Affronter la croisette (Films vus au Festival de Cannes 2019)

Etant jury pour le Prix Cinéma Etudiant de France Culture, j'ai eu la chance de passer quelques jours à Cannes au milieu des stars et des professionnels du cinéma, en pleine overdose de champagne et de caviar. Perso, je suis resté sobre. De toute façon, j'ai pas eu le choix, mon invitation ne ...

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Liste de

34 films

créee il y a presque 5 ans · modifiée il y a environ 1 an

Sunset
6.3
1.

Sunset (2018)

Napszállta

2 h 21 min. Sortie : 20 mars 2019 (France). Drame

Film de László Nemes

Marius Jouanny a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Parmi les cinq films présélectionnes pour être choisis par le jury étudiant, ma palme revient à celui-ci (voir critique).

Lazlo Nemes transpose le dispositif de mise en scène si particulier de son précédent film Le Fils de Saul (la caméra ne s'éloigne jamais du visage du personnage principal, tournant autour et créant souvent un flou autour de lui) dans le contexte particulier de la ville de Budapest à la veille de la Première Guerre Mondiale. La démarche est donc évidemment très formaliste, il travaille notamment beaucoup les effets de lumière pour certains plans sublimes. Et c'est évidemment au détriment d'une narration qui à certain moment aurait pu être mieux huilée, moins répétitive dans les déambulation du personnage principal.

Malgré cela, il parvient avec un certain génie à rendre son récit mystérieux et fascinant. Le personnage principal se révèle en témoin symbolique des tourments et de la violence de son époque, jusqu'à la dernière scène elliptique qui fait totalement sens de ce point de vue. Mais le cinéaste filme avant tout des corps, et il suit les obsessions de son personnage principal qui ne recule devant rien pour percer le nuage opaque qui l'entoure. Ce sont des ambitions intimes. Il ne cherche pas une quelconque vérité historique, mais plutôt une vérité anthropologique. Et il y parvient notamment par la mise en parallèle terrifiante de deux scènes de violence masculine, qui révèle la bestialité des laquais comme de leurs maîtres. Rien que par ces deux scènes-là il justifie le recyclage de sa propre mise en scène, qui acquiert ainsi une nouvelle dimension.

Les Estivants
5.1
2.

Les Estivants (2019)

2 h 08 min. Sortie : 30 janvier 2019. Comédie dramatique

Film de Valéria Bruni-Tedeschi

Marius Jouanny a mis 5/10.

Annotation :

Bon, il est vrai que l'écriture est un peu décousue, à cause d'une multitude de personnages qu'on a un peu de mal à tous distinguer dans le premier acte du film. La bande-son est parfois trop décalée pour s'intégrer bien au film. Mais ce sont pour moi des défauts périphériques, qui ne justifient pas à mon sens son accueil assez tiède par le public et les critiques, tant le mélange entre humour et drame fonctionne à merveille. Valéria Bruni-Tedeschi ne cherche rien d'autre que capter tout le pathétique de la vie et des relations humaines. Elle aurait pu tomber dans de nombreux travers, mais le film n'est pas larmoyant, et il ne désamorce pas son aspect dramatique tant l'humour qu'il distille est une politesse du désespoir qui renforce l'absurde des situations. Malgré leurs énormes travers, les différents personnages en deviennent très touchants, d'autant qu'ils sont tous bien interprétés.

Evidemment, il aurait fallu restreindre les choix d'écriture, car autour des figures tragiques qui se dessinent gravitent des personnages plus secondaires qui n'apportent pas beaucoup à la narration. Mais ils sont tout de même l'occasion d'une satire assez drôle des rapports de classe entre bourgeois et prolos. Et puis finalement, la cinéaste parvient à garder le personnage principal qu'elle incarne elle-même au cœur du film, réussissant à interpréter et imager ses angoisses avec une grande justesse. Ce, notamment lors de l'épilogue qui est à l'image du film, embrumé par des émotions contradictoires, passant successivement de la pesanteur à la grâce, sans presque jamais perdre de leur authenticité.

Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares
6.6
3.

Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares (2018)

« Îmi Este Indiferent Dacă în Istorie Vom Intra ca Barbari »

2 h. Sortie : 20 février 2019 (France). Comédie, Drame

Film de Radu Jude

Marius Jouanny a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

La réflexion du film sur l'histoire, sa mise en récit et en image est assez passionnante, d'autant plus que Radu Jude semble aborder un pan de l'histoire roumaine, le génocide juif par l'armée roumaine, encore controversé et mal assumé dans le travail de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale. Et qu'il le fait de manière originale, par une mise en abyme qui confronte une metteuse en scène aux réticences des uns et des autres sur sa démarche artistique de reconstitution historique. Le problème, c'est que la mise en scène aride du cinéaste et ses références intellectuelles permanentes surplombent trop le spectateur. Certes, il est nécessaire d'avoir des scènes de dialogues pas très sexy pour exposer les termes du problème, mais certaines tirent en longueur, comme beaucoup de plans qui alourdissent la narration outre mesure. Le cinéaste va jusqu'à filmer des scènes de lectures de livres d'histoire et de monologues en plan fixe qui durent bien trop longtemps pour ne pas perdre leur force d'évocation. Finalement, il échoue à capter la précarité et la frénésie de la situation, alors que sur le papier il y avait de quoi, entre des acteurs aux opinions négationnistes, la censure de l'Etat et les engueulades durant la préparation du spectacle.

Ces défauts peuvent sembler périphériques et ils le sont en grande partie. Il est simplement frustrant que le film ne soit pas mieux rythmé, et n'exprime pas plus par sa forme l'aspect conflictuel et politique du geste artistique dont il est question. Cependant la dernière partie amène à relativiser ces défauts tant elle émet une critique pertinente de l'impact d'un spectacle sur les consciences individuelles. Elle montre à quel point Radu Jude agit en pleine connaissance de ses propres limites. Ce qui est indéniablement une preuve de maturité.

Mademoiselle de Joncquières
6.7
4.

Mademoiselle de Joncquières (2018)

1 h 49 min. Sortie : 12 septembre 2018. Drame

Film de Emmanuel Mouret

Marius Jouanny a mis 4/10.

Annotation :

Peut-être que mon appréciation du film est biaisée par un certain manque de goût pour le style théâtral au cinéma, quoiqu'il soit vraiment outrancier dans ce film. Les répliques comme le jeu des acteurs sont ampoulés et se complaisent dans un formalisme dont j'ai retenu beaucoup de complaisance, et très peu d'émotion. D'autant que la narration ne facilite pas les choses : entre des ellipses grossières et des enjeux très prévisibles, la première heure du film est vraiment inintéressante. Quand le jeu de dupe commence réellement, le film gagne tout de même en intérêt : la scène où le libertin se retrouve à devoir faire le réquisitoire de son propre style de vie est assez délicieuse. Mais finalement les archétypes se révèlent quand même peu consistants, et l'esprit du film est finalement éloigné du nihilisme des "Liaisons dangereuses" avec lequel il est souvent comparé. Car s'il démontre plutôt efficacement dans sa dernière partie le jeu pervers des apparences, il ne les met pas complètement à distance puisqu'il donne une positivité très superficielle à l'idéal amoureux dans un ultime rebondissement, pas crédible pour un rond.

On ment toujours à ceux qu'on aime
4.1
5.

On ment toujours à ceux qu'on aime (2019)

Jewell Stone

1 h 30 min. Sortie : 6 mars 2019. Comédie dramatique

Film de Sandrine Dumas

Marius Jouanny a mis 3/10.

Annotation :

Les premières scènes laissent présager une comédie douce-amère qui tire son épingle du jeu, avec quelques effets de mise en scène plutôt efficaces. Mais s'il s'agit bien d'un drame familial entre le rire et les larmes, il n'y a pas grand-chose qui fonctionne passée les 20 premières minutes. Car les personnages et la situation narrative proposée sont bien trop fragiles dans leur écriture pour rester crédibles pendant une heure vingt-cinq. L'immaturité totale des deux personnages principaux par exemple, si elle les rend attachant et prête à sourire au début, devient très irritante et fait partir le récit en roue libre, avec quelques moments drôles mais le constat global qu'il est difficile de rentrer dans le film. Quand à la situation de quiproquo basée sur les mensonges et les dissimulations des uns et des autres, elle devient rapidement lourdingue d'autant qu'elle est appuyée par des scènes très lourdingues qui mettent les personnages menteurs dans l'embarras. Du coup, la dernière partie censée dégager de l'émotion tombe à plat, alors que cela aurait pu mieux fonctionner si tout ce qui nous a amené là n'était pas aussi téléphoné et mal écrit.

