Cover Carnet de lectures 2018

Carnet de lectures 2018

"Il y a dans la littérature, dans le secret exemplaire de la littérature, une chance de tout dire sans toucher au secret."
Jacques Derrida, Passions, Galilée, 1993, p.67

En 2017 :
https://www.senscritique.com/liste/Carnet_de_lectures_2017/1555208
En 2016 ...

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141 livres

créee il y a plus de 6 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

Le Jardin des langues

Le Jardin des langues (1974)

Sortie : 1974 (France). Poésie

livre de Gérard Macé

Annotation :

Premier recueil d’un jeune poète, Le jardin des langues a été lancé par Mandiargues qui lui offre aussi une préface louant dans ces poèmes l’étrangeté fascinante. Avec l’ombre de Mandiargues, ce recueil se retrouve insensiblement sous la statue du commandeur de L’âge de craie avec ces phrases énigmatiques, hésitant entre le baroque et le surréalisme (et sûrement plus baroque que surréaliste si l’on pense à tout l’effort conscient de construction, tout l’attachement de Macé pour le baroque).

C’est un jardin labyrinthique qui nous est offert où les images s’entrelacent dans une végétation dense où l’on devine des formes, où l’on rêve comme face aux nuages à des continents, à des créatures improbables, à des signes secrets.

Rien de fou dans ces « collages sans colle » chers à Max Ernst, rien d’échevelé dans ces bois frottés aux stèles de son imaginaire.
Dans ce Jardin des langues se promet – comme souvent dans les premières œuvres – un condensé incroyable de l’œuvre à venir, des bois dormant aux hiéroglyphes, des clartés soudaines aux grands noirs puissants des photographies, des rêveries à l’érudition et retour.

Poèmes qui ne laissent pas d’interroger dans leur mystère, ces morceaux de proses sont toute une œuvre au noir, marquée du grand M de Mandiargues, et sans cesse frappée de points de suspension, juste prémonition de l’œuvre à venir.

Les Noces
7.1

Les Noces

Sortie : 1 janvier 1966 (France). Poésie

livre de Pierre Jean Jouve

Annotation :

Noces est le recueil de la rupture pour Jouve. Avec ces poèmes, il met fin à toute son œuvre passée, passée sous l’influence de l'unanimisme et de Romain Rolland.
Ce que se propose Jouve, ce n’est rien de moins qu’une « Vita Nuova », une vie marquée par une noce avec une nouvelle femme, avec la psychanalyse et la mystique chrétienne.

« Songe un peu au soleil de ta jeunesse
Celui qui brillait quand tu avais dix ans
Étonnement te souviens-tu du soleil de ta jeunesse
Si tu fixes bien tes yeux
Si tu les rétrécis
Tu peux encor l’apercevoir
Il était rose
Il occupait la moitié du ciel
Tu pouvais toi le regarder en face
Étonnement mais quoi c’était si naturel
IL avait une couleur
Il avait une danse il avait un désir
Il avait une chaleur
Une facilité extraordinaire
Il t’aimait
Tout cela que parfois au milieu de ton âge et courant dans le train le long des forêts au matin
Tu as cru imaginer
En toi-même
C’est dans le cœur que sont rangés les vieux soleils
Car là il n’a pas bougé voilà ce soleil
Mais oui il est là
J’ai vécu j’ai régné
J’ai écaliré par un si grand soleil
Hélas il est mort
Hélas il n’a jamais
Eté
Oh ce soleil dis-tu
Et pourtant ta jeunesse était malheureuse
… »

Hormis ce premier « Songe » le reste des Noces a malgré sa musicalité trop d'accents chrétiens pour me charmer.
Mais la "Sueur de sang" me réconcilie avec le bel auteur des aventures de Catherine Crachat (Hécate, Vagadu) et de "Paulina 1880" que j'avais tant aimé.

