Cover 2021, montage, poussières, et autres cadres

2021, montage, poussières, et autres cadres

(ou plus simplement : les films de 2021)

Dans l'objectif immédiat, retourner vers Hitchcock et Ford un peu, poursuivre chez Akerman, Godard, Fassbinder, découvrir Wiseman, As I Was Moving Ahead, puis verra bien ce qui sera glané.

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Des moments qui ...

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Liste de

72 films

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Soul
7.4

Soul (2020)

1 h 40 min. Sortie : 25 décembre 2020. Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Kemp Powers

Rainure a mis 6/10.

Annotation :

04 janvier 2021
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Petit Pixar, mais enfin c'est toujours un Pixar : on a toujours de l'animation graphique inspirée, bien plus que le "Onward" de Disney plus tôt dans l'année, qui mélange petites inventivités de gags, abstractions (les Jerry semblables un peu à du Calder ou les Picasso filiformes), rendus 3D plus réalistes, un peu plus ronds (fainéants ?) pour les âmes, et plein de détails (ici, surtout les pochettes de vieux vinyles jazz, Thelonius Monk, Miles Davis que j'ai cru rapidement pouvoir lire).
Ça ne fait pas tout hélas, et les allégories, questionnements sur le sens de la vie ou sur la mort, la passion restent assez balourds, s'en sortent beaucoup mieux quand ils ne parlent pas mais se contentent d'exprimer tout ça muettement - Joe allongé sur la grille d'aération d'un métro New Yorkais ou quelque chose comme ça, quelques pointes sur les gens trop enfoncés, aveuglés dans une unique obsession et qui en oublient "la vie" donc. Je m'y retrouve plus quand on n'alterne pas sans cesse entre l'espèce de purgatoire (ou plutôt le grand avant, le truc le plus mal chaussé du film à mon avis) et la Terre, mais qu'on reste bien sur Terre, avec le réveil des sens, des petits plaisirs, des mille raisons de sourire de ce manque de sens, et puis des dialogues de vie qui tout de suite eux, plus simples (l'élève au saxophone), atteignent plus quelque chose, de l'humain donc.
(et puis cette fin, pitié)

Imitation Game
7

Imitation Game (2014)

The Imitation Game

1 h 54 min. Sortie : 28 janvier 2015 (France). Biopic, Drame, Thriller

Film de Morten Tyldum

Rainure a mis 4/10.

Annotation :

06 janvier 2021
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Le lissage et la paresse de ce type de biopic. Je n'ai rien à dire sur la belle performance de Benedict Cumberbatch, les décors de ce genre de production, mais ça ne soutient aucune idée, aucune force, aucun souffle derrière. Simplement, les mêmes images de seconde guerre mondiale (bombardements, discours, Hitler, Churchill, cuirassés et sous-marins), les colères et les désespoirs, les vains sauts entre temporalités qui n'ajoutent aucune épaisseur, et tout le croquant, le passionnant d'Alan Turing (car oui, l’œuvre, le personnage sont proprement fascinant), la défense de l'altérité dans la forme d'intelligence, des langages et des codes propres aux conventions sociales ou aux machines, surtout la science du cryptage, tout ça forme quelques éclaircies sans grands éclats, attendues, sans enjeux.

Le Massacre de Fort Apache
7.5

Le Massacre de Fort Apache (1948)

Fort Apache

2 h 08 min. Sortie : 4 août 1948 (France). Western

Film de John Ford

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

10 janvier 2021
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(je ne pensais pas que mon titre de liste collerait si bien à un des premiers films de l'année, mais)