Les Misérables
7.5
6.

Les Misérables (2019)

1 h 44 min. Sortie : 20 novembre 2019. Drame

Film de Ladj Ly

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Les films vus à Cannes, par ordre de préférence.

Compétition officielle.

J'étais très lien de m'attendre à une telle claque. Ladj Ly a percuté précisément ce qui fait la grandeur d'un bon film politique : affirmer une vérité trop peu dite à un moment où il est crucial de la dire, avec un point de vue qui ne l'assène pas de manière dogmatique mais vient la scruter de manière empathique et dialectique. En l'occurrence, bien que le cinéaste et les acteurs du film soient tous issus et habitent les quartiers populaires du même acabit que celui du film, il ne s'agit pas d'un récit manichéen opposant les méchants policiers aux jeunes banlieusards victimisés. Le cinéaste, à la manière de Xavier Legrand l'année dernière à propos de la violence conjugale, explore les deux points de vue, non pas pour tomber dans le relativisme du style "oui, mais il y a aussi des flics gentils" mais pour montrer les logiques sociales à l'oeuvre, et un état d'esprit autoritaire qui dépasse les responsabilités individuelles.

Mais finalement ce qui en fait un film si marquant au delà de sa pertinence politique est l'inventivité de son écriture et de sa mise en scène. Les personnages brossés, l'enchaînement des événements rendant l'escalade de la violence parfaitement logique et compréhensible, le rythme sur un fil tendu qui fait monter la tension jusqu'à la scène finale paroxysmique... C'est d'abord du grand cinéma avant d'être un film à visée politique. Et ce ne sont pas les superbes images aériennes, l'interprétation impeccable des acteurs (et même les enfants !) et la force dramatique de certaines scènes, contrebalancées par quelques touches d'humour salvatrices, qui nous contrediront. Je veux bien parier mon poster de Romy Schneider que ce film s'en tire avec un prix à la fin de la semaine.

The Lighthouse
7
7.

The Lighthouse (2019)

1 h 49 min. Sortie : 18 décembre 2019 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur

Film de Robert Eggers

Marius Jouanny a mis 8/10.

Annotation :

Quinzaine des réalisateurs.

Après « The Witch », Robert Eggers formule une nouvelle proposition de cinéma ahurissante tant la forme travaillée dans les moindres détails dégage une tension et un sentiment de fascination qui est véritablement propre aux réalisations du cinéaste. Cela tient tout d'abord au travail sur le son, qui mêle et confond la musique et l'ambiance sonore pour un résultat hypnotisant. Ensuite, il y a un travail sur l'image, ici en noir et blanc, éclatant dès la scène d'introduction qui happe immédiatement dans le film par la brume enveloppante qu'elle représente. Le tout est moins porté sur l'horrifique que « The Witch » mais la tension exacerbée entre les personnages est du même ordre, grossissant progressivement pour éclater avec flamboyance. Cette montée de tension fonctionne d'ailleurs d'autant mieux que le duo d'acteurs Willem Dafoe/Robert Pattinson fonctionne à merveille, laissant notamment au premier des envolées lyriques qui ont dû le faire jubiler sur le tournage. Tout cela est caractéristique d'un jusqu'au-boutisme du réalisateur qui exploite à fond la démence de son récit et les inventions de mise en scène qui en découlent directement. La seule chose que je pourrais lui reprocher est d'être moins percutant dans son contenu que le précédent film qui formulait une critique cinglante de la religion et un rapport volontairement ambiguë à la morale. Ici, il traite de la solitude, de la honte et du dégoût sans parvenir à une conclusion qui fasse véritablement sens avec le cheminement du film, bien qu'elle soit esthétiquement tout aussi sublime que celle de « The Witch ».

Des Hommes
6.7
8.

