Cover 1993 au cinéma (du meilleur au pire)

1993 au cinéma (du meilleur au pire)

Un après-midi fort ramolli d'octobre 2018, le souvenir de Jurassic Park m'est revenu en tête. Pas un souvenir bien lointain puisque je l'ai revu un bon nombre de fois, mais cette fois-ci, je me suis rappelé que c'est en octobre qu'était sorti le film. Et je me suis alors demandé : octobre de quelle ...

Afficher plus

Liste de

89 films

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

Trois couleurs : Bleu
7.2

Trois couleurs : Bleu (1993)

Trzy kolory: Niebieski

1 h 34 min. Sortie : 8 septembre 1993 (France). Drame, Romance, Musique

Film de Krzysztof Kieslowski

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

Présent dans mon top 10.
Parce qu'en tant qu'expression de la perte (a-t-on vu plus éloquent, plus déchirant ?), en tant qu'hymne à la survie (aidé par Binoche dans la performance de sa carrière), et hymne à la musique (écouter Preisner et mourir), c'est tout juste monumental. Comme cette fin : qui sait apprécier les imposants et bruyants partis pris esthétiques (omniprésence de l'ensorcelante Symphonie pour l'unification de l'Europe, jeux d'éclairages et chromatiques, en gros, maniérisme de classe internationale) du premier opus de l'ambitieuse trilogie des Trois Couleurs du regretté Kieslowski sera transporté par son final, du même acabit. Le plan final, composé du reflet des arbres noirs et d'un ciel bleu d'aube sur la vitre derrière laquelle pleure le visage de Juliette Binoche caressé par la lueur faible d'un éclairage d'intérieur, est un chef-d'oeuvre à lui tout seul.

Jurassic Park
7.6

Jurassic Park (1993)

2 h 07 min. Sortie : 20 octobre 1993 (France). Aventure, Science-fiction

Film de Steven Spielberg

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

A failli intégrer mon top 10, pour être remplacé, au dernier moment, par je-ne-sais-plus quel autre suprême classique du divertissement spielberguien (peut-être Indiana Jones et la Dernière croisade).
Quand on est un apprenti-cinéphile de onze ans biberonné à l'entertainment hollywoodien, il est difficile de ne pas placer illico Jurassic Park dans son panthéon personnel tant ce dernier est un bijou du genre. Quel genre ? Celui qui fait voyager le spectateur, aussi tarte que paraisse l'expression. Celui qui lui fait voir du jamais vu. Celui qui le plonge dans un état d'excitation que seule l'aventure avec un grand A est capable de susciter. Et ce dès l'arrivée en hélicoptère à Isla Nublar, sur le thème sensationnel de John Williams, peut-être LE moment qui m'a fait adorer le cinéma ("épique" est le terme). Bien sûr, on peut lui reprocher son édulcoration du roman de Crichton, qui était de toute façon attendue : JP étant un film de Spielberg, aucun des deux gamins, ni le vieux milliardaire jovial, ni le mathématicien comique, ni le couple d'archéologues (presque conçu pour se retrouver à la fin dans un grand moment passionnel) ne pouvaient y passer. Mais onc' Steven n'étant pas un manche, il a quand même réussi à trousser un PG-13 ponctué de quelques beaux coups de stress, dont certains sont qualifiables d'horrifiques (la mort salissante de Nedry, la poursuite d'Ellie par la maman raptor, etc.). Et ne parlons pas de l'emballage : à l'exception de l'apparition ratée du premier dinosaure (on ne parle pas du dino en lui-même mais de toute la mise en scène), JP, c'est du grand spectacle dénué du moindre temps mort malgré sa longueur (plus de deux heures), dès le préambule spectaculaire comme Spielberg les aime. Ajoutez à cela des personnages impeccablement caractérisés (dont des enfants pas chiants, soit une rareté historique) et des effets spéciaux mécaniques rappelant que les FX devraient être restés une conjugaison de mécaniques et de CG, et vous avez un winner.

La Liste de Schindler
8.1

La Liste de Schindler (1993)

Schindler's List

3 h 15 min. Sortie : 2 mars 1994 (France). Biopic, Drame, Historique

Film de Steven Spielberg

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

Deux grands Spielberg à quelques mois d'écart dans deux registres diamétralement opposés : 1993, ou l'état de grâce du cinéaste, la consécration d'une carrière inégale (après tout, JP et Schindler ont été précédés des très oubliables Always et Hook, et suivis des tout aussi oubliables Monde Perdu et Amistad...). Alors, Schindler n'est pas LE chef-d'oeuvre de Spielberg. Sa pluie d'Oscars m'a même un peu ennuyé, à une époque, pour son côté "ça parle de la Shoah, donc ça mérite un prix", alors qu'un E.T. n'est pas moins méritant sous prétexte qu'il parle de bébêtes de l'espace. Mais le fait est que toute pose intello mise de côté, Schindler est un chef-d'oeuvre. Ce que j'aime par-dessus tout, dans ce film, au-delà de sa "nécessité" relevée par tout le monde, c'est que Spielberg, tout traumatisé qu'il a été par l'expérience, n'en a pour autant pas oublié de faire du cinéma, avec des effets de cinéma, avec sa maestria du storytelling (bon, c'est peut-être devenu un lieu commun, mais la petite fille en rouge, c'est du génie), rappelant que le cinéma est avant tout une mise en scène : dès la deuxième scène de Neeson, où son Schindler observe en silence les officiers nazis festoyer sur le classique Por una Cabeza, tout a de la gueule. La descente meurtrière de SS dans le quartier juif alors qu'un d'eux joue du Bach au piano est un autre exemple. Tout cela évidemment sans minimiser le drame. Au contraire : en troisième exemple, on prendra la scène de l'exécution de l'architecte, qui impose subtilement au spectateur de regarder ce qui se produire, sans échappatoire possible, c'est-à-dire une femme assassinée alors qu'un de ses bourreaux boit son café, comme si c'était un lundi matin. En parlant de minimisation, je ne me rangerai naturellement pas du côté des chouinards qui reprochent je-ne-sais-quoi à la scène des douches : non, ce n'en est pas une. Et en parlant de bourreau, Ralph Fiennes ne recevant pas l'Oscar du meilleur second rôle (au profit de Tommy Lee Jones dans Le Fugitif ?!) est une des plus grandes arnaques de l'histoire de l'académie. Le seule reproche que j'aurai à faire au film, sur ses 3h15, c'est la scène où Schindler craque face aux survivants : sans, ça aurait été encore plus fort. Mais c'est bien peu à côté, par exemple, du fameux "bien absolu" de Ben Kingsley...

