Cover Jacques Demy - Commentaires

Jacques Demy - Commentaires

Il y a dans l’ambition de Jacques Demy quelque chose qui appartient en propre au romantisme : faire du cinéma un spectacle total en tenant compte de la spécificité de l’art qu’Hugo appelait "un point d’optique", et affirmer ainsi que l’écran n’est pas la reproduction de la réalité mais sa ...

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8 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus de 4 ans

Lola
7.2

Lola (1961)

1 h 30 min. Sortie : 3 mars 1961. Drame, Romance

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Les rues de Nantes, l’après-midi passée au Katorza, la déambulation dans le passage Pommeraye… Autant d’épisodes d’une ronde enchantée et douce-amère faite de coïncidences, de rencontres fortuites et de fausses reconnaissances, dont la liberté poétique, la photographie libre et aérienne de Coutard, les artifices du romanesque font tressauter les notes de l’imaginaire. Rien n’est plus minutieusement concerté que cet entrelacs narratif, et pourtant l’omniprésence de l’auteur-dieu qui mélange les destins de ses créatures au mépris de toute probabilité édifie une structure arbitraire ne donnant d’autre impression que celle de la nécessité. Autour de trois personnages féminins qui n’en forment qu’un seul, Demy compose un gracieux conte de fées, entièrement régi par la quête du bonheur et la fidélité en amour.
Top 10 Année 1961 :
http://lc.cx/BMA

La Baie des anges
7

La Baie des anges (1963)

1 h 24 min. Sortie : 1 mars 1963. Drame, Romance

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

"Lola" était un film à plans superposés, en volutes, où tout se faisait écho. Celui-ci voudrait avoir la courbe harmonieuse d’un rivage, et se consacre à l’instant même. En suivant l’inéluctable spirale d’un couple consumé par l’enfer du jeu, Demy dit avoir voulu analyser le vice chez deux êtres passionnés. La roulette du hasard manifeste dès lors une logique destructrice où l’homme et la femme s’efforcent de sauver leur libre arbitre. On peut s’interroger sur la cohérence de la pirouette finale, qui accorde une valeur un peu forcée aux vertus salvatrices de l’amour, mais la rigueur sèche de son déroulé, l’épure paradoxalement habitée d’une mise en scène figurant le visage de l’obsession, de la dépendance et de la honte refoulée qu’elle suscite chez ceux qui en souffrent, font tout le prix de cette fable moraliste.

Les Parapluies de Cherbourg
6.8

Les Parapluies de Cherbourg (1964)

1 h 31 min. Sortie : 19 février 1964. Drame, Comédie musicale, Romance

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Sans doute un temps d’adaptation est-il nécessaire pour accepter le mode tout chanté auquel se tient le film de bout en bout. Une fois la convention admise, il faut bien convenir que cette histoire, qui est un peu la plus triste du monde, parvient à rendre les mouvements du cœur, la cruauté du destin, le déchirement des séparations et des vies manquées, les manifestations de la raison et de l’oubli à travers toute une poétique des voix, des objets et des décors – les rouges laqués, les mauves mélancoliques, les bleus brillants, les oranges vifs et le vert absinthe qui fait mentir l’espoir pour mieux faire vibrer l’absence. Jusqu’à ce que la blancheur neigeuse glace l’échec de l’amour et apparente la dernière image à l’un de ces globes de verre d’où pleuvent des flocons pailletés. Dure loi du mélodrame.

Les Demoiselles de Rochefort
7.1

Les Demoiselles de Rochefort (1967)

2 h 05 min. Sortie : 8 mars 1967. Comédie dramatique, Comédie musicale, Romance

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Un conte de noël dans l’éclat du plein été, un déjeuner de soleil, un feu de joie, le pendant heureux et euphorisant du film précédent. Demy approfondit ses recherches sophistiquées sur les formes et les mouvements, l’harmonie des décors et des costumes, le jeu de hasards et de coïncidences amoureuses à l’œuvre dans "Lola". Superbe hommage à la comédie musicale hollywoodienne, l’œuvre, spectaculaire et colorée, provoque une petite extase rétinienne, tel un carrousel scintillant de chansons joyeuses, de numéros chantés et dansés, dont l’épanouissement du bonheur n’est jamais loin d’une certaine amertume existentielle. L’auteur y porte sa philosophie du couple fait l’un pour l’autre à son point de perfection, en un récit savamment entrecroisé qui conçoit la recherche du grand amour en art de vivre.
Top 10 Année 1967 :
http://lc.cx/BCh