L'affreux de la recherche infernale de la gloire, brisant les hommes et les destinés pour créer les légendes - la fin annonce Liberty Valance. Je ne sais pas ce qui du cinéma de Ford me touche le plus - sans doute la somme des scènes, où virevoltent les scènes de vie du camp (sérénades, bals, franche ivresse entre troufions de service, et rigueurs plus militaires, montées à cheval compliquées) puis les paysages saisissants de poussières et mesas de la Monument Valley, dominant inlassablement de toute leur hauteur hommes et bêtes.
Puis, bien sûr, voir l'absurde, le drame de la résolution par les armes d'un conflit qui pouvait se résoudre autrement pour un horizon de gloriole, l'insensé Thursday refusant d'écouter York, prenant les indiens pour moins que des bêtes, Thursday aux notions figées et dépassés qui n'écoutera aucune raison tout absorbé par le reliquat hypothétique de faits d'armes, et de vaincre peut-être aussi l'ennui de Fort Apache (j'ai pensé au désert des Tartares, à jamais rien qui ne se passe). Ne reste qu'aux survivants que les nuages de poussière qui noient les formes, les étendards et autres vestiges de l'armée, la mémoire-image de Thursday (York reprenant ses fonctions, son chapeau, ses erreurs), et les reflets-mémoires des disparus.

Le Professionnel

Le Professionnel (2003)

Profesionalac

1 h 44 min. Sortie : 2003 (France). Comédie dramatique

Film de Dusan Kovacevic

Rainure a mis 4/10.

Annotation :

12 janvier 2021
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Une amie serbe a tenu à me montrer un film serbe - rien de très intéressant, un genre de téléfilm, ou plutôt du théâtre adapté (c'est le réalisateur lui-même qui avait écrit la pièce d'ailleurs), autour du contexte des guerres d'ex-Yougoslavie. Plus intéressant pour le contexte lui-même - j'ai encore du mal à me dire que ces guerres se passaient si récemment, quand j'étais tout enfant, et du mal à saisir tous les enjeux - que pour le contenu du film, un genre d'humour du "il y a toujours pire que soi" et de jeux de mise en scène sans trop d'éclat.

Kids Return
7.7

Kids Return (1996)

Kizzu ritân

1 h 48 min. Sortie : 16 avril 1997 (France). Policier, Drame, Sport

Film de Takeshi Kitano

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

16 janvier 2021
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De beaux égarements et de belles amitiés d'adolescents qui cherchent déjà à être adultes.
Il y a de nombreuses "ruptures" ici, d'événements qui rompent la continuité des aspirations, les habitudes de gosses - de turbulente petite frappe accumulant les bêtises et les rackets, Masaru qui disparait puis réapparait déjà à faire autre chose, à se chercher, après la rouste qu'il se prend une fois. Ensuite, ce sont les retrouvailles, les voies qui se séparent, Shinji le taiseux (le bleu, le discret) qui observe mieux, est plus capable peut-être mais influençable, et Masaru toujours flamme, le rouge flamboyant qui toujours en trombe se cogne, s'affale, et se relève pour repartir encore plus tête baissée.
A côté, la partition d'Hisaichi qui saisit justement tout ça, qui s'amuse aussi entre Philip Glass et des passages plus trip-hop, pop, voire plus "guitares dehors" que je ne lui connaissais pas :
As a rival :
https://www.youtube.com/watch?v=lB-VTcvOZxM
et
Kids Return :
https://www.youtube.com/watch?v=544bkI1hmGk

Jeux dangereux
8.2

Jeux dangereux (1942)

To Be or Not to Be

1 h 39 min. Sortie : 21 mai 1947 (France). Comédie, Guerre

Film de Ernst Lubitsch

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

22 janvier 2021
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Je croyais découvrir le film - j'avais dû en fait le voir il y a longtemps, beaucoup plus jeune, puisque beaucoup de scènes me revenaient en tête en fait, le fil de l'histoire, certains comiques de situation, les dénouements.

J'ai plein de tendresse pour ce jeu d'apparences et de théâtre permanent, où tout est pastiche, accessoire, menteur, avant et arrière-scènes : entrées, sorties de personnages, espions et contre-espions, levées de rideau, sous-texte de vaudeville permanent qui rythme les actes ; en plus d'une grande comédie (dialogue, rythme, piques, et forcément sous-texte acerbe critique du IIIème Reich à grand renfort de pleutres et de peur du mot de travers), Lubitsch fait aussi un excellent film pour parler de théâtre et de tout son bonheur de loges et de souffleur, de vu et de non-vu, d'incarnation et de désincarnation du rôle - l'introduction et l'acteur-Hitler qui sort de son personnage pour signer un autographe - et surtout, surtout, de la réplique, la force ou la faiblesse du texte, en répétitions, prévisions, improvisations.