Poéticide

Poéticide (2018)

Sortie : 2018 (France). Roman

livre de Hans Limon

Zazen
7.3

Zazen

Zazen

Sortie : 2011 (France). Roman

livre de Vanessa Veselka

Annotation :

Traduit par Claro, ce qui est en soi une sacrée auréole.
Ici l’auréole ruisselle d’une graisse noire, poisseuse, reste de corps et d’huile de friture de fast-food.
Car nous sommes plongés dans les extrémités du stade ultime du capitalisme, ce confins des confins dont on se demande vraiment si l’on est dans des temps futurs, ou si, plus simplement on se retrouve dans un portrait acide de notre contemporain.
Dans ce monde, une jeune femme travaille dans un restaurant vegan tandis qu’une mystérieuse guerre larvaire sourd de partout.
Dans ce monde il y a des attentats où l'on s'immole devant des centres commerciaux, ces églises du Grand Capital. Et les événements s’enchaînent. Si l’on peut être impressionné par la fluidité du récit, je n’ai pas su ne pas m’agacer de certains personnages.

Un autre son de crépitement :
https://charybde2.wordpress.com/2014/02/01/note-de-lecture-zazen-vanessa-veselka/

Le Roi du monde
7.1

Le Roi du monde (1927)

Sortie : 1927 (France).

livre de René Guénon

Annotation :

Je suis allé vers ce livre guidé par le Roi du monde de David B, illustrant de manière merveilleuse cette figure que l’on peut suivre jusqu’au Mahdi des Chercheurs de trésors (série dont on aimerait que David B finisse, une parmi d’autres, hélas).

On a l'impression à lire Guénon qu'il y a presque une clé cachée pour comprendre cette prose pourtant assez simple mais où les figures et les traditions se croisent et se superposent pour former ce "Roi du monde" caché dans son Agartha mystique dont on peine à saisir la souveraineté.
Un véritable livre hermétique, à réserver aux initiés.

Iliade
7.9

Iliade

(traduction Mario Meunier)

Ἰλιάς

Sortie : 1943 (France). Mythes & épopée

livre de Homère

JohnDoeDoeDoe a mis 10/10.

Annotation :

Mes oreilles en feu résonnent de ces bruits et de cette fureur tout sauf semblable à l’image qu’on en avait faite, tantôt ode à une guerre cruelle et tantôt déversoir des litanies des noms des capitaines et des dynasties qui, de tant de ports de toute l’Helléade les conduire en Troade. Pardon, je m’égare.
Quelle injustice.
« Chante, ô déesse, la colère d’Achille fils de Pélée… »
Colère funeste, oui, mais dont on comprend avec force toute l’humanité, et tout le poids définitif de l’injustice.
Ode à la guerre ? C’est sûrement tout le contraire et c’est même tout l’enjeu que créent les échos à chaque combat des noms et des origines des combattants : à chaque mort ce sont des familles qui s’écroulent dans la poussière, pas que des corps, des sociétés, des vies avec des épisodes variés, soudainement arrêtés. A chaque mort dans un camp un autre mort vient s’ajouter (bien que, souvent, la balance penche en faveur des Achéens). De même, la folie furieuse d’Arès sans cesse changeant de camps, l’ivresse mauvaise du combat, tout cela est donné par l’intermédiaire des dieux avec une vivacité où il n’est point besoin de corps défigurés pour le comprendre, et la préservation du corps d’Hector trainé par Achille est bien ce geste merveilleux, protecteur, qui doit s’accorder à la fin à la colère d’Achille comme à la fin annoncée de la guerre de Troie.
Il y a tout l’honneur du combat, de la belle mort, la pensée de l’adversité qui est en jeu, oui, mais quant à la guerre, non, son horreur est présente, même fortement mythologisée. Et ce n’est pas la scène la moins importante, la moins drôle malgré elle, que les pourparlers de paix entre Troyens et Achéens, où les Troyens se réunissent pour enfin se débarrasser d’Hélène que tout le monde déteste et souhaite voir disparaître du camp troyen (les répliques d’Hector à Pâris sont merveilleuses).

