2018 : Lectures (agrémentées d'un avis tout personnel)

Annotation :

Un croisement génial entre un bouquin de guerre pacifiste et l'humour absurde et corrosif qui m'a rappelé "MASH".
Le postulat de départ pose le ton directement : en pleine Seconde Guerre mondiale, des aviateurs tentent de se faire passer pour fous afin d'éviter d'aller au casse-pipe. C'est sans compter sur le redoutable article 22 du règlement, stipulant que "Quiconque veut se faire dispenser d'aller au feu n'est pas réellement fou." Quasiment tout est dit ici.
Le livre développe une galerie de personnages assez hallucinants, chacun étant souvent le reflet d'une partie de la société américaine, et réussit constamment à osciller avec brio entre farce et noirceur.
Un très bon bouquin !

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​Un court (150 pages) mais bien beau roman, possiblement (probablement même) autobiographique, qui décrit en grande partie la passion vécue par deux lycéens dans les années 80, et l'acceptation de leur homosexualité.
Moi qui suis habituellement assez rétif au style "blanc" ou volontairement dépouillé de certains auteurs, force est d'avouer que celui de Besson se prête admirablement au propos et ne fait qu'en renforcer la portée émotionnelle.
En résumé : un succès critique et public auquel je ne peux qu'adhérer...

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Kundera m'avait déjà séduit avec "L'insoutenable légèreté de l'être", et il récidive avec cette histoire qui sonne comme une charge politique contre le régime communiste (même s'il s'en est défendu).
Plusieurs plaisanteries au sein de ce livre : une qui va valoir au personnage principal une radiation du Parti et quelques années à l'ombre, une seconde où ce même personnage va tenter de séduire la femme de l'homme qui l'a dénoncé.
Les deux en disent long sur la nature humaine, et quelques passages tutoient les sommets.

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Le roman historique français par excellence me semble-t-il, et que je n'ai pu commencer que cette année.
Derrière le côté historique passionnant du règne de Philippe le Bel et les jeux d'intrigues, se dessine également la plume d'un vrai conteur.
Je m'attendais à lire une oeuvre plutôt aride, il n'en fut rien ! Les six prochains tomes sont assurément sur ma liste de lecture !

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Ah je m'en veux d'avoir vu l'adaptation filmique (très moyenne) avant d'avoir découvert le livre ! Car même si l'oeuvre cinématographique présente quelques légères différences, je connaissais déjà la clé du mystère en tournant les pages du bouquin.
Peut-être est-ce dû à cela que je n'ai pas été plus emballé que cela, tout en reconnaissant aisément que le livre se lit très facilement, que Japrisot y crée un très intéressant portrait de femme, et que les trente dernières pages nous permettent habilement de revoir sous un autre angle les événements vécus jusqu'alors.
Match retour à faire sur une oeuvre du même écrivain, ce qui ne manque pas, sitôt que j'en aurai l'occasion !

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Une histoire somme toute fort simple : un cétacé se prend d'amitié avec les soldats d'un destroyer britannique en route pour reprendre les îles Malouines.
Entre la nouvelle et le roman, Pierre Boulle réussit à instaurer une empathie assez phénoménale pour le grand animal, ainsi qu'un humour très britannique.
Evidemment, on redoute la fin (sans en dire plus), et on espère se tromper...

Annotation :

Une oeuvre à fort caractère autobiographique (du moins l'ai-je supposé), qui s'attarde sur la relation entre un enfant russe et sa grand-mère français, vivant à ses côtés dans l'empire du tsar.
Un livre qui mêle donc souvenirs d'enfance et d'adolescence, et profonde fascination pour la France et la langue française, que ce gamin pouvait toucher du doigt à travers les récits de son aïeule.
Certains passages sont diablement bien écrits, réussissent à nous immerger dans cette enfance somme toute particulière, et à faire vibrer l'amour que l'on peut porter à notre belle langue.
D'autres passages malheureusement - et c'est ce qui justifie ma note qui aurait pu être plus haute - sont à mes yeux bien plus ennuyeux. Ils sont rares, mais ont suffi à gâcher mon bonheur de lecteur.