Des Hommes (2020)

1 h 23 min. Sortie : 19 février 2020.

Documentaire de Jean-Robert Viallet et Alice Odiot

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Sélection ACID

Les cinéastes, tout en objectivant constamment le lieu qu'ils observent, et qui n'est pas anodin (la prison des Baumettes était réputée pour ses conditions de vie déplorables avant de fermer) proposent un regard profondément empathique, et c'est ce qui fait la force du documentaire. La machine infernale du système carcérale est développée sans fard, montrant à quel point elle déshumanise. Mais ce qui intéresse le plus les cinéastes est comment les détenus peuvent, à travers les interstices, continuer à vivre et à déployer leur humanité malgré la folie d'un lieu où, malgré la compréhension et la patience des gardiens qui étaient étonnamment pour beaucoup des gardiennes, est ignoble. Les détenus sont entassés dans des cellules minuscules pour n'en sortir qu'une heure par jour, pour la plupart d'entre eux. Il y a plus de quoi devenir fou que se repentir sur ses fautes passées qui pour la plupart d'entre elles sont disproportionnées aux peines infligées. Bref, la prison en France quoi. Ayant pu rencontrer les cinéastes après la séance, je confirme que leur colère et leur indignation sont proportionnés à l'absurdité de ce système qu'il ont longuement observés.

Atlantique
6.4
9.

Atlantique (2019)

1 h 46 min. Sortie : 2 octobre 2019. Drame

Film de Mati Diop

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Compétition officielle.

e ne m'attendais pas du tout à ce que le film propose, tant il s'éloigne d'un simple portrait social des conditions de vie des africains les plus démunis que je croyais qu'il était. En fait, la réalisatrice cherche bien à témoigner de cette réalité mais elle fait le pari qu'elle marquera d'autant plus les esprits en employant le registre fantastique, qui lui permet du même coup de s'inspirer des croyances traditionnelles pour en faire tout le sel de la narration du film. Résultat, en partant d'un postulat sans surprise (des travailleurs de chantiers ne sont pas payés pendant plusieurs mois, l'un d'entre eux aime une jeune fille promise au fils du riche propriétaires qui refuse de les payer) elle propose un film empli de mystère, travaillant une ambiance moite qui fait une bonne partie du charme du film.

Certes, la première partie du film aurait mérité plus de développement, surtout dans la relation entre les deux personnages principaux. Mais la réalisatrice réussit le cœur de son ambition, l'aspect politique du film, qui révèle le potentiel subversif de la sorcellerie lorsque celle-ci décide de réclamer justice. Au passage, cela lui permet de remettre le phénomène de migration pour des raisons économiques dans un contexte socio-politique, contredisant ainsi la stigmatisation systématique par le champ médiatique des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée pour vivre en Europe « alors que leur pays n'est même pas en guerre, nous on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ».

Sangre Blanca
10.

Sangre Blanca (2018)

1 h 37 min. Sortie : 27 septembre 2018 (Argentine). Thriller

Film

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Sélection ACID.

Voilà un film peu ambitieux dans ce qu'il développe (un huis clos presque continuel développant une relation père-fille compliquée dans un contexte de trafic de drogue à la frontière entre l'Argentine et la Bolivie) mais qui exécute très bien sa proposition, dégageant de l'émotion avec un dispositif très limité, ce qui rend le résultat assez admirable. Car le film en dévoile très peu sur ses personnages, et à force de rester dans la suggestion il aurait pu facilement lasser. Mais cette suggestion parvient en fait à conserver l'attention du spectateur et à continuellement l'intriguer. Elle permet aussi au film de se focaliser sur le lieu du récit, proposant finalement un cadre assez réaliste et crédible, d'où plane la menace permanente des trafiquants qui semblent avoir des yeux partout.

Les Hirondelles de Kaboul
7.1
11.

Les Hirondelles de Kaboul (2019)

1 h 20 min. Sortie : 4 septembre 2019 (France). Animation

Long-métrage d'animation de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Sélection un certain regard.

