Cover Abbas Kiarostami - Commentaires

Abbas Kiarostami - Commentaires

Figure majeure du cinéma mondial, Abbas Kiarostami n’a eu de cesse de valoriser le réel à travers la mise en abîme, de sonder la matière du monde, de l’humain, de la société iranienne, par l’entreprise de dispositifs théoriques particulièrement retors. Il y a chez lui autant de Rossellini que de ...

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10 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus d’un an

Le Passager
7.3

Le Passager (1974)

Mossafer

1 h 23 min. Sortie : 22 janvier 1992 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’innocence est-elle le privilège de l’enfance ? Ghassem invite à répondre par la négative. Voler, mentir, escroquer, trahir la confiance de ses camarades : il est prêt à tout pour se rendre à Téhéran afin d’assister au match de foot dont il rêve. "Le Voleur de Bicyclette" plane sur cette histoire où se confrontent les forces du désir et de la loi, où l’oppression pesant sur les classes défavorisées pousse à la faute morale, où le tragique survient lorsqu’une situation harmonieuse d’équilibre et de bonheur se retourne en son contraire. Comme celui d’"Où est la maison de mon ami ?", le jeune héros est doté d’une persévérance à déplacer les montagnes ; mais il est aussi perdant de naissance, à l’instar du chômeur de "Close-Up" qui devient mythomane parce qu’il a l’impression de manquer sa vie – comme on manque le match.

Où est la maison de mon ami ?
7.5

Où est la maison de mon ami ? (1987)

Khane-ye doust kodjast?

1 h 23 min. Sortie : 21 mars 1990 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Hésitante mais décidée, mue par une urgence irrépressible, la petite silhouette court sur le chemin de terre qui zèbre le flanc de la colline, ou dans le labyrinthe de ruelles et d’escaliers d’un village envahi par l’obscurité. Son visage est le plus souvent tourné vers le haut, vers les adultes, qui répondent à ses questions par l’indifférence. Seuls des garçons de son âge sauront l’aider, lui apporter des indices, le faire avancer dans sa quête, ainsi qu’un vieillard philosophe mais au souffle trop court pour pouvoir le suivre. D’une limpidité exemplaire, le conte dit tout de la solitude, du désarroi, des craintes de l’enfance, exalte l’esprit de solidarité et de camaraderie, montre le cheminement d’un petit être de courage et d’obstination qui, le long d’une soirée et d’une nuit, fera de son geste d’amitié le plus beau des actes de foi.
Top 10 Année 1987 :
http://lc.cx/UVy

Close-Up
7.9

Close-Up (1990)

Nema-ye Nazdik

1 h 38 min. Sortie : 30 octobre 1991 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Un essai assez singulier sur l’ambigüité du vrai et du faux, la représentation du réel, son rapport étroit avec la fiction et le système de vases communicants qui se tisse entre les deux (question centrale chez Kiarostami). D’un fait divers reconstitué avec la participation des protagonistes de la véritable intrigue, joué par les témoins et/ou acteurs du drame et autour duquel il tisse un habile écheveau de flashbacks à la "Rashomon", le cinéaste tire un va-et-vient permanent entre le contexte de la narration et son contenu, un jeu de miroirs qui entretient le suspense et développe une jolie méditation sur la création artistique, l’identité des êtres et la condition sociale, prouvant qu’il peut aller assez loin dans l’analyse du fonctionnement de la mise en scène cinématographique elle même.

Et la vie continue
7.8

Et la vie continue (1992)

Zendegi va digar hich

1 h 35 min. Sortie : 21 octobre 1992 (France). Drame, Road movie

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Kiarostami revient sur les lieux du tournage d’"Où est la maison de mon ami ?", en opérant toute une série de translations entre lui-même, son histoire, son expérience, et ce qu’il en advient dans la narration. Le temps se dilue au fur et à mesure que se font les rencontres et le cinéaste se sent peu à peu pénétré par la simple humanité de la foule des humbles. Une fois de plus, il s’affirme en adepte d’une vérité jamais infléchie par un discours imposé de l’extérieur, rappelle la difficulté d’enregistrer le réel et la nécessité d’organiser la fiction pour en rendre compte. En interrogeant ainsi notre regard, en s’imposant une forme d’expression qui nourrit le documentaire de sa représentation, il tient le pathos à distance et ose croire, malgré la tragédie, en des lendemains qui chantent.

Au travers des oliviers
7.6

Au travers des oliviers (1994)

Zire darakhatan zeyton

1 h 43 min. Sortie : 25 janvier 1995 (France). Comédie dramatique

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

La même thématique est approfondie dans cette nouvelle réflexion sur l’articulation entre réalité et mise en scène, qui constitue le dernier volet de la trilogie de Koker. Que voit-on exactement ? Quelle est la nature de l’image ? Et quels mensonges faut-il produire pour créer une vérité encore plus grande ? Le pouvoir du cinéma et sa manipulation, le recours au film dans le film sont démontés avec un humour espiègle et une mise en relief de ses artifices qui, paradoxalement, renforce la vérité humaine de ce qui s’y joue. Car entre les prises refaites, entre les claps qui ponctuent les répliques mal déclamées par les comédiens, la vie continue : les enfants apprennent sans relâche, la région panse ses plaies, et un jeune homme fait une cour assidue, infatigable, à la fille qu’il voudrait épouser.