Il y a tant de temps, de mondes résonnant dans ces vers qu’on ne se lasse jamais malgré l’écart qui nous sépare de ces chants. Souvent on oppose l’Illiade et l’Odyssée, comme deux goûts irréconciliable, la brutalité et l’inventivité, le soleil et la nuit étoilé, Achille et Ulysse (et la rencontre d’Achille aux Enfers dit aussi cette mélancolie absente qui est comme une relecture de l’Illiade). Allons, alors j’aime les soleils de nuit, les mélancolies rayonnantes, les inventions soudaines.

Quelque chose en lui de Bartleby
6.5

Quelque chose en lui de Bartleby (2009)

Sortie : août 2009. Roman

livre de Philippe Delerm

Annotation :

En lisant ce titre repris d’une chanson de Johny Halliday, mon visage se crispait.
A juste titre, hélas. Voilà un Bartleby post-moderne, lancé auteur d'un blog dépressif à succès.
Je propose finalement un autre titre : Ce qu'il y a de plus attendu dans le Bartleby.

Notre héros zéro a la grâce subtile de se prénommé Arnold Spitzweg, allusion à peine soulignée au marqueur noir indélébile de la marque Stabylo ® au nom du peintre dont le tableau du « rat de bibliothèque » myope perché sur sa girafe (rayonnage mobile en hauteur dans les bibliothèques) est attaché à l'image de Bartleby (notamment chez Gallimard, alors que, ferait-on remarquer Bartleby est clerc de notaire, pas érudit, bibliothécaire, libraire).
Cela promet. Oui, cela promet du reste après ce premier chapitre où l’on devise sur le patronyme du zéro. Car bien sûr, dans ce livre, tout est littéral, niveau 0 de lecture de la petite nouvelle d’Herman Melville.

Le plus raté, je crois, mais c’est peut-être aussi le plus réussi, comme si l’époque ne pouvait plus proposer que cette lecture symptomatique de Bartleby, c’est que Spitzweg n'est plus qu'un personnage transparent, de la transparence absolue, de la superficialité, de la littérature dans ce qu’elle a de plus désagréablement superficielle (Delerm, donc), quand Bartleby chez Melville avait une opacité dérangeante. Dans cette opacité de Bartleby il y avait une politique admirable de la résistance passive, dimension politique complètement oblitérée dans le Spitzweg de Delerm, vague chambre vide résonnant de l’écho d’idées nihilistes. Chez Melville, on butait sur le mystère répété de son "i would rather not to" et c’était bien ainsi.
Delerm fait de Spitzweg/Bartleby un homme médiocre. Pas un « homme sans qualité », pas l’homme libre dans son absurdité et devant se choisir (« Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui » comme disait Sartre), pas un homme préoccupé de son vertige existentiel comme Henri Sorge déclarant : « Je n'étais pas seul, j'étais un homme quelconque. » Non, juste un homme médiocre, un je-sais-pas-quoi sans l’épaisseur et les désirs d’un personnage de Houellebecq, juste un nihiliste qui ne sait pas choisir, qui se coule dans les choses, à peine un benêt, même pas un Bouvard ou un Pécuchet.

On préfèrera tellement l’expérience de dépersonnalisation d’un Homme qui dort de Pérec sur ce sujet que semble vouloir aborder Delerm, car ici il faut en plus supporter une parabole déjà si suran

Homère, Iliade
7.7

Homère, Iliade (2004)

Omero, Iliade

Sortie : 2006 (France). Roman

livre de Alessandro Baricco

Annotation :

Quel désastre : réécriture de l'Iliade, modernisée, c’est-à-dire sans dieux (parce que les dieux c'est si archaïque et que l'histoire se comprend sans leur intervention) ce qui donne des choses très absurdes et drôles par exemple au début, quand Agamemnon éconduit le père de Chryséis, et que les Achéens qui meurent, comme ça, "comme des mouches", puisqu’il n’y a plus de prière, plus d’Apollon – et tout est à l’avenant.
Ah, et puis Homère c'est trop long, on va moderniser : on va couper. Vous comprenez, il faut l'adapter au théâtre, alors vos litanies de vaisseaux et de capitaines, hein. Vos scénettes de sous-opéra.
Eurk.

