[Filmographie annotée] Yasujirô Ozu, l'humain par-delà les mots

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Forcément un peu frustré par ce premier contact avec Ozu. « Jours de jeunesse » est un muet long et maladroit, mais qui offre tout de même une belle séquence enneigée lors d'une partie de ski. Un petit triangle amoureux, léger, peut-être même un peu trop pour être happé...

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C'est pas mal, surtout techniquement, il y a des travellings, des suggestions intelligentes et des jeux avec le hors-champ. Mais c'est long, presque 1h40 pour un muet où l'histoire tient sur un post-it, ça blablate beaucoup trop, le sentimentalisme est un peu forcé.

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Un Ozu touchant, simple et efficace. Un homme vole de l'argent pour acheter des médicaments à sa petite fille, gravement malade. La police débarque chez lui, débutant alors un duel de tous les instants entre devoir moral, loi, justice et humanisme.

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Premier Ozu véritablement prenant et abouti, Chœur de Tokyo met en scène, avec humour burlesque et regard bienveillant, l'histoire d'un homme qui perd son travail pour avoir crié à l'injustice, manquant à sa promesse faite à son fils de lui acheter un vélo, faute de moyens. C'est léger, drôle, touchant, et très dynamique pour un muet.

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Très jolie comédie dramatique, aux allures de Guerre des boutons et 400 Coups avant l'heure. Des enfants qui rêvent de s'intégrer et, encore une fois, des parents qui ont peur de les décevoir. La relation parents-enfants est pertinemment étudiée, avec ces gosses qui cherchent à savoir quel père est le plus fort, quelle famille la plus digne, entre deux écoles buissonnières et des allers-retours de la maison à l'école toujours mouvementés.

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Un film sur le temps qui passe, où un groupe d'amis de lycée voient leur amitié passer à l'épreuve du monde du travail. Un peu longuet mais riche, déclinant des thématiques déjà chères au cinéaste.

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Drame où une sœur travaille de nuit dans un cabaret, en secret, pour payer les études de son frère au risque de la réputation de sa famille. On est proche de la tragédie grecque, avec ce sens du sacrifice et de la dévotion. Parfois excessif, mais touchant.

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Film qui met à nouveau en scène des femmes fortes, déchirées entre la volonté de faire le bien et l'amour pour des hommes qui se rangent du côté des voyous - et qui les poussent parfois à faire le mal. Un Ozu très mineur et peu intéressant, malheureusement.

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Très beau film, l'un des Ozu les plus émouvants de sa période muet. Un père pas à la hauteur face à un fils qui ne laisse rien passer, la pauvreté, la bonté d'une jeune femme sans attache. Des ratés magnifiques qui composent leur vie au jour le jour.

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Ozu renoue avec ce qu'il sait faire de mieux en signant Histoire d'herbes flottantes, un drame touchant sur les traces d'un passé lourd, la parentalité, la mélancolie. Simple et beau.

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Très beau mélodrame, l'un des plus durs sans doute de la période muet d'Ozu. Le chômage, l'endettement, le logement, la faim, les maladies, la prostitution, l'alcoolisme. Tout accable les personnages, qui parviennent encore malgré tout à s'enivrer du sourire et des jeux innocents de leurs enfants.

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De très belles scènes, notamment l'ouverture avec la photo de famille, et quelques dialogues qui font mouche. Mais c'est trop long et ça se perd dans des dialogues pas toujours passionnants.

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Encore un Ozu réussi sur la relation père-fils. Cette fois, c'est la reproduction sociale d'un père professeur qui voit son fils le devenir à son tour, répétant ses doutes, poursuivant les mêmes fantômes. Et le temps creusant entre eux un fossé.

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Un petit orphelin atterrit chez une quinquagénaire acariâtre qui ne veut pas de lui. Une belle fresque du quotidien où ces deux solitaires se font des misères, pour mieux apprendre à se connaître et finalement s'aimer dans un monde en reconstruction.