True Romance
7.4

True Romance (1993)

1 h 59 min. Sortie : 3 novembre 1993 (France). Thriller, Action, Romance

Film de Tony Scott

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

Énorme classique du thriller US de la fin des années 80, début des années 90, rétrospectivement considérable comme un énorme classique du cinéma pulp, annonçant, via ses dialogues, l'arrivée tonitruante de Tarantino dans le paysage cinématographique mondial, mais bénéficiant aussi de la mise en scène TRÈS visuelle d'un Tony Scott au top de sa forme (pré-barrage en couille des années 2000). Il ne faut rien de moins qu'une conjugaison en parfaite harmonie de talents pour monter un film qu'on peut voir comme une frénétique succession de moments cultes (la déclaration d'amour d'Alabama sur les toits, la scène du repère de Drexl avec un Oldman hallucinant, la coucherie country dans la cabine téléphonique, la confrontation Walken/Hopper sur le somptueux Duo des fleurs de Léo Delibes, la confrontation Gandolfini/Arquette, rare exemple de baston H/F où la gazelle l'emporte de façon crédible sur le lion, le duo comique inattendu des deux flics, dont un Sizemore sous coke, la scène de l'ascenseur avec un Bronson Pinchot hilarant, la confrontation avec Saul Rubinek en producteur pourri, clairement le rôle de sa vie, la fusillade finale que Scott reprendra sans imagination pour Ennemi d'État...). Autant de scènes à la fois intenses et désopilantes, précoces présages d'un dialoguiste de génie. Damn, ça commence dès ce topissime générique d'intro, où se conjuguent l'adorable voix-off d'Arquette, les plans de Detroit, et... la musique de Hans Zimmer, un peu négligée par ses fans, trop occupés par les Nolan, mais bijou d'une grande originalité qui participe indéniablement du caractère unique de True Romance. "Elliot. Est-ce que j'ai l'air d'une pute avec de gros nichons et le cul parfumé à la vanille ?"

L'Impasse
8.1

L'Impasse (1993)

Carlito's Way

2 h 24 min. Sortie : 23 mars 1994 (France). Gangster, Drame

Film de Brian De Palma

Scaar_Alexander a mis 9/10.

Annotation :

Soyons fou : De Palma n'a-t-il pas réalisé ses deux plus beaux films avec Al Pacino ? Après L'Impasse, et à ce jour, il ne réalisera qu'un seul bon film (son Mission Impossible), et ni l'immense Carrie, qui l'a révélé, ni ses excellentes Hitchcockeries (Dressed to Kill, Body Double, Obsession...), ni le brillant exercice de style qu'est Blow out ne firent autant d'effet que Scarface. Et que l'on ne me parle pas des Incorruptibles, dont la mise en scène ne dissimule pas la grossièreté du scénario (Mamet, sérieusement ?). Mais les choses sont plutôt bien faites : L'Impasse peut être vu comme le pendant assagi au chien fou Scarface. C'est un testament à la fois du génie du cinéaste (fané, comme la plupart) et du talent de son acteur, alors en pleine résurrection après sa traversée du désert de la seconde moitié des années 80. Ici, il est d'une classe absolument inégalée (bien aidé par la sape d'Aude Bronson-Howard, costumière que l'on retrouvera un peu plus bas dans cette liste, à l'occasion du... Temps d'un Week-end, avec... Pacino), il dévore l'écran, et quand De Palma le place avec le méconnaissable Sean Penn dans le même plan, ça fait des étincelles. À la fois film de gangsters brut et portrait intimiste très romantique, tragédie grecque sur le déterminisme et divertissement aux dialogues parfois très drôles, ce De Palma a la totale. Fun fact : après True Romance, qui normalement se trouve ci-dessus, c'est le deuxième film de 1993 à utiliser l'exquis Duo des fleurs de Delibes. Note : où est passée Pénélope Ann Miller, déjà ? Ce sont les échecs commerciaux de The Shadow et Relic qui l'ont grillée ?

À toute épreuve
7.6

À toute épreuve (1992)

Lat sau san taam

2 h 08 min. Sortie : 16 juin 1993 (France). Action, Policier, Thriller

Film de John Woo

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Le premier John Woo à bénéficier d'une sortie en France... et comme les choses sont bien faites, la France l'a bien senti passer. Quand on pense au Woo pré-Hollywood (c'est-à-dire pré-catastrophe ? Bon, ok, il y a le génialement kitsch Volte Face...), quatre grands titres sortent du lot : Le Syndicat du crime, Une balle dans la tête, The Killer, et celui-ci. Mais sont surtout restés en mémoire The Killer, croisement cultissime d'un opéra de Wagner, d'un film de gangsters, et d'un mélodrame typiquement hongkongais, et Une balle dans la tête, véritable "Voyage au bout de l'enfer" du cinéaste, sans doute son film le plus personnel et abouti. À côté de ces deux-là, À toute épreuve parait un peu artificiel, concentré davantage sur la forme que sur le fond, malgré le rôle dramatiquement substantiel du flic infiltré, joué à la perfection par un Tony Leung en grande forme. Mais... en quoi divertir sans grand message est-il problématique ? À toute épreuve, c'est, sur le plan technique, le film-somme de la carrière de Woo, dont l'objet unique est d'en mettre plein les mirettes : c'est presque une fusillade continue, génialement démesurée, que dis-je, épique, que nul ne tentera d'égaler par la suite (sauf Tony Scott, peut-être... ?). C'est la récréation absolue pour le pop-corneur fan de boum-boum intelligent, menée par un trio d'acteurs au top de leur forme (ajoutons à Tony Leung Chow Yun-Fat, charismatique "action hero", et Anthony Wong, dont le cabotinage en vilain méchant est parfaitement réjouissant). Merde, tout ça me donne envie de le remater. Où est l'édition blu-ray, au juste ?

Un jour sans fin
7.3

Un jour sans fin (1993)

Groundhog Day

1 h 43 min. Sortie : 28 juillet 1993 (France). Comédie, Fantastique, Romance

Film de Harold Ramis

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Bon, pas grand chose à dire sur ce film, au sujet duquel on a de toute façon tant dit, et que l'on a aussi tant pompé (bien qu'il ne fut pas le premier à fonctionner sur la répétition d'une journée, vérité trop souvent oubliée !), souvent en mal, parfois en bien (cf. Edge of Tomorrow, Happy Birthdead, ou encore cet épisode de X-Files avec Joe Morton...). C'est toujours une des meilleures comédies des années 90 (parce qu'avec le temps, on aurait pu finir par trouver ça ringard), forte de l'irrésistible présence de Bill Murray, en totale maîtrise de ses effets comiques, et du scénario super-malin de Ramis et Rubin (les films exploitant ce ressort se plantent en général en échouant à faire faire à leurs personnages ce que le spectateur moyen ferait dans leur situation, mais pas celui-ci). Multiplicity est une excellente comédie bien trop négligée, mais en dehors de ça, Ramis ne sera plus jamais à deux doigts de retrouver une telle forme. Du coup, je me permets une critique : le film aurait pu se doter d'un meilleur "love interest". Andie McDowell fait bien le job, mais le personnage de Rita n'est pas sympathique à 100%. Quand elle dit "je ne bois qu'à la paix dans le monde", on a envie de lui dire "ben écoute, t'as qu'à boire toute seule, connasse"...