Dans le café de la jeunesse perdue
6.8

Dans le café de la jeunesse perdue (2007)

Sortie : 2007 (France). Roman

livre de Patrick Modiano

Annotation :

Dommage, le titre beau comme une promesse nostalgique est en fait de Debord, cité en exergue : « A la moitié du chemin de la vraie vie, nous étions environnés d’une sombre mélancolie, qu’ont exprimée tant de mots railleurs et tristes, dans le café de la jeunesse perdue. »

La phrase de Debord résonne avec tant de justesse par rapport au texte de Modiano. Elle s'ouvre, en appelant à Dante ("Nel mezzo del cammin di nostra vita"), guide étrange pour ouvrir cet enfer très amer de ces cafés de notre jeunesse où l'on descend pour broyer la "sombre mélancolie" avec les grains d'alcools, afin d'oublier les visages, les passions, les idées noires, tout ce qu'il y a d'inconsolable au final dans l'existence.

A côté de cet exergue, la prose de Modiano paraît si pâle, si inexistante, uniquement chargée des hésitations de ses personnages. Et même le mystère du personnage de Louki s'évanouit quand elle prend sa parole, peinant à devenir une Léona Delcourt (Nadja), ou une Sonia A ("Mourir et puis sauter sur son cheval", de David Bosc).

Journal d'un corps
7.7

Journal d'un corps (2012)

Sortie : 9 février 2012. Roman

livre de Daniel Pennac

Annotation :

Je n'y crois tout simplement pas. L'idée est belle. Mais la multiplicité vivante, grouillante, réseau anti-livresque, peut-être ai-je trop rêvé d'un véritable livre-corps.

Sartre

Sartre

Sortie : 2005 (France). Essai

livre de Mauricette Berne

Annotation :

Une sorte de gros découverte Gallimard pour ce catalogue de l'expo Sartre à la BnF en 2005.

Le Surréalisme

Le Surréalisme

Sortie : 7 novembre 2001 (France). Beau livre

livre de Roger Thérond

Annotation :

Sélection d'une histoire de la photographie dans le surréalisme alors que son Pape on le sait, le réservait à une annexe documentaire (images dans "Nadja"), elle révèle la créativité de ces artistes gravitant autour du surréalisme. On remarquera notamment Claude Cahun, trop souvent absente de ces anthologies.

Car de fait, il y a beaucoup de beaux-livres sur ces "explosantes fixes" et la rapport à l'image dans le surréalisme. A tout prendre, je préfère "La subversion des images" (BPI 2009), ou de manière plus large sur l'iconographie "Trajectoire du rêve, du romantisme au surréalisme" (Paris-Musées, 2003).

Poème des livres disparus

Poème des livres disparus

et autres textes

Sortie : 2017 (France). Articles & chroniques

livre de Joseph Roth

Annotation :

De petits - trop petits ? - textes sur des idées fugitives, autobiographiques, nostalgiques (comme ces livres disparus), se terminant en 1939 par un texte ironique sur le chêne de Buchenwald celui de Goethe, chêne qui doit cacher à lui seul la forêt des maigres prisonniers et déportés.

Engeland
7.9

Engeland (2010)

Sortie : 2010 (France). Roman

livre de Pierre Cendors

Annotation :

Conversation imaginaire

CENDORS - Je cherche un titre pour mon livre.
L'EDITEUR - "Des miettes sur la table de Kafka" ? Kafka ça fait vendre. Et tu as bien appelée la fille, la photographe, Fausta K. pour ça, non ?
CENDORS - K. est un fantôme. Et on est à Berlin. Pas à Prague. Non. C'est plus effacé, plus discret. Fausta et H. se retrouvent autour de l'absence, du mystère de l'absence, du deuil continué, hésitant, car la tombe de H n'est jamais refermée. Un tombeau ouvert, comme la photographie. Je pensais : Le portrait de l'ange Oubli ?
L'EDITEUR - Hum, je sais pas. Et pourquoi pas "Les Ailes du désir II" ? "La terre des anges morts" ça ferait trop macabre. Invendable. Ou avec ton peintre, Engel, Ange, on peut sublimer ça, non ?
CENDORS - "Engeland". Le monde d'Engel. Des anges.
L'EDITEUR - On met une citation des Elégies à Duino de Rilke, alors ?
CENDORS - Même pas.

