BESTIAIRES

Annotation :

Comme l'indique le sous-titre il ne s'agit donc pas d'un bestiaire, mais d'un dictionnaire bibliographique raisonné. De quoi aborder le genre en amateur éclairé pour n'en rien négliger.
Lecture utile, lecture studieuse.

Annotation :

La jaquette fait penser au supplément d'un obscur jeu de rôle, l'inutile adaptation française du titre à un portfolio pré-adolescent… Une maladresse éditoriale qui se cantonne cependant à l'habillage, car le contenu et sa forme sont remarquables d'écriture et d'intelligence. Ce bestiaire du XXIe siècle fait l'inventaire non-exauhstif de créatures réelles bien plus extravagantes que n'importe quel assemblage chimérique, et en brode le motif sur la vaste trame de la culture humaniste. Passionnant.

Annotation :

S'il ne l'avait commis, des générations de lecteurs avides auraient reproché à Borges de ne pas avoir publié ce bestiaire littéraire. Nous pourrions encore lui reprocher sa pusillanimité, car il n'y a jamais assez de pages à ce livre passionnant pour étancher la soif qu'il fait naître. Drame typiquement borgésien: L'aveugle faisait de la tempérance un sacerdoce.
Au fil des articles qui composent l'ouvrage, l'auteur s'adonne à l'exercice qu'il affectionne, discuter des livres et de leurs connivences, évoquer la généalogie des mythes au travers des créatures qui apparaissent dans quelques oeuvres fameuses et chères à sa mémoire.

Annotation :

Bien sûr, l’inénarrable somme entomologique et littéraire de Jean-Henri Fabre n'est pas un bestiaire au sens stricte, c'est bien pourquoi cette liste envisage le genre dans son sens le plus large: qu'importe les justifications et les torsions sémantiques pourvu que ce livre indispensable y figure en bonne place!
Qu'importe également que le lecteur n'y entende rien aux comportements méticuleux des arthropodes de tous poils; non, la prose de Fabre l'emporte immanquablement dans les descriptions fines, les raisonnements cristallins et la causticité érudite; les créatures les plus modiques s'affirment comme les singularités irréductibles de mondes sensoriels aux imbrications délicates, ouvrages de mécaniques perpétuelles propres à l'évolution, qui brasse instincts et physionomies à l'aune du grand code du vivant: s'adapter pour se perpétuer, se perpétuer pour s'adapter.
Un condensé jouissif de culture humaniste à mon avis scandaleusement négligé, qui transpire d'intelligence et de bienveillance à chaque page.

"Plongeons plus avant dans l'avenir. Un jour viendra, tout semble le dire, où, de progrès en progrès, l'homme succombera tué par l'excès de ce qu'il appelle la civilisation. trop ardent à faire Dieu, il ne peut espérer la placide longévité de la bête. "
Ah... si, il s'agit bien d'un bestiaire.

Annotation :

"Pour l'instinct, rien n'est impossible, si élevée d'ailleurs que soit la difficulté. Dans la construction de ses cellules hexagones, à fond composé de trois losanges, l'Abeille résout, avec une précision parfaite, des problèmes ardus de maximum et de minimum, dont la solution par l'homme exigerait une puissante intelligence algébrique."

Annotation :

Sur les pages de ce grand format depuis longtemps épuisé, l'auteur installe l'ambiance de contes maussades, appuyés par de remarquables illustrations à la fois naturalistes et excessives, étouffées dans les ombres et les poches de couleurs glauques.
Mémorable.