Certes, le film souffre quelque peu de la différence avec « Parvana », autre film d'animation sur Kaboul sous le régime Taliban sorti l'année dernière, tant « Les hirondelles de Kaboul » a un registre similaire tout en ayant des ambitions narratives et esthétiques moindres. Il n'empêche que les enjeux fonctionnent très bien et permettent de dépasser une approche manichéenne de la situation tout en lui insufflant une dose salvatrice de poésie.

Los Olvidados
7.8
12.

Los Olvidados (1950)

1 h 25 min. Sortie : 14 novembre 1951 (France). Policier, Drame

Film de Luis Buñuel

Marius Jouanny a mis 7/10.

Annotation :

Cannes Classics

Bunuel réalise un film très classique sur la misère des quartiers populaires de Mexico, avec un déroulement attendu et quelque peu prévisible. Mais son regard à hauteur d'enfant empreint de réalisme donne une certaine qualité au film, tant il semble nous plonger dans la vie de cette époque avec une certaine connaissance de la pauvreté au Mexique et surtout un point de vue sensible et terriblement empathique.

J'ai perdu mon corps
7.4
13.

J'ai perdu mon corps (2019)

1 h 21 min. Sortie : 6 novembre 2019. Drame, Fantastique, Romance

Long-métrage d'animation de Jérémy Clapin

Marius Jouanny a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Semaine de la critique.

Voilà un très beau film d'animation, dont l'étrangeté interpelle de prime abord (impossible de comprendre dans un premier temps le lien entre une main coupée qui prend vie et se balade dans la ville et la vie d'un adolescent orphelin) puis émeut ensuite. Sa capacité à émouvoir est d'ailleurs très lié à sa forme, grâce à une musique et des scènes d'action très travaillées. Cela fait plaisir de voir une proposition aussi audacieuse au sein du cinéma d'animation français. C'est donc d'autant plus frustrant de constater que les ressorts narratifs concernant l'affirmation de soi de cet adolescent, l'amour non-partagé, le repli sur soi et les talents cachés, sont assez éculés et déjà très largement traités, surtout par le cinéma d'animation d'ailleurs. Ce sont des ressorts qui fonctionnent, mais qui déçoivent quelque peu tant ils contrastent avec l'originalité du reste du film.

Bacurau
6.7
14.

Bacurau (2019)

2 h 12 min. Sortie : 25 septembre 2019 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

Compétition officielle.

Sorte de western contemporain où un village de paysans brésiliens est attaqué par de mystérieux tueurs blancs américains, Bacurau se révèle être un très bon exutoire, le Hunger Games du cinéma d'auteur en quelque sorte. L'importance est donné au lieu de l'action, le désert brésilien très bien mis en valeur dans le film, et à la cohésion des deux groupes antagonistes, qui se révèlent les uns comme les autres par la violence. Un violence qui relie symboliquement l'héritage colonialiste, le génocide amérindien et l'exclusion toujours d'actualité des populations indigènes en Amérique du Sud. Mais tout cela est réalisé largement au détriment d'une caractérisation des personnages, qui restent tous au mieux des archétypes amusants et au pire des caricatures plutôt grossières. Je pense qu'ils auraient pu être plus consistants sans pour autant amoindrir le potentiel ludique et cathartique de l'affrontement.

Les Héros ne meurent jamais
5.4
15.

Les Héros ne meurent jamais (2020)

1 h 25 min. Sortie : 30 septembre 2020. Drame

Film de Aude-Léa Rapin

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

Semaine de la critique.

Le genre du faux documentaire avec une caméra embarquée est comme celui du found-footage à qui il ressemble, il peut mener à des propositions intéressantes tout en restant assez bancale. En l'occurrence, l'idée de départ est assez entraînante (un homme dont les jours sont comptés se met subitement à croire en la réincarnation, et part avec des amies chercher des traces de sa précédente vie en Europe de l'Est) et son développement l'est aussi puisqu'il prend à bras-le-corps le thème de la foi pour le traiter de manière assez étonnante. Le problème, c'est que le film ne parvient pas à émouvoir comme il le voudrait. S'il permet aux acteurs et notamment à Adèle Haenel de produire de belles performances, il ne parvient pas à saisir complètement toute l'ambiguïté qui semble contenue dans la recherche un peu folle du personnage principal. Peut-être est-ce parce que celui-ci ne doute jamais de rien, alors que dans une telle situation narrative le faire douter aurait pu le rendre plus empathique.