Fast & Furious : Tokyo Drift
4.5

Fast & Furious : Tokyo Drift (2006)

The Fast and the Furious: Tokyo Drift

1 h 44 min. Sortie : 19 juillet 2006 (France). Action, Aventure, Policier

Film de Justin Lin

Rainure a mis 3/10.

Annotation :

25 janvier 2021
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J'ai beaucoup rigolé aux effets de zooms soudains dans les téléphones cellulaires qui "filmaient" la course pour replonger dans l'action - frénétique, illisible, sautillant sans cesse. Beaucoup de kitch, et tout cousu de fil blanc - pour un faux dépaysement nippon, quand tout reste très américain.

Arizona Dream
7.2

Arizona Dream (1993)

2 h 22 min. Sortie : 6 janvier 1993 (France). Comédie dramatique, Fantastique, Romance

Film de Emir Kusturica

Rainure a mis 5/10.

Annotation :

26 janvier 2021
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L'impression d'un film piégé dans sa volonté permanente de s'affranchir de tout (tout en restant finalement assez commun, doutes et vestiges de l'amour et de l'ambition) ; ce qui donne un fatras rocambolesque aussi charmant (Vincent Gallo qui monte sur scène imiter des personnages de Scorcese ou Hitchcock - quand son personnage m'énerve tout le reste du film) et facétieux (Jerry Lewis qui sait être hilarant) que gênant et douteux (la bande-son horripilante, des effets spéciaux symbolico-ridicules, l'action brouillonne et épuisante du début du film). Des impressions de certains bouts d'épisodes de Twin Peaks, ou de clips de Kate Bush, allongés à l'échelle d'un film, et comblé par des scènes qui jouent avec les nerfs - entre-deux pas toujours agréable entre le "regarde comme je suis bizarre / profond" et la parodie grossière rigolote, la moquerie d'une certaine vision de l'Amérique (et ces Cadillacs roses qui servent même de table basse, et cette hypocrisie des relations sociales).

Seul sur Mars
6.8

Seul sur Mars (2015)

The Martian

2 h 21 min. Sortie : 21 octobre 2015 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Film de Ridley Scott

Rainure a mis 4/10.

Annotation :

03 février 2021
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Le film pose de très nombreuses pistes qui pourraient être passionnantes - l'isolation complète en territoire hostile (la scène d'auto-chirurgie) doublée du manque de certitude quand à la conscience par d'autres de son sort, le mensonge médiatique et aux proches quand une vérité gênante fait surface, le poids des surcoûts, des nouveaux risques que peuvent entraîner le choix d'aller sauver une vie - mais tout est vite balayé sous le tapis, désamorcé, pour ne laisser qu'un film plus ou moins comique, plus ou moins sf, plus ou moins drame, et ne finir par être qu'un passe-temps sans envergure, pour finir par être même franchement ridicule. Bref, rien à en retenir d'ici un mois.

Coco
7.7

Coco (2017)

1 h 45 min. Sortie : 29 novembre 2017 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

10 février 2021
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Disons que je ne veux pas trop voir les défauts (il y en a - un méchant assez facile finalement, pas bien complexe, mais j'aime bien la question du prix du succès), toujours est-il qu'après avoir vu Soul récemment, Coco réussit bien mieux tout ce qu'il touche : merveilles d'animations de cette cité des morts, fulgurantes couleurs, la valeur du lien familial, et une approche très touchante à la fois du deuil physique / deuil de mémoire et des traditions mexicaines de ce "Dia de los muertos". Quelques scènes qui sortent du lot ("Remember me", forcément, deux fois), c'est un petit tourbillon d'émotions bien ficelé ici (la question finalement du choix des enfants, de la "carrière", est très secondaire).

