Critiques en série. CHAPITRE I - Les bandes originales de Star Wars.

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Dans cette première critique, datée du 20 février 2016, je rappelle principalement les influences utilisées par John Williams. Étant donné que George Lucas admire la musique savante, de l’art baroque au romantisme, le compositeur américain s’attache à citer de nombreuses fois des compositeurs reconnus. Le Sacre du Printemps de Stravinski, de même que les ballets de Piotr Ilitch Tchaïkovski, figurent parmi les œuvres les plus relevées dans la bande originale. L’enregistrement, aujourd’hui vieillissant, apparaît authentique et la liaison harmonique des différents instruments ne s’opère pas encore parfaitement. De grands thèmes sont déjà esquissés : le thème principal, d’abord attribué à Luke Skywalker, ou encore celui de la princesse Leia, très romantique, mais surtout celui de la Force sur lequel j’insiste sur l’ensemble des critiques. La critique, relativement très courte par rapport au reste de mes propos, se focalise essentiellement sur les notions d’ostinato rythmiques et mélodiques, ainsi que sur le travail des percussions, primordial pour cette première trilogie. Bien évidemment, l’élément dominant de cette critique repose sur la différence entre le thème et le leitmotiv, deux concepts sur lesquels la musique de John Williams se repose.

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Débarrassé, enfin, de ces multiples références, John Williams écrit la plus complète partition pour la saga. Dans cette critique, datée du 18 avril 2016, je m’attarde bien plus sur l’inventivité de l’écriture de John Williams. La frivolité de la première bande originale laisse place à une noirceur étouffante, donnant naissance à des thèmes d’une rare précision mélodique, par exemple, celui du maître Yoda, se confondant parfois avec le thème de la Force. Sans la masquer, la marche impériale s’impose rythmiquement et harmoniquement, mais il ne faudrait pas réduire cette composition à ce seul morceau pourtant grandiose. En effet, l’orchestration gagne en maturité, se complexifie aussi, pour accoucher d’une œuvre musicale adulte et presque anxiogène. En fait, rempli de chagrin, John Williams ré-interprète sa douleur et sa colère à travers cette bande originale. Parfois, il vaut mieux se citer, sans prétention, pour exprimer une idée plus clairement : « Si aujourd'hui on peut réellement affirmer que John Williams, c'est avant tout l'Empire Contre-Attaque – et tout particulièrement l'Imperial March – on pourra désormais assurer que l'Empire Contre-Attaque, c'est avant tout John Williams dans son ensemble, à la fois humainement et musicalement. »

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Pour conclure la première trilogie, John Williams transfert sa sagesse musicale, et toutes ses années d’expériences, dans la bande originale du Retour du Jedi. Pour cette critique, datée du 29 juillet 2016 – j’écrivais plus vite à l’époque –, je convoque la notion de spleen, terme romantique repris, notamment, par Charles Baudelaire, pour décrire le dernier volet des aventures de Luke, Han et Leia. L’œuvre la plus romanesque de John Williams, au sens où elle en utilise vraiment tous les codes musicaux, conclut le début de la saga avec réserve et retenue : on l’observe surtout en analysant le thème de Luke et de Leia. Certes, le compositeur se permet quelques extravagances, sur la lune Endor notamment, mais les nuances se sont nettement calmées depuis l’Empire Contre-Attaque. A la mort de Vador, par exemple, la marche impériale est à peine murmurée pianissimo sur les cordes pizzicato d’un violon. En outre, John Williams écrit la première œuvre chorale de la saga, et celle-ci est attribuée à Dark Sidious. De manière générale, on peut ainsi conclure, aux termes de trois critiques, que la symphonie starwarsienne s’avérait déjà complète : un sens mélodique sans pareil, des changements harmoniques pertinents, un savoir-faire inégalé rythmiquement.