Le Fugitif
7.1

Le Fugitif (1993)

The Fugitive

2 h 10 min. Sortie : 1 septembre 1993 (France). Drame, Thriller, Action

Film de Andrew Davis

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Le Fugitif, ou un rare exemple d'adaptation ciné réussie - à tel point qu'on oublie souvent qu'il s'agit d'une adaptation. Il faut attendre vingt minutes pour comprendre qu'on a affaire à un thriller de haute volée, avec l'arrivée de Tommy Lee Jones, qui ne sera jamais aussi charismatique (il méritait juste moins l'Oscar que Ralph Fiennes...). Pas que ce qui précède n'est pas de qualité, mais on SAIT que Harrison Ford va faire un excellent boulot (l'empathie du public avec son personnage est immédiate), donc rien d'étonnant, et ce n'est que la mise en place (à la narration fort bien maniée au passage). Quand débarque le pugnace Samuel Gerard, le film révèle a) son "effet spécial" avec son interprète, b) sa touche humoristique, notamment dans ses interactions souvent géniales avec son équipe, assez bien caractérisée ("les laisse pas t'emmerder avec ta queue de cheval"), et c) qu'on a affaire à un film qui a du caractère. Combinaison de talents : d'abord, on néglige également que le scénario a été écrit par le gars à qui l'on doit Die Hard (excusez-moi du peu) et David Twohy, le papa de Pitch Black ; ensuite, on a l'association sous amphétamine d'Andrew Davis, faiseur compétent placé l'année précédente sur la comète grâce à Piège en haute mer (également interprété par Jones, également dans cette liste... !), avec une autre troupe, cette fois-ci de monteurs ; pour finir, le prolifique James Newton Howard a composé pour ce film des thèmes musicaux tout aussi vrombissant qui seront repris pour bien des bandes-annonces des années 90 (toute la partie durant la fête de la Saint-Patrick est formidablement excitante). Le tout pour un divertissement dénué du moindre putain de temps mort - c'est ce qui avait marqué, à l'époque. Le Fugitif n'a aucune autre prétention que celle de tenir en haleine, dans ses phases d'action ET d'enquête (dont celle menée par le héros !). Kimble s'évade, Gerard le traque, point à la ligne, pas de sous-texte sociopolitique, ni aucun tralala de ce genre : on a juste d'un côté, un héros qui n'abandonne jamais, et de l'autre, un antagoniste qui n'abandonne jamais, le film n'en privilégiant pas nettement un sur l'autre, et les plaçant au sommet d'une intrigue criminelle qui tient au final très bien la route, et... ça marche. La sauce prend. Le film a le charisme de ses acteurs, ce qui n'est pas courant. Un des thrillers de la décennie. Dommage que le carrière de Davis soit allée à vau-l'eau par la suite (cf. la pathétique copie Poursuite)...

Panic sur Florida Beach
7.2

Panic sur Florida Beach (1993)

Matinee

1 h 39 min. Sortie : 28 juillet 1993 (France). Comédie dramatique

Film de Joe Dante

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Quand j'ai vu Panic sur Florida Beach à l'époque de sa sortie, une comédie méta-mélancolique semblerait-il conçue pour passer inaperçue (et ça se corse avec le cryptique titre original "Matinee"...), je n'ai pas accroché, du tout. La promo étant inexistante, le collégien que j'étais ne pouvait se baser que sur l'affiche, dont il retenait trois éléments plutôt vendeurs : d'abord, John Goodman, qu'il associait au genre de la comédie potache accessible suite à Ralph Super King ; ensuite, le mot "Panic", qu'il interprétait comme une promesse d'action (c'est la panique, quoi !) ; pour finir, l'insecte géant, qui, a priori, devait être la source de la "panic". Résultat : il n'a accroché ni à la nostalgie d'un cinéma bis rétro qu'il ignorait, ni à la nostalgie d'un époque révolue puisque son âge, ni à l'humour, disons, moins potache. Il a fallu qu'un ami à lui le tire jusqu'à la Filmothèque du Quartier latin, près de vingt-cinq ans plus tard, à l'occasion d'une rétro Joe Dante, pour qu'il apprécie enfin la merveille qu'est ce film complètement mésestimé. Basculement dans une première personne moins alaindelonesque : je le considère comme le "magnum opus" d'un cinéaste qui n'a pas eu la carrière qu'il méritait (Gremlins est un culte mais, objectivement, un film très mal écrit, Banlieusards est une récréation sans intérêt, et Small Soldiers un film plus intéressant d'un point de vue théorique que vraiment divertissant, ne laissant guère que les toujours réjouissantes madeleines de Proust Explorers et L'Aventure intérieure...). Tout y est irrésistible, de la reconstitution de l'Amérique à la fois opulente et parano des années 60 à la parodie hilarante des nanars de l'époque, en passant par Goodman, qui livrait alors sa meilleure performance, les marivaudages d'adolescents, le propos plus sérieux et très touchant sur la possibilité d'un monde moins cynique, et... l'humour, qui fait mouche à 99%. C'est malin et profondément charmant. Le casting d'inconnus renforce le caractère unique de l'expérience (sauf quand une canonissime jeunette nommée Naomi Watts passe par là...).

État second
6.7

État second (1993)

Fearless

2 h 02 min. Sortie : 20 avril 1994 (France). Drame

Film de Peter Weir

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Quand on entend le nom de Peter Weir, on pense à quoi ? Au Cercle des poètes disparus et à The Truman Show. À la limite, à Witness, quand on est un peu cinéphile. Bien... ça nous fait un film par décennie. Seulement, sur la grosse dizaine que l'Australien nous a pondue dans ses vingt-cinq premières années de carrière (1974-1998... Weir s'est assoupi dans la naphtaline au début des années 2000), il n'en a raté qu'un seul, Mosquito Coast. Le reste va du chef-d'oeuvre ou quasi (Le Cercle, Pique-nique à Hanging Rock, Gallipoli, Truman) à la récréation mineure mais absolument charmante (Green Card). Et au milieu, il y a l'ignoré Fearless, ambitieux film, trop ambitieux, peut-être, d'un cinéaste au sommet de son art. Inégal, sûr. On peut avoir un peu de mal avec Rosie Perez (ils n'avaient vraiment pas mieux qu'elle ?). Parfois instable. Mais jamais largué. Parce que toujours rivé à son protagoniste, une des plus extraordinaires incarnations du syndrome de stress post-traumatique, être de chair psychologiquement brisé mais transformé en énigme pénétrante pour le reste du monde par son subconscient tentant de limiter la casse, et incarné par un Bridges transfiguré. Autant dire, un immense film sur le complexe du Messie. Et puis, il y a cette fin en flashback. La tétanisante virtuosité du crash d'avion, sans aucun doute le plus beau jamais conçu au cinéma, magnifié par le somptueux "Symphony for sorrowful moments" d'Henryk Gorecki. Si un film donne bien toute sa dimension à l'expression "climax de fin", c'est, à mon sens, ce film-là. C'est un drame, que le public soit passé à côté, à l'époque. Et clairement encore aujourd'hui, considérant les notes à côté de la plaque de certains de mes éclaireurs (désolé) !

Cliffhanger - Traque au sommet
5.9

Cliffhanger - Traque au sommet (1993)

Cliffhanger

1 h 52 min. Sortie : 6 octobre 1993 (France). Action, Aventure, Thriller

Film de Renny Harlin

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Alors, à ceux qui se moquent de mon engouement éternel pour ce film, sans contest LE titre à garder de la filmo de Renny Harlin, et à mon sens un des rares exemples de variante réussie de Piège de Cristal, je dis, et avec tout le respect que je leur dois, hein, attention : va te faire foutre, va te faire foutre, toi aussi, va te faire foutre... et toi, je t'ai déjà dit d'aller te faire foutre ? Je ne sais plus, vous êtes trop nombreux, et vous vous ressemblez tous. Des bourgeois blasés (après les bobo, les boblaz' ?). Ou infoutus d'apprécier une mise en scène d'action non seulement compétente, mais aussi inspirée. Ou les deux. Cliffhanger a un point de départ aussi limpide que catchy (des méchants gangsters, de vaillants rangers, un crash en montagne, des sacs pleins de blé faisant un parfait prétexte à l'aventure), un prologue culte qui a été pompé mille fois par la suite (le traumatisme du héros), une des scènes aériennes les plus spectaculaires du cinéma (pas de CG à la con, à l'époque...), un cadre somptueux (les montagnes entourant la commune de Cortina d'Ampezzo, en Italie) bercé par la BO inoubliable de Trevor Jones (un personnage à part entière, comme ce qu'il avait fait juste avant, sur Le Dernier des Mohicans !), un Stallone au top, un méchant archi-mémorable (ce qui fait la moitié du boulot, dans ce genre de film...) avec des répliques énormes, une galerie d'hommes de main psychotiques avec des répliques pas mal non plus, et Janine Turner avec la coupe de Demi Moore dans Ghost. Que demander de plus, au juste ? Quoi ? "Croit-on à son histoire ?" ? Euh... non. Mais ça tombe bien, puisqu'à la question de savoir si l'on est CENSÉ croire à son histoire, la réponse est aussi : "non". On s'en contrefout. Comme on se fout que le film fasse faire à ses personnages des cascades surhumaines (et c'était pire, au premier montage, parait-il...). Comme on se fout qu'il ne soit pas un documentaire sur la grimpe. Ce qui compte, c'est l'adrénaline. Et désolé, mais quand les méchants vident leurs uzis au ralenti et sans le bruit des armes, ça a autant la classe qu'en salle, il y a vingt-cinq ans. En gros : rien à foutre, c'était mon film préféré de 93 avec Jurassic Park et Le Fugitif, et ça reste dans le haut du panier.