Monstres Academy
6.4

Monstres Academy (2013)

Monsters University

1 h 44 min. Sortie : 10 juillet 2013 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Dan Scanlon

Rainure a mis 5/10.

Annotation :

18 février 2021
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Meh. Il serait peut-être temps que je vois le premier, qui a l'air plus inspiré.
(d'autant que je manque peut-être d'éléments : quelle "mythologie" est introduite dans l'autre film, et reprécisée dans le prequel ?)
Histoire d'universitaires qui se chahutent très édulcorée et sans enjeu, à coup d'importance de l'image (très vite outrepassée), de rivalité, de pierres à l'édifice.

La Vie au ranch
5.8

La Vie au ranch (2009)

1 h 32 min. Sortie : 13 octobre 2010 (France). Comédie dramatique

Film de Sophie Letourneur

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

23 février 2021
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Je ne crois pas avoir déjà vu un film comme ça, très à part. Où on montre les jeunes gens assez minables, pitoyables, ridicules et attachants ; on ne sait pas trop ce qui est écrit, ce qui est improvisé ici, tout vire au chaotique, des voix qui se superposent et deviennent inintelligibles, des histoires d'amour d'un soir ou d'un peu plus longtemps qui sont ramenées à ce qu'elles sont (pas grand chose, des caprices, des passions simples), et une scène où on se moque gentiment des cinéphiles pédants (fans d'Hong Sang-Soo qui parlent pour ne rien dire des films, sinon que le précédent était vachement mieux mais que c'est bien, c'est pas connu, et qu'aussi tu as vu il y a une rétro Wong Kar Wai au Champo, ah oui, comme tous les 6 mois). Autant caricatural que juste à montrer ces jeunes adultes / vieux adolescents souvent incapables d'aucuns reculs et de penser (ou de montrer penser) à beaucoup d'autres choses qu'eux-mêmes (et encore, dans une posture immédiate, sans beaucoup de projection) - et qui finalement accumulent les sujets d'inquiétudes, d'ennuis et de rigolades. Une critique du site mentionne "l'indépendance idiote", c'est très juste.
Aussi, le répit du (très beau) dernier tiers du film est bienvenu, après la cacophonie quasi-incessante du reste, beaux paysages d'Auvergne, éleveurs et vieillards rigolant des histoires d'amours de ce groupe de jeune.

Fenêtre sur cour
8.1

Fenêtre sur cour (1954)

Rear Window

1 h 52 min. Sortie : 1 avril 1955 (France). Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

27 février 2021
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Fantasmer l'invisible, l'inaperçu, le hors-cadre simplement pour avoir pu voir quelques indices, quelques traces, quelques signes interprétés comme on préfère - Hitchcock fait un film évident sur l'observation et l'observé, tout en faisant une allégorie transparente du spectateur qui observe toutes les ritournelles des comportements de la cour, interprète ces historiettes d'amour, de tristesse - James Stewart essaye d'échapper à sa réalité de boiteux à travers ces vies miniatures, et dans le même temps ne sait pas être réaliste dans son temps présent à lui, refuse toute idée d'un mariage réel pour se couler tout entier dans son fantasme, ses attentes - passant de simple observateur, je pense aux "Eyes on the Street" de Jane Jacobs, à voyeur complet du voisinage, nous entraînant dans le même coup, en tant que spectateur, à fouiner à notre tour, à espérer la production d'un coupable, de suspense, de quelque chose.

Good Time
7.1

Good Time (2017)

1 h 42 min. Sortie : 13 septembre 2017 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Benny Safdie et Josh Safdie

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

01 mars 2021
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La précipitation d'une nuit chaotique, des impressions d'une chose dont on n'agrippe jamais la réalité, qui nous échappe de plus en plus et vire au cauchemar. Les frères Safdie - grandement aidés par l'excellente bande-son d'Oneohtrix Point Never (mélange de nappes très 80s, comme des choses échappées et plus énervées de vieux albums d'électronique, de percussions sourdes, de voix modifiées, de guitares tordues) - signent un film étrange et effréné, sans but, perdu dès le départ, halluciné, d'où sort avant tout forcément son duo de personnages central, et Robert Pattinson excellent dans son rôle pathétique de petite frappe qui fera tout ce qu'il pourra jusqu'au bout pour croire aider son frère, alors qu'il n'a aucune idée de comment faire non plus. Des visages cernés, qui occupent tout l'écran ; des virées vers l'irréel et le réflexe, la tombée au toujours plus bas (beaucoup d'Uncut Gems était déjà là).