Making Waves : La magie du son au cinéma
7.3
16.

Making Waves : La magie du son au cinéma (2019)

Making Waves: The Art of Cinematic Sound

1 h 34 min. Sortie : 15 mai 2022 (France). Cinéma

Documentaire de Midge Costin

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

Cannes Classics.

Voici documentaire très éclairant sur l'usage du son au cinéma, et comment cet usage a évolué depuis un siècle. C'est certes très hollywoodo-centré, mais au moins ses références ont le mérite d'être accessibles et connues de tout le monde. Et surtout, elles permettent une efficacité dans sa pédagogie si bien que les explications sont extrêmement limpides. La réussite est indéniable, tant cela ne semble pas si évident d'expliquer clairement les distinctions entre bruitage et ambiance sonore, mixage et montage, etc.

Alice et le Maire
6.2
17.

Alice et le Maire (2019)

1 h 43 min. Sortie : 2 octobre 2019 (France). Comédie dramatique

Film de Nicolas Pariser

Marius Jouanny a mis 5/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Quinzaine des réalisateurs.

Le thème du film (la relation entre un maire de Lyon du PS et sa jeune conseillère) et la présence au casting de Luchini me faisaient y aller à reculons. Finalement, la proposition est assez appréciable, drôle et mine de rien assez acerbe sur le champ politique actuel, tant elle en dresse un portrait anti-spectaculaire, qui tourne notamment bien en dérision les techniques de marketing politique. Ce qui reste assez gênant est son manque de distance avec certains des problèmes qu'il expose, notamment celui du discours politique avec lequel il ne prend finalement pas assez de recul critique. En cela, il ressemble d'ailleurs un peu à l'adaptation cinéma de « Quai d'Orsay » par Bertrand Tavernier. Finalement, si les scènes sont souvent réjouissantes, la proposition reste relativement molle là où elle aurait pu être bien plus percutante. Mais c'est sans doute en partie mes opinions très radicales qui influencent mon point de vue.

The Dead Don't Die
5.4
18.

The Dead Don't Die (2019)

1 h 43 min. Sortie : 14 mai 2019 (France). Comédie, Épouvante-Horreur, Fantastique

Film de Jim Jarmusch

Marius Jouanny a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Voir critique.

Parasite
8.3
19.

Parasite (2019)

Gisaengchoong

2 h 12 min. Sortie : 5 juin 2019 (France). Drame, Thriller, Comédie

Film de Bong Joon-Ho

Marius Jouanny a mis 8/10.

Annotation :

Les films que je voudrais voir (Par conséquent, vus après le festival lors de leur sortie nationale).

Avec du recul, Boon Joon Ho par sa mise en scène virtuose, sa narration qui multiplie les rebondissements inattendus, notamment dans la dernière ligne droite, soigne un film qui en devient trop calculé et maniéré (j'avais d'ailleurs un peu la même impression pour le "Mademoiselle" de Park Chan Wook). Mais inutile de jouer les fines bouches : Parasite reste un énorme plaisir de cinéma, dont il ne faut pas révéler les tenants et les aboutissants pour pleinement l'apprécier. Le cinéaste emploie plus que jamais son registre tragi-comique à la satire sociale, et ainsi il aiguise son cinéma, le rend tranchant, énonçant des vérités qui semblent fondamentales sur la société coréenne, ses inégalités et son américanisation. Les différents personnages sont tous bien écris, bien caractérisés, si bien que le manichéisme de départ entre ces deux familles issues de milieux sociaux très différents gagne en complexité et parvient à créer une empathie salvatrice. Ne cherchez pas de quoi ça parle : regardez éventuellement la bande annonce qui donne très envie sans rien révéler et allez le voir.

Once Upon a Time... in Hollywood
7.2
20.

Once Upon a Time... in Hollywood (2019)

2 h 41 min. Sortie : 14 août 2019 (France). Drame, Comédie

Film de Quentin Tarantino

Marius Jouanny a mis 8/10.

Matthias & Maxime
6.7
21.