Red Rock West
6.6

Red Rock West (1993)

1 h 38 min. Sortie : 16 juin 1993 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de John Dahl

Scaar_Alexander a mis 8/10.

Annotation :

Tu parles d'un film-noir mésestimé. Tellement mésestimé qu'Oliver Stone s'est permis de le pomper éhontément quatre ans plus tard avec une variante sous ecsta, le vain U-Turn. Tellement mésestimé qu'on parle davantage du raté Sang pour sang, des frères Coen, que de ce classique. Déprimant. Le premier long-métrage de John Dahl, le séduisant petit polar Kill Me Again avec Val Kilmer, laissait entrevoir une vraie voix de cinéaste, mais ce n'était qu'un échauffement ; il (ne) lui fallait (qu')un deuxième long pour s'imposer en maître du film noir. Tous les éléments du genre sont présents : d'abord le ton, pessimiste et cynique (mais pas trop !) ; ensuite les figures, de la femme fatale (somptueuse Lara Flynn Boyle, encore chaude de Twin Peaks) au tueur en santiags (génial Dennis Hopper, à la fois cartoonesque et nuancé), en passant bien sûr par le héros taciturne (Nic Cage, délicieusement blasé) et le mari jaloux (le regretté J.T. Walsh) ; ensuite, l'écrin somptueux à la hauteur de la noirceur ; le tout porté par une science du rebondissement absolument épatante. Insistons sur la qualité de l'écriture : parce que les personnages de Dahl ne sont pas QUE des figures, mais aussi des personnages à part entière, avec leurs intérêts et leurs motivations, les complications de l'intrigue n'apparaissent pas forcées ; tout est organique ; c'est tout un monde qui est naturellement noir, naturellement tortueux, en plus d'être incroyablement classieux. Un western moderne, crépusculaire, qui sent le cuir, le stupre, la poudre, et le dollar cramé. Et cette musique...

Dans la ligne de mire
6.5

Dans la ligne de mire (1993)

In the Line of Fire

2 h 10 min. Sortie : 8 septembre 1993 (France). Action, Drame, Thriller

Film de Wolfgang Petersen

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Aaaaaah, Dans la ligne de mire. Wolfgang Petersen quand il faisait des bons films. Le grand Clint dans un des derniers films où il a accepté de se laisser diriger par quelqu'un d'autre que le grand Clint - et à raison, puisque Petersen lui a offert un des meilleurs rôles de sa carrière (alors que ce n'est même pas un rôle SUPER à contre-emploi !). John Malkovich en Mitch Leary, un des plus spectaculaires antagonistes du cinéma des 90's (on devrait davantage le citer dans les "tops villains"...) (on est content que Bob de Niro ait plutôt choisi le rôle du père dans Il était une fois dans le Bronx, voir plus bas !). Les cuivres implacables d'Ennio Morricone. Et Rene Russo à l'époque où elle avait l'air jeune. Grand souvenir de ladite époque, que je prends bien soin de revisionner une fois tous les trois, quatre ans, pour être sûr qu'il ne s'est pas ringardisé. Et non. On doit à l'Hollywood de 1993 au moins deux polars à la fois remarquablement carrés et rythmés : le premier s'intitule Le Fugitif (voir ci-dessus), et la Ligne de mire est le second. Un viril adieu à Dirty Harry, après le viril adieu à l'Homme sans nom qu'était Impitoyable. Et comme le film d'Andrew Davis, son premier argument est son intérêt égal pour le protagoniste ET l'antagoniste : ici, le face-à-face perpétuellement réjouissant eentre Easwtood/Harrigan et Malkovich/Leary (phénoménaux, les deux). Le suspense ne faiblit jamais et monte dans un crescendo qu'accompagne parfaitement la musique de Morricone. Et le film est tellement bien luné qu'il parvient à intégrer à son intrigue la romance entre Eastwood et Russo, qui avait pourtant TOUT pour être de trop. En même temps, Dans la ligne de mire n'est pas seulement un thriller sur une tentative d'assassinat : il s'accompagne aussi d'un joli portrait d'homme vieillissant, joué avec chaleur par... le grand Clint. Alors, l'intrigue n'est pas exceptionnelle, dans le détail, d'où ses sept étoiles plutôt que huit. Il doit énormément à ses acteurs. Mais contrairement à pas mal de monde, j'aime AUSSI le style grandiloquent de la mise en scène de Petersen.

Philadelphia
7.4

Philadelphia (1993)

2 h 05 min. Sortie : 9 mars 1994 (France). Drame

Film de Jonathan Demme

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Quand on a vécu la sortie ciné de Philadelphia, il est difficile de le séparer de l'aura que lui a prêté le message dont il était porteur. Le SIDA était sur toutes les lèvres (façon de parler), l'inoubliable chanson pop-rock lyrique de Bruce Springsteen, l'Oscar de Tom Hanks et l'entrée dans la cour des grands de Washington, dont les carrières allaient connaitre des ascension pareillement fulgurantes... l'expression est un peu tarte, mais c'est le film d'une génération, comme l'était en France Les Nuits Fauves pour la même génération. Maintenant, en faisant un petit effort, on peut les séparer... et apprécier les qualités cinématographiques du film de Demme, que son Silence des Agneaux venait de placer sur orbite. C'est un beau mélodrame, conté avec conviction, intelligence (c'est-à-dire pas aux forceps), et inspiration. Alors, pourquoi sept étoiles et pas, genre, au moins huit ? Trois raisons. D'abord, la mise en scène de Demme, dans l'ensemble élégante, souffre de son abus de champ-contrechamp en vue subjective. Désolé, mais ça marchait bien mieux dans Le Silence des Agneaux. Ensuite, les personnages secondaires : Washington et Hanks forment un superbe duo, à la fois tragique et triomphant (je ne saurais juste dire si Hanks y a livré sa meilleure performance ou non...), mais les autres peinent un peu à exister, que ce soit Banderas dans le rôle totalement négligé du compagnon, de la mère (pourtant magnifique Joanne Woodward), ou de l'ex-boss interprété par un impérial Robards (malgré les maigres tentatives de l'humaniser durant le procès). C'était un film sur le SIDA au début des années 90, et l'attitude du monde comptait au moins autant que les malades (mais le scénariste aurait dû faire en même temps un meilleur job à écrire ce monde, talent que ne laisse pas vraiment entrevoir la façon caricaturales dont il présente les gens qui osaient ne pas être super gay-friendly). En gros, le film aurait AU MOINS dû durer une bonne vingtaine de minutes en plus. Pour finir, j'ai trouvé les scènes de procès moins inspirées que le reste - sauf vers la fin, où la sauce monte forcément, et Demme se lâche un peu. Pas question de cracher sur son talent, hein. Ce qu'il a fait sur ce film mérite le respect pour la seule, fameuse scène de la Mamma morta, parenthèse philharmonique, fantasmagorique, au maniérisme tout à fait acceptable, où Washington parvient à émouvoir encore plus que Hanks. Alors, un film beau, mais pas aussi fort qu'il aurait pu l'être.

