Comment sauver le genre horreur des griffes du XXIe siècle ?

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- Suggérer l’horreur -

Bien difficile aujourd’hui de proposer un film d’horreur sans jumpscares ou effets gore tellement ils sont devenus légion, le public actuel fait souvent l’erreur de confondre la peur primaire (ce que l’on voit à l’écran) et la peur suggestive (l’extension de l’imaginaire), il va préférer se faire flipper à sursauter et voir des flots de sang plutôt que de ressentir au plus profond l’angoisse ou le malaise via une maitrise de la tension par le réalisateur. Donc l’élaboration d’un scénario semble primordial à l’instar d’effets de manche sur-utilisés pour un renouveau de ce qui a fonctionné dans les années 60-70 par exemple.

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- Oser un nouveau concept -

Bon là il faut clairement avoir du talent et des burnes, le problème c’est que généralement les productions sont plus ou moins frileuses face aux films éludant les codes commerciaux, un réalisateur peut sortir des sentiers battus pour proposer quelque chose d’extrêmement singulier il ne sera malheureusement que peu pris au sérieux, réflexe rentabilité, quitte à passer aux oubliettes l’entreprise mérite vraiment d’être tentée et le film peut connaitre une reconnaissance tardive mais précieuse, et ainsi donner du crédit au cinéaste en question pour de futurs projets.

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- Une réalisation originale -

Proposer un cadre spécial peut être une idée, dans l’exemple de "Maniac" de Franck Khalfoun avec une caméra subjective dans l’intégralité du long métrage donnant un sentiment de pure immersion et d’introspection au personnage principal (qui est un serial killer), un point de vue malin qui ne laisse pas indifférent. Après il faut surtout prendre en compte la patte du réalisateur et ce qu’il veut laisser transparaitre via sa technique, si elle est cohérente et sincère ça ne peut donner qu’un projet intéressant, en tout cas qui mérite qu’on s’y attarde.

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- Développer un univers personnel -

Quelques réalisateurs de talents ont su se faire un nom grâce à des films tout à fait singuliers, comme par exemple Rob Zombie (également connu comme chanteur métal) qui réussi à renouer avec des ambiances qui ont fait leurs preuves, par exemple "La maison des 1000 morts" en 2002 qui rappelle jouissivement celle du cultissime "Massacre à la Tronçonneuse" de Tobe Hooper, mais en la rendant dans le même temps tout à fait personnelle avec un côté grinçant et un sentiment de mal à l’aise très efficace. On pourrait encourager les cinéastes du genre à se résoudre à obéir aux conformités pour oser des choses et nous faire partager leur créativité et leurs influences, une ambiance réussie pour moi vaut 70% du film, et pour le reste pourquoi pas oublier le numérique et retrouver de vrais maquillages et flots d’hémoglobine (coucou Tom Savini).

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- Rendre hommage -

Quand on n’a pas d’imagination autant s’inspirer et revendiquer ses influences, le cas de "Amer" de Cattet & Forzani est intéressant car proposant un véritable hommage au Giallo, rendu populaire par Dario Argento dans les années 70, après attention à ne pas tomber dans le copié collé pouvant rendre l’entreprise vulgairement outrancière, il suffit juste de redévelloper un concept marquant avec ses propres outils pour lui donner vie à nouveau, par exemple pourquoi ne pas tenter un long métrage en N&B sans artifices numériques rappelant les premières heures du genre mais avec un cut plus actuel.

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- Faire un film à sketchs -

Le principe n’est pas nouveau ("Le Train des épouvantes" (1965)), la référence restant "Creepshow" en 1982, dernièrement des petites productions s’y sont collé notamment avec "The ABCs of Death" qui laisse carte blanche à la création et à la pluralité des réalisateurs, "The Theatre Bizarre" se découpant en 7 parties distinctes avec un fil conducteur ou encore "V/H/S" axé found footage. Personnellement j’aime ce concept car il nous donne un éventail, on picore les saynètes, le défaut reste forcément leur inégalité mais il y a souvent ne serait ce que pour un épisode un superbe instant de pure épouvante.

