Cover Aki Kaurismäki - Commentaires

Aki Kaurismäki - Commentaires

J’ai vu seulement cinq films de Kaurismäki donc, mais suffisamment je crois pour me donner un aperçu précis de son univers, fait d’absurde et de poésie, d’humanisme social et de chaleur. Ce cinéma invite fondamentalement à la sympathie, il m’enchante et me touche par instants, mais ne m’a jamais ...

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6 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus de 6 ans

La Fille aux allumettes
7.1

La Fille aux allumettes (1990)

Tulitikkutehtaan tyttö

1 h 10 min. Sortie : 2 mai 1990 (France). Comédie dramatique

Film de Aki Kaurismäki

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

La vie d’Iris est aussi dérisoire que les allumettes fabriquées par l’usine où elle travaille. Fabrique inhumaine. Soirées détestables passées auprès de parents abrutis de télé. Pour s’en sortir, elle rêve d’aventures, d’évasion et d’un prince charmant. Pour son plus grand malheur, elle va s’imaginer l’avoir trouvé. Alors, après le coup de trop donné par sa vie, Iris se durcit, s’emmure dans son ressentiment et son chagrin, et fait le ménage : elle devient tueuse par manque d’amour. La caméra traduit sa solitude en plans fixes, concis, économes. Aucune échappée, aucun espoir, mais la volonté d’aller au plus pressé, de viser l’essentiel grâce à l’ellipse, au sous-entendu, et de dénoncer avec une affliction sourde l’injustice, la sottise et la cruauté. C’est sans rémission, très noir et parfaitement déprimant.

Au loin s'en vont les nuages
7.3

Au loin s'en vont les nuages (1996)

Kauas Pilvet Karkaavat

1 h 36 min. Sortie : 2 octobre 1996 (France). Comédie dramatique

Film de Aki Kaurismäki

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Apparemment c’est une histoire sinistre : le chômage, la misère, les cuites que l’on prend pour oublier. C’est comme si Capra s’était entiché de l’ambiance zen d’un Ozu, comme si la symétrie calculée de Keton croisait le burlesque lent de Tati, avec une grosse louchée d’observation sociale à la Dardenne pour épicer le tout. Mixture forcément réductrice dans la définition, mais qui donne une petite idée de l’ambiance particulière de cette chronique du quotidien, dont l’approche sobre et distanciée d’un sujet grave prévaut de toute tentation misérabiliste. Le style elliptique et épuré de Kaurismäki décharge le sujet de ses excès de pathos, et permet à la fable, par effet de soustraction et malgré la noirceur de son constat sur le monde contemporain, de délivrer un optimisme chaleureux.

Juha
6.5

Juha (1999)

1 h 18 min. Sortie : 14 avril 1999 (France). Comédie dramatique, Muet

Film de Aki Kaurismäki

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Parce que ses personnages n’ont pas de mots à leur disposition pour dire qu’ils s’aiment ou qu’ils s’en vont, le cinéaste les prive de parole et signe un film muet mais ponctué du bruit d’une voiture qui démarre, d’une porte qui se ferme, d’un bouton de radio qu’on presse. Mélodrame épuré, construit sur le patron immuable de "L’Aurore" (la campagne, une ferme, un trio fatal qui met à l’épreuve la solidité du couple), déconstruit et paradoxalement dédramatisé par l’esthétique du pastiche, l’œuvre prend aussi l’allure d’un opéra tragique aux rythmiques dissonantes, revisité par la musique acoustique. C’est en désamorçant l’incrédulité du spectateur, en s’assurant de la bienveillante sympathie de son ironie, qu’elle trouve l’équilibre entre classicisme et modernité et évite ainsi la gratuité de l’exercice de style.

L'Homme sans passé
7.2

L'Homme sans passé (2002)

Mies vailla menneisyyttä

1 h 37 min. Sortie : 6 novembre 2002 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Aki Kaurismäki

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Difficile de ne pas reconnaître la même patte, les mêmes préoccupations, la même esthétique minimaliste aux effets travaillés : le cinéma de l’auteur se distingue entre mille. Une fois de plus, il s’agit de dresser un portrait lucide, plutôt amer, des laissés-pour-compte de la société finlandaise et de leur condition de vie, mais à travers un hymne à l’entraide et à la fraternisation. L’humour et la tendresse s’invitent au sein d’un beau conte utopique qui redonne aux défavorisés toute leur dignité, et impose une humanité franchement roborative. Histoire d’une résurrection entre les morts du monde moderne, qui fonde une morale laïque sur des valeurs évidente et galvaudées comme la solidarité, le partage, l’écoute d’autrui, le film jouxte fausse atonie, expressivité pince-sans-rire, burlesque chaplinien : j’aime.

Le Havre
6.4

Le Havre (2011)

1 h 33 min. Sortie : 21 décembre 2011 (France). Drame

Film de Aki Kaurismäki

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Les films de Kaurismäki sont autant de chapitres quasiment interchangeables, déployant une sensibilité identique qui, si ce n’était les infimes variations de cadres et de lieux, pourrait donner une franche impression de ressassement : mêmes dialogues épars énoncés entre des pauses comme dans une pièce de Pinter, mêmes communautés fraternelles s’opposant, tranquillement et de l’intérieur, à la même cruauté des temps modernes. Le regard lent du cinéaste s’arrête pour contempler un rockeur local aux cheveux gris, le profil ravagé de Pierre Etaix en toubib sauveur, ou quelques fleurs du printemps précoce sans doute peintes à la main par Ozu. C’est joli et mignon, inattaquable dans ses intentions, mais cela souffre aussi d’un déroulé mécanique qui engendre une certaine lassitude.

L'Autre Côté de l'espoir
7

L'Autre Côté de l'espoir (2017)

Toivon tuolla puolen

1 h 38 min. Sortie : 15 mars 2017 (France). Drame

Film de Aki Kaurismäki

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Une fois de plus la méthode du réalisateur consiste à utiliser des moyens expressifs d’une certaine austérité sans rien théoriser de son style antispectaculaire. Il cherche à procurer au spectateur des angles nouveaux, un ordonnancement différent des éléments du monde, quand bien même son sujet s’abreuve au contexte le plus contemporain qui soit : la situation des réfugiés du Moyen-Orient. Ses petites scénographies aux couleurs hopperiennes, son humour décalé reposant sur une sorte d’absurdité du normal, son art dégagé des fioritures étincelantes et des machineries pathétiques, sa foi en une solidarité humaine capable de transcender le tragique des circonstances pour atteindre au bonheur collectif, offrent un aperçu de sa poétique de rétention, simple, sans effets, un peu limitée également.

Thaddeus

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