Classement Commenté \ Thrillers

Annotation :

Le sens du détail poussé à l'extrême. Shutter Island brille là où d'autres échouent misérablement en piégeant son spectateur et en se montrant beaucoup plus malin que lui. Le vrai secret du film : son scénario repose sur notre irrésistible volonté de croire à une conspiration et de refuser de voir la vérité qui est pourtant juste sous nos yeux, car elle est trop dure à accepter. Je suis pas fan fan de philo mais les interprétations autour de la caverne de Platon avec la symbolique du feu et de l'eau est super cool. Un film sur l'illusion et le déni du deuil dans une obscurité donnant tout le ton à ce thriller avant que le phare ne vienne enfin nous éclairer. Pour nous aider, Martin Scorsese multiplie les prises de vue différentes, les faux-raccords et les détails qui dénotent : anachronismes, regards furtifs douteux et plans qui n'ont pas de sens. Et si tout nous apparaît évident lors d'un revisionnage, tous les indices n'étaient pas suffisants la première fois, où nous ne pouvions nous empêcher de nous identifier à Teddy, où nous choisissions d'obscurcir notre vision et ne voir que les ombres au lieu de la réalité. Quand l'écran de fumée se dissipe, c'est un crève-cœur. Toute l’ambiguïté des événements et la dualité de la caméra nous réapparaît. Et malgré toutes les preuves accablantes, le doute est encore permis : le piège ne serait-il pas dans le piège lui-même ? Et si Teddy n'était pas fou ? Et si l'île était véritablement un camp nazi ? Et si le spectateur, subjugué pour avoir été trompé une fois, est satisfait et ne décide de s'arrêter ici alors qu'il y a encore plus à voir ? Le doute et les théories ne s'arrêteront donc jamais. Peut-être préférons-nous rejeter cette possibilité car l'envisager vraie nous tuerait. Après avoir entrevu la réalité, Teddy choisit bien de mourir, et nous spectateurs, nous nous laissons lobotomisés par l'image. Shutter Island se voit donc à trois niveaux : une histoire de deuil et de folie, une manipulation par l'image sur la vérité, et une vision du spectateur au cinéma qui ne cessera de s'interroger. Au final, une des plus belles manipulations de notre esprit que j'ai pu voir.
9+

Annotation :

Superbe portrait du conflit intérieur d'une artiste complètement bouleversée, prête à aller à l'encontre d'elle-même pour atteindre la perfection recherchée. Avec un sujet peu accessible, la danse, Black Swan met en abyme le Lac des Cygnes et peut se lire ainsi à plusieurs niveaux. Mais surtout, il met mieux en valeur le personnage de Nina sublimement interprété par Natalie Portman. Darren Aronofsky use de tous les symboles et métaphores possibles pour enchaîner les plans iconiques et nous retourner le cerveau en bonne et due forme. Le sacrifice ultime pour atteindre la transcendance artistique et la perfection cinématographique. Un moment figé dans le temps. Parfait.
9

Annotation :

Rosamund Pike fascine dans cette adaptation aux objectifs au final assez flous et contradictoires mais qui ne laisse jamais indifférent. Suite à l'enquête policière somme toute classique du premier acte, le film décolle totalement et commence à renverser nos attentes dès qu'Amy refait son apparition, ce qui était certes à attendre, mais tout l'acte finale se révélera imprévisible. Les personnages sont fouillés, le rôle des médias et la place du mariage dans la société sont justement au centre et l'acte final laisse bouche bée. Le script inventif et malin est clairement la meilleure force du film et nous laisse avec effroi certaines images en tête.
9

Annotation :

Cultissime pour de bonnes raisons, Fight Club est une superbe fable nihiliste et ironique sur la masculinité et l'individu face à la société. Et oui, la fin est suffisamment exceptionnelle pour hisser l'ensemble parce qu'il est aussi fin et plein de sens, que simple et accessible à tous. Probablement l'un des meilleurs climax jamais atteint au cinéma qui sublime toute l'oeuvre.
9

Annotation :

Un très bon polar noir construit autour d'une dynamique d'opposition classique entre deux policiers qui débattent sur la moralité du monde, thème cher à David Fincher. Là où Seven brille, c'est dans le déroulement de son acte final où la perversité du tueur dégouline sur nos personnages et sur le public, avant ce twist final poignant, que je connaissais malheureusement déjà lors de mon premier visionnage, ce qui a peut-être légèrement atténué son impact. Je garde finalement assez peu de souvenirs du film...
7

Annotation :