Annotation :

Le livre part d'une idée plutôt originale (et assez jubilatoire il faut l'avouer) : les politiques ne sont plus en mesure de diriger les nations, et il convient de former un gouvernement mondial dirigé par des scientifiques.
Ceci fait, le bonheur de la population chute drastiquement, et les grands esprits en charge du monde décident de mettre en place des jeux barbares et sanglants, afin de combattre la mélancolie ambiante.
Y a un petit quelque chose de la dystopie du "Meilleur des mondes" (le livre y fait d'ailleurs référence plusieurs fois), et les idées développées sur la direction de l'humanité sont ma foi plaisantes. C'est de surcroît bien écrit comme toujours avec Boulle, et le petit pied de nez final me plait énormément !

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Relecture après moult années, même si l'on connait quasiment tous plus ou moins le twist final (légèrement différent du plan de fin mémorable du film avec Charlton Heston), l'histoire que nous sert Boulle est toujours aussi forte et surprenante.
Lecture d'une traite donc, tout en appréciant pleinement la richesse de l'univers dépeint ici. Un classique de la SF, tout simplement.

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Le fait d'être obligé de créer par moi-même la fiche Sens Critique de ce livre en dit peut-être suffisamment : on est ici devant une oeuvre mineure de Pierre Boulle, assez loin des sommets de sa production.
L'histoire est simple : un immense navire pétrolier, à l'origine abhorré par quasi toute la population mondiale, prend soudainement une allure mystique quand des miracles se produisent à son contact.
Il y a je pense une critique sous-jacente du cynisme des multinationales, de l'absurdité de certains cultes. Mais cela aurait gagné à être davantage féroce. Là, bien que plaisant la plupart du temps, je qualifierais surtout ce récit de "gentillet".

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Un essai sur les GAFA, et sur les quantités de données impressionnantes que ces géants du net recueillent nous concernant.
Le constat est accablant, et vaut vraiment la lecture tant certains chiffres et certaines visions très particulières des grands patrons en question donnent le vertige.
Cependant, j'eus apprécié que le livre s'éloigne au bout d'un moment du simple constat, et propose des pistes, des alternatives.
Instructif donc, même lorsque l'on connait un peu le domaine, mais incomplet selon moi.

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OK la couverture est plutôt amusante. Voilà pour les bons points de ma note.
Plus sérieusement, c'est épineux à commenter, car à travers ce livre, c'est forcément une partie de ce "nouveau féminisme" que l'on critique.
Evacuons rapidement la forme, car l'écriture de Despentes fut une grosse déception, sans aucune recherche purement stylistique.
C'est bien le fond qui prime ici, et difficile pour moi de me sentir transporté. Je ne suis peut-être pas le bon public, même si, comme Despentes le dit à juste titre, le féminisme concerne évidemment toutes les femmes et tous les hommes.
Néanmoins, à part quelques réflexions que j'ai trouvé plutôt justes (sur le porno, la prostitution...), l'immense majorité des pages n'ont pas réussi à m'atteindre, et je suis resté impassible aux idées développées.
C'est grave docteur ?

Allez, comme je ne suis pas revanchard, je compte bien redonner une chance très prochainement à Virginie Despentes dans un registre moins polémique, avec ses "Vernon Subutex" !

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James Ellroy se fait pour une fois enquêteur, et tente de retrouver l'assassin de sa mère. Une forme d'expiation pour ce fils qui l'a longtemps détestée...
Le livre est construit en 4 grandes parties, trois s'intéressant au passé avec un angle quasi biographique, la dernière étant celle de l'enquête proprement dite. Et c'est pourtant cette dernière la plus faible d'après moi.
Car contrairement à ses histoires noires que j'apprécie énormément, Ellroy n'a ici que la vérité à offrir, et hélas elle est quelquefois bien plus banale qu'une fiction.
Le style lapidaire et puissant est toujours présent heureusement, mais la tension habituelle moins.

