 Pokémons de la région dans le but de créer une encyclopédie Pokémon. Et c'est en Red qu'il voit le parfait pigeon pour réaliser son rêve !

Le reste du scénario... tient sur un post-it. La série n'est pas réellement réputée pour son histoire ou ses personnages : tout n'est que prétexte pour vous envoyer découvrir le monde, capturer des Pokémons et affronter d'autres dresseurs Pokémon lors de combats « stratégiques ». Rien de réellement passionnant, mais c'était suffisant à l'époque. Personne ne jouait à Pokémon pour son histoire ; on y jouait pour son gameplay.

Le temps remet tout le monde à sa place

Mais force est de constater que le gameplay de cette première génération a mal vieilli... Comme mentionné ci-dessus, difficile de critiquer de manière objective un jeu qui évoque systématiquement plein de souvenirs liés à une époque d'insouciance : celle de l'enfance.

Commençons par ce qui saute aux yeux dès les premières minutes : les graphismes en situation de combat sont mauvais. Les sprites des Pokémons sont plutôt moches et on peut encore s'estimer heureux : les Etats-Unis et l'Europe ont bénéficié des sprites retravaillés pour la version bleue japonaise. Les sprites originaux des versions rouge et verte sorties au Japon sont encore plus hideux. Quant aux sprites des Pokémons qu'on envoie au combat et que l'on voit de dos, ils ne ressemblent à rien. Certains sont plutôt réussis, mais la plupart sont des désastres. C'est très inégal de ce côté-là.

Quant à l'OST, elle n'est pas si mémorable que ça ; je m'en rappelle encore vingt ans après car j'ai passé des centaines d'heures sur ces trois jeux. Logique qu'on se souvienne tous de l'OST après tout ce temps... Seuls quelques thèmes sortent réellement du lot, comme le thème principal, celui des maîtres d'arène, de Blue ou du Plateau Indigo . Le reste de l'OST est passable, sans plus.

Mais ce qui m'a le plus choqué en redécouvrant Pokémon Rouge, c'est le manque de diversité et d'options. On a droit à un JRPG au tour par tour en 1v1 extrêmement monotone et avec un minimum de challenge :

• il n'est pas nécessaire d'avoir une équipe équilibré pour gagner ;


• on spamme sans cesse les attaques les plus puissantes dont on dispose ;


• capacités de buffs et debuffs inutiles ;


• pas de réelle stratégie lors des combats ;


• on affronte constamment les mêmes Pokémons et leurs évolutions ;


• les CT sont à usage uniques ;


• impossibilité de supprimer des capacités ;


• pas de système de reproduction ;


• des bugs très gênants.

Énormément de petits soucis, que je pardonne en partie car il s'agit du tout premier jeu d'une licence qui a su rectifier le tir au fil du temps, mais des soucis malgré tout. Le jeu est toujours aussi agréable à parcourir, mais ces petits défauts viennent quand même ternir l'image parfaite que je me faisais de cette première génération de Pokémon.

La fin d'une ère

Je me répète pour la troisième fois ; pas facile pour moi de donner un avis objectif sur le premier gros succès de Game Freak. Le phénomène Pokémon ne se limitait pas qu'à une simple cartouche de GameBoy ; c'était bien plus que ça. En replaçant Pokémon Rouge dans le contexte de l'époque, je lui redonnerai un 9/10 sans hésiter.

Mais le temps passe, les modes viennent et disparaissent et Pokémon Rouge n'est plus le maître incontesté qu'il était autrefois. D'un point de vue objectif, Pokémon Rouge ne mérite pas plus de 6/10 : le gameplay est trop pauvre pour mériter plus... Malgré cela, je trouve que le concept de base (attraper, collectionner, faire évoluer ses Pokémons) est toujours aussi prenant 20 ans après. Un concept qui arrive toujours à me faire retomber en enfance à chaque fois que j'y repense ; allez, la nostalgie, ça mérite quand même un petit point de plus ;)