Kalifornia
6.3

Kalifornia (1993)

1 h 57 min. Sortie : 8 septembre 1993 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Dominic Sena

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

L'affiche de Kalifornia m'a laissé croire, pendant un moment, que son titre était "Kalifornia K". C'était plus fun, comme titre. Je me demandais ce que signifiait cet autre K. Killers ? Kidnappers ? Karma ? Kalypso ? Mais non. C'est juste Kalifornia. Fox Mulder et sa rencontre de jeunesse avec un psychopathe trop bôgosse pour être vrai qui lui a inspiré sa vocation. Et réflexion faite, ça suffit comme ça.

Chute libre
7.1

Chute libre (1993)

Falling Down

1 h 55 min. Sortie : 26 mai 1993 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Joel Schumacher

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Réhabilitons un homme qui ne mérite pas tant de haine. Joel Schumacher, le so fabulous entertainer hollywoodien à qui l'on doit Batman & Robin et leurs tétons d'acier, a quand même fait une poignée de plus ou moins bons films (selon mes critères, naturlish) qui justifiaient sa popularité : chronologiquement, avant 1993, les teen movies cultes des années 80 St. Elmo's Fire et Génération perdue et l'à la fois grotesque et excitant L'Expérience interdite, après 93, le polar outrancier 8 millimètre et Tigerland ; et en 93... ce film-ci. Ce n'est pas beaucoup, sur vingt-trois longs, mais c'est toujours ça de pris. Et comme 8 millimètres, Chute libre a l'insigne honneur d'être détesté par la gauche, cette fois-ci en raison du constat qu'il fait du multiculturalisme (= ça ne marche pas) et du fait qu'il OSE victimiser un homme blanc (= tabou)... ce qui, dans mes registres, fait une étoile de plus. Mais parlons du film. Schumacher ne sera JAMAIS connu pour sa subtilité (qui ne caractérise même pas les "bons" films que j'ai relevés)... mais avec Chute libre, il a eu l'opportunité de filmer un scénario de QUALITÉ (écrit par l'inconnu Ebbe Roe Smith), peut-être le meilleur de sa filmo, et l'intelligence d'assumer à 100% le coup de gueule qu'il exprime, au risque d'être politiquement incorrect. Avec le concours de Douglas dans son meilleur rôle depuis Wall Street, il est un des rares films hollywoodiens à proposer à un certain type de spectateur, le prisonnier de l'enfer urbain, un reflet de son âme. Le miroir est grossissant, mais à peine : ce qu'exprime l'anti-héros est familier à la majorité des gens (l'enfer urbain recouvrant désormais la Terre...), qu'ils l'assument ou non - et c'est ce qui le libère du carcan "pour classe moyenne blanc obsolète only", sa critique de la mondialisation marchande et de l'échec du libéralisme pouvant être partagée par n'importe quel groupe racial. L'accumulation de galères, la saturation, l'aliénation, sont assez remarquablement montrés dans ce qui ne pourrait être au final qu'un thriller basique sans cet anti-héros anti-manichéen, ni good guy, ni bad guy, et, avouons-le, le concours réjouissant de Robert Duvall en vieux flics qui est toujours à deux doigts de comprendre le taré qu'il poursuit. Tantôt jubilatoire car cathartique (cette seule remarque ferait hurler un SJW), tantôt déprimant, Chute libre ne laisse pas indifférent. Ne serait-ce que parce qu'en 2016, il aurait voté Trump des deux mains. À raison.

Short Cuts
7.5

Short Cuts (1993)

3 h 08 min. Sortie : 5 janvier 1994 (France). Comédie dramatique

Film de Robert Altman

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Je n'ai jamais été fan d'Altman. Ce n'est pas n'importe qui : rares sont les cinéastes à avoir remporté les récompenses suprêmes de Cannes, Venise et Berlin. Il faut croire que c'est une question d'esprit. Je n'ai jamais accroché à M*A*S*H, ni à Nashville, car je n'ai jamais accroché à la façon de faire un peu bordélique du gars. Mais les deux films qu'il a tournés au début des années 90 m'ont toujours paru bien plus malins, y compris dans la forme : The Player et le fleuve Short Cuts. The Player est mon préféré de sa filmo, sans doute parce qu'il parle de cinéma, et même si je lui préfère sur ce plan le Swimming with Sharks de George Huang. Short Cuts, lui, est à la fois génial et inégal, risque courant quand un cinéaste brasse tant de personnages et d'intrigues, mais dans l'ensemble, c'est de la comédie dramatique d'excellente qualité, allant du loufoque au glauque, dont on accrochera à au moins une poignée de personnages bien brossés (la majorité d'entre eux étant quand même assez superficiels et antipathiques). PTA s'est clairement inspiré de ce film en réalisant son pudding Magnolia. Entre le romantisme incontrôlé de son film et la sobriété (parfois trop) cynique de celui d'Altman, mon choix est vite fait...

Bad Lieutenant
7

Bad Lieutenant (1992)

1 h 36 min. Sortie : 10 mars 1993 (France). Policier, Film noir

Film de Abel Ferrara

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Bad Lieutenant est un des deux polars ultra-violents californiens qu'on m'interdisait catégoriquement de mater avec Reservoir Dogs, quand j'étais au collège... interdiction qui leur conférait de facto une aura un brin intimidante. Quand j'ai pu voir le Tarantino, quelques années plus tard, ça a été le coup de foudre immédiat. Quand j'ai vu celui-là... il m'a été plus difficile de me faire une opinion. Assurément, BL est un des trois films, dans la prolifique carrière du cocaïné Abel Ferrara, qui resteront dans les mémoires des cinéphiles, avec les immenses King of New York et Nos Funérailles, mais Bad Lieutenant est très différent de ces deux-là. Avec lui, le cinéaste a réalisé un film qui ne pouvait être conçu que sous l'influence de substances sévèrement effectives, dans le sens où c'est le chaos total du tournage, de la mise en scène, et du montage qui en ont fait cet objet à la fois douloureux et fascinant, et Ferrara n'y serait pas parvenu sans cocaïne (je ne parle pas du scénario car il n'a clairement pas contribué dans ce domaine...). Si l'on tient à voir quelque chose dans cette peinture brute, saisissante, cradingue, parfois odieuse d'une âme arrivant au bout de son processus de corruption, on peut justement parler de quête de rédemption, euh, pas vraiment réussie (et catholique, puisque cinéaste italo-amerloque !). Mais le film, c'est surtout Harvey Keitel, sans filtre, à l'image de la scène de bad trip dont est tirée la photo de la couverture. C'est sa performance, qui n'aurait justement pas pu être sans le chaos qui régnait dans le cerveau du réalisateur. C'est un film assez antipathique qui assume cette antipathie (comment faire autrement, quand on met en scène sans chichis le viol d'une nonne ?), une véritable expérience pour les amateurs de polars.
Note : Werner Herzog a commis le miracle de réussir un remake officieux du film, quinze ans plus tard, avec son halluciné Bad Lieutenant : Escale à La Nouvelle-Orléans.