Fantastic Mr. Fox
7.7

Fantastic Mr. Fox (2009)

1 h 27 min. Sortie : 17 février 2010 (France). Aventure, Comédie, Animation

Long-métrage d'animation de Wes Anderson

Rainure a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

10 mars 2021 (revu)
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Revoir encore une fois, sans grand changement - l'élégance des couleurs, de l'ensemble qui sonne trop bien pour être vrai, l'acharnement chromatique habituel de Wes Anderson, tout est factice et miniature, et dans ce monde imaginaire viennent s'éparpiller toutes les didascalies, toutes les fantaisies. J'aime beaucoup la radicalité de ce geste qui permet d'épanouir le conte : on se place hors du réaliste, dès lors on peut s'amuser des attentes, des trames faciles, des rebondissements attendus, et à côté on déploie le champ du gag visuel, de la parodie ou de la référence, dans cette atmosphère toujours très superflue d'Anderson (qui est sans doute aussi la limite de ses films - on ne laisse que peu de place pour de grandes surprises dramatiques tant tout est cousu de fil blanc, pour le meilleur et le pire).

Le Sens de la fête
6.6

Le Sens de la fête (2017)

1 h 57 min. Sortie : 4 octobre 2017. Comédie dramatique

Film de Olivier Nakache et Eric Toledano

Rainure a mis 4/10.

Annotation :

11 mars 2021
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Je ne comprends pas tout le foin qu'il a pu faire - en quoi il se différencie tant d'autres comédies françaises de petite facture, pas fines. La forme est propre, peut-être, et les acteurs (Bacri en tête) se démerdent bien, se démènent. Seulement après ça, c'est un concentré de personnages mal aimables qui en font tous des tonnes pour être mal aimables ou médiocres, en étant tous réduits à une caractéristique (la bêtise, la colère, la paresse, l'égo...) qui sera répétée à outrance tout au long du film. Rien de croustillant, donc.

La Femme de l'aviateur
7.2

La Femme de l'aviateur (1981)

1 h 46 min. Sortie : 4 mars 1981 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Éric Rohmer

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

13 mars 2021
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Bien évidemment, la scène de double-filature aux Buttes-Chaumont, qui se solde par des marivaudages et autres discussions vaines et légères sur l'apparence, ce qui forme l'amour, le mensonge et la projection de son propre idéal sur des personnes qui y échappent. François est d'un bout à l'autre quelqu'un d'un peu perdu, lamentable et têtu, inquiet mais qui veut juste être tendre, qui rumine des choses à partir de pas grand chose. Lucie vient apporter une grande respiration au film, sa gaieté, son astuce, l'énergie de quelqu'un qui appartient au monde et s'y sent bien, qui s'amuse à regarder et questionner ce qui s'y trouve autour, d'une curiosité qui rit à grande voix. Puis il y a aussi Anne et son indécision, son chagrin, cette scène dans la chambre, enfin confier tout ce qui tracassait, ce qu'il en est - voilà tout.

Goodbye, Dragon Inn
7.3

Goodbye, Dragon Inn (2004)

Bu san

1 h 20 min. Sortie : 21 juillet 2004 (France). Drame

Film de Tsai Ming-Liang

Rainure a mis 9/10.

Annotation :

15 mars 2021
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Notes à vif : le film et le cinéma, comme des espaces hors-temps, hors-terre, avec leurs propres règles de temps et d'espace. De là, on a le temps qui se dilapide, s'étend sensiblement (des scènes où presque rien ne se passe, lentes, suspendues dans les lueurs d'écran). Tous les bruits parasites (dans la salle de cinéma, et dans les couloirs du cinéma : pluie battante, sièges fermés et rouverts, portes claquées, grignotages) sont amplifiés, se mêlent aux bruits du film - bande-son sur la bande-son, alors que les rares dialogues du film projeté se substituent à la quasi-absence de dialogue du film qu'on regarde.

