Cover Georg Wilhelm Pabst - Commentaires

Georg Wilhelm Pabst - Commentaires

Quelques films difficilement cernables mais pourtant assez caractéristiques dans leur unité, leur inspiration, les registres convoqués et la récurrence de leurs motifs : attirance mortelle des profondeurs, transfiguration par la lumière d’une réalité portée à l’incandescence par la passion. Entre ...

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5 films

créee il y a presque 9 ans · modifiée il y a plus de 5 ans

Loulou
7.6

Loulou (1929)

Die Büchse der Pandora

2 h 13 min. Sortie : 30 octobre 2019 (France). Drame, Muet

Film de Georg Wilhelm Pabst

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Jeune fille insouciante à la perversité innocente, qui mène les hommes à leur perte selon son caprice, Loulou rit, danse, pleure, jouit et meurt sans un cri. Offerte mais impénétrable, elle est l’une des premières femmes fatales de l’histoire du cinéma, et Louise Brooks la franche incarnation de la sensualité libre, vénéneuse et provocante, avec sa coiffure à la garçonne, ses dents étincelantes, ses lèvres fraîches, la luminosité de sa peau et sa féminité flapper qui projette une déconcertante bisexualité. La faisant passer par tous les stades, de la servitude à la libération amoureuse, Pabst étrille la morale bourgeoise, oppose la vitalité pulsionnelle aux tabous d’une société prisonnière de sa culture, le long d’une tragédie de passion, de sang et de mort nimbée de nuit aux couleurs d’un rêve opalescent.

Le Journal d'une fille perdue
7.9

Le Journal d'une fille perdue (1929)

Tagebuch einer Verlorenen

1 h 44 min. Sortie : 11 avril 1930 (France). Drame, Muet

Film de Georg Wilhelm Pabst

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Le réalisme bien particulier de Pabst trouve dans un expressionnisme contrôlé sa force d’accusation, mais aussi cette dimension trouble, ce goût séducteur de la misère qu’on pourrait qualifier de fantastique social. Son penchant pour les effets de clairs-obscurs et les ambiances singulières, au confluent des influences de Sternberg et Stroheim, se teinte d’une fascination pour le spectacle des aberrations qu’il dévoile. Louise Brooks est ici plus passive qu’active, mais sa seule présence semble changer le cours des évènements, tandis que le propos du cinéaste articule la dénonciation et la révolte d’un enjeu mélodramatique prononcé. Car la violence de son constat est indéniable : il est très préférable pour une fille allemande de 1929 de vivre dans un bordel que dans une maison de redressement.

L'Enfer blanc du Piz Palü
7.5

L'Enfer blanc du Piz Palü (1929)

Die weiße Hölle vom Piz Palü

2 h 30 min. Sortie : 2 décembre 1929 (France). Action, Aventure, Drame

Film de Arnold Fanck et Georg Wilhelm Pabst

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Entrepris comme un film d’aventures au succès quasi assuré, cette haletante et prodigieuse équipée chauffe jusqu’à incandescence le lyrisme tellurique du romantisme allemand. Le traumatisme originel y est comme greffé sur la majesté terrible des sites naturels, et la force visuelle de la mise en scène atteint un degré hystérique de figuration spatiale qui pousse tous les curseurs de pureté à leur point limite. Blancheur immaculée d’une glace figeant les visages en masques mortuaires, violence tellurique des éléments déchaînés, forêts de stalactites en fusion, masses écrasantes de brumes nuageuses, lueurs surréalisantes des torches éclairant les abysses de la montagne en pleine nuit composent une symphonie plastique où se joue toute la grandeur de la survie, de l’abnégation et de l’exploit humain.

L'Opéra de quat'sous
6.5

L'Opéra de quat'sous (1931)

1 h 44 min. Sortie : 6 novembre 1931 (France). Comédie, Policier, Comédie musicale

Film de Georg Wilhelm Pabst

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Brecht s’estima trahi et fut notoirement mécontent de la transposition cinématographique qu’en fit Pabst, où celui-ci refuse de choisir entre fascination et leçon politique. S’il est vrai que le film tire le pamphlet du côté de la féérie, il n’en demeure pas moins adapté aux crises qui secouaient alors l’Europe. Le réalisateur y cherche une atmosphère de gueuserie à la "Notre Dame de Paris", mixte de manière plus ou moins heureuse les ingrédients du vaudeville, du mélodrame policier, de la satire sociale, et tire de la partie de cache-cache entre truands et policiers une sorte d’arlequinade grinçante brodant sur les inégalités de classes, dont l’action est narquoisement commentée par la musique de Kurt Weill. Mais le temps n’a pas fait que du bien à cette espèce d’opérette populiste.

La Tragédie de la mine
7

La Tragédie de la mine (1931)

Kameradschaft

1 h 33 min. Sortie : 29 janvier 1932 (France). Drame

Film de Georg Wilhelm Pabst

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Si le cinéma minier de fiction a creusé sa propre galerie, alors cette œuvre inspirée de la catastrophe de Courrières pourrait en être l’un des fameux jalons. Se voulant un hymne à la solidarité internationale, il montre des sauveteurs allemands de Westphalie dépasser l’hostilité prégnante depuis la Grande Guerre et venir à l’aide des mineurs français pris au piège de la terre – même si la fin voit l’échec momentané du célèbre mot d’ordre de Marx, tandis que les antagonismes nationaux l’emportent sur la fraternité des ouvriers et la solidarité de classe. Servi par une image très travaillée, intégrant de manière originale les bruits de la mine comme sa propre musique, il pousse l’expressionnisme lui-même (du moins la part qui en subsiste, toujours distanciée) au service d’une objectivité quasi documentaire.

Thaddeus

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