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Le "fameux" livre de Houellebecq où un musulman devient président de la République française. On en a beaucoup parlé à sa sortie, pour finalement pas grand chose.
Je n'ai lu que trois romans de Houellebecq jusqu'alors, et j'ai l'impression qu'il décline toujours le même schéma et les mêmes personnages, généralement intellectuels aisés, avec une certaine frustration sexuelle, souvent passifs par leurs actes.
Le cadre de l'élection politique n'intervient finalement qu'assez peu durant tout le roman, et le cheminement personnel du héros est très... houellebecquien ?
Reste quelques jolies fulgurantes, l'animal sachant être caustique quand il faut.

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Un "mouais" général pour cet autre court roman de Boulle, dans lequel un scientifique génial mais manquant cruellement d'humanité exploite les pensées sombres d'adolescents afin de produire de l'électricité.
C'est écrit de belle façon, mais on voit hélas la fin arriver à des kilomètres...
Peut-être parce que le roman m'a pas mal rappelé "Charlie" de King, ou peut-être simplement parce que l'arc narratif était un peu faible.

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Boulle n'est pour moi jamais aussi bon dans ses romans-nouvelles que lorsqu'il inclut une dimension politique à ses histoires.
Ici, un président écologiste met en place une centrale solaire, considérée comme le joyau de son septennat. Evidemment, des considérations très pratiques vont venir ruiner ses espoirs et son rêve d'énergie 100% propre.
On trouve dans ce roman une charge finalement assez féroce contre l'écologie, mais surtout certaines postures politiques : les braves gens sont ballottés au gré des décisions prises par quelques technocrates, jusqu'à obtenir une situation ubuesque où le coût d'entretien de la centrale consomme davantage d'énergie que sa production. Savoureux.

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Afin de clore le cycle de Pierre Boulle entrepris cette année...
Une nouvelle fois, une histoire bien amenée, une narration toujours prenante. Mais comme déjà plusieurs fois, le rebondissement final se laisse entrevoir dès la moitié du roman, et gâche quelque peu la lecture.

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Magistral et glaçant.
La vision d'un ancien reporter ayant couvert de nombreux conflits sur la pulsion de guerre de l'être humain, assortie d'une réflexion pertinente sur la position des médias.
Je ne sais pas si le livre a été traduit en français (la fiche SC laisse penser que oui), mais ce livre gagne à être davantage porté au pinacle.

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Révélation : c'est donc de cette nouvelle que provient le fameux personnage de Scrooge, devenu quasiment un archétype de la culture anglo-saxonne !
Ma première expérience de Dickens il me semble, et un récit de Noël tout en douceur et en humour.
Envie d'en découvrir davantage !

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Je voyais pas mal de monde lisant ce bouquin dans les transports en commun, alors "Pourquoi pas ?" me suis-je dit.
Bon, c'est plutôt sympa, ça me réconcilie un peu avec Despentes depuis le calvaire "King Kong Théorie". La vision qu'elle a de notre société actuelle ne manque parfois pas de piment et d'acuité (avec un petit côté nihiliste qui me rappelle un peu Houellebecq), mais j'avoue avoir eu du mal à saisir le sens global du roman.
Il manquait un réel fil conducteur d'après moi... Peut-être que cela s'éclaircit dans les deux tomes suivants, affaire à suivre...

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Roman que l'on pourrait résumer comme une simple histoire d'amour durant l'Occupation.
Ce n'est finalement que cela que nous conte Gary, mais son talent (et son expérience personnelle puisqu'il fut dans la Résistance je crois de mémoire) étoffe de façon assez virevoltante le récit.
C'est beau et désespéré, c'est poignant et optimiste à la fois. Une très jolie lecture.

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Quel uppercut !
De Winslow, je ne connaissais jusqu'alors que l'adaptation ciné de "Savages" (sympa mais sans plus), et le top 111 Sens Critique m'a mis ce livre sous les yeux.
C'est une plongée fascinante dans les 30 années de guerre qu'ont mené les Etats-Unis contre les cartels mexicains de la drogue. Ca rappelle beaucoup Ellroy dans l'écriture (un style un peu moins direct cependant), la noirceur et l'absence de manichéisme des personnages, le spectre politique toujours en filigrane.
Les 800 pages se dévorent en un éclair et on en ressort lessivé.