Bref, ça se place dans un espace subjectif, où vient se mêler des emprunts au cinéma d'horreur (qui rajoute une couche de subjectivité : on ne sait plus si on doit attribuer au paranormal ou au normal les événements qui se produisent au cinéma), et sur tout ça encore, une thématique de prédilection de Tsai Min-Liang (de ce que j'ai vu de ses films), la solitude des êtres dans la ville immense : les gens se croisent sans se voir, errent dans des couloirs vides, n'arrivent pas à interagir ou étrangement seulement (la scène aux pissotières, l'incapacité à réussir à demander du feu pour une cigarette).

(et quelle scène finale, la pluie torrentielle, l'au-revoir à un monde, le souvenir de toutes les sorties d'une salle de cinéma où on s'était si bien enfoncée)

Le Peuple Loup
7.8

Le Peuple Loup (2020)

Wolfwalkers

1 h 40 min. Sortie : 20 octobre 2021 (France). Fantastique, Aventure, Animation

Long-métrage d'animation de Tomm Moore et Ross Stewart

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

18 mars 2021
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Encore Tomm Moore, et son lot de clichés et de choses resplendissantes. C'est toujours un plaisir visuel intense d'errer dans ces mélanges de folklore irlandais pleins de formes géométriques plus ou moins marquées, de personnages à la touche Cartoon Network, d'arrière-plans en explosions de dégradés, de lacets, de tourbillons et de détails. Ceci, sans compter les choses plus précipitées, chromatisme changeant du loup, flammes dévorant l'écran, réduction du format de l'image, perspectives écrasées : tout une panoplie de techniques qui dynamisent, interpellent et abreuvent. Tout un pan qui laisse un scénario plus bateau en arrière-plan : on repense à Mononoké ou à Twilight Princess, à cet affrontement entre nature et ville mangeant la forêt où les quelques sources de possible résolution sont quelque part entre les deux, tandis qu'on imagine Frollo dans le rôle du grand méchant, inquisiteur et aux principes gravés dans le marbre, inchangeant, tandis que les personnages eux sont piégés dans leurs contradictions internes simplistes (obéir ou refuser une loi, un ordre inique - sous la pression d'un châtiment, d'une peur). Bref, du sucre.

Énorme
5.9

Énorme (2020)

1 h 41 min. Sortie : 2 septembre 2020. Comédie

Film de Sophie Letourneur

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

23 mars 2021
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L'entredeux dérangeant et fascinant entre la comédie grotesque (comme ça plaît à faire croire au début, et à laquelle Jonathan Cohen n'arrive pas à échapper) et le quasi-documentaire sur un sujet dramatique (la grossesse non-désirée provoquée dans le dos par le personnage de Frédéric, qui amène à un déni de grossesse). Face à l'horreur de son geste réellement atroce, le Frédéric-comédie petit à petit est réduit, mis face à ses actes, perd de son verbiage et sa superbe qui surplombe Claire (Marina Foïs, en interprète-pianiste tout autant hors du réel, confiant toute sa vie à Frédéric sans en avoir trop d'emprise - ne parlant que le français dans de nombreux festivals et concerts internationaux).
Des questions de manipulation, de mensonge, de vie par procuration, et de soutiens, autour desquelles reviennent des faits, la préparation à, puis l'accouchement - et Claire, rayonnante, qui parvient, malgré être enceinte, malgré accoucher, à ne pas arrêter là sa carrière de pianiste, pour qui le rêve dangereux, coupable, d'un autre ne prend pas le pas sur sa vie à elle.

Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait
6.5

Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (2020)

2 h 02 min. Sortie : 16 septembre 2020. Drame, Romance

Film de Emmanuel Mouret

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

24 mars 2021
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Mouret se place dans le registre du marivaudage, et va le creuser jusqu'au bout - chaque rencontre, chaque nouveau personnage doit aboutir à un autre flirt, questionnement du désir et de la passion amoureuse, réflexion sur sa situation sentimentale, et donc élucubrations vaines, confuses d'où percent tout et son contraire. De l'artificialité en spirale, des remarques qui n'aboutissent pas, des sentiments qui glissent - tout pour hurler l'évidence de la complexité de l'amour, jamais tout à fait vrai ou tout à fait faux, ni définitif, qui marque dans sa brièveté comme sa longueur. Des marches, des repas, de la rencontre au hasard au gré d'un choix ou d'un autre, et pas bien plus.

L'Âge de glace
7

L'Âge de glace (2002)

Ice Age

1 h 21 min. Sortie : 26 juin 2002 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de Chris Wedge et Carlos Saldanha

Rainure a mis 4/10.

Annotation :

29 mars 2021 (revu)
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Des choses attendues, une animation qui a mal vieilli pour des dilemmes inexistants, et un besoin quasi-constant de souligner l'action, de mots là où ils ne sont pas nécessaires (en dehors de la chouette scène des fresques préhistoriques). Pas dans mon cœur, ni un personnage, ni un autre.

Antoine et Colette
7.1

Antoine et Colette (1962)

32 min. Sortie : 1962 (France). Comédie, Drame

Moyen-métrage de François Truffaut

Rainure a mis 7/10.

Annotation :

30 mars 2021
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Antoine Doinel déjà impotent, coincé, draguant lourdement et atteignant le cœur des parents de la convoitée plutôt que Colette. De belles musicales, des projections, des abandons, et de la gêne cruelle et drôle.

Fantasia
7.5

Fantasia (1940)

2 h 04 min. Sortie : 1 novembre 1946 (France). Animation, Sketches, Comédie musicale

Long-métrage d'animation de James Algar, Samuel Armstrong, Ford Beebe, Norman Ferguson, Jim Handley, T. Hee, Wilfred Jackson et Hamilton Luske

Rainure a mis 6/10.

Annotation :

01 avril 2021
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Malgré l'audace - cette ouverture expérimentale, sur des traits, à peine des couleurs, aucune figure reconnaissable, saisissable - tous les motifs sont inégaux, pas aussi fascinants à regarder. Quelques choses grandioses, l'Apprenti Sorcier forcément, mais aussi le final effrayant, plein de flamboiements, d'ombres et de couleurs inattendues, avec la "Nuit sur le Mont Chauve" ; d'autres, plus convenues voire ennuyantes (la pastorale, la danse des heures). Abstractions, danses et figurations, presque Murnau pour le démon surplombant le village, avant enfin la lumière qui éblouie tout.

Baisers volés
7.3

Baisers volés (1968)

1 h 31 min. Sortie : 4 septembre 1968. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

Rainure a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

05 avril 2021 (revu)
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Beaucoup de scènes m'étaient sorties de l'esprit - les plus faibles, surtout, l'adultère du début, quelques lenteurs du début. Mais après, le rire reprend : Doinel en maladroit complet, inepte (le test des paquets pour l'embauche, les filatures foireuses), Delphine Seyrig et sa tirade sur l'exceptionnalité des êtres, ou comment on peut l'être sans être une "apparition" donc, et le scandale total de toute la situation du cabinet de filature. Bref, toujours beaucoup de plaisir à voir ce film.

Domicile conjugal
7.1

Domicile conjugal (1970)

1 h 37 min. Sortie : 9 septembre 1970. Comédie dramatique, Romance

Film de François Truffaut

Rainure a mis 6/10.

Annotation :

15 avril 2021
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Antoine Doinel qui devient de plus en plus minable et égoïste sans s'en apercevoir, qui fait son beau parleur jusqu'à petit à petit perdre ses mots, sa superbe, soutenir plus que tenir quelque chose de présentable - plein d'appels à l'aide au téléphone, devant son mutisme bête. Alors qu'elle, Christine, ne se laisse pas faire : répond, chahute, parvient à quelques rayonnements malgré tout, dans de belles scènes de la vie courante, de quelques traces parce qu'il y a de l'amour après tout, même quand on ne sait plus comment donner - des errances autour de broutilles d'idées, de choses stagnantes, d'une vie conjugale loin d'un paradis, pleine de non-dits et de malaises, et tout de même de quelques complicités, quelques rires encore.

