Cover Dario Argento - Vus & Annotations

Dario Argento - Vus & Annotations

Films vus : 5 - Annotations : 4

Liste de

5 films

créee il y a environ 3 ans · modifiée il y a 4 jours

L'Oiseau au plumage de cristal
7.1

L'Oiseau au plumage de cristal (1970)

L'uccello dalle piume di cristallo

1 h 32 min. Sortie : 20 juin 1971 (France). Thriller, Épouvante-Horreur, Policier

Film de Dario Argento

Annotation :

Dès son premier film, Argento centralise ses fétichismes dans une œuvre inaugurant le giallo moderne. Dans ce thriller horrifique, le cinéaste réalise un prodigieux exercice antonio-hitchcockien où il construit déjà l’idée du miroir du spectateur se soumettant au suspense et à l’imprévisibilité du récit. Le personnage assiste de façon impuissante à une agression, lui offrant une quête mémorielle dans laquelle il doit recomposer des images mentales manquantes et mal comprises, ressasser un détail vu jusqu’à l’obsession, afin de trouver la vérité. Formaliste et virtuose, le film enclenche des fausses pistes qui se suivent dans une trame à plusieurs niveaux mêlant enquête policière et psychanalytique. Pour parfaire à cet univers cauchemardesque qui allie moderne et genre, l’auteur nous stimule par une intensité chromatique froide, un sadisme pervers maintenu par des visions subjectives alternées, un labyrinthe architectural de faux-semblants et de regards, une sophistication effroyable et sensuelle des meurtres et un récit dicté par des œuvres d’art où l’on trouve des indices. En plus de nous faire vivre dans la terreur et le suspense d’un énigmatique meurtrier, il sonde la psyché de celui-ci pour introduire son motif du traumatisme.
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Argento accorde autant d’importance à ce que l’on retrouve les codes et les schémas d’un genre que le spectateur connaît que de faire une razzia de ce qu’il y avait auparavant. Il réalise une conversation entre les deux. Avant les réponses étaient données directement par le film, maintenant le monde n’a plus de sens et c’est au spectateur d’analyser, d’observer et de déconstruire les images pour y trouver son sens et sa vérité. Tout ce principe du cinéma moderne se retrouve dans le sujet, car l’enquêteur devient tout le monde et l'enquête devient un principe métaphysique. Il faut voir en soi et non à l’extérieur, l’enquête devient alors intérieure.

Quatre mouches de velours gris
6.7

Quatre mouches de velours gris (1971)

Quattro mosche di velluto grigio

1 h 44 min. Sortie : 21 juin 1973 (France). Thriller

Film de Dario Argento

Annotation :

Œuvre de transition, "Quatre mouches de velours gris" garde un pied dans le giallo avec son symbolisme fétichiste, mais met un pied déjà ailleurs. Maintenant, Argento progresse dans la mise en scène en glissant du familier à l’étrange, du réalisme au mental, notamment dans un montage cérébral abandonnant l’idée antonionienne de l’image à revoir pour trouver la vérité afin de mettre à la place la circulation d’un cauchemar de prémonition qui s’introduit dans le récit, le temps et le réel. Le film multiplie les ruptures de ton dans une traque hitchcockienne qui jongle étrangement entre nonchalance, épouvante, comique burlesque et potache puis hallucination. Les décors anodins de la ville deviennent des pièges mentaux et oppressants, d’abord rassurants puis inquiétants, il y a toujours deux images en une et cette doublure prend le pas sur le monde tel que les protagonistes le voient. Le récit épouse alors une trame biscornue, expressionniste et nébuleuse, une sorte de cauchemar éveillé vacillant dans ses repères temporaux. Le maniérisme d’Argento s’invite dans des fuites incongrues vers l’illogisme, l’inquiétante étrangeté et un graphique irréel, mais aussi dans le délitement autobiographique d’un couple.
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La résolution du film se fait par un prélèvement de l’empreinte de l’œil de la dernière victime du tueur dans laquelle les personnages découvrent les dernières images enregistrées sur la persistance rétinienne. Par cette idée loufoque, mais géniale, le cinéaste montre que cette persistance rétinienne est la base du cinéma et dans la continuité de sa modernité, celle de cacher la vérité à l’intérieur d’une image.

Suspiria
7.6

Suspiria (1977)

1 h 38 min. Sortie : 18 mai 1977 (France). Fantastique, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Dario Argento

Ténèbres
7.1

Ténèbres (1982)

Tenebre

1 h 41 min. Sortie : 27 avril 1983 (France). Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Dario Argento

Annotation :

Après l’ésotérisme et le fantastique, Argento revient au giallo pur dans une démarche très radicale faisant outre du maniérisme baroque pour aller vers une froideur métallique, une cruauté désespérée et une mécanique clinique. À travers ce récit d’un écrivain de policier se voyant mêler à une série de meurtres commis par un lecteur fanatique, le cinéaste réalise un autoportrait qui désacralise le statut de l’artiste*. Il ancre son jeu de massacre morbide dans une Rome impersonnelle et anonyme à l’architecture diurne et moderne (sorte de no man’s land antonionien invitant à l'angoisse permanente) pour mieux traduire l’âme de son époque où les rapports hommes/femmes sont viciés, superficiels et pourris de l’intérieur. La sexualité charnelle des femmes est impitoyablement punie par ce psychopathe frustré qui se venge de ses traumatismes par ses victimes, un exutoire substitutif du suicide. La virtuosité agile et fluide expose une violence brutale, gore et glaçante, appuyé elle-même par des lumières surexposées nimbant d’une lumière blanche les morts sanglantes. Le film forme donc une rage nihiliste et une misanthropie masculine où la guerre des sexes se mêle à une confusion mentale et une perte d'identité.

*Le film peut être vu comme une réponse sardonique aux critiques qui mettent en avant sa soi-disant perversité. Dans le film, l'art devient un moyen de tuer et surtout, le meurtre devient un objet de beauté artistique où les exécutions sont comme des performances.

Terreur à l'Opéra
6.8

Terreur à l'Opéra (1987)

Opera

1 h 47 min. Sortie : 8 octobre 1989 (France). Épouvante-Horreur, Drame, Thriller

Film de Dario Argento

Annotation :

Argento fournit un film littéralement opératique, en contant le récit d’une jeune cantatrice persécutée par un tueur en série, alors qu’elle venait d’avoir le rôle de Macbeth de Verdi, un opéra connu pour être maudit. Dirigé par un metteur en scène s’essayant à l’opéra alors qu’il réalisait des films horrifiques, il est clair qu’Argento met de sa personne dans cette œuvre malade et longtemps boudée. Ayant vécu la même expérience, il communique à travers une violence glaciale et voyeuriste, une pure expérience du regard dans un film-mental où la mise en scène virtuose prime sur le reste. Sa réalisation très mouvante, catapulte sans cesse des idées liées au motif de l’œil car Betty est au centre du regard et notre propre expérience du regard est imposée, à l’image des broches pointues placées par le tueur sous les yeux du personnage. Le film dérange par sa façon de questionner notre jouissance spectatorielle face à l’horreur des scènes macabres mais aussi par son atmosphère oppressante et par ses décors labyrinthiques. Enfin, le traumatisme reste le point fondamental du film, un traumatisme (symbolisé par le meurtrier) que la jeune femme doit affronter pour se libérer de ses démons.

Simon

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