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Seulement un mois après la critique du Retour du Jedi, je publiais celle de La Menace Fantôme, à savoir le 29 août 2016. Les Jeux Olympiques de Rio terminés, je m’employais à décortiquer la première bande originale de la seconde saga, celle qui fut hautement critiquée. Grâce à cette nouvelle pièce cinématographique, pourtant, John Williams, désormais métamorphosé, propose des changements bienvenus dans l’univers musical, tout en conservant, bien entendu, l’identité de ses partitions. Davantage nihiliste – même s’il demeure l’espace thématique pour cet épisode –, les repères classiques de John Williams se trouvent plus du côté de la musique minimaliste, celle de Philip Glass mais avant tout de John Adams – l’influence entre les deux artistes est par ailleurs mutuelle. D’autre part, et tout naturellement, j’axe une partie de ma critique sur la magnificence des chœurs et leur utilisation remarquable dans cet épisode pour un morceau qui, aujourd’hui, apparaît culte : Duel of the Fates, contrairement à la marche impériale, surplombe le reste de la partition. Néanmoins, l’ensemble de la bande originale de La Menace Fantôme ouvre des perspectives intéressantes pour le reste de la prélogie.

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Certainement la critique la plus difficile à réaliser – avec celle du Réveil de la Force –, celle de L’Attaque des Clones date de la fin de l’année 2016, soit le 18 décembre 2016. Là encore, le minimalisme couvre la partition, si bien qu’un seul thème fut créé pour cet épisode, à savoir le magnifique thème d’Anakin et de Padmé, qui sonne comme le seul écho romantique de la pièce orchestrale proposée ici. Le reste, plus difficile à commenter, joue davantage sur les nuances – la nuance piano est fortement sollicitée –, les non-dits musicaux, une multiplication, par exemple, des silences. Mal comprise, certainement, sans pour autant nier qu’il s’agit de la moins bonne composition pour la saga, la bande originale de L’Attaque des Clones demeure subtile – mais loin de l’élégance du Réveil de la Force. Elle est paralysée par deux défauts majeurs : un enregistrement critiquable et un mixage sonore douteux par moments. Des phrases musicales entières semblent malheureusement coupées. Malgré tout, le génie américain parvient à écrire une musique inventive, en témoigne la piste Zam the Assassin and Chase Through Coruscant, véritable prouesse rythmique.

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Si je devais conseiller deux lectures, il y aurait, bien entendu, celle de L’Empire Contre-Attaque, mais il y aurait, sans doute, celle de La Revanche des Sith publiée le 15 avril 2017. Ce bond de plusieurs mois me permit de rédiger ma critique la plus personnelle enregistrée sur ce site. Elle récompense en effet une bande originale tout à fait géniale, mélancolique, pour ne pas dire tragique. Pour La Revanche des Sith, John Williams ne compose absolument aucun thème, ce qui ne signifie pas qu’il abandonne l’aspect mélodique de sa symphonie débutée en 1977. A travers un souvenir de mon enfance, je décortique la composition élégiaque de John Williams. Les legato des violons, nombreux, accentuent la misère éprouvée. Plus mémorable encore, l’utilisation magistrale des chœurs, qui atteint, cette fois-ci, son point culminant. On peut alors citer Anakin’s Betrayal et surtout le superbe Battle of the Heroes. Pour finir, et pas des moindres, cette bande originale de l’épisode III marque la fin de la collaboration entre John Williams et le London Symphony Orchestra pour cette saga. Une collaboration faite de miracles, dans les studios d’Abbey Road, que l’on regrette par la suite.

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L’odyssée ne se termine finalement pas même si beaucoup d’auditeurs critiquent, parfois sans raison, la bande originale du Réveil de la Force. A l’âge de quatre-vingt trois ans, John Williams propose une partition fine, délicate et raffinée, sans que jamais la tradition musicale starwarsienne ne soit bafouée. Dans cette critique datée du 25 septembre 2017, même si, vous l’aurez compris, je ne les rédige pas en une seule fois, je consacre mes analyses au retour thématique tout attendu du compositeur attitré de Steven Spielberg. Pas moins d’une dizaine de thèmes sont ainsi écrits pour le début de cette nouvelle trilogie et on remarque premièrement celui de Rey, de Kylo Ren (qui en possède deux), de Finn, de Poe et de la Résistance. En éloignant la lourdeur orchestrale de la première trilogie, John Williams, totalement mature dans ses projets musicaux, s’attache à complexifier ses apports mélodiques. Pour ce faire, l’utilisation des percussions reste à la marge. Plus riche et virtuose qu’elle n’y paraît, la bande originale du Réveil de la Force se savoure autant que les autres, si ce n’est plus. Le thème de Rey, alimenté par le thème de la Force, se place comme le pilier musical de ce voyage tout récent.