Annotation :

Le hasard, le Destin ou que sais-je a voulu que Philip Roth décède justement alors que j'entamais la dernière centaine de pages du livre. Il ne lira donc jamais cet avis, et j'en suis tout chafouin.

Mais ce n'est peut-être pas un si grand mal, car je n'ai pas su trop quoi penser de ce livre, qui s'avère être une psychanalyse détaillée des turpitudes sexuelles d'un jeune Juif brillant, tout en croquant un portrait finalement assez tendre de la communauté juive new-yorkaise.
Alors par moments, c'est bien, ça transporte. Par d'autres, c'est un peu chiant... Les premiers font oublier les seconds, c'est déjà ça.

Annotation :

Je m'attendais à une lecture sinistre car... bah ce titre + la gueule de l'auteur hein. Mais en fait, on est davantage face à une succession d'aphorismes (terme que Cioran réfute d'ailleurs), de pensées ou assimilé qui oscillent entre pessimisme pur certes pour certains, mais aussi autodérision et causticité bienvenue pour d'autres.

Et puisque souvent, quelques citations rendent mieux qu'autre chose :
"Quand quelqu'un se plaint que sa vie n'a pas abouti, on n'a qu'à lui rappeler que la vie elle-même est dans une situation analogue, sinon pire."

" «Après moi le déluge» est la devise inavouée de tout un chacun: si nous admettons que d'autres nous survivent, c'est avec l'espoir qu'ils en seront punis."

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De Jack London, je n'avais lu que "Croc-blanc" et "L'Appel de la forêt", et il y a de ça bien des années. Ici, le ton est tout autre, et le récit d'aventures est abandonné pour une touche bien plus introspective et sans doute intime.

L'histoire de ce matelot rustre s'imposant finalement écrivain et poète a de quoi émouvoir, surtout en prenant en compte le talent de London pour ce type de récit.

Annotation :

Je crois me souvenir d'une anecdote disant que ce livre d'Ellroy était étudié durant les études de criminologie et de profiling afin de mieux comprendre la mentalité des tueurs en série.
Peu importe la véracité de cela, Ellroy a assurément su nous plonger dans la psyché froide et malsaine d'un homme dérangé, semant des cadavres le long de sa route.
Le style de "l'American Dog" est bien présent : phrases lapidaires, noirceur du propos, éclats de violences. Même s'il manquait un souffle romanesque que l'on trouve dans ses romans plus classiques, je me suis laissé emporter.

Annotation :

Il me semble que j'avais dû lire ce livre pour la première fois durant mes années collège. L'histoire m'avait déjà frappé, car j'ai toujours conservé un souvenir très vif de ce livre.
Bien des années plus tard, je m'y suis replongé avec le même plaisir et la même frénésie, découvrant en plus du talent de l'écrivain, une profondeur que j'avais sans doute seulement aperçue de manière fugitive à ma première lecture. Le miroir de notre société que nous tend Golding à travers son récit fait plus que mouche (<= humour).

Annotation :

Dans la digne continuité du précédent : de l'érudition, des faits historiques, des personnages non manichéens.
Un vrai plaisir à lire !

Annotation :

J'en avais entendu parler par le bouche-à-oreille, et je m'attendais à quelque chose d'un peu gnan-gnan (je me méfie quand on me parle trop d'un bouquin).
Finalement, pas tellement ai-je envie de dire. Le roman est imparfait, et certains passages (les derniers chapitres notamment) sont téléphonés ou laissent un goût d'inachevé. Mais c'est une bien belle déclaration d'amour à son pays, et quelques descriptions et passages emportent tout sur leur passage.
Ca m'a rappelé le "Boussole" d'Enard quelquefois, même si les deux livres sont très dissemblables sur leur fond.

Annotation :

Lecture de travail, on ne m'y reprendra plus.