Matthias & Maxime (2019)

1 h 59 min. Sortie : 16 octobre 2019 (France). Drame, Romance

Film de Xavier Dolan

Marius Jouanny a mis 7/10.

Portrait de la jeune fille en feu
7.4
22.

Portrait de la jeune fille en feu (2019)

1 h 59 min. Sortie : 18 septembre 2019. Drame, Historique, Romance

Film de Céline Sciamma

Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Sorry We Missed You
7.2
23.

Sorry We Missed You (2019)

1 h 41 min. Sortie : 23 octobre 2019 (France). Drame

Film de Ken Loach

Marius Jouanny l'a mis en envie.

Douleur et Gloire
7.2
24.

Douleur et Gloire (2019)

Dolor y Gloria

1 h 53 min. Sortie : 17 mai 2019 (France). Drame

Film de Pedro Almodóvar

Marius Jouanny l'a mis en envie.

Le Lac aux oies sauvages
6.6
25.

Le Lac aux oies sauvages (2019)

Nanfang chezhan de juhuì

1 h 53 min. Sortie : 25 décembre 2019 (France). Thriller, Drame, Film noir

Film de Diao Yi'nan

Marius Jouanny a mis 7/10.

Le Traître
7.2
26.

Le Traître (2019)

Il traditore

2 h 33 min. Sortie : 30 octobre 2019 (France). Biopic, Policier, Drame

Film de Marco Bellocchio

Marius Jouanny l'a mis en envie.

Être vivant et le savoir
6.8
27.

Être vivant et le savoir (2019)

1 h 22 min. Sortie : 5 juin 2019. Drame

Documentaire de Alain Cavalier

Marius Jouanny a mis 6/10.

Annotation :

Séances spéciales.

Le Daim
6.7
28.

Le Daim (2019)

1 h 17 min. Sortie : 19 juin 2019. Comédie, Thriller

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Quinzaine des réalisateurs.

Zombi Child
5.6
29.

Zombi Child (2019)

1 h 43 min. Sortie : 12 juin 2019. Drame, Fantastique

Film de Bertrand Bonello

Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce qu'on ne peut pas reprocher à Bonello avec ce film, c'est sa prise de risque, sa volonté de s'aventurer là où on ne l'attend pas. De fait, il est évident que le caractère cryptique et décalé de son film qui mêle deux temporalités qui n'ont à première vue pas beaucoup de liens, ne conviendra pas à tout le monde. En fait, c'est un film qui s'apprécie en deux temps. Sur le moment, l'ambiance et le jeu des contrastes entre ces scènes muettes à Haïti et cette plongée assez intimiste dans l'école des jeunes filles de la Légion d'honneur procure un vrai plaisir, tant le regard poétique et curieux du cinéaste se suffit à lui-même. D'autant que pour l'une et l'autre narration, il soigne la crédibilité des cadres narratifs : les rites traditionnels haïtiens et leur mythologie est explorée avec une fascination communicative, tandis que le cadre rigoureux et les vécues d'adolescentes de cette école si particulière sont criantes de vérité (je connais une personne qui y est allé et m'a certifié que le milieu est justement retranscrit).

Et quand on laisse décanter, on se rend compte à quel point Bonello agit et réfléchit par son cinéma en anthropologue. Finalement, le lien entre ces rituels traditionnels haïtiens et le cadre si rigoureux basé sur le mérite républicain de cette école aux relents aussi furieusement bonapartiste est qu'ils fondent l'un et l'autre des systèmes de croyances opposés. Et ce qui est très fort, c'est que Bonello parvient véritablement à les mettre à égalité, et à s'extirper avec une grande intelligence de l'ethnocentrisme. Peut-être aurait-il fallu une écriture un peu plus dense, aussi bien dans la trame narrative que dans les personnages. Mais en l'état, "Zombi Child" parvient autant à fasciner avec poésie qu'à valoriser une culture dominée en bouleversant nos préconçus cartésiens. Et cela, ça risque aussi de faire grincer des dents, forcément.

Le ciel est à vous
7.7
30.

Le ciel est à vous (1944)

1 h 45 min. Sortie : 2 février 1944. Drame

Film de Jean Grémillon

Marius Jouanny l'a mis en envie.

Annotation :

Cannes Classics.

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