Le Goût de la cerise
7.4

Le Goût de la cerise (1997)

Ta'm e guilass

1 h 35 min. Sortie : 26 novembre 1997 (France). Drame, Road movie

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Pictural et philosophique, profond et évident, c’est un film superbe, d’une grande pureté, où la transparence de la mise en scène met dans un état de disponibilité et de réceptivité admirables. La terre, dorée et sèche, les rayons du soleil, la poussière, tout y est magnifié, au fil d’une déambulation automobile presque hypnotique (cette route en lacets empruntée et ré-empruntée dans les deux sens) qui fait la part belle au dialogue, à l’écoute, aux visages. C’est très fort parce que, malgré son ton suicidaire et désespéré, le film parvient à nous faire (ré)apprécier la beauté du ciel, le vol des oiseaux, la splendeur d’un paysage – le goût de la cerise, en bref. En revanche, la toute fin méta-filmique, où la réalité en vidéo écrase la force suspendue de la fiction, ne s’imposait pas, même si elle fait écho aux préoccupations habituelle de l’auteur.
Top 10 Année 1997 :
http://lc.cx/UPQ

Le vent nous emportera
7.3

Le vent nous emportera (1999)

Bad ma ra khahad bord

1 h 58 min. Sortie : 24 novembre 1999 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

L’argument, cette fois, est fugueur et incertain, qui suit un homme débarquant bruyamment dans une bourgade introuvable aux confins du Kurdistan, le regarde s’agiter, fureter, tenter d’entendre quelque chose sur son portable, être peu à peu gagné par le dédale pudique de ruelles et de passerelles, avant de repartir en n'ayant rien su et beaucoup appris. Du Kiarostami pur jus : on y retrouve ce goût des vagabondages automobiles et des villages persans, cette inclination au monde de l’enfance et à la forme limpide et allégorique de la fable. Le film est espiègle, malicieux, touchant parfois, d’une grande beauté plastique évidemment, mais j’y ai été moins sensible qu’aux opus précédents, j’ai ressenti quelques longueurs et ai été moins captivé par son tissu narratif que dans "Le Goût de la Cerise".

Ten
7.2

Ten (2002)

dah

1 h 34 min. Sortie : 18 septembre 2002 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Violente claque. Dix chapitres, deux caméras, deux axes de caméra unique : là-dessus, un travail prodigieux de montage, d’improvisation, de tissage fictionnel, où le dispositif a priori aride ouvre sur des vertiges de lectures théoriques, politiques et intimistes. Ça n’a rien d’ennuyeux ou de rébarbatif, le film est d’une intensité soufflante dans la façon dont il fait engouffrer une société entière dans l’habitacle d’une voiture, met en lumière la condition féminine, organise ses confrontations, ses rencontres, ses échanges. Une prostituée qui roucoule sa liberté, une femme qui pleure son amour perdu et dévoile son crâne rasé, un affrontement dingue, quasiment bergmanien, opposant une mère (la très belle Mania Akbari) à son fils, entre colère, tendresse, reproches et manœuvres de séduction… Un geste artistique assez capital.
Top 10 Année 2002 :
http://lc.cx/UPm

Copie conforme
6.4

Copie conforme (2010)

1 h 46 min. Sortie : 19 mai 2010 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Entre transparence, plaisir et sensibilité, le cinéaste décline à son tour la grande figure contemporaine de la schize narrative. Un homme et une femme badinent dans la douceur toscane, et soudain le rapprochement affectif laisse place à la lassitude amère d’un couple usé par les années. Ce dérèglement du réel, qui ramène l’itinéraire des personnages à une scénographie énigmatique où rêve, souvenir et espoir confondent leur substance, agit davantage que comme un coup de sonde isolé, sous influence du "Voyage en Italie" rossellinien. Par son sens de l’inversion et du détour, de la reprise et de la variante, il dessine un élargissement réflexif du chantier de Kiarostami, qui fait de toute fiction un problème et laisse percevoir derrière chaque geste romanesque l’échafaudage de son invention.

Like Someone in Love
6.4

Like Someone in Love (2012)

1 h 49 min. Sortie : 10 octobre 2012 (France). Drame

Film de Abbas Kiarostami

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Après l’Italie, le cinéaste poursuit son exploration de territoires étrangers en plantant sa caméra à Tokyo. À travers la bulle de douceur qui se crée fortuitement autour d’une étudiante prostituée et de son client, un vieil intellectuel sage et affectueux, il développe un récit plein d’ellipses et d’embardées, où l’essentiel se joue à nouveau dans les voitures, espaces intimes derrière les parois desquels palpite le monde extérieur. Il y a quelque chose d’Ozu dans la façon dont le film représente la disparition des aînés comme une sorte de don mi-angoissé mi-amusé, mais cet art de la ténuité et du présent absolu ne débouche hélas ici que sur une micro-comédie sans saveur, dont chaque longue scène chasse la précédente sans jamais enclencher le mécanisme émotionnel qui ferait vivre l’histoire et exister les personnages.

Thaddeus

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