George Miller - Commentaires

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D’une certaine manière, le film-culte de Miller boucle la boucle entamée par "Easy Rider", "Point Limite Zéro" ou "Macadam à deux voies", et entérine sur un mode futuriste le fétichisme du moteur qu’affichent des personnages taiseux, incapables de communiquer, et dont la violence est dénuée de sens. Le cinéaste défriche indéniablement quelque chose : il du savoir-faire, le sens du rythme, de l’image contemporaine et hyperréaliste, il invente une forme assez inédite d’anticipation autour d’un assemblage hétéroclite d’éléments visuels, tout un bric-à-brac à la fois moderne et moyenâgeux qui donne une vraie identité à son univers post-apocalyptique. Mais je trouve que le film a vieilli, et surtout que toute la partie en flash-back, consacrée au temps du bonheur, se traîne quelque peu.

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Je préfère très largement cette suite, qui affirme pleinement la cohérence de sa mythologie et trouve une véritable envergure en assumant jusqu’au bout l’âpreté baroque de son inspiration. Intégrant des éléments du road movie, du film d’horreur, du western, de l’épopée, elle fait vrombir un enfer mécanique tout de bruitage et de mouvement, un dynamisme, une force de l’impact, un culte de la vitesse qui clouent au fauteuil. Des furieuses poursuites automobiles à l’assaut de hordes punks aux allures de barbares antiques sur un camp retranché, des choix plastiques audacieux à l’efficacité d’une mise en scène faite de nervosité brutale et d’accélérations vertigineuses, le film développe une fable néo-messianique brute de décoffrage. Le morceau de bravoure final est dantesque, un modèle du genre.
Top 10 Année 1981 : http://lc.cx/UyY

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Nowhere, no time, suite et fin (jusqu’au reboot). Le troisième épisode est celui de la dualité : deux metteurs en scène (Miller s’y adjoint les compétences de George Ogilvie), deux lieux (Bartletown et son délirant patchwork contre l’oasis amazonienne perdue dans le vaste monde extérieur), deux adversaires (la mémorable Tina Turner et la créature bipartite constituée par le nain juché sur les épaules du colosse). Max également n’est ni tout à fait un autre ni tout-à-fait lui-même, figure mythique gagnant en humanité, hanté par les espoirs d’ados pré-pubères qui le prennent pour un messie. La dynamique de commotion, toujours aussi généreuse et inventive dans son foisonnement baroque, croise ainsi une logique de rêverie enfantine qui perce d’un coup le moment des grandes aventures standardisées.

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Elles sont trois amies qu’unit une tendre complicité, elles débordent d’humour et de séduction, elle sont actives, intelligentes, indépendantes, désespérément libres. Jusqu’au jour où surgit un riche étranger aux tenues extravagantes, à l’insolence de grand seigneur et aux sourires de prédateur malicieux. Blake Edwards disait que le cinéma devait être brillant, vaporeux, faussement naïf et fier des effets et des émotions qu’il peut créer. Faisant sienne la définition, Miller livre un divertissement spectaculaire, parcouru d’une secrète intelligence dans la satire, notamment dans ce qu’il suggère des rapports hommes/femmes et d’une société puritaine, obnubilée par la quête du bonheur amoureux. Nicholson est déchaîné, les trio d’actrices charmantes, l’imagination visuelle parfois fiévreuse.

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Un enfant atteint d’une maladie rare et mortelle, des médecins impuissants et vaguement charlatans, des associations parentales timorées, le petit garçon de plus en plus grabataire, le père et la mère de plus en plus abattus : tout était réuni pour accoucher d’un mélo dégoulinant de pathos, aux insupportables débordements putassiers. À rebours de ces écueils, Miller fait de l’urgence, de la pudeur et du lyrisme les maîtres mots d’un récit particulièrement poignant, parfois à la lisière du fantastique, brûlant ses déficiences passagères (opposition un peu manichéenne entre parents et monde médical, refus de l’hypothèse euthanasique) sur l’autel d’un hymne généreux à la persévérance, au courage, à l’espérance. Les acteurs sont formidables, la douleur se mêle à l’optimisme, l’émotion s’épanouit avec bonheur.

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Le second volet des aventures du cochon berger est un faux conte innocent et un vrai cauchemar climatisé, suivant une trajectoire initiatique traversée par une inspiration franchement dépressive. Plus adulte et effrayant que l’épisode précédent, ce voyage initiatique dans la jungle urbaine ressemble à une hallucination peuplée de monstres pathétiques, de freaks dégénérés, de créatures inquiétantes de tout poil – les humains surtout, vociférant, gesticulant, représentant une sorte de loup pour l’animal. Il y a quelque chose de burtonien dans cette plongée à la fois poétique et inquiétante dans un arrière-monde ténébreux, mais dont la noirceur est tempérée par une certaine mélancolie. Une réussite donc, peu conforme aux standards des fables mièvres habituellement réservées aux enfants.

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Trente ans ont passé et le cinéaste septuagénaire n’a pas rien perdu de sa rage déchaînée, de son énergie orgiaque, les libérant en une furia steampunk cathartique, un stupéfiant cyclone d’action, de délire esthétique et d’hystérie formelle. La première demi-heure, saturée de hurlements, de vociférations, d’explosions et d’agressions visuelles à flanquer un mal de crâne, atteint à cet égard les limites de l’insupportable. Mais elle agit comme une note d’intention radicale pour imposer cet univers totalement à rebours des standards hollywoodiens, cet alliage de mythologie éprouvée et d’enjeux rudimentaires, dont l’effacement discursif au profit de la force brute des images garantit une fascination, voire une émotion, singulières. Charlize Theron est superbe de charisme et de détermination morale.

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Un film pensé et conçu comme une profession de foi, invitant à l’expérience de s’en laisser conter, à vivre les histoires, à se laisser porter par l’imagination dans un rapport à l’infinité possible de la création. Le vœu y figure le désir en tant que vouloir-vivre et vouloir-être, et les fables du djinn y apparaissent comme un moyen de s’éloigner du vide et de l’angoisse qui y est associée. Miller y relève avec brio nombre de défis figuratifs pour exprimer le vertige qui accompagne les révélations rendant soudain le monde plus vaste et plus vibrant. C’est dire comme cette variation contemporaine des "Mille et une nuits" cristallise la sincérité d’un auteur convaincu des vertus transcendantes de son art, et dont l’inventivité visuelle, la profusion esthétique, le pouvoir enchanteur des images se justifient plus que jamais.