Germinal
6.4

Germinal (1993)

2 h 40 min. Sortie : 29 septembre 1993 (France). Drame, Romance

Film de Claude Berri

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Le cinéma français est assez avare en fresques historiques du genre de Guerre et Paix ou Docteur Jivago. Pas qu'on manque de sens romanesque, ou de goût pour l'épique, non. À croire qu'il manque juste de couilles. Avec Germinal, le cinéma français a eu un minimum de couilles. La bonne nouvelle, pour qui n'est pas particulièrement amateur de la plume de Zola, est qu'on ne la retrouve forcément pas dans ce film ; juste son contexte, ses personnages, son propos, et... son souffle, car le roman en a, mais pas autant qu'il aurait pu, trop concentré sur le réalisme méticuleux et un brin austère de son tableau. La mise en scène de Berri, aussi rigoureuse, alerte, et qui parvient à éviter les coups de mou malgré la longueur du film (difficile de faire moins, vue la longueur du livre...), compense. Mais c'est surtout le combo peinture sociale + interprétation de haute volée (à commencer par Miou-Miou... et Renaud !), deux choses dans lesquelles les Français excellent, qui fait l'intérêt et la qualité de Germinal en tant que témoignage terrifiant de la déshérence d'une époque dont la gigantesque croissance économique qui la caractérisait aura pendant un temps masqué les nombreux perdants et dommages collatéraux (le degré de "sexisme" est peut-être un poil exagéré ?)... même si Berri peine à dépasser la surface. Ça a aussi l'intérêt de pousser à relativiser le "dénuement" dans lequel se trouvent nos chères banlieues... Remarque, en parlant politique : pas besoin d'être un communiste ou un proudhonien pour adhérer au roman comme au film. Ce que Berri est parvenu à reproduire, c'est l'absence de manichéisme du premier. Oui, ces miséreux sont des victimes, mais non, ça n'en fait pas forcément des gens bien.

Le Temps de l'innocence
6.9

Le Temps de l'innocence (1993)

The Age of Innocence

2 h 19 min. Sortie : 22 septembre 1993 (France). Drame, Romance

Film de Martin Scorsese

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Pas un grand souvenir de ce Scorsese, rare film en costume du grand petit Italien, hélas éclipsé par ses "classiques" ultra-populaires de l'époque que sont, dans l'ordre chronologique, Les Affranchis, Les Nerfs à vif, et Casino (la critique l'a acclamé, mais il n'est même pas rentré dans ses frais...). Je me souviens d'abord d'un des premiers plans du film, lors d'une banale scène de soirée mondaine entre aristocrates socialisés : le cadre ne fait pas vraiment Scorsese, puis tout à coup, BOUM, la caméra se précipite vers les personnages dans un mouvement à la fois frénétique et maîtrisé à la perfection, et là, on comprend qu'on n'est pas seulement dans le NY des années 1870 : on est aussi un peu chez Martin, même s'il adopte un style généralement plus retenu. Je me souviens de l'alchimie éblouissante entre Daniel Day-Lewis, alors mythe in progress, et Pfeiffer, alors au sommet de sa beauté féline... à côté desquels la chtite Winona faisait un peu pâlichonne, mais j'imagine que c'était l'idée. Je me rappelle avoir trouvé le dernier acte un peu longuet, pour des dernières minutes d'une amertume certes poignante. Peut-être le film s'arrête-t-il un peu trop, et avec trop de retenue visuelle, sur la rigidité du monde qu'il dépeint. Il faudrait que je le revoie.

Hot Shots ! 2
6.6

Hot Shots ! 2 (1993)

Hot Shots! Part Deux

1 h 29 min. Sortie : 25 août 1993 (France). Action, Comédie

Film de Jim Abrahams

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Classique, énorme classique, BIEN supérieur au premier volet, qui souffrait un peu de la comparaison avec les autres délires de l'écurie ZAZ (Y a-t-il un pilote et Y a-t-il un flic). Les frères Zucker et Jim Abrahams ont eu un tort : générer, avec leurs films, une vague de comédies parodiques assez médiocres qui a submergé les années 90 (comme Le Prince de Sicile ou Alarme Fatale, présent dans cette liste...), notamment celles AUTRES que les Y a-t-il un flic ? dans lesquels a joué le génial Leslie Nielsen (Y a-t-il un exorciste, Agent zéro zéro, Le détonateur, ou encore Dracula, même si c'est du Mel Brooks...). Heureusement que Jim Carrey est passé par là. Enfin, en attendant, on avait Hot Shots ! 2, et à peu près tout y est topissime, même les 15% qui ne sont pas drôles ("T'étais génial dans Wall Street !", quoique la reconstitution du bateau d'Apocalypse Now était fun). Le rituel d'endormissement de Saddam Hussein, Lloyd Bridges en président débile, la scène des anciens présidents des USA, l'histoire des trois oursons qui émeut Topper, les sous-entendus lesbiens entre Valeria Golino et la blonde super-sexy qui rendent tous les gars fous... Surtout, ce film date d'une époque où les doubleurs français faisaient encore du bon boulot : la VF est aussi géniale.

Last Action Hero
7.1

Last Action Hero (1993)

2 h 10 min. Sortie : 11 août 1993 (France). Action, Aventure, Comédie

Film de John McTiernan

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Qualifier Last Action Hero de culte pour tout cinéphile âgé entre dix et quinze ans à l'époque de sa sortie est un euphémisme. LAH, c'est un film dont cette catégorie de jeunes pop-corneurs connaissait les dialogues en VF par coeur, un peu comme un autre film de Schwarzie, Commando, sauf que Commando était apprécié en tant qu'über-nanar, alors que le film de McTiernan (déjà, un film de McTiernan !) était... autre chose. Un OVNI complètement dingo, dont on comprenait qu'il ne plaise pas à tout le monde, mais était trop bien fichu pour être un nanar, et même bien trop malin pour être raté. Trop de répliques géniales ("Vous désirez autre chose ?" "Oui, ôtez donc vos lunettes." "Qui vous autorise ?" "Cette jolie petite plaque." "C'est plutôt vous qui êtes à côté de la plaque. On ne peut pas dire que vous cassez des briques." "Non, je laisse ça à Bruce Lee." "Vraiment ? Personne n'est parfait."), et trop de friandises pour amateurs de pastiches et d'auto-parodies... pour un adolescent. Sur le papier, McTiernan et Shane Black explorent la finalité du cinéma dans notre monde bien réel, et l'influence de notre époque dénuée de héros dans son monde virtuel. C'est prometteur, pour un adulte. Mais au final, voilà ce qui se passe, quand on remate le film à trente-cinq ans, après vingt ans de séparation : d'abord, on ne trouve pas grand chose de ça dans un film trop occupé à déconner gentiment dans ses deux premiers actes (pour un résultat globalement satisfaisant) et essayer d'émouvoir dans son dernier (où là, ça ne marche pas du tout) ; ensuite, c'est quand même souvent TRÈS puéril (l'hommage assez hideux à E.T., le personnage de Meredith, la confrontation des deux Arnold qui fait pschitt...). Et quand, à cette occasion, on le mate en VO pour la première fois, c'est encore plus dur : Schwarzie ne met pas dans sa voix le centième de la réjouissante ironie qu'y met son doubleur français. À tel point que c'est le seul film dont je recommande davantage la VF ! Maintenant, on se calme. Les friandises du film restent en quantité et de qualité suffisantes (la poursuite en bagnole du début, Tom Noonan en psychopathe, les gueulantes hilarantes du lieutenant, Léo the Prout). Et avec Benedict, Charles Dance compose toujours un des méchants les plus classes du cinéma. LAH n'est juste pas le crypto-chef-d'oeuvre incompris que je m'imaginais à une certaine époque...