N.B. : l'épigraphe est de Yeats finalement.

L'Heure présente
7.6

L'Heure présente

L'Heure présente

Sortie : 10 février 2014 (France). Poésie

livre de Yves Bonnefoy

Annotation :

Ouvrant le livre, je me suis demandé, face à tant de mystères : "mais ne l'aurais-je pas déjà lu ? Est-ce que je serais capable à l'aveugle, à l'oreille, d'identifier un poème de Bonnefoy (ça oui) que je n'aurais pas lu (ah, là non)."

Et pourtant je me souviendrai de celui-ci, reprenant d'abord le recueil paru au Mercure "La longue chaîne de l'ancre" et s'augmentant du recueil "L'heure présente". Ces poèmes brisent avec l'image compassée du poète abscons, éphémère, anti-abstrait mais fabricant des poèmes comme des Graals inaccessibles à l'interprétation.
Dans ces poèmes, outre le recours à la prose, on entre très facilement dans l'écoulement des images, voire des récits, des évocations filées. Car dans ces poèmes surgissent parfois de très beaux contes ("la longue chaîne de l’ancre" elle-même, avec ses bateaux volants m'a fait penser à la délicatesse du "fil de l’araignée" d’Akutagawa, moins la cruauté amère de l'histoire).
C'est donc pour moi un recueil de réconciliation avec Bonnefoy.

Quintes

Quintes (1962)

Sortie : 1962. Roman

livre de Marcel Moreau

Annotation :

Premier roman de Marcel Moreau en 1962, poussé par Queneau, célébré par Paulhan, Beauvoir, et le mondes des Lettres d'alors, il est aussi un roman d’ouverture.

Face aux premières pages, on se dit que le reste aurait même pu brûler, les pages suivantes arrachées par des fanatiques amourachés de la théorie "Enigma" de Casas Ros que ces pages continueraient à briller comme des torchons imbibés d'absolu, enflammés, flottant dans la nuit noire.

Non pas que le reste du livre soit inutile, retraçant la dérive d'un personnage dans un quotidien terriblement fade, et cela dit paradoxalement avec la langue la plus exceptionnelle, mélangeant le plus vivement l'élégance classique et le maniérisme baroque - trouvaille impure d'une écriture qui se singularise dès les premières phrases et se maintient à ce niveau.

Mais ce que l'on retient c'est la rencontre avec ce livre, ces premières scènes. Pas l'incipit, non, mais tous les premiers chapitres, cette première rencontre nocturne avec Marcel Moreau écrivain, avec cette situation si simple et si émouvante de rentrer chez soi le soir et de se voir à l’extérieur, la lumière allumée. Attendre et mourir petit à petit. Ce livre d'une ouverture à l'écriture, à l'être, à la vie.

Body Hacking - Pirater son corps et redéfinir l'humain

Body Hacking - Pirater son corps et redéfinir l'humain

Sortie : juin 2012 (France). Culture & société

livre de Cyril Fievet

Annotation :

C'est une sorte de long article ennuyant et pas écrit, un sous-article d’Internet Actu. Très passé (2012 déjà) et passable.

Le Voyage vertical
7.8

Le Voyage vertical

Roman

livre de Enrique Vila-Matas

Annotation :

Un jour j'irais en Atlantide.
Il y a un charme simple à l'écriture de Vila-Matas, une simplicité sans excès, d'une intelligence qui n'a pas besoin d’exhiber de belles phrases pour dessiner ce "voyage vertical". La narration est bien tenue, et l'exil ridicule (fierté et conjugalité mêlée), s'enfonce verticalement, peu à peu - quoique trop lentement, trop "finalement" - dans les ports métaphysiques portugais, sans verser dans le pessoïsme (d'ailleurs une des meilleures pages du livre est sur une réunion de café, où le Maître commence la séance par la lecture d'un poème de Pessoa, on se dit : comme un bénédicité à la cirrhose du foie).