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- Faire un found footage (encore ?) -

Depuis "Le Projet Blair Witch" en 1999 le cinéma d’horreur a pondu bon nombre de found footages, plus ou moins glorieux, le genre semble être arrivé en bout de course, cependant je trouve personnellement qu’il peut aller encore plus loin en jouant d’avantage sur le sentiment de suggestion, il ne joue plus assez du hors champ, préférant nous balancer à la tronche ce que nous avons envie de voir, un retour aux fondamentaux en métissant subtilement le paranormal peut redonner un second souffle au concept. J'ai choisi volontairement l'exemple de "Catacombes" car il dispose d'idées très intéressantes mais finalement annihilées par justement ce désir de trop en faire, le film ne passe pas loin du statut de pépite, dommage.

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- Proposer un ton décalé -

Le problème récurrent des films d’horreur de notre temps c’est de se prendre bien trop au sérieux avec un scénario un peu (voir beaucoup) bâtard, alors autant jouer sur le décalage et offrir au public des ruptures de tons savoureuses, les mettre en confort pour mieux les effrayer, je préfère 1000 fois un faux-navet qui me décroche deux trois sourires qu’un "Annabelle" qui en fait des caisses au premier degré et qui est insupportable. En gros si tu sais pas faire peur fait du fun.

"Le comico-gore", liste de el-thedeath : http://www.senscritique.com/liste/Comico_Gore/69594

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- Engager une pointure -

Bon là ça n’est pas forcément gage de qualité, loin de là, mais cela suffit parfois pour légitimer un film qui peut paraitre sous-exposé, et si c’est au service d’un scénario tenant la route ça peut le propulser vers une audience plus élargie. "Sinister" est un exemple où Ethan Hawke porte le projet avec des idées scénaristiques plus ou moins intéressantes. Attention toutefois à ce que ça ne soit pas une maison de retraite profitant d'anciennes gloires, ou alors il faudrait impérativement mettre l’acteur au crépuscule de sa carrière dans un rôle très ambitieux et cohérent.

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- Favoriser le retour au premier plan des productions légendaires -

La Hammer étant un des rares exemples de productions spécialisés du genre épouvante a avoir retrouvé la lumière grâce à "La Dame en noir" (merci Daniel Radcliffe), un style british inimitable visant à rappeler les plus belles heures du genre comme les films de monstres, d’ailleurs pourquoi pas surfer sur la hype des franchises hollywoodiennes (qui ne valent pas un rond) pour proposer en parallèle ses versions et contre-balancer les tendances ?

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- Miser sur le cinéma asiatique -

Un cinéma qui propose une belle mixité de registres, surtout chez les japonais et sud coréens, il y a certes à boire et à manger mais en piochant bien on peut tomber sur de vraies pépites, disons que le genre asiatique dispose d’une maitrise aiguisée de l’angoisse, jouant habillement des peurs avec leur folklore et un univers très brut et anxiogène, mais il sait aussi faire dans le fun décomplexé en mixant les codes pouvant accoucher d’OVNIs what-the-fuckesques. Ce qui est dommageable c’est que ce cinéma ne s’exporte que trop peu (pour ne pas dire aucunement) dans nos salles et reste donc sous-exposé. Les divers festivals peuvent cependant faire office de tremplin, dernièrement "Miss Zombie" de Sabu a remporté le Grand Prix à Gérardmer, malgré ça resté dans l’indifférence des distributeurs.

On pourrait aussi citer le cinéma espagnol, qui lui s’exporte mieux.

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- L’horreur en musique -

Le concept n’est pas forcément nouveau, notamment pour l’inoubliable "The Rocky Horror Picture Show" datant du milieu des années 70, mêlant épouvante (les codes), comédie et musique, un registre qui connait depuis le début des années 2000 une petite résurrection avec notamment "Sweeney Todd" de Tim Burton, pour le coup l’idée ne manque pas d’originalité et de malice, un mix détonnant qui peut accoucher d’oeuvres intéressantes se démarquant nettement de la masse. Le ton est certes plus léger mais l’ambiance est au rendez-vous et ce genre pourrait évoluer pour proposer multitude de nouveaux thèmes, pourquoi pas un opéra gore complètement déjantée ? (si ça n'a pas déjà été fait bien sûr, à confirmer).

"La comédie musicale horrifique", liste de el-thedeath : http://www.senscritique.com/liste/Comedie_musicale_horrifique/489595