Une version PC mal équilibrée

Returnal mérite bien les louages qu'il a reçu lors de sa sortie sur PS5, et je ne m'étendrais pas trop sur les qualités d'un titre que vous connaissez sans doute. En un mot, c'est un très bon jeu d'action, et si j'avais peur d'un certain manque de profondeur dans les combats, ces derniers parviennent très bien à se renouveler grâce aux armes, modificateurs et une génération semi-procédurale intelligente (les arènes se distinguent très bien entre elles, et ont un vrai sens du level design). Les boss en particulier sont à saluer, avec leurs attaques aussi dévastatrices qu'impressionnantes visuellement. De ce côté aussi, le titre est un sans faute. Très réussi techniquement, le jeu brille par sa DA, où chaque biome et chaque statue transpire le mystère de ce monde perdu. J'amènerais peut être une réserve sur l'exploration, trop permissive, qui permet au joueur de fouiller chaque recoin un peu trop à son aise, mais ce n'est absolument pas rédhibitoire.

Donc tout est pour le mieux, mais la version PC amène deux problèmes. Le premier, c'est des bons vieux crash comme on en faisait plus. Mais bon, ça arrive. Le second, c'est l'équilibrage. Comme tout rogue lite, Returnal base sa progression sur un challenge d'abord supposément insurmontable, puis tempéré par améliorations et connaissance du joueur. Et sur console, Returnal était visiblement assez sévère à ce niveau. Sur pc, en revanche, la précision du couple clavier/souris change la donne, au point de permettre au joueur relativement aguerri de rouler sur le jeu. En 8 heures et demi et 4 game over, le boss final avait passé l'arme à gauche. D’habitude, cela ne m'aurait pas posé problème, je suis pas friand de la répétition des rogue lite et 8 heures réussies comme ici valent mieux que 20 qui trainent en longueur. Mais il est très clair que le jeu n'a pas été pensé pour une progression éclair. Sur les 18 objets à débloquer, j'en ai obtenu 3. J'ai également récupéré la majorité des progressions permanentes dans ma dernière run, alors que certains permettent de visiter des lieux inaccessibles dans les mondes précédents. Mais ce qui m'a le plus dérangé, car c'était le plus visible, c'est le scénario qui se casse un peu la gueule. Il avait l'air sympa, mais j'ai un peu eu l'impression d'en louper la moitié. Le personnage principal a évolué de manière très étrange durant les dernières heures une bonne partie du contexte manquait à l'appel (le jeu étant assez cryptique, je ne sais pas à quel point, mais je sais avoir manqué plusieurs séquences narratives et des audiologs). Enfin, j'aurais voulu simplement passer un peu plus de temps dans les mondes du jeu et les apprivoiser plutôt que de passer en coup de vent pour fumer un boss. Si la difficulté dépend en fonction des joueurs, je ne pense pas être exceptionnellement doué, en tout cas pas assez pour ne pas parler d'un véritable problème d’équilibrage.

Il est vrai que rien n'empêche de relancer une partie après avoir battu le boss final, c'est même nécessaire pour choper la vraie fin. Mais déjà, elle nécessite de trouver des objets qui apparaissent de manière aléatoire et non garantie à chaque cycle (je le ferais sans doute un jour, mais j'aime pas tellement grinder ma fin), et mon intérêt à tendance à diminuer dans les jeux du style après avoir surmonté le dernier challenge; on a vu à ce point l'intégralité du contenu, qui certes change toujours un peu à chaque run, mais plus de manière très significative, et la difficulté à surmonter n'est bien sûr plus une motivation.

Pour profiter au mieux du jeu, je vous dirais donc bien de jouer à la manette, mais ce serait se priver de la prise en main impeccable de la version pc. C'est un choix. Si persister un peu après le boss de fin ne vous dérange pas, une partie des problèmes pourraient s'en retrouver amoindris. Et du reste, Returnal reste un superbe jeu d'action, soigné sur tous ses aspects et qui évite d'être rongé par du contenu inutile. Pour un triple A, c'est pas si courant.