L'Histoire secrète de Twin Peaks
7.7

L'Histoire secrète de Twin Peaks

The Secret History of Twin Peaks

Sortie : 27 octobre 2016 (France). Roman

livre de Mark Frost

Annotation :

Le mal de l'archive, dirait l'autre. Sur le principe, s'inventer des liaisons entre les fragments, se faire l'enquêteur métaphysique de toute cette histoire fort obscure devrait être passionnant. On reste à la porte, on ne frappe pas.

Ici dans ça

Ici dans ça

Sortie : 26 juin 2013 (France). Poésie

livre de Mathieu Brosseau

Annotation :

Ici, dans, ça. La poésie contemporaine étonne toujours par sa capacité à faire de chaque mot un maelstrom de pensées.

Le désespoir n'existe pas

Le désespoir n'existe pas

Sortie : 9 novembre 2010 (France). Poésie

livre de Zéno Bianu

Annotation :

Pas pas ma came came. En plus, le désespoir existe.

Livre de préfaces
8.1

Livre de préfaces (1970)

Prólogos con un prólogo de prólogos

Sortie : 1975 (France). Essai

livre de Jorge Luis Borges

JohnDoeDoeDoe a mis 6/10.

Annotation :

Le livre des préfaces met au clair plusieurs choses sur Borges. La première, la plus évidente, est que Borges est un écrivain au carré : un écrivain d'écrivain, écrivant des histoires d'histoires, des préfaces de préfaces. Et peut-être qu'ici apparaît clairement que ce dispositif de parler des choses absentes comme si, irréellement, elles étaient présentes, souligne tout simplement le caractère spectral, surréel du langage humain, et que ce qu'on appelle littérature n'est que le redoublement, que l'écho de cet effet

La seconde chose que nous apprend ce livre c'est qu'un écrivain est aussi d'abord un lecteur. Un lecteur qui dans ce cas est attentif, remarquable, d'autant plus pénétrant dans ses œuvres qu'il a mesuré la grandeur de ses prédécesseurs et de ses contemporains.

Enfin, à ce "livre de préfaces" s'ajoute un "Essai d'autobiographie" assez court mais qui place quelques jalons de la vie de Borges, de ses débuts baroques au classicisme retrouvé grâce à Adolfo Bioy Casares, en passant par les années d'ennui en tant qu'obscur employé d'une bibliothèque municipale.

Ridiculum vitæ
6.1

Ridiculum vitæ

Sortie : 1994 (France). Poésie

livre de Jean-Pierre Verheggen

Annotation :

La poésie de Verheggen est une poésie de pétards et d'amorces, une poésie d'"Artaud Rimbur" (premier recueil du recueil) faisant claquer ses inventions pour surprendre le lecteur, l'amuser, et l'inciter à renouveler lui aussi par ces simples glissements son rapport au langage. Un livre qui incite à lancer ses propres pétards, à déceler les amorces dans tous les jeux quotidiens du langage. Une façon de réenchanter le monde des mots et d'habiter poétiquement le monde bien loin des refrains hölderliniens. Soyons michaldiens, soyons artaudiens, soyons jargonaphasiques, dit-il.

"Ridiculum vitae" est presque un plaidoyer pour ces inventions pléthoriques, infinies et populaires du calembour porté au quotidien et dans le milieu guindé du poétique ("la grande poésie doit toujours être ridicule" est le titre de la dernière section), porté à la jubilation et à l'excitation dernière, vertigineuse. Et certaines formules, il faut le dire, décrochent tout à fait des sourires. Cependant, dans la masse accumulé des jeux de mots, beaucoup aussi tombent à l'eau et glissent vers ce que le calembour a de plus sordide.

Théorie des MultiRêves

Théorie des MultiRêves

Sortie : 2017 (France). Conte

livre de Jean-Philippe Cazier

JohnDoeDoeDoe a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

De toutes pièces

De toutes pièces (2018)

Sortie : 20 septembre 2018. Roman

livre de Cécile Portier

Annotation :

Des Esseintes dans la Zac (pour une fois c'est moi qui ai choisi le titre) : https://diacritik.com/2018/08/31/des-esseintes-dans-la-zac-cecile-portier-de-toutes-pieces/

Daimler s'en va
7.8

Daimler s'en va (1988)

Sortie : 1988. Nouvelle

livre de Frédéric Berthet

JohnDoeDoeDoe a mis 8/10.