Thriller brut et froid, j'ai eu par définition beaucoup de mal à m'identifier aux personnages mais les visages familiers d'Emily Blunt et de Benicio del Toro suffisent à s'immerger dans l'histoire, aussi hermétique soit-elle. Le rythme aurait pu être bonifié sans perdre le sel de l'histoire ni l'atmosphère pesante selon moi. Pourtant, plusieurs séquences me sont restées en tête : la séquence du retour par l'autoroute, une petite merveille de tension et de réalisation. Ensuite, la dernière confrontation entre les deux protagonistes où Blunt laisse Del Toro s'éloigner. Enfin la fantastique scène finale, très touchante. Denis Villeneuve nous laisse donc avec des plans assez fameux en tête, mais Sicario n'est finalement pas plus que la somme de ses parties.
7-

Annotation :

Dommage que l'intrigue policière soit assez bâclée et les personnages peu creusés, en particulier le lead féminin qu'il est impossible de prendre au sérieux. Cela dit, tout le propos du film sur la fabrication d'un film justement est vraiment bon, de la première scène méta au scénario basé sur l'image et le son. La fin capture un moment extrêmement beau et triste et le fige à jamais dans un film, et offre une vision très intéressante du film comme moyen pour un réalisateur de déverser ses émotions en gardant le secret sur sa vie. Le film possède quelques longueurs mais Travolta assure et cette fin donc élève vraiment le film.
7-

Annotation :

Un film intéressant à l'ambiance extrêmement travaillée, où Kidman en impose et où l'ambiguité des personnages nous maintient en haleine. Le dernier acte, extrêmement réputé, est une tournure originale au film de manoir hanté et est assez imprévisible. Il est clairement l'unique raison de voir ce film. Pourtant, il m'a un peu déçu car il simplifie beaucoup tous les mystères jusque là établis. Rétrospectivement, certains passages semblent alors superflus (le mari...) ou à prendre comme un gigantesque symbole pour quelque chose. Finalement, ce sont les éléments les plus classiques du film d'ambiance qui sont réussis.
6

Annotation :

J'en attendais beaucoup mieux. Les personnages sont peu attachants et en général cela tue un film pour moi. Leurs backstory sont maigres, les motivations de la vengeance faibles et on ne croit pas à la love-story instaurée par le film. Le meilleur personnage du film est la figurante homosexuelle qui raconte comment elle a été emprisonnée à travers 5 minutes de flashbacks... Les thèmes révolutionnaires me passionnent d'ordinaire, mais finalement passée la première demi-heure du film ça ne va pas très loin, l'anarchie n'est jamais questionnée en bien ou en mal. C’est finalement assez prévisible sur plein de points et le climax du film avec son combat final au ralenti est décevant et privilégie une action cheap à une vraie réflexion. Sans parler des bulles d'air dans le scénario. Je crois au fond que le mélange des genres n'a pas pris avec moi. C'est un film produit par DC qui se veut à la fois tourné action, mais quand même assez psychologique, mais quand même d'anticipation pour faire honneur au propos du comic. Ce qui fait que rien de tout cela n'aboutit pleinement. Le film ne m'a absolument pas marqué, c'est dommage.
5

Annotation :

C'est beau, c'est magnifique, c'est coloré, cela reste sobre. Toute la métaphore symbolique entre Dieu, Satan et l'homme entre eux, est plutôt pertinente, et se prête parfaitement aux thématiques de vengeance, de justice, d'impuissance et de pardon. Pourtant, je suis un spectateur qui cherche avant tout à être ému par une histoire. Pas par de beaux éclairages, de belles couleurs et de beaux et longs plans fixes. Alors créer des personnages très mystérieux à la limite de l'absurde à lire comme des symboles, c'est clairement dans la volonté du réalisateur et c'est un choix. En revanche, l'ennui et le détachement n'étaient certainement pas voulus. J'aime quand un film prend son temps, ponctue sa réalisation et son choix d'éclairages par des significations ou donne plusieurs niveaux d'interprétation à ses personnages. Mais j'aime aussi avoir la sensation de pouvoir apprécier tout cela à travers une histoire intéressante et un produit divertissant, à m'accrocher à mon siège avant de chercher plus de profondeur à un film. Si tout un produit n'est constitué QUE de belles lumières et de beaux symboles - ce qui est presque le cas ici - plus aucune nuance ne ressort, plus aucune scène ne se démarque. Only God Forgives est probablement techniquement parfait et a sans doute un fond très intéressant si l'on creuse, mais ne m'a donné aucune envie de me plonger dans tous ces degrés de lecture, ayant selon moi négligé le tout premier niveau. C'est peut-être péteux de dire ça, mais j'ai très vite eu la sensation que le réalisateur a pris pour acquis mon implication et ma disposition à être ému, comme si on m'avait de force plongé dans l'univers du film. Sauf qu'avant de toucher et de faire réfléchir, il faut convaincre.
5