Un monde parfait
7.6

Un monde parfait (1993)

A Perfect World

2 h 18 min. Sortie : 15 décembre 1993 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Clint Eastwood

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Deuxième film de 1993 où Clint Eastwood joue un flic traquant un criminel, après Dans la ligne de mire. Sauf que le criminel du film de Wolfgang Petersen était un assassin implacable, alors que celui-ci est... nettement moins spectaculaire. C'est tout le film : sobre. Clint n'a jamais fait dans les violons, mais ici, c'est encore plus marqué, malgré la présence d'un gamin dans l'histoire, ce qui a tendance à attirer les violons. Et c'est tout à son honneur : l'amitié entre Butch et le jeune Philip est suffisamment bien écrite et interprétée (c'était sans doute la meilleure perf' de Costner à l'époque) pour ne pas avoir besoin de ça. Bien écrite parce que réaliste, parce que parfois dure. Butch n'est pas un type bien, et il faut un certain temps avant que n'apparaisse son bon fond à l'égard du gamin. Il en va de même pour le personnage de flic joué par Eastwood, sorte d'inspecteur Harry qui se serait assagi, et aurait fait de la traque de Butch une affaire personnelle non pas pour le tuer, mais pour les sauver, le gamin ET lui (il fait un peu penser au perso d'Harvey Keitel dans Thelma et Louise, mais bon). Mais bien qu'il s'agisse d'un des films préférés de Clint, on comprend qu'il ait été un peu oublié, depuis. C'est beau, c'est humaniste, mais il manque quelque chose pour en faire un GRAND film. Peut-être quelque chose de moins... assagi, justement. Tout est trop pépère, comme l'ennuyeux message féministe que porte le personnage sans intérêt joué par Dern (jamais une bonne actrice). La faute à Hancock, scénariste anecdotique (The Blinde Side et Blanche Neige et le Chasseur ^^;), qui échoue ici à rendre captivant le deuxième acte de son histoire, et à Eastwood pour avoir trop cru en son efficacité dramatique.
Note : Un monde parfait est le seul film de l'histoire dont les deux principaux acteurs sont deux réalisateurs récompensés aux Oscars !

Cible émouvante
6.9

Cible émouvante (1993)

1 h 27 min. Sortie : 18 août 1993 (France). Comédie, Policier, Thriller

Film de Pierre Salvadori

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Je ne me rappelle pas grand chose de ce film, sinon que l'impérial Rochefort m'avait réjoui en tueur à gage romantique, que j'avais aimé son duo à la fois farfelu et plein de sens avec Guillaume Depardieu (qui faisait un acteur tout à fait décent quand on savait le diriger), et que la fille Trintignant y est craquante (j'étais déjà fan, depuis Série Noire, avec Dewaere... soit très précocement). Quand on aime ces choses, c'est généralement qu'elles tiennent ensemble grâce à une histoire bien fichue. Et puisque le film est très apprécié, j'imagine que celle de Cible émouvante l'est. Après tout, les Rosbeefs en ont fait un remake, avec Emily Blunt, non ?

Le Temps d'un week-end
7.1

Le Temps d'un week-end (1992)

Scent of a Woman

2 h 37 min. Sortie : 24 mars 1993 (France). Drame

Film de Martin Brest

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Second grand film avec Al Pacino dans cette liste. Après une décennie 80 rachitique marquée, dans l'ordre chronologique, par deux mauvais films (Cruising et Avec les compliments de l'auteur), un chef-d'oeuvre culte (Scarface), un des pires films de l'histoire pour compenser (Révolution), une pause de quatre ans dans sa carrière, et un polar sympa pour se racheter (Sea of Love), les années 90 n'ont été rien de moins que sa putain de consécration, démarrant sur des chapeaux de roue avec, entre autres, Le Parrain 3, Glengarry Glenn Ross, L'Impasse, et ce film-ci. Malgré son franc succès au BO, peu de gens le considèrent comme un remake, d'abord en France à cause du changement de titre complètement aberrant (les Américains ont repris le titre du film italien puisque celui du roman original, et nous, non... ?), ensuite parce que lesdits Américains n'ont pas pour habitude de mater beaucoup de vieilles comédies dramatiques italiennes. Mais peu importe : Le Temps d'un week-end tient amplement la route tout seul. Pour deux raisons, ce n'est pas le chef-d'oeuvre rêvé par Martin Brest, précédemment popularisé par deux deux cartons... populaires (Le Flic de Beverly Hills et Midnight Run), et qui s'est rêvé, au tournant des années 90, de devenir un auteur digne de ce nom : d'abord, sa longueur démesurée (on a bien vingt à trente minutes de trop... et Parfum de femme faisait moins de deux heures !) ; ensuite, la performance du falot Chris O'Donnell, décent, mais clairement pas doté des épaules pour tenir la distance plus de deux heures durant avec Al Pacino. Mais justement. Al Pacino. Qui n'a pas volé son putain d'Oscar, livrant une performance encore plus renversante que Gassman, aussi génial dans les moments de comédie (réussis, cf. la scène où il "conduit") que dans les explosions de rage, ou que dans les tangos avec Gabrielle Anwar (à l'époque, mrrraawwww). Et il faut reconnaître que Brest a filmé tout cela dans un écrin des plus élégants. Et même si c'est un peu facile et un poil pompeux, ce climax à l'université, et le discours de Slade, ont quand même de la gueule. Brest aurait dû s'arrêter là. Garder cette élégance, et faire dorénavant plus court. À la place, il a fait l'über-pudding Joe Black. Et il a essayé de se racheter auprès du public avec... Gigli. Et puis après... bah, rien. Sachons apprécier ce qu'il a fait de bien !

Les Experts
6.3

Les Experts (1992)

Sneakers

2 h 06 min. Sortie : 6 janvier 1993 (France). Policier

Film de Phil Alden Robinson

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Si l'on omet son très oubliable premier essai dans la cour des grands (une romcom avec Patrick Dempsey dont je ne me rappelle même plus le titre français), le très rare Phil Alden Robinson a fait une entrée remarquée dans le cinéma hollywoodien entre la fin des années 80 et le début des années 90 avec ses deux films suivants : le mini-culte familial Field of Dreams, avec Costner, et ce film-ci, avec son casting de luxe et ses airs de long pilote d'une série de luxe (selon les canons actuels) qui aurait probablement cartonné. La raison pour laquelle on l'a un peu oublié est qu'à part Redford, ses autres acteurs ne font plus vraiment les couv depuis un moment. Mais ce n'est pas plus mal : ça lui confère, à lui aussi, un statut de mini-culte. Parce que détrompez-vous : Les Experts est un film TRÈS divertissant. L'équipe d'"espions privés" qu'a concocté Robinson et son coscénariste est vraiment séduisante, on suit avec plaisir leurs péripéties qui mêlent intelligemment intrigue méticuleuse et humour bon enfant (seul problème : Mary McDonnell, éternellement insupportable avec son air de directrice d'école qui n'a pas tiré son coup depuis vin). Alors, partant de là, on peut être un peu déstabilisé par son dernier acte, marqué par l'arrivée-twist de Ben Kingsley, qui fait basculer le thriller joueur dans le drama romanesque et carrément lyrique, avec la musique de James Horner. La rupture de ton était-elle à ce point intentionnelle ? En tout cas, ça ne fonctionne pas à 100%. Mais en tant que telle, cette partie fonctionne aussi bien que ce qui a précédé (toute l'histoire et les intentions de Cosmo). Alors, moi, perso, je prends, comme la première fois.