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Les Ozu défilent, se ressemblent, mais tutoient de plus en plus la grâce et l'émotion. Quel coup de foudre j'ai eu pour ce film, que je n'attendais absolument pas et que, pire, je voyais comme l'un des derniers "mineurs" à évacuer rapidement avant d'attaquer la dernière ligne droite que composent ses œuvres phares.
Tout est là depuis les années 20 et pourtant, ici, chaque élément sonne juste : la ville immobile et métallique, à laquelle répondent les étendages de linge agités par le vent et les intérieurs intimistes. Les plans fixes, entrecoupés de travellings en eux-mêmes bouleversants par leur soudaineté, enferment physiquement comme symboliquement ces personnages engoncés dans un quotidien et une misère d'après-guerre terribles de vacuité. La famille est encore une fois au centre, la cellule du couple mise à l'épreuve de la prostitution, la maladie infantile, le pardon, le regard d'autrui.

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Beau film sur le mariage, la recherche du bonheur et la difficulté de couper les liens familiaux. Une réflexion sur la solitude également, tant du côté de celle qui part que du père qui voit son unique enfant s'émanciper. Des plans fixes émouvants, une réalisation comme d'habitude très soignée.

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Joli film. Énième Ozu sur la famille, avec cette fois deux sœurs aux choix de vie divergents. Une réflexion sur la modernité, l'émancipation, les coutumes, le mariage, avec en toile de fond l'alcoolisme et les violences conjugales. Rafraichissant.

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Admirable Ozu, un fois de plus, bien que trop long et au rythme entaché d'un ventre mou dommageable. Sinon, c'est formellement superbe et les thématiques habituelles trouvent une nouvelle itération (ici le mariage et l'émancipation de la femme). Un film d'une modernité certaine, comme souvent chez le réalisateur.
« - Depuis la guerre, les femmes sont de plus en plus impudentes.
- Certainement pas. Elles sont enfin normales. »

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Un Ozu qui renverse le point de vue d'Été précoce. Une femme, mariée depuis des années, se rend compte de la vacuité de son couple à force d'observer sa nièce, espiègle, qui refuse le mariage arrangé au profit d'une vie libre. Les films d'Ozu ont une saveur particulière, une recette assez indescriptible qui fait que les mêmes plans, les mêmes thématiques, les mêmes acteurs, peuvent parfois donner un résultat bouleversant, et d'autres fois assez insipide, comme ce fut malheureusement le cas pour moi ici. Ça reste du bon cinéma, bien entendu, avec des cadrages fabuleux.

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Formellement parfait, Ozu touche ici au sublime avec cette histoire de famille dont les liens se délitent, l'âge pousse à la résignation, la ville moderne fige les âmes et les enferme dans des modes de pensée déshumanisés. Jusqu'au retour de ce couple de grands-parents, qui portent une flamme vacillante mais encore chaude, capable d'illuminer certaines séquences d'une poésie bouleversante. Mais avec le temps, va, tout s'en va...

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Après Printemps tardif et Été précoce, Ozu continue sa fresque des saisons correspondent aux âges de la vie avec le superbe Printemps précoce. Un jeune couple voit son équilibre mis à l'épreuve quand une maîtresse aux idées libertaires s'immisce. Un autre incontournable.

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Mon Ozu préféré, d'une noirceur totale et pourtant si beau. Des femmes abandonnées, un mari alcoolique, une grossesse indésirée. L'avortement et la prostitution sont abordés frontalement, dans une nuit tokyoïte permanente, théâtre d'une mélancolie collective bouleversante.

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Charmé par "Fleurs d'équinoxe", qui en plus de son très joli titre opère un passage à la couleur pour Ozu vraiment convainquant. Autre histoire de mariage, mais où le temps a passé, l'époque a changé, le père devant accepter de laisser sa fille voler de ses propres ailes.

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J'ai forcément fondu devant Bonjour, avec ces deux enfants aux bouilles impayables qui décident de faire la grève de la parole pour protester devant le refus des parents d'acheter la télévision. Leur mutisme les rendant malpolis devant les grandes personnes, entraînant des quiproquos savoureux et bousculant ce monde d'adultes à cheval sur la bienséance et le respect des codes jusqu'au ridicule.

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Avec ce remake de son propre film "Histoire d'herbes flottantes", Ozu perd en efficacité et en poésie pour un film longuet et où l'émotion peine à poindre. Les couleurs et l'ambiance portuaire sauvent des personnages oubliables dont l'alchimie ne prend pas. En changeant de société de production, Ozu a renouvelé son casting (malgré quelques irréductibles), et ce n'est pas sans conséquence.