Chaque moment de la vie ouvre de nouvelles possibilités. Chaque décision ouvre de nouveaux horizons... mais à la fin, bon, bin, on travaillera tous pour SpaceX (ou Amazon, au choix). Telle pourrait être la morale désespérée de The Alters, mon immense coup de cœur de cette année pour l’instant.
La deuxième tentative fut la bonne avec ce jeu. Après une première tentative d’environ 5 h, je l’avais laissé de côté, ayant de la peine à comprendre certaines mécaniques. Je croyais ne pas être à la hauteur de ce jeu. En réalité, non : The Alters est, je trouve, assez mauvais dans sa "tutorialisation". Le prologue n’explique clairement pas assez d’éléments de gameplay. Si vous êtes hésitants ou que vous avez eu de la peine, sachez que l’acte 1 est le véritable tutoriel du jeu. Et, surtout, n'hésitez pas à aller chercher de l'aide
Je ne vous refais pas le pitch : blabla, on se clone, blabla, ça crée des problèmes.
C’est une alliance étrange entre jeu de survie avec des éléments de gestion (mais légers), où tout semble être au service d’une narration riche et à embranchements. C’est philosophique, sombre, impitoyable.
La gestion des Alters, c’est ce qui fait la particularité de ce jeu. Ce ne sont pas de simples PNJ de jeu vidéo, mais de véritables interlocuteurs, avec leurs points de vue et leurs besoins. Même si je n’ai qu’une maigre expérience de Frostpunk, on peut dire que 11 bit studios aime nous mettre devant des choix cornéliens (et donc forcément tragiques), dont l’adage pourrait être : « à vous de choisir la solution la moins pire ».
Il faut sans cesse gérer plusieurs choses en même temps, en sachant que tel choix plaira à certains et déplaira à d’autres.
Alors évidemment, dit comme ça, on pourrait croire que c’est un simulateur de vie d’adulte et qu’on n’a pas forcément envie de rentrer du travail pour jouer à « relations humaines impossibles – le jeu ». Mais je vous prie de me croire : il y a quelque chose d’absolument génial là-dedans.
Jamais je n’ai été autant pris par une histoire de cette manière : par le stress et par les tripes. Chaque réponse, chaque ressource, chaque recherche scientifique, chaque recoin de la map que l’on explore, tout semble (ou du moins donne l’illusion) d’avoir une importance pour la suite de l’aventure.
The Alters n’est clairement pas parfait : il "tutorialise" mal, il est plein de bugs (j’ai eu des menus qui refusaient de disparaître et des PNJ avec lesquels je devais interagir sans y parvenir) et l’exploration est aussi un peu bancale. Peut-être aussi important de préciser : ce n’est clairement pas un jeu inclusif. C’est un jeu de mâle blanc trentenaire+ qui a des problèmes avec son passé et ferait mieux d’aller chez le psy pour s’apaiser plutôt que de s’enfermer dans la haine de soi. Et c’est peut-être parce qu’il est si spécifique dans les thèmes qu'ils abordent qu’il m’a touché en plein cœur. J’avoue reconnaître mon privilège de pouvoir jouer à un tel jeu « taillé pour moi ».
Même si ce dernier point est totalement regrettable, The Alters correspond aussi à une vision que je pourrais avoir du jeu vidéo que j’apprécie : un AA qui place au centre une idée de gameplay inédite sur laquelle se bâtit un solide arc narratif. L'idée centrale semble avoir été : créer un jeu unique. Un jeu avec de l’ambition, en somme.