Il était une fois le Bronx
7.3

Il était une fois le Bronx (1993)

A Bronx Tale

2 h 01 min. Sortie : 20 avril 1994 (France). Drame, Gangster

Film de Robert De Niro

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Un bon souvenir de ce film. La suggestion d'un certain talent de metteur en scène, que De Niro ne confirmera pas vraiment, ne réalisant qu'un film après celui-ci, l'austère The Good Shepherd. L'un comme l'autre manqueront d'une vraie personnalité, un peu comme les films réalisés par Redford. Mais comme Redford et la plupart des autres acteurs-réalisateurs, De Niro aime et sait diriger ses semblables : Chazz Palminteri, que l'on ne voit plus assez depuis un moment, et le tourmenté Lillo Brancato, y trouvent leurs meilleurs rôles (ce qui se tient dans le cas de Palminteri, puisque c'est tiré d'une pièce qu'il a écrite...). Et il y a quelque chose de fort, dans ce premier film, qui a sans doute bénéficié de la très grande entente entre le réalisateur et son acteur-scénariste (que d'étiquettes !). Quelque chose de vrai, une intelligente perception de la nature humaine ne pouvant venir que d'une expérience forte. Sur le plan dramatique, ça fonctionne très bien, parce que les acteurs campent des personnages authentiques, que ce soit celui du père, très belle figure de père guidé par de nobles principes de responsabilité et de dignité, et bien sûr par son amour pour son fils, ou du parrain, tout aussi authentique incarnation du respect, de la virilité, et de la réussite sociale à laquelle ne peut qu'aspirer un fils de prolo dans l'Amérique du self-made-man, qui ménage à la fois brutalité du gangster et bienveillance du roi ferme, mais aimant. Le trio qu'ils composent avec le jeune protagoniste est, évidemment, le plus bel argument d'un film sobre, mais fort, dont on aurait simplement aimé une mise en scène davantage... caractérielle.

Président d'un jour
5.6

Président d'un jour (1993)

Dave

1 h 50 min. Sortie : 10 novembre 1993 (France). Comédie, Romance

Film de Ivan Reitman

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Il est de bon ton de cracher sur P1J. Est-ce un grand film, que dis-je, une grande comédie, tout simplement ? Non mon commandant, euh, mon président. Ivan Reitman n'a réalisé qu'un seul VRAI bon film, dans toute sa carrière : Ghostbusters, le reste étant au mieux de sympathiques madeleines de Proust (Un Flic à la Maternelle, Jumeaux). Mais depuis quand fait-on dans le délit de sale filmo ? Et dans le délit de naïveté ? Dans une comédie bon enfant amerloque ? P1J, c'est Reitman rendant hommage à Capra, avec son talent, c'est-à-dire pas à la hauteur, mais bien aidé par le brio comique de Kevin Kline, irrésistible en homme d'État improvisé, le charisme de Sigourney Weaver en première dame assez crédible, et le scénario de Gary Ross. Oui, c'est par moment mielleux au point de tuer un hypoglycémique, surtout quand l'affreuse musique (TELLEMENT datée) de James Newton Howard s'ajoute au mix en criant "famille, je vous aime !". Les scènes où Dave décide d'être pour de bon président et est censé montrer au public ce que devrait être un bon président, c'est-à-dire sympa et attentionné, sont grotesques, si prises au premier degré. Mais c'est, au contraire, secondaire. Parce que P1J est une comédie inoffensive qui se concentre avant tout sur le potentiel comique de la situation parfois vaudevillesque. Le personnage de l'infâme chef de cabinet Bob Alexander, joué avec un sérieux hilarant par le grand Frank Langella, méchant borderline Vil Coyote ("Ce n'est pas le président, c'est Monsieur Tout-le-monde, et je peux TUER Monsieur Tout-le-monde, je peux en tuer des centaine si je veux !"), est le meilleur exemple de ce que le script de Gary Ross a de BON (). Comme l'arrivée de Charles Grodin à la Maison Blanche. Comme le moment où le couple présidentiel est arrêté par les flics et se fait passer pour un couple de sosies professionnels. Et tout plein d'autres scènes. Et même si le film ne doit surtout pas être pris au sérieux, j'aurai toujours un pincement au coeur en entendant Ving Rhames dire à Dave "j'aurais pris une balle, pour vous" ! Mettez ça aussi sur le compte de Proust. Enfin ! C'est dénué du moindre génie, mais c'est bien le dernier film du genre à balayer d'un méprisant revers de la main. DONC ! Pour compenser la moyenne dont il pâtit sur ce site de bourgeois cyniques, hop, sept étoiles, go fuck yourselves.

Menace II Society
7.2

Menace II Society (1993)

1 h 37 min. Sortie : 5 janvier 1994 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Allen Hughes et Albert Hughes

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Menace II Society, ou le modèle du "hood drama" (genre situant son action dans l'univers des minorités pauvres aux USA, essentiellement les Noirs et Latinos), avec les autres classiques que sont Boyz N The Hood et dans une moindre mesure New Jack City (c'est-à-dire ceux dont la notoriété a dépassé la communauté "afro-américaine"...). On peut considérer qu'il n'a été dépassé qu'en 2015, par le franc du collier Straight Outta Compton, mais en même temps, ce n'est pas comme si ce registre était rempli de chef-d'oeuvres. Peu importe : c'est LE film qui m'a fait découvrir l'état socialement catastrophique de ladite communauté avec Fresh (que je lui préfère au demeurant). La mise en scène des frères Hughes est électrique, l'atmosphère de déréliction pesante (la violence est bien plus viscérale que celle de Boyz, assez inoffensif en comparaison), les personnages assez bien brossés et très bien interprétés (Samuel L. Jackson montrait déjà tout son potentiel), mais c'est surtout la volonté des cinéastes d'éviter tout manichéisme et toute victimisation qui hisse le film au-dessus du lot. Et dire que la loi de 1994 de l'administration Clinton n'était pas encore passée !

The Crying Game
6.8

The Crying Game (1992)

1 h 52 min. Sortie : 20 janvier 1993 (France). Policier, Drame, Romance

Film de Neil Jordan

Scaar_Alexander a mis 7/10.

Annotation :

Si ce film, unique tant par son sujet que par son atmosphère, sortait aujourd'hui, son méga-twist, celui que le studio est parvenu à taire JUSQU'À LA SORTIE, celui qui a traumatisé plus d'un spectateur hétérosexuel, aurait eu 95% de chances de fuiter sur les réseaux sociaux à un moment ou à un autre... si bien qu'ils n'aurait peut-être pas été fait ? Qui sait. En tout cas, il a vu le jour, et... l'expérience en valait le coup. On ne sait pas vraiment où le film veut en venir, au bout du compte, sinon à l'expression d'un amour inconditionnel, mais l'important n'est pas tant la destination que le voyage, comme dirait l'autre, en l'occurrence celui de son anti-héros affable, joué très justement par Stephen Rea. Et Jay Davidson fait une femme plutôt bien roulée, dois-je avouer à mon insu.

Liste vue 1.1K fois