Annotation :

Un néo-hussard mâtiné de Brautigan, nous dit la préface. Comme de la cuisine « fusion » je me méfie de ces rapprochements chimériques. Reste qu’on trouvera un dandysme à froid mêlé de sentimentalisme désespéré, avec sur le coeur sa médaille « Amour et Néant » confectionné dans les ateliers Roger Nimier. Et puis il y a malgré tout de la fantaisie foutraque et l’histoire d’un privé dont les affaires vont mal et qui finit à Babylone - ce qui ne peut pas ne pas évoquer Brautigan.

Reste que c’est beaucoup plus, en beaucoup plus court. Il faudrait compter le nombre de mots, mais c’est remarquablement court, ça tire dans le coeur à bout portant, on lit ça en une heure et on ressort avec la tête qui tourne. Trois parties composent ce livre incroyable. Le premier, composé d’éclats de la vie indolente de Daimler, est le plus acéré, le plus vif, un Chamfort drolatique, noir, amer (amour perdu, mon amour), mais drôle. La seconde partie, plus lente mord cependant à l’acide la plaque de métal l’image inverse de celle de Daimler. Enfin la dernière partie allume les pleins phares et nous emmène jusqu’à Babylone pour continuer de causer avec l’inestimable Daimler. Un livre à se procurer pour faire partie des « happy few ».

Ecce Homo
7.7

Ecce Homo (1888)

Sortie : 1888. Autobiographie & mémoires, Philosophie

livre de Friedrich Nietzsche

JohnDoeDoeDoe a mis 9/10.

Annotation :

Ce livre me donne toujours envie de sourire, parce que c’est énorme. C’est énormément orgueilleux, pas égotiste, non, simplement tel qu’en lui-même la philosophie nietzschéenne se propose d’être une affirmation insensée, d’un Soi éclatant, loin des mortifications pascaliennes et des baudruches des Ego. Un texte qui fait sourire parce que ce texte est d’une clarté remarquable sur les projets, un texte vivant, un texte qui appelle comme peu le fond, un texte qui emporte l’adhésion. Ah, un plaisir de relecture.

BettieBook
6.3

BettieBook (2018)

Sortie : 4 janvier 2018. Roman

livre de Frédéric Ciriez

Annotation :

Blanchot vs Les Youtubeuses. Attendez, je sors les pop-corn : https://lucienraphmaj.wordpress.com/2018/09/07/bettiebooks-frederic-ciriez/

La Rouille
7.5

La Rouille

Sortie : 23 août 2018 (France). Roman

livre de Eric Richer

Annotation :

Il me faudrait faire une véritable critique de ce roman du "fail better", plein d'effluves de white spirit, de rire d'éther, de mélancolie sniffé à l'eau écarlate.

L'alphabet de flammes
7.3

L'alphabet de flammes (2012)

The Flame Alphabet

Sortie : 13 février 2014 (France). Roman

livre de Ben Marcus

Annotation :

L'idée de ce livre m'a pris comme un feu de forêt, rapidement, sauvagement : et si l'on devenait malade du langage ? Si la parole, l'écriture, devenaient insupportable, littéralement intolérable et source de maux physiques atroces ?
Voilà les plus belles prémisses.

Mais cette flamme sauvage, puissante, absurde, s'éteint aussi vite qu'elle s'est allumée quand on s'affronte à la situation narrative décrite dans les premières pages : cette maladie du langage touche uniquement les enfants, et en l'espèce, une ado d'une famille juive américaine, dont les invectives, les paroles blessent ses parents de manière démesurée. Même s’il y a toujours un trouble autour de cette situation de maladie du langage et autour de l’évolution sylvestre du judaïsme (à découvrir, vraiment), ce tropisme d’incommunicabilité m’a semblé exploité dans une dimension qui la réduit peut-être trop à la métaphore.

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