Model Shop
6.9

Model Shop (1969)

1 h 37 min. Sortie : 14 mai 1969 (France). Drame, Romance

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Qui l’eût cru ? : pour son seul film américain, Demy parvient à inscrire ses motifs au sein des problématiques du Nouvel Hollywood, qui lui sont pourtant totalement étrangères. En trente six heures d’une déambulation sans consistance narrative, il esquisse le parcours d’un jeune velléitaire vers l’impératif du choix et la prise de conscience, capte l’esprit d’une époque contestataire usée par l’enlisement vietnamien, et dépeint Los Angeles d’un œil d’esthète, avec ses pylônes pétroliers pompant le pétrole dans un ronron permanent, ses rues bordées de palmiers, de façades luxueuses et de boutiques à néons. Fausse suite un peu amère de "Lola", cette variation sur la peur de vivre ou d’aimer conjugue le raffinement chromatique à la désillusion d’un propos gagné par la mélancolie. Belle réussite.
Top 10 Année 1969 :
http://lc.cx/2iy

Peau d'âne
6.8

Peau d'âne (1970)

1 h 25 min. Sortie : 20 décembre 1970 (France). Drame, Fantastique, Comédie musicale

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Le cinéaste adapte le conte de Perrault et l’amène à son univers tout en traitant de front les thèmes centraux de l’inceste et du complexe d’Électre. Inspiré par l’esthétique des illustrations de livres enfantins et par le merveilleux fabriqué cher à Cocteau, le film nécessite un saut de foi assez conséquent, et se divise en deux parties très inégales. La première invente un onirisme pictural relevant du pop art et du déluge psychédélique, avec la fée Delphine en cerise capricieuse et maligne sur le gâteau. La seconde, hélas nettement plus longue, emprunte des sentiers plus banals et s’égare dans une mièvrerie bien tarte autour de l’éternelle quête du prince charmant. Au final, un tour de mannequin bien réglé mais assez frustrant, qui dispense quelques bonheurs épars au milieu de menus plaisirs de roitelet.

Une chambre en ville
6.4

Une chambre en ville (1982)

1 h 30 min. Sortie : 27 octobre 1982 (France). Drame, Comédie musicale

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Demy retrouve la ville de Lola et le principe de la tragédie musicale entièrement chantée pour une nouvelle passion malheureuse sur fond de violence des rues, filmée dans des couleurs plus crues qu’autrefois. Comme dans tout mélo qui se respecte, les convulsions sociales ne prennent pas en compte les destins particuliers, et la fatalité a raison des amants sous les yeux d’une baronne désabusée. Quant à la mise en scène, elle laisse éclater derrière un sujet d’opéra la morbidité en germe dans l’œuvre antérieure de l’auteur, une noirceur glauque qui tue dans l’œuf la moindre ébauche de sentimentalisme. On reste partagé entre l’admiration sincère pour la radicalité de la démarche et une vraie perplexité devant ce film inégal, parfois un peu ridicule, parfois plutôt touchant dans ce qu’il cherche à créer.

Trois Places pour le 26
6

Trois Places pour le 26 (1988)

1 h 46 min. Sortie : 23 novembre 1988 (France).

Film de Jacques Demy

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Il n’y a que Demy pour peindre les murs d’un appartement en bleu nuit ou faire manger de la confiture de roses à ses héroïnes. En retraçant la vie d’Yves Montand à travers le principe classique de la fabrication d’un show, du spectacle mis en abyme, le réalisateur se place dans la lignée d’un Minnelli. Pas tant à cause des numéros dansés, semblant droit sortis de "Tous en Scène", que de cette humanité provocante, parfois ambigüe (l’enjeu incestueux est dédramatisé comme une broutille) qui s’affiche et se mêle à la légèreté traditionnelle de la comédie musicale. Bercé d’amour heureux, de sérénité romantique, de couleurs acidulées, son dernier long-métrage travaille sur l’artifice pour atteindre le vrai par l’accumulation du faux, joue avec la convention pour se jouer d’elle. Et Mathilda May y crève l’écran.

Thaddeus

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