The Elder Scrolls V: Skyrim par GabrielTelmal
Certains jeux marquent l'histoire à tout jamais, nul doute que le dernier Elder Scrolls de Bethesda en fait partie. Culte dès sa sortie, Skyrim annonce une nouvelle ère dans l'évolution du jeu vidéo et devient un véritable phénomène culturel pour toute une génération de joueurs.
Les JDR ont toujours étaient présents dans l'histoire du jeu vidéo, déjà dans le premier Zelda les joueurs esseulés fouillaient des donjons interminables programmés en 8 bits qui ont servis de fondations à des univers toujours plus vastes, toujours plus denses et complexes. La difficulté étant de développer fidèlement des mondes potentiellement sans fin, basés sur l'imaginaire heroic fantasy, qui serviront ensuite de fond sur lequel construire une nouvelle expérience de jeu à la fois originale et ludique.
Pour l'aspect visuel, le studio a reprit son moteur graphique Gamebrio utilisé sur le précédent opus Oblivion, ainsi que sur Fallout 3 et New Vegas, et l'a perfectionné pour obtenir le Creation Engine. Le résultat est innovant : plus de profondeur de champ, des textures améliorées, des détails à la pelle, ce qui donne vraiment l'impression d'évoluer dans un monde immense et extrêmement détaillé .
Le gameplay main gauche / main droite est jouissif quel que soit votre type de personnage. Plus tactique en combat : bouclier dans la main gauche, arme à une main dans la droite, ou gros barbare : une arme dans chaque main ou une arme à deux mains, un sort différent dans chaque main pour les mages, avec la possibilité d'équiper les deux mains du même sort ainsi plus puissant. Quand à l'affichage, il est plus épuré que dans les précédents épisodes ce qui laisse une meilleure visibilité.
En ce qui concerne le contenu (les aspects visuels c'est bien beau... mais pas crucial pour un JDR), la vie animale est omniprésente, les PNJ sont très nombreux et de gros efforts ont été fait sur l'IA. C'est encore plus impressionnant dans les villes où ils donnent une réelle impression de population vaste et active. Certains vous parlerons tout en continuant leur activités initiales, même leurs conversations sont agréables et intelligentes mais surtout variables; c'est-à-dire amicales ou hostiles grâce à l’algorithme Radiant Story du studio capable d'anticiper toutes les branches scénaristiques du jeu selon vos actions.
C'est bien sûr grâce au game design que Bethesda crée une vraie révolution. Fort de ses expériences passées sur la franchise Fallout et les précédents Elder Scrolls, le studio donne naissance à un nouveau type de jeu où la liberté d'action est totale. Pour bien saisir ce concept, il est important de comprendre que l'on retrouve dans la plupart des RPG et J-RPG un game design strict, où l’expérience de jeu reste rigoureuse et scénarisée afin de permettre au joueur de ne pas s’éparpiller et de profiter pleinement de son personnage et d'une histoire pertinente. Pourtant Skyrim ne soumet pas ses joueurs à beaucoup de règles, à part quelques limites implicites (exemple : ne pas tuer d'enfants), limites elles-mêmes aisément contournables. Il est donc simple de modifier la nature intrinsèque du rôle play, on accède à une liberté absolue sur le jeu.
Or le concept même de liberté absolue est paradoxal. A t-il même un sens ? Offrir au joueur une expérience de jeu totalement libre ne revient-il pas à l’empêcher d'en bénéficier, lui fournir une expérience vide de sens ? En effet, profiter d'une liberté infinie est contradictoire pour un être (réel comme virtuel) aux actions finies, autrement dit la liberté est une fin en soi, seulement possible dans la stricte observation des règles.
Dans le cas de Skyrim, le studio américain à délibérément fait le choix de procurer cette liberté absolue sur le game design aux joueurs car elle leur permet d'imposer leurs propres limites, de créer leurs propres cadres de jeu. C'est donc au joueur de façonner l'environnement dans lequel il souhaite évoluer, de tempérer cette liberté afin de composer sa propre expérience de jeu selon ses goûts et ses envies.
Le jeu s'inscrit dans la lignée de Morrowind et Oblivion, clairement orienté sandbox, mais à la différence de ce type de jeu, Skyrim réinvente le concept puisqu'il ne s'agit pas seulement de permettre aux joueurs de déterminer l'objectif et la durée de vie, mais de développer son contenu, de manière évolutive et innovante, pour garantir une expérience immersive et épique, toujours nouvelle.