Charlotte et Véronique (ou Tous les garçons s'appellent Patrick)
6.7

Charlotte et Véronique (ou Tous les garçons s'appellent Patrick) (1959)

21 min. Sortie : 6 mai 1959. Comédie

Court-métrage de Jean-Luc Godard

Rainure a mis 6/10.

Annotation :

17 avril 2021
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Pour la connivence, les livres retournés sur les tables de café, et les mensonges de beau-parleur minable, à répétition, autour du jardin du Luxembourg.

Les Douze Travaux d'Astérix
7.4

Les Douze Travaux d'Astérix (1976)

1 h 22 min. Sortie : 20 octobre 1976 (France). Animation, Aventure, Comédie

Long-métrage d'animation de René Goscinny et Albert Uderzo

Rainure a mis 5/10.

Annotation :

21 avril 2021
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Pas grand chose à en tirer, le laisser-passer oui, la farandole des plats, des arrière-plans assez jolis, quelques musiques sympathiques. Un peu d'ennui tout de même, de pas grand chose qui marque au final.

The Terrorizers
7.1

The Terrorizers (1986)

Kong bu fen zi

1 h 49 min. Sortie : 14 décembre 2011 (France). Drame, Thriller

Film de Edward Yang

Rainure a mis 8/10.

Annotation :

25 avril 2021
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(un autre film qui colle parfaitement au titre de la liste de l'année, tiens)

Edward Yang dresse un Taïwan plein d'angles morts dans les bétons, de regards dans les dos, de tristesses derrière des vitres et d'amertumes qu'on se garde pour soi, de tentatives de créer pour oublier un quotidien morne et défait. Des personnages alors qui s'ébruitent, qui s'éparpillent et espèrent quelque chose qui arrive, qui filent en douce et fuient, dont on garde juste les traces (des traces de traces même : les lumières sont tamisées, les fenêtres recouvertes puis cassées) - appels téléphoniques anonymes, photographies recollées et agrandies (me revient Blow Up forcément), coin de colonne d'un journal. A vrai dire, maintenant que j'écris ça, toute la structure-éclats du film (des bouts de verre qui ne se rejoignent jamais tout à fait, des figures ici et là qui imaginent beaucoup mais font peu) me fait penser à Bolaño - les chercheurs de traces et les esseulements, les incompréhensions qui s'additionnent. Ce n'est pas le trainement de Liang, le film s'agite plus tout de même, mais dans une violence sourde presque toujours, dans quelques bas-fonds, et beaucoup d'inquiétudes.

Les Feux de la rampe
7.9

Les Feux de la rampe (1952)

Limelight

2 h 17 min. Sortie : 31 octobre 1952 (France). Drame, Romance, Musique

Film de Charlie Chaplin

Rainure a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

30 avril 2021
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D'abord l'audace de démarrer le film sur l'alcoolisme et la tentative de suicide - même après Verdoux, revoir Chaplin aborder ces eaux-là étonne encore. Puis ensuite, évidemment, toute la beauté de ce regard porté sur son étoile descendante, sur la chute lente de Chaplin-Charlot qui se rêve encore amusant les foules avec ses jeux de regards et de gestuelles - avant qu'on vrille au cauchemar, la salle vidée, l'absence de regards qui se porteraient encore sur Calvero.
Tout le reste n'est qu'honneur, sauvegarde de ce qu'il nous reste, et leçons d'altruismes et d'acceptations de son sort : Chaplin philosophe et au fond du trou, tente de tirer plus profond que soi ; Terry brille et se berne, pour finalement resplendir, et une des plus belles fins des fins, l'effacement pour laisser place à ceux qui nous succèdent.

(à noter aussi, la très belle bande-son qui sublime tout ça, l'apparition de Keaton, des retours partiels de Charlot et son émancipation)

Rainure

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